Identification

Contact

Front de Libération Télévisuelle
27 rue Haxo
75020 Paris

Reseau

Recherche

:: Articles > Tribune Libre ::

ICI

par Numéro 3

Ici, le temps n'existe pas.

Le monde que vous avez laissé n'est plus le même.

La plupart de vos amis, voisins,

Ont disparu ou sont morts depuis longtemps.

Ici, vous feriez mieux de coopérez.

Il n'y a aucune issue possible,

Aucun compromis, aucune alliance.

Toute résistance sera considérée comme un acte de rébellion.

Alors obéissez.


I


« - Cela fait tellement longtemps que je suis là, je ne suis plus qui je suis. Je ne connais pas mon nom, pas plus que mon âge. Je ne sais pas si j'ai une femme, des enfants qui m'attendent. »

Cette phrase, ce vieil homme la répétait inlassablement tous les jours depuis longtemps, très longtemps. Il ne se rappelait pas de son arrivée ICI, la seule chose qu'il savait, et encore, c'est qu ' il s'était réveillé un jour dans une petite chambre d'hôtel. Une pièce étroite et sombre avec pour seul mobilier un lit miteux et une table de nuit . A son arrivée, il avait découvert une ville déserte, il n'y avait pas même un chat. Et depuis ce jour, il connaissait la ville sur le bout des doigts, le nom des rues, des boutiques, allant même jusqu'à savoir à qui appartenait chaque habitation. Pour ne pas devenir fou, il s'était mis à écrire ses mémoires, se disant que personne d'autre que lui aurait jamais vécu cette expérience, une expérience qu'il qualifiait lui-même extraordinaire. Pour ne pas s'ennuyer dans cette ville déserte, il s'était mis à lire, et par la suite à peindre . Il s'était aussi doté d'une vaste bibliothèque, aussi riche que variée. Ces peintures apportaient enfin un peu de couleur, et par-là un peu de gaieté dans ce nouvel univers qui paraissait chaque jour encore plus noire. Toutefois, cette vie solitaire s'accompagnait de certains avantages. Il mangeait dans les meilleurs restaurants de la ville, passait les nuits dans les meilleures auberges de la petite cité. Il devint tour à tour un grand maître de la gastronomie et maître d'hôtel puis sommelier selon les circonstances. Il ne manquait jamais de rien. Il jouissait d'un climat favorable, n'était jamais malade, et faisait ce que bon lui semblait.

Il chassait, pêchait ou cueillait des champignons lors de la saison des pluies. Tout ça en toute tranquillité. Pour finir, il s'était installé à l'entrée de la ville dans une petite ferme. Il avait commencé une nouvelle vie. Cette vie seule lui avait permis de devenir tour à tour menuisier, cuisinier, artiste et enfin homme de la terre. Cette vie lui avait permis de devenir un autre homme, un home nouveau, une personne qui empruntait l'identité des AUTRES, ceux qui vivaient autrefois ICI. Un véritable homme à tout faire. Il ne se considérait plus comme un prisonnier mais plutôt comme un invité de marque sur qui l'on compterait un jour ou l'autre. Il ne se demande plus qui l'avait amené ICI ni même pourquoi. Il ne s'en souvenait plus et ne s'en souciait presque plus.

Pourtant, il lui arrivait parfois de pleurer contre la punition dont

il a été victime et que personne ne devrait jamais connaître.

Adam avait bien Eve, lui ?

S'évader est peine perdue et il ne le savait que trop bien. Il avait tout tenter, utiliser tous les moyens possibles, toutes les issues inimaginables sans jamais trouver la sortie. En fait, Il revivait sans cesse la même journée, il se levait le matin avec une sensation de déjà vue, et faisait inlassablement la même chose que la veille avant de se coucher encore et encore.


Dans une chambre d'hôtel, un homme se réveille. Dans une chambre étroite et sombre. Une chambre contenant simplement un lit miteux et une table de nuit. Il y a un autre homme que lui. Il se lève et le fixe :

« - Qui es-tu étranger ? » lui demande t ' il.

« - Tu me demandes qui je suis ? c'est plutôt a moi de te demander qui tu es ! » lui réplique ce dernier.

« - qui suis-je ? c'est une bonne question. Je ne me rappelle ni mon nom ni mon âge. Je ne sais pas quelle est la couleur de mes yeux, comment sont mes cheveux. Je crois bien que je vous connais mieux que je ne me connais moi-même. » dit l'homme à l'étranger tristement.

Ce dernier lui répond :

« - Moi, je te connais parfaitement. Celui que tu vois devant toi ... c'est toi ! »

L'homme sans nom se retourne, s'assoit quelques instants au bord du lit. Il regarde autour de lui. Il remarque des tableaux autours de lui. Des peintures représentants des gens sans visages, des silhouettes, des ombres. Des gens sans vie, comme si quelqu'un avait gommé les visages des tableaux pour leur prendre leur âme. Ils sont devenues des fantômes. Pourtant, Les tableaux ne sont pas inexpressifs. Bien au contraire, ils expriment un profond malaise et semblent le fixer. Ces formes inspirent la mort.

