Les spécificités du phénomène culturel Doctor Who
MAI 2012
Par Sullivan Le Postec • 6 avril 2012
Bienvenue au Village, le webzine des fictions européennes et francophones.

C’est samedi prochain que France 4 lancera la diffusion des épisodes de la dernière saison en date de « Doctor Who », la sixième depuis que la série a fait son retour en fanfare en 2005. Le Village la suit avec une passion intacte.

Après six saisons, sept années de présence à l’antenne, il serait possible de négliger un peu la série. De lui préférer d’autres plus “fraiches”. Mais ce serait dommage de passer à côté de ce qui reste l’une des meilleures — peut-être la meilleure — série européenne actuelle. D’autant plus qu’avec une maestria que beaucoup lui envient, elle maîtrise à la perfection l’art de se régénérer, de toujours garder un élément de surprise. La routine et « Doctor Who » ne coexistent jamais dans le même univers.

Pour cette nouvelle saison, le showrunner Steven Moffat a décidé de faire monter le curseur de la peur, et surtout de nous offrir une trame plus feuilletonnante que jamais auparavant, enclenchée par un événement qui scotchera les téléspectateurs à leur fauteuil dix minutes après le début du premier épisode. Le Village résume les enjeux de cette saison dans son article Preview : Doctor Who six sexy

Et puis « Doctor Who » est aussi porteuse d’un enseignement intéressant. Cette saison a été diffusée l’année dernière sur la première chaîne britannique, BBC1. Tout juste quelques semaines plus tôt, la même chaîne avait subit un revers avec « Outcasts », une autre série de science-fiction dont la BBC a dû changer la programmation suite à un échec d’audience sévère. A l’inverse, « Doctor Who », son extraterrestre en personnage principal et son tiers d’épisodes se passant de l’autre côté de l’Univers, reste pour sa part l’une des série les plus regardée de Grande-Bretagne, avec des scores impressionnants : de huit à dix millions de téléspectateurs, avec des pointes à 12-13 pour les épisodes événements.
Autrement dit, voilà qui dément l’idée que le genre de la science-fiction ne pourrait pas toucher le grand-public à la télévision. Ces deux exemples démontrent surtout que le genre est complètement secondaire par rapport à la manière dont il est utilisé, et à son inscription dans la culture populaire et l’inconscient collectif. Parce que bien sûr, le succès de « Doctor Who » c’est aussi celui d’une série née dans les années 60. Une série avec laquelle ont grandi des téléspectateurs qui sont heureux de la regarder à nouveau avec leurs enfants.

Le défi de la série française est aussi celui-là. Après avoir tourné en rond, vingt-cinq ans durant, autour d’un modèle unique (le héros citoyen de 90 minutes) que le téléspectateur de moins de 35 ans ne peut plus voir en peinture, elle n’a pas d’histoire commune à offrir aux familles qui auraient envie d’en partager. Mais est-il encore possible de se réinventer totalement dans un marché de la télévision de plus en plus mondialisé ?

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Quoi qu’il en soit, France 4 non plus n’est pas décidée à céder à la routine quand il s’agit de lancer la nouvelle saison de « Doctor Who ». Bien au contraire, elle proposera samedi 19 mai une Nuit Spéciale qui proposera aux amateurs de la série comme aux néophytes d’en apprendre plus sur le phénomène culturel qu’est « Doctor Who » en Grande-Bretagne depuis près de 50 ans.

Le programme complet de la Nuit Doctor Who est disponible ici. Les deux premiers teasers, eux, sont là. A ne manquer sous aucun prétexte !

Dernière mise à jour
le 12 mai 2012 à 19h16