« Secret Diary of a Call Girl » n’est pas une série sur la prostitution, ni même une série sur le sexe, c’est juste une série sur une jeune londonienne, Hannah, jolie, pas bête mais un peu fainéante, qui aime le sexe et en vit, tout en le cachant à ses proches. Une fois qu’on part de ce principe, on peut apprécier la série…
Hannah aime le sexe et l’argent. Inutile de chercher une raison plus glauque pour la pousser à devenir call-girl de luxe, la série se veut légère et glamour. Les adeptes du réalisme et du docu-fiction peuvent s’abstenir. La prostitution est traitée ici dans sa version fantasmée : la maquerelle ressemble plus à une responsable d’agence d’intérim, les mauvaises rencontres sont rares, les situations plus anecdotiques et décalées que malsaines. En fait, la profession de l’héroïne ne sert que de support, permettant à la fois d’explorer le personnage d’Hannah et ses rapports aux autres, et de créer des situations coquines et drôles.
Résultat : quelques grincheux grincent des dents en criant à la “tromperie sur la marchandise [1] ”… alors que ceux qui n’y cherchent pas de grande réflexion sur ce sujet apprécient la “non-prise de tête”.
Les scènes de sexe ne sont pas cachées, mais on ne tombe pas dans le trash, à peine dans le cru : la tension sexuelle est quasi-inexistante… les aspects “techniques” de la profession dominant largement les aspects sexy !
Si les dramas ont leur “Méchant de la semaine”, « SDOACG » a sa “Situation Cocasse de la semaine”. A chaque épisode, son anecdote sexy : maîtresse SM amateur, client fantasmant sur la fille de ferme version début du siècle, orgie à laquelle elle ne doit que faire figuration, erreur de client au bar de l’hôtel… Et cela donne tout le coté savoureux à la série ! 75 % du comique du show réside dans ces petits moments… le reste, c’est dans les répliques !
Hannah est pleine de contradictions ! Même si elle a choisi sa profession et semble l’assumer, elle la cache à l’ensemble de ses proches. Même si elle reçoit ses clients chez elle, dans son intimité, elle rejette un client qui la veut sans sa “panoplie” habituelle (au naturel !). Cette distance entre ses deux vies est le point critique de son équilibre. Son double dressing (celui d’Hannah et celui de Belle) en témoigne. Tout le rituel qui lui permet de devenir Belle est aussi un moyen de séparer les choses, de garder le contrôle. D’ailleurs, les complications arrivent lorsque les deux se mélangent, surtout quand il s’agit de son entourage.
A noter, Billie Piper est excellente, et dans un registre très différent de celui du « Doctor Who ».
Ses relations avec sa sœur et ses parents sont abordées même si peu développées. Avoir une double vie implique souvent mentir et cacher des choses. On peut facilement comprendre qu’avec une famille assez traditionnelle elle préfère lui faire croire qu’elle est assistante dans le juridique, mais débarquer à la maternité pour découvrir son neveu alors qu’on quitte une orgie… ça peut être compliqué !
La vérité est-elle plus facile à gérer ? Pas vraiment à priori, vu la réaction de son petit ami dans la saison 2. Et même si la personne l’accepte sans jugement (?) comme Ben, ce n’est pas vraiment évident de partager ses histoires de boulot avec son ex et meilleur ami.
Les relations pro ne sont pas mieux. Hannah n’a pas d’amie, que des concurrentes… personne à qui se confier. Le lien protectrice / protégée n’est pas franchement plus sécurisant.
Au final, la série est plutôt sympathique et équilibrée. Le format 22 minutes permet de rester léger et comique, tout en se concentrant sur le personnage d’Hannah. Ce n’est certainement pas la meilleure série du moment, mais on passe un moment agréable et rafraîchissant.
« Journal Intime d’une Call Girl (Secret Diary of a Call Girl) »
Saisons 1 & 2 – 16 épisodes de 22 minutes
Créé par : Lucy Prebble
Diffusion : M6 - La saison 1 est déjà disponible en DVD. La saison 2 sort cette semaine chez Koba.
Dernière mise à jour
le 15 novembre 2009 à 23h16