G. BANNIER : “Je pense m’être rapproché des personnages d’Engrenages, avoir réchauffé l’ensemble”
Entretien avec le réalisateur des premiers épisodes de « Engrenages » saison 2
Par Sullivan Le Postec • 7 mai 2008
Pour Le Village, le réalisateur des épisodes 1 à 4 de la seconde saison d’« Engrenages », Gilles Bannier, lève le voile sur ces nouveaux épisodes.

L’année dernière, Gilles Bannier répondait à nos questions pour avoir réalisé la seconde partie de la première saison de « Reporters ». Un an plus tard, il revient dans l’actualité avec le nouvel événement de la fiction de Canal +.
Premier drama développé et mis à l’antenne par Canal, « Engrenages » est aussi le premier à revenir pour une seconde saison. Toutefois, quelques changements sont survennus en coulisses, puisque la romancière Virginie Brac succède à Guy-Patrick Sainderichin qui avait développé la série et supervisé l’écriture de la première saison.

Alors que la diffusion commence dès lundi 12 mai sur Canal +, Gilles Bannier, qui réalise les quatre premiers épisodes d’« Engrenages » saison 2, a bien voulu répondre aux questions du Village et lever un coin du voile...

Le Village : Vous signez les quatre premiers épisodes de la seconde saison d’« Engrenages ». Dans votre travail de réalisateur, est-ce que l’expérience diffère de la réalisation d’épisodes de la première saison d’une série, comme cela avait été le cas sur « Reporters » ?

Gilles Bannier : Globalement non, car il reste toujours une histoire à raconter, un climat à créer, un rythme à trouver. Et c’est un enjeu à chaque film, à chaque épisode. Il y a bien sûr la récurrence des six acteurs principaux et de certains décors. N’ayant pas participé à la saison 1, c’était une vraie première pour moi. En même temps, le support de la saison 1 est une aide précieuse pour ce qui a plus ou moins bien marché.

Que pensez-vous de la première saison d’« Engrenages » ?

Je fus un spectateur assidu de la première saison. C’était en rupture complète avec le reste de la fiction française à l’exception de « Police district ». Il pouvait y avoir une froideur excessive par moments pouvant générer une trop grande distance avec les personnages mais la qualité de la distribution et de la direction d’acteurs s’est chargée d’absorber quelques défauts de narration.

Selon vous, au niveau de la réalisation, qu’est-ce qui change dans cette deuxième saison et qu’est-ce qui sera dans la continuité de la première ?

Pour cette deuxième saison, je pense m’être rapproché des personnages et donc, avoir réchauffé quelque peu l’ensemble. Le traitement de l’image reste dans le même esprit, couleurs désaturées combinées à un fort contraste.

Vous avez plusieurs fois travaillé pour Capa Drama, qui vous a habitué à vous impliquer très en amont dans les projets. Je crois que ce fut également le cas pour cette saison d’« Engrenages ». Comment s’est passé le travail avec les producteurs (Son & Lumière) ?

J’ai pu commencer le travail alors que les scénarios n’étaient pas encore terminés. Virginie Brac, la scénariste, et moi-même avons beaucoup travaillé ensemble à affiner les situations et les personnages. Parfois contre la montre du planning de production très serré mais toujours dans l’intérêt du film. Quand aux producteurs, ils m’ont laissé une vraie liberté artistique autour des grands enjeux des quatre premiers épisodes.

De quelle façon cette implication se retrouve-telle dans les épisodes tournés ?

Dans l’adaptation des personnages et des situations à la réalité de leurs univers et au langage cinématographique. Faire décoller des scénarios nécessite de s’en éloigner pour mieux y revenir.
Aussi dans le travail que j’ai pu faire en amont en passant du temps avec les policiers, les magistrats, les avocats.

Quelle est la tonalité scénaristique de cette saison ?

Il y a davantage d’humour dans un cadre toujours très noir. Ce qui n’est pas pour autant de l’humour noir. On raconte le démantèlement d’un trafic de drogue des beaux quartiers de Paris jusqu’aux cités de la Seine St Denis. On a essayé de ne pas être manichéen et de ne pas juger trop vite les personnages quelque soit leur milieu.

Comment avez-vous appréhendé le travail avec les comédiens principaux qui, ayant déjà tourné la première saison, connaissaient déjà leurs personnages ?

Nous avons beaucoup travaillé ensemble, beaucoup répété et retravaillé les dialogues et les situations dans un état d’esprit commun, fervents et concentrés. Une alchimie s’est produite qui était déjà présente dans le groupe d’acteurs dont j’ai fait la connaissance. Ce fut un vrai plaisir. Si je n’avais pas admiré leur travail dans la saison 1, je n’aurais pas accepté la saison 2.

Réaliserez-vous une partie de la seconde saison de « Reporters » ?

Oui, je vais réaliser la première moitié de la nouvelle saison aux enjeux très excitants. Une fois cela fait, je pourrais vraiment répondre à votre première question.

Merci d’avoir répondu aux questions du Village.

Propos recueillis le 7 mai 2008.

Lire notre critique du premier épisode de la secode saison.