Tout à coup il entendit un bruit. Une sorte de CRI, cela ressemble à une voix, peut-être un appel au secours. Il se dirige vers la porte. L'inconnu l'ouvre, puis se dirige vers les escaliers. Plus ils avancent, plus l'escalier s'allonge. Ils se tiennent à la rampe. Il y a les mêmes tableaux dans le couloir. Mais cette fois, les formes tentent de sortir de leur cage. L'homme sans nom aperçoit des formes qui bougent en bas. Ces silhouettes ont l'air terrifiantes. Cela ne ressemble à rien de ce qu'il a jamais vu auparavant, cela ne ressemble à rien. Les murs se mettent eux aussi à bouger autour de lui. L'hôtel prend vie. L'homme sans nom prend son courage à deux mains et laisse l'étranger se faire dévorer par les murs. Il descend les escaliers pendant un long moment, quelques minutes, voir même des heures. Les ombres disparaissent alors qu'il parvient à sortir du labyrinthe. Il se retrouve dans le hall de l'hôtel. Le hall est immense et conduit dans une grande salle, une grande salle qui correspond à un restaurant et une piste de danse. Il n'y a personne à l'accueil. Qu'est donc arrivé à toutes les personnes qui travaillaient dans cet hôtel ? et les clients ?

Il pousse la porte principale et sort de la bouche de la bête qui le recrache. Aucune personne à l'horizon, la ville semble morte. Il reconnaît les décors des peintures. Les toiles décrivaient en tous points la ville et ses silhouettes devaient être ses habitants. La ville parait aussi sombre dans la réalité. Il se retourne une dernière fois et regarde l'enseigne, son nom lui rappelle quelque chose. Ce nom, c'est l'Overlook.

Plus loin, on peut distinguer une pancarte avec pour inscription «Bienvenue ICI ». Il commence à errer dans ce paysage désolé et vide, un paysage qui semble sortir tout droit des vieux westerns. Une ville abandonnée, voilà ce qu'est ICI. Il devient, à l ' image des derniers occupants de l'hôtel, une œuvre d'art. Une œuvre d'art que pourrait mettre en valeur ce grand musée de l'horreur qu'est ICI. Une ville sans vie, une ville perdue, une ville dans laquelle peu de gens ont le privilège d'entrer et surtout dans laquelle personne ne peut, personne ne veut sortir. Il s'assoit sur un banc dans un parc. Il se demande s'il a déjà vécu ici, peut-être est-il originaire de la petite ville, peut-être a-t ' il donné son premier baiser dans ce parc, et sans doute mourra-t-il dans cette petite ville. Perdu dans ses pensées, cherchant un souvenir qu'il aurait pu avoir dans ce parc, il ne sait que faire. Tout est si désolé.

« - Peut-être y a t ' il d'autres personnes dans mon cas ? Et qui peut m'avoir fait cela ? Qu'ai-je fais pour mériter cela. » se lamente t ' il.

Il se lève et regarde autour de lui. Il y a des sculptures de buis, des animaux sculptés, un lion, un loup et un oiseau qui ressemble à un aigle. Le vent se lève à l'horizon, et donnent l'illusion que les animaux prennent vie. Plus loin, il y a des sculptures de bois. Des statues abstraites. A la sortie du parc, il y a des échiquiers de taille humaine. Il manque des pièces, un pion blanc, un fou et le roi noir. La partie semble avoir été commencée depuis peu mais a l'air sur le point de se terminer.

A côté du parc, se trouve un cimetière. Le jeune homme s'y sent étrangement attiré par ce lieu d'habitude si morbide. Un lieu que l'on souhaite d'ordinaire fuir à tout prix. Petit à petit, un brouillard épais prend possession de la petite ville et l'étranger se sent fatigué. Ses paupières sont lourdes, très lourdes. L'un des seuls habitants d ' ICI va entrer en scène, le Marchand de Sable. Et un poème accompagnera alors ses rêves :

Le long voyage,

Quant tu pliais bagages,

De pays en pays,

Tu errais sans amis

Tu découvrais a chaque fois

Un autre monde,

Et tu gardais la foi

Sans qu'il ne te réponde,

Le long voyage,

Quand tu pliais bagages.

A la recherche de tes amis.

A quelques kilomètres de LA, dans une forêt, un petit garçon, âgé d'une dizaine d'années, est allongé contre un arbre. Sur ses genoux, un roman,

Alice aux pays des merveilles. Sans le savoir, lui aussi va entrer dans le livre, il va vivre ce qu'aucun autre petit garçon de son âge n'a vécu auparavant.

Peu à peu, il se réveillera avec une étrange sensation, comme s'il avait déjà vécu cette scène. Ca n'a rien d'étonnant puisqu'il passe la plupart de son temps libre dans cette petite clairière à lire. Dans cet endroit personne ne peut l'ennuyer, il peut faire ce qu'il veut, partir à la chasse au trésor, à la conquête du Graal. Il peut faire tout ce dont il rêve simplement en tournant les pages d'un livre. Il n ' y a pas âmes qui vivent à des kilomètres à la ronde. Cet endroit est magnifique, un petit coin de paradis ( dans l'enfer qu'est ICI ) pour l'apprenti botaniste qu'il est. Les muguets succèdent aux boutons d'or qui garnissent les sous-bois. Les fleurs sont plus belles les unes que les autres. Les couleurs se mélangent entre elles et fusionnent. On croirait assister à un feu d'artifices. Les rayons du soleil arrivent à percer entre les sapins et les platanes. Pourtant, Il ne reconnaîtra pas les lieux. Il se demandera ou il est et paniqué essaiera de sortir de la forêt. Plus il s'avancera dans le bois, plus le bois s'agrandira, plus il avancera plus il se perdra dans la forêt ; Les arbres se mettront à bouger, ils prendront vie et voudront l'attraper. Serait-ce son imagination qui lui jouerait des tours ?

Possible mais rien n'est moins sûr. Il se mettra à courir, laissera tomber son livre et Alice prendra vie. Elle sortira du livre comme par magie et se mettra à courir. Elle se mettra à parler et dira au petit garçon qu'elle a rendez-vous avec la Reine de Cœur afin de jouer au croquet. Le garçon se mettra à courir après Alice. Il s 'essoufflera, s'arrêtera quelques instants puis repartira à sa recherche. Il galopera de plus en plus vite et se souviendra alors du film qu'il avait vu la veille. Une voix dans sa tête lui répétera :

« - Cours Forrest, cours ! ».

