NICOLAS LE FLOCH — Saison 3
Des aventures originales pour Nicolas Le Floch
Par Sullivan Le Postec • 3 décembre 2010
De retour en troisième saison, « Nicolas Le Floch » s’offre des histoires totalement originales, dégagées de la contrainte de devoir adapter les touffus romans de Jean-François Parot. Elles poursuivent l’évolution de la série vers plus de clarté et de romanesque.

« La Larme de Varsovie » et « Le Grand Veneur » sont les deux aventures qui composent la saison 3 de « Nicolas Le Floch ». Comme c’est la tradition, l’enquêteur des années 1760 y mène deux enquêtes très différentes l’unes de l’autre, qui cherchent à varier au maximum les plaisirs.

S’affranchir des livres de Jean-François Parot, alors que les quatre premiers épisodes de « Nicolas Le Floch » étaient des adaptations directes des quatre premiers romans de la série, est une facilité pour la série. Condenser les trames touffues et l’univers baroque des écrits dans un épisode normé à 90 minutes n’était pas toujours aisé. Mais c’est aussi une nécessité : Jean-François Parot fait défiler les années, et le neuvième roman, « L’Honneur de Sartine », tout récemment sorti aux éditions JC Lattès, se passe ainsi en 1780, près de vingt ans après le premier volume. Il serait compliqué pour la série de devoir s’employer à vieillir les acteurs ; sans compter que cela la condamnerait à s’arrêter à assez court terme.
Pour autant, le scénariste Hugues Pagan continue de se montrer fidèle aux fondations de la série, et le lecteur ne sera en rien dépaysé. Il a même sans doute tout à gagner à découvrir de nouvelles histoires dans l’esprit de celles qu’il a déjà lues et aimé. Le plaisir de la langue de Pagan, certainement ‘‘segmentant’’ reste intact pour ceux qui savent en apprécier les plaisirs.

Ouverture

Après une première saison visuellement assez sombre, avec une esthétique parfois presque gothique influencée par Tim Burton, « Nicolas Le Floch » poursuit avec cette troisième saison, la deuxième dont les épisodes sont réalisés par Nicolas Picard Dreyfuss, un processus d’ouverture. L’ambiance entend tendre davantage vers l’aventure et le romanesque, se montrer plus lumineuse et colorée.
Sur ce point particulier, je dirais que l’image est en fait devenue un peu trop lumineuse à mon goût. Le choix est dans la tradition de la télévision française, qui tend à être constamment éclairée comme un supermarché, et est donc probablement justifié du point de vue de l’audience. Mais il est étonnant de voir que des scènes de « Nicolas Le Floch » se passant de nuit, autour d’un dîner éclairé seulement avec des bougies, sont plus lumineuses que nombre de scènes de séries américaines se située en intérieur en journée.

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Cette volonté d’ouverture se manifeste aussi au travers du deuxième épisode, « Le Grand Veneur », dans laquelle Nicolas Le Floch va enquêter en Aquitaine à la demande du Roi, emmenant avec lui Bourdeau, Semacgus et La Satin. Alors que la série se trouve souvent confinée en intérieur, du fait de la difficulté de recréer des extérieurs de Paris en 1760 dans un budget de télévision, cette aventure en Province permet d’ouvrir la série sur de grands espaces.

Intrigues de Palais

« La Larme de Varsovie », lui, est situé majoritairement à et autour de Versailles, et est une de ces intrigues de Palais qui réussissent si bien à la série. Tortueuse et multipliant les tiroirs, l’intrigue de Pagan réclame de l’attention au téléspectateur, mais sait le récompenser. Comme souvent, l’épisode mêle fiction et réalité, des personnages tels que le comte de Saint-Germain (excellent Tom Novembre) ayant réellement existé. C’est le plus réussi des deux épisodes (malgré une résolution un poil confuse) ; « Le Grand Veneur » se montre plus linéaire et un peu moins passionnant, même s’il décolle dans sa dernière partie.

Cette saison voit aussi les personnages qui entourent Nicolas Le Floch gagner en visibilité et en importance. Très bourru dans les premiers épisodes, Le Floch (Jérôme Robart, toujours très impliqué) s’est lui-même ouvert et le duo comique qu’il forme avec Bourdeau (Mathias Mlekuz) s’avère très efficace. Monsieur de Sartine lui-même navigue entre figure d’autorité et contrepoint comique. Comme à son habitude, François Caron est impérial et navigue avec facilité d’un ton à l’autre. Un changement à noter : Vimala Pons ayant quitté la série, la production à choisit de confier le rôle à une nouvelle actrice, Camille de Pazzis. Pas sûr qu’on perde vraiment au change : jolie, bien sûr, mais au physique moins surréalistement parfait, la nouvelle Satin gagne finalement en crédibilité. Le rebondissement par lequel se conclut cette saison achèvera en tout cas d’en faire un personnage essentiel de la troupe...

Continuant de bénéficier de la même exigence de la part de ses créatifs, la troisième saison de « Nicolas Le Floch » reste le même plaisir raffiné qui a fait le bonheur de ses téléspectateurs lors des deux années précédentes...


Notre rencontre avec l’équipe de « Nicolas Le Floch ».

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Post Scriptum

« Nicolas Le Floch »
Saison 3 : 2x90’. Produit par la Compagnie des Phares et Balises pour France 2.
Ecrit par Hugues Pagan. Librement adapté des écrits de Jean-François Parot. Réalisé par Nicolas Picard Dreyfuss.
Avec : Jérôme Robart (Nicolas Le Floch), Mathias Mlekuz (l’inspecteur Bourdeau), Camille de Pazzis (La Satin), François Caron (monsieur de Sartine), Vincent Winterhalter (le docteur Scemacgus).

Les vendredis 3 et 10 décembre à 20h35 sur France 2. Déjà disponible en DVD.