L’INTERNAT - 1.01/02/03
Retour vers l’adolescence...
Par Emilie Flament • 22 novembre 2009
M6 lance une nouvelle série grand public en 10 épisodes : « L’Internat » confronte ses élèves et l’équipe éducative à d’étranges événements.
Impressions au fil de la diffusion…

Des épisodes de 52 minutes, c’est bien ! Des titres pour les épisodes, c’est très bien ! Une diffusion en paquets de 2 ou 3 épisodes, c’est nul ! Puisque les chaînes françaises s’acharnent à grouper les diffusions, c’est décidé… je groupe les critiques ! Na !

1x01 - Les yeux de la forêt
1x02 - Les griffes du passé
1x03 - Triple fond

La série a beau être adaptée d’une série espagnole (« El Internado »), les premières minutes ont plutôt un air de série américaine : ouverture sur un pré-générique sans dialogue qui nous plonge directement sur l’évasion d’une pensionnaire d’un hôpital psychiatrique, générique façon « Smallville » Superman en moins, première séquence de présentation des personnages sur fond musicale très présent... On tente gentiment d’attirer les ados vers la série.

Il faut dire que la série, même si elle se veut grand public, a rapidement un petit coté « Teen Movie ». Les personnages principaux sont des élèves de terminale avec, chacun à leur façon, une faiblesse (enfant battu pour Yann, orphelin pour Thomas…). Ils se retrouvent complètement isolés dans ce vieux château, sans portable, et avec peu d’accès à Internet ou au téléphone, au milieu d’adultes qui ont tous l’air d’avoir un lourd secret. Bien sûr l’endroit est entouré par une épaisse forêt que la réalisation aide à figurer comme un obstacle infranchissable et où on n’a pas forcément envie de faire une ballade au clair de lune. On ajoute à Valgrange un long passé d’événements bizarres non élucidés, des passages secrets et des couloirs souterrains sombres, et un « monstre » dans la forêt. Bref, les pauvres agneaux sont à la merci du grand méchant loup… Mais qui est-il ? Ou qui sont-ils ?
Les mécanismes sont basiques mais fonctionnent bien. J’ai même l’impression de retrouver mon adolescence !

Malheureusement, j’ai mûri depuis… et mon esprit critique m’oblige à pointer quelques éléments qui nuisent à la vraisemblance du show : vu le nombre d’élèves en terminale (15 !), le nombre d’élèves globalement dans l’établissement devrait être bien plus élevé… idem pour les professeurs, surtout lors des réunions entre profs ! Mais bon…. Mettons ça sur des questions de budget ! Autre point à signaler : il va falloir mettre une cloche à la petite Louise, parce qu’au bout d’un moment, on se demande si une telle mesure n’empêcherait pas la fillette de s’enfuir une nième fois dans la forêt sans qu’aucun adulte ne le remarque (il n’y a pas de clef pour les portes de ce château ?).

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Au niveau de la réalisation, on reste dans les standards français. Ça n’a pas l’esthétique d’une production Canal+, mais au moins ce n’est pas surchargé avec des effets inutiles : on reste dans les codes de l’angoisse, tout en restant soft (on vise un large public, n’oublions pas !). La musique censée faire monter la tension est par contre trop présente, finissant par ne plus remplir son rôle. L’éclairage, trop puissant, a également tendance à desservir la série : les scènes nocturnes perdent en crédibilité et en ambiance. Le point de vue du “monstre” (appelons-le par son petit nom) de la forêt est bien utilisé et aide à établir l’étau qui se resserre sur le château.

L’ensemble des personnages de ce huis clos est servi par un casting convaincant. Roby Schinasi (Thomas Fersac) et Kévin Antoine (Yann Delcroix) font un excellent début, nous permettant rapidement de créer une empathie avec leurs personnages. J’espère que les prochains épisodes permettront à Lisa Masker (Yasmine Boukhrane) et Juliet Lemonnier (Caroline Mantero) de développer un peu plus leurs personnages. Nova-Louna Castano (Louise Fersac) est épatante de naturel et de fraîcheur. Du coté des adultes, mention spéciale à Guillaume Cramoisan (Victor Durier) qui réussit à mettre le doute sur la sincérité de son personnage pourtant plus que sympathique en 30 secondes lorsqu’il surprend Marie près du coffre dans son bureau. Les personnages de Laure Marsac (Marie Perrier), de Bernadette Lafont (Hélène Massart) et de Jean-François Garreaud (Professeur Antoine Camille) permettent moins ce type de finesse, les trois sentant le secret à 100 mètres, mais leur jeu est juste et le lien se crée avec le téléspectateur. Pour Valérie Kaprisky (Elsa Lendorff), la magie n’opère pas (encore ?). A suivre dans les prochains épisodes…

En résumé, l’ensemble est assez basique et vise un public plutôt ado, mais la série fonctionne correctement jusque là malgré ces faiblesses. Pas d’étincelles, mais les personnages sont assez empathiques pour qu’on ait envie de découvrir qui est le grand méchant loup.

Post Scriptum

« L’internat »
Saison 1, Episodes 1, 2 & 3.
Scénario : Daive Cohen, Yves Ramonet, Francis Nief, Emmanuel Bezier. Réalisation : Bruno Garcia. Production : Jean-Benoît Gillig
Diffusion : M6, le jeudi 19 novembre 2009. La suite est programmée pour les 26 novembre, 3 et 10 décembre 2009.