Il tombera par terre et se demandera ce qu'est devenue Alice ? »

« - Elle s'est perdu mais retrouvera son chemin. Elle doit probablement fêter son non anniversaire. »

Et le miroir se brisera. Le petit garçon se réveillera dans son lit. Il se lèvera, prendra une douche et s'habillera. Il remarquera que son miroir est fêlé. Le voilà fin prêt pour une journée d'école, une journée encore plus cauchemardesque que ne fut sa nuit. Il prendra son cartable et son violoncelle (il prend des cours tous les soirs de la semaine). Il se préparera à affronter le Capitaine Crochet, son instituteur. Certains enfants tombent amoureux de leurs instituteurs, mais dans ce cas c'est plutôt l'inverse. Le Capitaine Crochet adore les petits enfants (bien plus que le prêtre). Il sortira de sa chambre, descendra les escaliers et se dirigera vers la cuisine. Là, il déjeunera un bol de céréales. Ses parents seront déjà partis au travail et la petite sœur, dont le nom est aussi étrange que cela puisse paraître Alice, ne sera pas là non plus, partie pour la semaine chez les grands-parents maternels. Après un verre de jus d'orange, il sortira de la maison et avancera vers l'arrêt du bus. Il n ' y aura personne à l'horizon. Il attendra encore longtemps avant de comprendre qu'il s'est levé inutilement. Le bus qui passe par-là tous les jours, faubourg saint-honoré, s'arrêtent toutes les cinq minutes environ n'est pas encore passé. Il ne passera pas et ne passera même jamais plus. Ce jeune garçon passe habituellement ses journées tout seul. Ses camarades sont très différents de lui, préférant faire du sport ou se battre, ce que lui déteste. Il reste souvent seul dans un coin à s'évader dans un autre monde. Il s'est construit son propre monde. A l'image d'Alice, tous ses rêves deviennent réalité. Il a souvent voulu que tout le monde disparaisse et qu'il reste là tout seul, dans son propre univers. Il s'imagine passant ses journées dans un magasin de jouets, puis le soir allant au cinéma voir toutes les séances, regarder les films qui lui sont d'ordinaire interdits. Il irait aussi libérer les animaux du zoo, se faire à manger seul, rien de bon, seulement ce qu'il aime. Il ne ferait que ça, ce qu'il aime. Assis sur un banc, il attend encore et toujours. En plus d'être solitaire, c'est un passe muraille. Il ne se fait jamais remarquer par les autres, il n'a pas confiance en lui et ne fait pas l'effort de vouloir communiquer. Au bout d'une demi-heure, il commencera à comprendre que le bus ne viendra pas. Quelque chose ne tourne pas rond. Il ne connaît pas bien les environs, la famille a emménagé il y a seulement quelques semaines après avoir lu une brochure sur la ville. Pourtant, le petit garçon ne se sent pas à l'aise Ici. De puis plusieurs jours, il a remarqué que les gens font tous la même chose au même moment. Les pères vont chercher le journal et le courrier le matin. Puis déjeuner en famille, là rien de surprenant, puis les mamans emmènent leurs enfants à l'école alors que les chefs de famille partent tous au même moment. Et là, aucun embouteillage, tout le monde se fait de grands sourires. Tout va bien dans le meilleur des mondes. Tout va même trop bien. Le soir, on assiste au même phénomène étrange, un ballet de voitures qui rentrent les unes après les autres en harmonie. Cette ville ne lui inspirait pas confiance sans qu'il puisse l'expliquer. C'était la même frayeur que Danny envers "l'Overlook", quelque chose finirait par arriver. Quelque chose a fini par arriver. Il repartira à la maison, cherchera la clé qu'il vient de laisser sous le tapis-brosse. Une fois entré à l'intérieur, il se dirigera vers la salle de séjour, vers la télévision, allumera le poste puis l'éteindra, comprenant qu'il ne fonctionne pas. Il y aura des lignes horizontales et verticales qui brouilleront l'image. Il s'installera confortablement sur le canapé, et se mettra à lire. Il débutera la lecture du Petit Prince. Plus tard, il montera les escaliers et s'en ira dans sa chambre pour jouer un peu de violoncelle. Il jouera une petite heure avant de prendre un déjeuner bien mérité. Là encore, il ne verra pas le temps passé. Le garçon est entré de plein pied dans un endroit aux frontières du réel, dans un monde au-delà du réel. Encore une victime. L'enfant s'arrête de jouer de son instrument. Fatigué, il s'allonge sur le lit et s'endort.


II


Le lendemain, le petit garçon se lèvera. Il aura l'impression d'avoir fait un mauvais rêve. Il aura sûrement rêvé que ses parents ont disparu, disparu comme les AUTRES, les habitants de la ville d ' ICI. Il se souvient de la première fois ou ses parents lui avaient parlé de la petite bourgade. Il avaient montré le dépliant touristique qui décrivait ICI et ses alentours. ICI et son refrain emprunté à Charles Baudelaire :

« Bienvenue ICI.

Il existe un endroit qui correspond à ce dont vous avez toujours rêvez, un lieu ou le poème de Charles Baudelaire L'Invitation au voyage, et ou ce vers célèbre «luxe, calme et volupté »prend tout son sens.

C'est tout d'abord un cadre de vie merveilleux, un habile mélange entre la nature et l'urbanisme, qui peut convenir aussi bien au rat des champs qu'aux rats des villes. Cette petite ville riche d'à peine plus de mille habitants qui n'attendent que vous. Ne dit-on pas plus on est de fous plus on rit ?

