IMPRESSIONS – Les Beaux Mecs : Episodes 5 et 6
Tony est amoureux
Par Dominique Montay • 30 mars 2011
Après chaque diffusion, Le Village revient sur les épisodes de la série de France 2 « Les Beaux Mecs », l’évènement européen télévisuel de ce printemps.

On aime :

La façon dont Tony dit "je t’aime" sur le même ton que "va te faire enculer", mais en changeant assez finement la note pour qu’on passe d’une insulte à une déclaration pleine de romantisme. Un art que maîtrise avec talent Simon Abkarian.
L’acteur, aussi finement, par touches, arrive à jouer un rôle sur trente ans sans que ça jure, et sans trois tonnes de maquillage. Ses cheveux ont blanchis, quelques rides sont apparues, mais c’est sur des détails (essouflement, les épaules un peu plus basses, par moment) qu’on sent le poids des ans sur lui.

Olivier Rabourdin, que j’avais trouvé sans intérêt dans le début de « Braquo », et qui ici parfait mélange de pathétique et de violence. Ici son physique de deuxième ligne de rugby mêlé à sa voix douce et posée est utilisé avec beaucoup de maestria.

Les Balducci. Un trio de pouritures sans limites, et sans code d’honneur alors qu’ils prétendent en avoir un. Le plus cocasse avec eux, c’est d’être des ordures, mais le tout enrobé dans un accent marseillais qui leur donne un aspect si sympathique, si truculents.

La façon dont, globalement, le passé se remet en forme pour expliquer le présent. « Les Beaux Mecs » tire bénéfice d’être une saison bouclée de huit épisodes écrite en amont, pour le coup. Les retournements de situations ne sont pas plaqués comme ils peuvent l’être sur une série américaine de 22 épisodes qui fournit de la péripétie en flux tendu, mais amenés, préparés.

Le trio des petites frappes, Kenz en tête. On a toujours peur du sous-texte social quand sort une fiction qui intègre des personnages issus de banlieues, surtout à la télévision. Or, ici, ils ne sont ni pris de haut, ni posés sur un piédestal. Juste de bons personnages.

On reste un peu circonspects :

Devant la vitesse à laquelle Tony les fait toutes tomber. Nathalie, Claire, Olga, Nassima... Allez hop, trente secondes montre en main, il les séduit. Non mais sérieux, c’est quoi son secret ?

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Olga charme Tony
Ah, les éventails...

Le personnage d’Anne Consigny, trop parfaite, trop douce, trop outrée... elle a du mal à trouver sa place dans le récit sans donner une impression un peu forcée. On retrouvait déjà ce problème avec le personnage de Caroline Ducey, pour lequel nous expliquions la difficulté de raconter l’évolution d’un personnage sur 5-10 ans ramassé en 20 minutes. L’ex-pensionnaire de la Comédie Française n’y échappe pas.

On aime moins :

L’omniprésence de la musique, le grand mal français des bonnes séries (parce que pour les autres, hélàs, il n’y a pas que ça à redire). Le score est très bon, mais son apparition tient parfois du remplissage. Le problème tient surtout sur ces deux épisodes, pas trop sur les précédents, heureusement.

La légère baisse de rythme de l’épisode 6, tellement axé sur le passé qu’on a l’impression de ne pas vraiment avancer. Le fait est que, par principe, le présent accumule les retournements de situations, le passé étant là pour expliquer. Ici, l’explication prend trop le pas, et du coup, ralentit considérablement le rythme de l’épisode.

Tony qui se trouve à nouveau à échapper à une descente de flics pour une histoire de centimètres. C’était déjà le cas précédemment avec l’histoire de Caroline Ducey et du traffic d’armes, ça recommence ici avec le col des bijoux. C’est un artifice scénaristique pratique et malin une fois, un peu trop voyant et facile 2 fois.

Post Scriptum

Crédit photo :
Laurent Denis