DOCTOR WHO – 5.11 : The Lodger (Le Colocataire)
« Football ? Is that the one with the sticks ? » - Le Docteur
Par Sullivan Le Postec • 13 juin 2010
Avant le grand final, une pause légère et humaine hyper-plaisante qui tranche un peu, pour le meilleur, avec le ton de cette saison.

« The Lodger », c’est typiquement le genre d’épisode qui, l’air de rien, vous fait oublier qu’il a de toute évidence été filmé avec trois francs six sous en vous accrochant fermement un sourire aux lèvres pendant quarante-cinq minutes.

The Lodger

Scénario : Gareth Roberts ; réalisation : Catherine Morshead.
Alors qu’il est en train d’atterrir, le Tardis est frappé par des perturbations spatio-temporelles. Le Docteur en est éjecté et laissé seul sur Terre pendant qu’Amy est coincée à bord du Tardis. Le Docteur détermine que le problème vient de l’appartement au-dessus de celui de Craig Owens, dont il devient le nouveau colocataire. Sa mission de la semaine, enquêter discrètement en se faisant passer pour un Humain normal.

Every day man

Pas facile d’écrire une critique de cet épisode, comme il n’est traditionnellement pas facile de parler en détail d’épisodes de sitcom, à moins d’enchaîner les rappels de moments comiques réussis. « The Lodger » procède clairement de ce type d’écriture, surtout avec l’histoire émotionnelle entre Craig et Sophie, qui rappelle la sitcom moderne post-« Friends ». Disons simplement qu’il s’agit d’une vraie réussite. Le rythme est très soutenu, et l’humour repose souvent sur des choses plus subtiles qu’un simple enchaînement de gags et de one-liners. L’atmosphère décalée dégagée par l’ensemble emporte l’adhésion, d’autant qu’elle constitue une pause bienvenue entre des épisodes au fond beaucoup plus sombre.
Sans doute pour faire passer plus inaperçu la quotidienneté du cadre de cet épisode, on retrouve un Murray Gold en pleine forme, notamment dans l’accompagnement furieux – et donc très drôle – du match de foot entre copain, à peu près digne d’une scène de finale de coupe du monde.

La réussite est celle aussi de l’écriture des personnages de Craig et Sophie, un type de personnage plus terre à terre, quotidien, qu’on a trop peu vu cette saison, en partie du fait qu’Amy, contrairement à celles qui l’ont précédé, n’a pas de famille. James Corden, dont l’annonce du casting a été suivie d’à peu près autant de protestations que celle de Catherine Tate en son temps, est parfait dans son rôle de jeune homme hyper-normal, trop attaché à sa routine, un rôle dont il arrive à faire en sorte qu’il ne soit pas ennuyeux.
Mais, évidemment, cet épisode est l’occasion pour Matt Smith de se livrer à un festival, puisque le Docteur le porte tout entier, Amy se contentant de quelques apparitions. Smith confirme qu’il est un acteur spectaculaire, avec un timing comique épatant.

The strip

L’épisode est du à la plume de Gareth Roberts, devenu un pilier du Whoniverse. Comme beaucoup des auteurs/fans actuels ses premières incursions dans cet univers remontent aux années 90 et aux années 2000, pendant lesquelles il a écrit plusieurs romans, aventures audio et bande-dessinées, mettant en scène différents Docteurs.
Pour ce qui concerne la série, il a commencé en écrivant l’épisode interactif « Attack of the Graske », diffusé le 25 décembre 2005. Durant la saison 2, il est l’auteur des ’Tardisodes’, des courtes séquences originales mises en lignes sur le site officiel en introduction aux épisodes diffusés le samedi suivant. C’est à partir de 2007 qu’il signe des épisodes réguliers : « The Shakespeare Code », épisode du début de la troisième saison, « The Unicorn and the Wasp » la saison suivante et « Planet of Dead », un des spéciaux de 2009 co-écrit avec Russell T Davies. C’est en 2007 aussi qu’il co-écrit avec Davies « Invasion of the Bane », l’excellent épisode spécial de lancement de la série dérivée « The Sarah Jane Adventures », à laquelle il a contribué chaque année, signant notamment l’épisode de la saison 3 dans lequel David Tennant apparaissait dans le rôle du Docteur.