C'est une petite ville qui se situe au cœur d'une immense forêt de milliers d'hectares ou ont pris corps de nombreuses légendes. Notre petite ville est entourée d'une chaîne de montagnes, accessible par la route principale. Nous bénéficions d'un climat très favorable avec de la chaleur en Eté et de la neige en Hiver. Un vrai paradis. Nous vous invitons donc a découvrir nos «soleils couchants (qui) revêtent les champs » et à partir en promenade en famille. Vous préférerez peut être vous perdre dans nos petites rues piétonnes, et observerez le mélange entre les architectures modernes et anciennes. Vous en apprendrez beaucoup sur notre histoire, bien que récente, et vous comprendrez alors que notre petite cité représente votre avenir. Vous apprécierez sans nulle doute la diversité des activités, vous pourrez apprendre en quoi consiste le métier de forgerons ou encore comment travaille un menuisier. Les boutiques, sont-elles aussi très variées, on y trouve les commerces habituels, épicerie, boulangerie notamment (nous fabriquons le meilleur pain de la région) mais aussi des boutiques de chaussures, de vêtements et même un magasin de jouets. Je vous conseille personnellement les brocantes ou l'on peut trouver absolument tout ce qu'on veut. Nous ne voulons qu'une chose, «assouvir (votre) moindre désir ».

Ce dont vous serez le plus surpris, c'est que tout le monde connaît tout le monde. On déjeune ensemble, on assiste à la messe ensemble et on fait de même lorsque l'on va voir les parties de football de nos chères têtes blondes. Sur ce dernier point, je tiens à dire que nous possédons les meilleures équipes de jeunes de toute la région. La communauté n'est pas un vain mot chez nous. Les gens s'entraident et vous ne resterez pas seul un instant même dans les moments les plus difficiles. Nous souhaitons toujours ce qu'il y a de mieux pour notre petite ville et donc pour nos concitoyens afin de voir ceux-ci heureux et se sentir en sécurité. Tous les soirs, «tout le monde s'endort, dans une chaude lumière », depuis que nous avons mis en place, à la demande générale un système de vidéosurveillance. ICI, il n'y a aucun problème lié à la criminalité. Il n'y a personne qui puisse griller un feu rouge. Peu de villes peuvent se targuer d'être structuré comme une grande métropole.

Enfin, notre ville organise un certain nombre de manifestations culturelles qu'il est bon de rappeler, le parc qui entoure le lac des cygnes, Abrite continuellement des sculptures abstraites de jeunes artistes locaux, d'ailleurs n'importe quel artiste dans l'âme est invité à exposer ses sculptures, ses tableaux et autres chefs d'œuvres. Enfin, je tiens à rappeler que la bibliothèque municipale Ray Bradbury ouvrira ses portes le 3 février prochain pour la fête annuelle de la fondation de notre petite bourgade. Je vais conclure en répétant les paroles de notre prêtre qui me disait récemment pour souhaiter la bienvenue à nos futurs voisins et nos futurs amis :

« - Mon enfant, ma sœur, songe à la douceur d'aller là-bas vivre ensemble.

Aimer à loisir, aimer et mourir dans le pays qui te ressemble. »

N'oubliez surtout pas ce vers emprunté a Charles Baudelaire, ICI, tout est «luxe, calme et volupté. ».

C'était un endroit trop parfait. Un endroit trop calme ou il ne se passe jamais rien. Les gens vivent dans des pavillons identiques ont le même nombre d'enfants et ou il n'y a aucune criminalité ce n'est pas normal. Il se demandera ou l'on a bien pu emmener ses parents, ils auront vu quelque chose qu'il ne devait pas voir, ils auront sans doute découvert le secret qui se cache derrière cette petite ville. Il prendra alors la décision, après avoir déjeuner, de partir à leurs recherches.

« - Je rencontrerai bien une personne qui voudrait bien m'aider. Ils ne sont pas tous fous dans cette ville. » pense t ' il. Il prendra son sac à dos dans lequel il mettra de quoi écrire et de quoi manger. Il prendra aussi une petite lampe et, tel ses idoles Hercule Poirot et Sherlock Holmes e mettra dans la peau d'un détective privé. Il fermera la porte de la maison derrière lui, fera glisser la clé sous le tapis-brosse « au cas ou papa et maman rentreraient » et cherchera sa bicyclette dans le garage. Il ne saura pas ou aller , ni même par ou commencer.

« - Je vais d'abord faire le tour de la ville et voir s'il n'y a pas d'autres personnes dans mon cas. » se dira t ' il.

Il regardera sa montre et constatera qu'elle est arrêté, elle indiquera minuit pile. Imitant les champions de la petite reine, il fera rapidement le tour du quartier. Il n'y aura ni homme, ni chien ni même rien d'autre. Il pédalera jusqu'à l'avenue principale. Il s'arrêtera devant la mairie. Il pénétrera dans le bâtiment et remarquera que les bureaux sont sans dessus dessous. Quelqu'un sera venu chercher quelque chose avant lui. Soudain, le garçonnet entendra des bruits de cloches. Cela ne pourra venir que de l'église. Il sortira de l'immeuble et remarquera la caméra de sécurité. La caméra aura sans doute filmée la scène. Mais ou se trouvent les personnes chargées de la vidéosurveillance ?

Il remontera à vélo. Il n'y aura pas une seconde à perdre. Il se rendra en quelques minutes à l'église. La porte sera grande ouverte. Il entrera et discernera, malgré l'obscurité, un vieillard à genoux.

