NICOLAS LE FLOCH – Ep. 4 : L’affaire Nicolas Le Floch
Par Sullivan Le Postec • 20 octobre 2009
L’enquêteur de Louis XV doit cette fois faire face à une affaire qui le concerne au premier chef puisque c’est sa maîtresse, Madame de Lasterieux, qui est retrouvée homicidée. Un crime dont on veut le faire accuser...

Les épisodes de « Nicolas Le Floch » se suivent mais ne se ressemblent pas forcément. Comme son titre le laisse bien entendre, « L’affaire Nicolas Le Floch » place le héros au cœur des enjeux cette semaine, car il est le principal suspect de l’enquête qui l’occupe. Le voilà dont contraint de mettre à jour une vaste machination à tiroirs, dans laquelle différentes parties se jouent de lui pour mieux servir leurs intérêt...

Liaison secrète

Lors d’une soirée, la révélation de la liaison de Nicolas Le Floch et Madame de Lasterieux donne lieu à un esclandre public. Sur la base d’une lettre qu’elle a reçue de lui, elle pense que Nicolas approuve la fin du secret qui entourait jusque là leur relation. Or, lui assure n’avoir jamais écrit ce courrier — ce qu’elle prend pour un vulgaire mensonge de pleutre.
Le lendemain de cette altercation publique, Madame de Lasterieux est retrouvée morte. Monsieur de Sartine, qui avait demandé à Nicolas de se rapprocher d’elle pour l’espionner — et qui ne s’attendait pas nécessairement à ce que Le Floch prenne sa mission tant à coeur — l’envoie réaliser une enquête préliminaire, espérant que celle-ci conclura à une mort naturelle.

Le légiste est prêt à valider cette conclusion. Mais la persévérance de Le Floch permet de démontrer que Madame de Lasterieux a été empoisonnée. Une persévérance dont il est la victime puisqu’il est le principal suspect...
L’enquête est donc confiée à Bourdeau, et l’on demande à Nicolas de ne pas s’en mêler. Ce qu’il ne peut évidemment pas se résoudre à faire. Comprendre pourquoi on a organisé une machination pour le faire accuser le conduit peu à peu à lever le voile sur des conflits très secrets entre des agents de la couronne d’Angleterre et d’autres au service de Louis XV...

Baroque...

C’est quasiment dans le monde de l’espionnage international, version 1860, que Nicolas Le Floch se trouve aujourd’hui impliqué via cette affaire qui le touche personnellement et émotionnellement. De multiples éléments et personnages s’imbriquent les uns dans les autres dans une intrigues à tiroirs qui multiplie les retournements et fait voyager le héros de Paris à Londres.

On retrouve l’univers de « Nicolas Le Floch », baroque et foisonnant, ou la frivolité de la noblesse voudrait cacher la misère de ceux qui ne furent pas bien nés. Cet épisode mélange à nouveau personnages fictifs et figures historiques, les uns et les autres n’étant pas toujours ceux que l’on pourrait croire. Ainsi du fascinant cas du Chevalier d’Eon, que Nicolas Le Floch croise lors de son passage à Londres.
Le scénario à tiroir de cet épisode est parfois complexe mais retombe toujours suffisamment bien sur ses pattes pour ne pas perdre le spectateur en route — qui est de toute façon amené à un peu plus d’attention par les dialogues de la série — c’est un de leurs avantages.

Les dialogues d’Hugues Pagan, véritable signature de la série, sont en effet de retour et toujours aussi réussis, à la fois de part leur qualité intrinsèque, esthétique et historique, mais aussi grâce au charme incontestable qu’ils donnent à l’ensemble. Et la qualité générale de l’interprétation leur rend honneur.

...mais froid

Ces dialogues participent d’une reconstitution réussie, qui rappelle les succès en la matière de programmes historiques de la BBC. Et ce même si la série doit très vraisemblablement faire avec des contraintes budgétaires fortes, qui la contraignent à beaucoup filmer en intérieur, de même qu’ils limitent probablement les possibilités de réalisation qui, parfois, manque un peu de dynamisme. Mais cela n’a rien de particulièrement étonnant une fois qu’on sait que les deux épisodes ont été tournés en 42 jours, comme l’expliquent Jérôme Robart et le réalisateur Nicolas Picard Dreyfuss dans les entretiens qu’ils ont accordés au Village et mis en ligne cette semaine.

Ce sont peut-être ces contraintes qui expliquent aussi ce qui constitue à nos yeux le principal défaut de « L’affaire Nicolas Le Floch » : l’ensemble est un peu froid, et il est difficile de rentrer véritablement en empathie avec les personnages. Alors même que le sujet personnel de cette enquête devrait le favoriser. A cet égard, la dernière scène de l’épisode semble arriver bien tard.

Cela reste, quoi qu’il en soit, un défaut récurrent de la fiction française : a trop craindre de tomber dans mélo, on se coupe souvent de toute émotion. Celle-ci est pourtant essentielle au média télévision, et il nous semble qu’en ce domaine, il sera toujours bien moins grave d’en faire trop que pas assez...


« L’affaire Nicolas Le Floch » est diffusé vendredi 30 octobre sur France 2.
Face à la fois à Koh-Lanta et NCIS, la série part un peu à l’abattoir, et aura vraisemblablement du mal à toucher des cibles un peu jeunes. Alors n’hésitez pas à vous rattraper en DVD. Le double DVD contenant aussi l’autre épisode de la saison 2, « Le fantôme de la rue Royale », sort le 17 novembre prochain. La saison 1, elle, est déjà disponible.

Post Scriptum

« Nicolas Le Floch »
« L’affaire Nicolas Le Floch »
France 2 / Cie des Phares et Balises. 2009. 90’
Ecrit par Hugues Pagan d’après le roman de Jean-François Parot.
Réalisé par Nicolas Picard Dreyfuss.
Avec Jérôme Robart, Mathias Mlékuz, Vimala Pons, François Caron.