A peine arrivé à la tête de la série, Steven Moffat proposa à Roberts d’écrire pour la cinquième saison un épisode qui adapterait « The Lodger », une bande-dessinée de neuf pages publiée en avril 2006 dans « Doctor Who Magazine ».

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Quelques planches de la BD - (c) Doctor Who Magazine
Scénario : Gareth Roberts ; dessin : Mike Collins ; encrage : David A Roach ; couleurs : James Offredi

La version BD de « The Lodger », située au tout début de la saison 2, montrait le Docteur version Tennant s’invitant chez Mickey Smith pendant quelque jours, le temps pour le Tardis et Rose Tyle de se rematérialiser après un incident à l’atterrissage. Le comic introduit bon nombre d’éléments repris dans l’épisode, en plus du concept de base du Docteur forcé à la cohabitation avec un Humain normal :

  • Le tournevis sonique confondu avec une brosse à dent (mais cette fois dans l’autre sens, ce qui avait pour conséquence la perte provisoire de dents de Mickey) ;
  • Le Docteur cuisinant une omelette
  • Le match de foot entre amis pendant lequel le Docteur se montre impressionnant ;
  • Le Docteur s’immisçant dans un rendez-vous entre Mickey et une jeune femme, Gina, et plus largement dans la vie sentimentale du jeune homme, même si cette fois il s’arrangeait en fait pour éloigner Gina en la convainquant qu’elle pouvait faire de grandes choses, ce qui laissait Mickey disponible pour Rose.

Mais toute la partie sur le locataire de l’appartement du dessus est absente de la BD, dans laquelle, en deux ou trois vignettes, le Docteur empêche une attaque de la Terre par une flotte extraterrestre en la camouflant à leurs yeux, tout cela depuis l’équipement hi-fi de Mickey.
Cette partie de l’épisode filmé reste d’ailleurs assez floue et peu précise : ce Tardis en construction par un programme de pilote automatique appartenait-il a quelqu’un ? Est-il détruit, ou bien le reverra-t-on à l’avenir ? L’avenir nous le dira.

Dans l’immédiat, la découverte de la bague par Amy, montée en parallèle de la découverte d’une faille chez Craig, et surtout de son ouverture, remet l’arc de cette saison en avant, en suggérant à nouveau le lien entre l’histoire personnelle d’Amy et ces graves perturbations dans l’espace-temps. La bande-annonce diffusée en fin d’épisode fait clairement saliver. Reste à voir si ce final pourra aussi donner le sentiment de combler certaines lacunes de cette saison.


Un excellent épisode léger et comique, au postulat de sitcom, et qui permet aux comédiens, Matt Smith en premier lieu, de se montrer au sommet de leur talent. L’écriture est plus fine qu’il n’y paraît et permet de renouer avec des personnages bien caractérisés, plein d’humanité, dont la saison a manqué.

L’anecdote rigolote qui ne sert à rien.
Comme on l’a vu, la séquence du match de football faisait déjà partie de l’histoire originale de la bande-dessinée de 2006, servant à illustrer la normalité absolue de Mickey Smith en mettant en scène le sport le plus populaire de de Grande Bretagne. Mais son inclusion dans cet épisode vient à point nommé à double titre.
En effet, « The Lodger » a été diffusé en pleine Coupe du Monde 2010 et s’est terminé quelques minutes avant un match USA / Grande-Bretagne. Surtout, Matt Smith est un passionné de football, qui a longtemps ambitionné de devenir joueur professionnel. Il joua ainsi dans les équipes junior des Northampton Town F.C., Nottingham Forest F.C. et Leicester City F.C entre 11 et 16 ans, avant qu’une blessure sérieuse au dos ne le conduise a devoir abandonner ses espoirs dans ce domaine et à se ré-orienter vers le théâtre et la comédie. Matt Smith décrit la journée consacrée aux scènes de football de cet épisode comme l’une des trois meilleures journées sur les neuf mois de tournage de cette saison.

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le 5 mars 2011 à 21h07