Le vieil homme faisait le signe de croix et priait. Il n'avait plus beaucoup de cheveux et avait une longue barbe. Celle-ci descendait jusqu'à ses pieds. Lorsque l'homme se retourna, il crut au miracle. Il n'en croyait pas ses yeux et s'approchait de l'enfant en pleurant. Il semblait particulièrement surpris et choqué, comme s'il n'avait pas vu quelqu'un depuis très longtemps.

« - Seigneur, j'aurai préféré une femme. Mais ce n'est déjà pas si mal, je vous remercie je n'ai jamais eu d'enfants...enfin, je pense» criait l'homme en regardant vers le ciel. Puis il poursuivit :

« - Je ne sais pas quel est mon prénom, je suis si vieux. Je me

présente je suis le plus vieil habitant de la ville d ' Ici. » raconta

l'homme en riant de bon cœur. »

« - Et toi qui es-tu jeune inconnu et compagnon d'infortunes ? »

Le petit garçon, l'air dubitatif, lui répondra en bafouillant :

« - Moi, moi...je m'appelle...je suis... »

Il aura oublié son nom.

L'autre citoyen de la ville d ' ICI, connaît à présent tout sur la petite commune. Il sait que c'est une ville abandonnée, il connaît le nom des rues, des boutiques. Il connaît l'histoire de la petite ville, son essor lors de la révolution industrielle et sa résistance lors de la grande guerre. Il est même sûr de savoir à qui appartient chaque maison, le numéro de téléphone, l'adresse exacte. Il peut même faire un portrait de chaque famille, les habitudes de celles ci, les petits plats que prépare maman avant que papa travaille. Il sait aussi à quel heure la petite famille dîne, quel est le mets préféré du cadet. Il connaît le nombre supposés d'habitants, lesquels sont mariés, divorcés (aucun), lesquels ont un chien, ceux qui font du jogging le matin. Il a fouillé tout ce qui était possible mais ne comprend toujours pas. Pourquoi il n'y a personne ? pourquoi il est ICI ? ou encore combien de temps durera le cauchemar ?

Autant de questions qui restent sans réponses. En parcourant la ville, il a pu se rendre compte de la présence d'un être vivant, la ville elle-même.

En marchant dans une rue en apparence si calme, il constata que les murs des habitations pleuraient, les cheminées vomissaient, et les fenêtres qui claquaient, adressaient un message incompréhensible. A ce moment là, Il errait comme une âme en peine.

ICI est une petite ville difficile à décrire, un mélange de différentes époques, une petite ville tout droit sortie des rêves, des fantasmes de chacun. Une petite ville ou tout est magnifique. Une ville ou les maisons sont identiques, ou ces résidences sont coloriées par des enfants, une ville mélangeant différents styles, différentes époques, différentes cultures. Une petite cité ou se côtoient les petits commerces traditionnels, comme l'on peut en trouver n'importe ou ailleurs, mais aussi des bazars, des boutiques de jouets et même une galerie marchande. Les rues bien que désolés, paraissent tranquilles, parfois même, on entend des voix, des murmures d'enfants, des petites filles jouant à la marelle et les garçons imitant leurs idoles, devenant à leur tour des artistes du ballon rond. Ces voix, essayaient de lui murmurer quelque chose, de lui communiquer un danger.

Il parvint à la conclusion que son heure était venue et que quelqu'un, que quelque chose allait le chercher. Il parvint aussi à la conclusion qui lui serait difficile d'échapper à son destin. Marchant sans savoir ou aller, il traversa successivement le boulevard de la villette, la rue de la paix et s'arrêta place de la bourse. La ville paraissait différente, plus belle, plus paisible, plus fascinante. Il vit en plein milieu de l'immense avenue, une cabine téléphonique. Il entra à l'intérieur mais ne sut pas qui appeler. Serait - ce sa dernière chance ?

« - Je ne sais même pas à qui faire appel. Et puis on nous écouterait... je suis surveillé. » s'affola t ' il.

Il décrocha le combiné. Il se mit à entendre une étrange musique. De la musique classique accompagnait une voix douce qui disait sans cesse ceci :

« - Aucune correspondance n'est disponible pour le moment. Ne veuillez plus rappeler car cela est impossible. Nous vous souhaitons un effroyable séjour dans notre jolie cité ». Il s'écroula. Il n'avait plus de forces, ne savait que faire. Il se releva, et se dirigea vers une immense tour. Une tour dont on ne pouvait apercevoir le sommet. Le soleil se couchait alors. Il allait se coucher une dernière fois. L'immense tour, était en fait l'église, l'église ou arrivera quelques instants plus tard le jeune garçon et ou priait le doyen d 'ICI.

Mais l'autre citoyen de la ville d ' ICI, connaît à présent tout sur la petite commune. Il sait que c'est une ville abandonnée, il connaît le nom des rues, des boutiques. Il connaît l'histoire de la petite ville, son essor lors de la révolution industrielle et sa résistance lors de la grande guerre. Il est même sûr de savoir à qui appartient chaque maison, le numéro de téléphone, l'adresse exacte. Il peut même faire un portrait de chaque famille, les habitudes de celles ci, les petits plats que prépare maman avant que papa travaille. Il sait aussi à quel heure la petite famille dîne, quel est le mets préféré du cadet. Il connaît le nombre supposés d'habitants, lesquels sont mariés, divorcés (aucun), lesquels ont un chien, ceux qui font du jogging le matin. Il a fouillé tout ce qui était possible mais ne comprend toujours pas. Pourquoi il n'y a personne? pourquoi il est ICI ? ou encore combien de temps durera le cauchemar ?


III


A partir de maintenant, les choses vont changer. Le jeu va enfin devenir intéressant. Il est peu probable que l 'enfant et l ' étranger veuillent finir leur vie ICI. Et ce malgré les mises en gardes du doyen. Le vieil homme, les larmes aux yeux leur racontera bientôt son histoire, son arrivée, ses tentatives vaines de fuite hors de la prison. Il leur racontera comment il s'est résigné et comment il a organisé sa vie depuis dans cet endroit perdu et isolé. Il leur expliquera combien il lui a été difficile de parler seul. Il évoquera ses rêves de voir arriver un jour d'autres personnes. Des prières qui auront fini par s'accomplir.

« - A force d'attendre si longtemps, je retombais en enfance. Je me suis crée des amis imaginaires, et quiconque m'aurait croisé m'aurait pris pour un fou. » plaisantera t ' il.

Le vieil homme les emmènera dans un drôle d'endroit. Il leur décrira l'histoire authentique du restaurant dans lequel ils se trouveront.

« - Le « Jack n'a qu'un œil » n'est pas une auberge comme les autres. Ses propriétaires étaient les chasseurs les plus redoutables de la région. Ils ont parcouru le monde entier. Ils ont chassé le lion sur le sol africain, ils ont été faire des battues, des poursuites dans lesquelles ils traquaient les loups et les renards. Des prédateurs qui en chassaient d'autres. Ils aimaient prouver aux autres à quel point ils étaient forts et qu'ils pouvaient attraper n'importe quelle bête. Ils ont été à la poursuite du Yéti, et même d'autres «monstres » parce qu'ils disaient ne plus avoir de plaisir à chasser. Ils sont arrivés ICI pour cela. Ils ont entendu parler de la légende du vilain croque mitaine, quelque chose enlevait les enfants et on les retrouvait ayant perdu toute leur âme. Il n'était plus que des fantômes, à l'image de cette ville. Tout ce que vous voyez autour de vous, ces têtes, ce sont leurs trophées.

« - Et que sont-ils devenus ? ils ont attraper le méchant croque-mitaine ? » interrogea l'enfant, très intrigué par le récit du veux sage.

Le doyen lui répondit alors que les croques mitaine, pas plus que les fantômes n'existent. Il conclut en par cette phrase énigmatique :

« - Ils ont trouvé un autre moyen de s'amuser, ils ont quitté la ville il y a très longtemps. »

Le jeune garçon se demandait s'ils n'étaient pas devenus eux-mêmes le jeu de ses chasseurs.

« - Regardez là-bas près du comptoir, cette photographie en

noire et blanc, elle représente les propriétaires de cette auberge

le jour ou ils ont pêcher une baleine, leur plus grand souvenir à

ce qu'il paraît. »Disait-il avec un large sourire.

« - Comment savez-vous tout ça ? » interpella le petit prince.

« - c'est une autre histoire, une autre et longue histoire. En résumé, j'ai reconstitué la vie de cette petite ville avant qu'ils ne disparaissent tous. » expliqua t 'il.

« - Comment cela fait-il que vous êtes là depuis si longtemps alors que mes parents ont disparu hier. » interrogea le garçon, qui ne comprenait plus grand chose.

« - Peut-être que tu t'es endormi très longtemps... je ne sais pas. Quand on arrive ICI, il n'y a aucune explication. » répondit l'homme sans pouvoir expliquer quoi que ce soit.

Pendant la discussion, le vieil homme s'absenta chercher de quoi manger. Il leur cuisina la spécialité de la maison, une omelette aux champignons.

« - Vous m'en direz des nouvelles. » leur dit-il d'un air jovial.

Le « jack n'a qu'un œil » s'était nommé ainsi car son propriétaire était un ancien marin qui portait le nom de Jack et qu'il était borgne. C'était une entreprise familiale qu'il avait conduit avec ses deux frères aînés Joe et William et son cadet Averell, tous les quatre chasseurs. Tout les hommes du village puis ensuite de la petite ville venait prendre un verre chaque vendredi. Ca marquait le repos bien mérité après une semaine de dure labeur.

« - Avant le repas, nous devons faire une prière remerciant le seigneur pour ce repas et de nous avoir réuni tous les trois. » préconisa le gamin.

L'enfant puis l'étranger racontèrent tour à tour leur histoire. On aurait cru à une veillée nocturne ou, autour d'un feu, on se raconte ses meilleurs histoires d'horreur.

« - Qui est à l'origine de cela ? Pourquoi ? » demande alors l'étranger.

« - Je n'en ai pas la moindre idée et je pense que nous ne le saurons jamais. » réplique le vieux sage.

Le petit garçon se met a pleurer et interpelle ses deux camarades :

« - Qu'ai-je fais pour mériter ça ? Ou sont mes parents et ma petite sœur ? »

Ils ne peuvent malheureusement pas lui répondre. Ils ne savent pas ou ils sont, ils ne savent même pas qui ils sont.

« - Il faut réussir à sortir d ' ICI. Je réussirai pas tous les moyens possibles et inimaginables, je vous les promets » déclare l'étranger d'un un ton ferme.

Puis, Ils finissent leur repas dans le silence. Le vieil homme propose alors à ses deux « hôtes » de passer la nuit chez lui afin de préparer un plan d'évasion. Une fois arrivée, ils se mettent donc à préparer leur future échappée.

« - Nos chances sont presque nulles. Je ne vois pas comment nous pourrons sortir de cette « prison », c'est pire que la forteresse d ' Alacatraz. » mit en garde le vieil homme.

« - Je préfère ne pas y penser. » murmure l'étranger tristement.

« - J'ai tracé une carte de la ville puisque il n'en existe pas qui soit très détaillée. Je connais cette ville comme si j'en étais le fondateur, je vous serai d'une aide précieuse. » précise l'ancien avant d'ajouter :

« - Je n'irai pas avec vous au bout du chemin, je suis le premier arrivant d ' ICI et j'en serai le dernier. De plus, si nous arrivions à nous évader, je ne saurai que faire, le monde doit être si différent, si hostile. »

Il sort de sa poche un vieux morceau de papier qu'il déplie. Il le pose sur la table. Il lui montre ou ils se trouvent et le meilleur moyen de s'échapper.

« - La forêt est sans doute notre seule chance. » s'écrie le vieil homme puis poursuit :

« - C'est une forêt immense. Elle vous attire, vous rapproche de son cœur et ne vous laissera plus jamais vous éloigner d'elle. »

Il se tait quelques instants, et sur un ton plus grave :

« - Vous allez me prendre pour un fou mais je suis persuadé qu'elle est vivante. Elle est dangereuse. »

« - Ne vous en faites pas pour nous. Une bonne nuit de sommeil et demain nous préparerons ce qu'il nous faut pour le grand voyage. » déclare l'homme.

« - Il se fait tard, j'emmène le petit garçon à l'étage se coucher. Ensuite, je vous accompagnerai dans une autre chambre. Conseille ainsi le vieil homme. Il lui souhaite un bon repos et va se coucher à son tour.

La nuit porte conseil et chacun espère se réveiller chez soi retrouver les siens. Le petit garçon s'imaginera le jour de Noël déjeunant en famille chez les grand-parents. Ses parents lui ont offert un livre, Robinson Crusoé. L'étranger lui, se voit chez lui avec son épouse, regardant un bon film et mangeant des chocolats. Quand au vieil homme, il ne rêvait que d'une chose, que quelqu'un vienne assister à son enterrement.


IV


Après quelques jours de préparation, les trois derniers habitants d ' Ici se préparent à partir. Chacun d'eux porte un sac contenant des provisions pour des semaines entières. Ils ne savent pas combien de temps durera le voyage. Ils ont décider de traverser l'immense forêt qui entoure ICI. Ils pénètrent dans une nature prête à les dévorer.

Le petit garçon se souvenait de son cauchemar. C'est son cauchemar qui l'a amener Ici. Ses peurs étaient devenues REALITE. Ils se rappelait aussi avoir vu son miroir fêlé et LA, il comprit. Il était passé de l'autre côté du miroir. Il marcha pendant des heures dans ce labyrinthe vert en compagnie de ses nouveaux amis en réfléchissant à cela. La solution est simple, il faut sortir du miroir. Mais comment faire ?

Ils se sentait peu à peu comme attiré par la nature, hypnotisé par tant de beauté, de couleurs qui se confondaient. Pour la première fois depuis bien longtemps, ils côtoyaient des êtres vivants, des papillons aux petits lapins de garenne.

Le petit garçon entendit tout à coup :

« - Je suis là, vient me chercher. C'est moi...Alice. » croyait-il entendre.

Plus loin, Il remarqua quelque chose qui brillait par terre, il s'agissait d'une montre de poche.

« - C'est celle du Chapelier Toqué. » se dit-il

Et il distingua un grand lapin blanc qui courait à travers la forêt. Sans que les deux « grands » s'en rendent compte, il suivit le grand lapin blanc. Ce dernier pénétra à l'intérieur d'un arbre. L'ouverture était trop petite pour lui mais trop curieux, il regarda à travers la porte. Il voyait le miroir, et une voix lui dit avec douceur :

« - traverse le miroir, rejoins nous. On s'amusera bien ensemble. »

il y vit ses parents, ses camarades de classes qui s'amusaient. Il les appelait, criait de toutes ses forces mais on ne l'entendait pas. Les gens semblaient rire de son malheur. Il pleurait, et à l'image d'Alice, ses larmes se transformaient en une mer de chagrin puis un océan entier dans lequel il allait se noyer

Le petit garçon ne traversa jamais plus le miroir et était perdu à jamais. Lorsque les deux adultes comprirent que l'enfant avait disparu, il était déjà trop tard. A leur tour, les deux adultes allaient retomber en enfance. A leur tour, ils allaient être victimes d'hallucinations. Ils pouvaient à présent percevoir le chant de sirènes et contempler un troupeaux de licornes qui galopaient au loin. Que leur arrivaient-ils ?

Ils poursuivront pourtant leur chemin, pendant des heures, pendant des jours, pendant des siècles. Pendant une Eternité.

Le vieil homme se mettra alors à entendre des bruits d'avions, des bruits d'obus qui exploseront. Des cris aussi, des cris de femmes et d'enfants qu'on assassinera. Il discernera une plage, des barbelés séparant la forêt de la plage. Il ne pourra plus continuer à avancer. Les hurlements seront trop forts. Ils se tiendra les mains sur les oreilles pour ne plus rien entendre.

Il ne voudra plus rien voir aussi. Ce sera trop dur. Il s'arrêtera et dira à l'étranger :

« - Je suis arrivé au bout du chemin, j'ai rempli mon rôle, ma mission. Je vous souhaite bon voyage. »

Il se retournera et repartira. Son chemin à lui ne sera pas non plus terminé. Il ne fait que commencer et va durer six longues années. Six longues années de tortures. Six années de interminables qu'il a provoqué et auquel il va devoir répondre bientôt. Le plus dur reste à venir pour lui.

L'étranger approche de la plage fatigué, usé par un voyage qui n'en finira pas. Usé physiquement et nerveusement. Pour gagner la plage, il doit franchir un dernier obstacle. Les barbelés l'empêchent de passer, il doit s'allonger et effectuer un parcours du combattant. Et les barbelés le marquent à vie, le griffent et lui montrent à quel point il est vain de vouloir partir d ' ICI. Ils souffre atrocement mais continue, il l'a promis. Il rampe, rampe encore et encore. Il parvient à la plage.

Il lui faut affronter cette fois la mer, la Mer de Chagrin et plus tard l'Océan du Désespoir. Par chance, il y a une barque. Il s'y installe et se mais à ramer. Dans un état de mort lente, il se laisse aller petit à petit. Il s'endort et se laisse porter par les vagues. Le vent se lève et une tempête commence à gronder. Les jours vont passer et se ressembler, seul envers et contre les éléments.

« - Que sont devenues mes compagnons d'infortunes ? » se dit-il. Il s'endort profondément, le marchand de sable vient de passer encore une fois. Pendant son voyage, pendant ses deux voyages, l'un le menant au monde des rêves et l'autre à la REALITE, il va côtoyer ses anciens compagnons d'infortunes.

Au moment ou il se réveille, il est arrivé au bout du voyage. Le bateau s'échoue sur les côtes d'une petite ville. Il se réveille, et admire une grande affiche avec le slogan de la petite ville, ce slogan indique :

« - Vous êtes LA*! ».


V


Le voilà dans une nouvelle petite ville déserte. Il ne saura jamais qui il est. Pourtant, il a au moins quelques souvenirs qui persistent. Cette fois il rencontre dans cette cité, un étrange individu, le sphinx. Celui-ci se présente comme le gardien de la ville et lui demande de répondre à une devinette s'il voulait continuer son chemin :

« - Qu'est ce qui marche sur une jambe le matin, puis deux et

enfin sur trois le soir ? »

« - C'est l'homme ! »répond après réflexion l'étranger.


Conclusion


« - Tous les histoires ne se terminent pas avec une fin heureuse. Et c'est fort regrettable. »
déplorait un homme qui jouait aux échecs.

Son adversaire lui répondit alors :

« - L'histoire n'est pas terminé, elle ne fait que commencé. Au moment ou je vous parle. Le jeune garçon dort toujours dans sa chambre et son sosie est toujours à la recherche d'Alice. Le vieil homme prie toujours à l'église tandis que l'étranger et son double tente de sortir d'un hôtel hanté. »

« - Et ca va recommencer à zéro, encore et toujours... » ajoutait-il.

« - Je ne comprends pas, je pensais que l'étranger était arrivé LA. » dit le premier joueur.

« - Regardez autours de vous, il n'est pas LA. Il est toujours dans sa petite chambre d'hôtel à parler à un miroir. » plaisantait le second joueur.


« - Juste par curiosité, vous savez ou se trouve ICI et qui l'a crée ? » questionna le premier joueur, sur le point de remporter la partie.

« - Ne me posez pas cette question stupide, vous le savez aussi bien que moi. Vous êtes ICI... » répliqua l'homme d'un ton énigmatique.

Le premier joueur resta de longues minutes, ne sachant quelle pièce jouée, le fou ou le roi. Il ne savait que trop bien la vérité mais ne voulait pas l'admettre.

« - Venez avec moi, nous allons nous arrêter. Un peu de repos nous fera du bien. » suggéra le second joueur.

Il se dirigèrent vers le Lac des Cygnes. Ils s'allongèrent par terre pour regarder le ciel. Un autre homme débarqua, un homme de petite taille, il tenait une rose rouge à la main.

« - Messieurs, terminez votre partie, on vous attend pour dîner. » déclara le nain d'un ton solennel.

« - Nous en avons encore pour une minute et après nous irons voir AILLEURS afin de déjeuner avec nos charmantes compagnes » rétorqua le second joueur.

Ils repartirent vers leur partie et se remirent à jouer. Le premier joueur posa alors une dernière question à son ami :

« - Pourquoi avoir fait ça ? »

Le nain fit un signe de la main au second joueur, lui faisant comprendre qu'il ne fallait pas en dire plus. Et le nain se mit à murmurer à l'oreille du premier joueur.

« - Ne cherchez pas à en savoir davantage. Il n'y a pas d'explication rationnel. Vous savez quel est la châtiment que l'on réserve à ceux qui posent trop de question. »

Le mot de la fin fut pour le second joueur :

« - Echec et mat mon cher ami ».


FIN



INDEX

ICI : il s'agit du nom de la petite ville ou se trouve les trois personnages. Par définition, c'est le lieu ou nous nous trouvons. Ce n'est pas un endroit ou nous avons pied mais ou notre esprit peut vagabonder, un monde que seul Alice et quelques autres ont pu découvrir pleinement. Y rester trop longtemps peut s'avérer mortel.

LA : second volet du recueil fantastique qui sera centrée sur les personnages qui ont perdu pieds et sur les raisons pour lesquelles on les a amené ICI. On connaîtra en détail l'emplacement d ' ICI, et ses liens avec la cité qui porte le nom LA. Cette autre cité est à l'origine des problèmes des trois personnages (s'ils sont bien trois personnages différents). Le sphinx est le gardien de la petite cité et donc sait ce qu'il s'est réellement passé.

AILLEURS : troisième volet du recueil fantastique. Cette nouvelle traitera du monde REEL, c'est à dire comment des gens et de leurs comportements. On abordera le thème important du DESENCHANTEMENT, qui a conduit à la marginalisation et la constitution d ' ICI. AILLEURS est le monde ou l'on passe nos journées et ou l'on ne perd pas pieds.

AUTRES : prétendus habitants de la ville d ' ICI. Ils sont à l'origine de la création de la petite ville et la cause des ennuis des personnages. Ils ne sont pas les auteurs directs des événements mais seulement à l'origine de la constitution de la ville elle-même. En réalité, ce sont les gens en général, ceux que l'on croise dans la rue et que l'on ne connaît pas, ceux qui vous regardent comme si vous étiez un extraterrestre.

CRI : moyen de communiquer d'un monde à un autre.

REALITE : façon de voir le monde d'un individu à un autre. C'est à dire une illusion.