FORTUNES (la série) — Saison 1
Pas toujours facile de passer du Pilote à la série...
Par Emilie Flament • 16 mars 2011
Quatre amis qui veulent réussir leur vie, des communautés différentes et beaucoup de choses qui ne se passent pas comme prévues (sinon, on rirait beaucoup moins !). C’est le point de départ de « Fortunes ».

Peu après la diffusion de la saison 2 inédite de la série « Les Invincibles », Arte entend poursuivre dans cette lignée et s’installer définitivement comme un diffuseur de séries originales avec l’arrivée de la première saison de Fortunes, le 22 mars dans la même case du mardi soir en deuxième partie de soirée.
 

Un bel essai...

En 2008, Arte diffuse le téléfilm « Fortunes », écrit par Alix Delaporte et réalisé par Stéphane Meunier, qui explore les barrières entre les communautés à travers le personnage de Brahim : Brahim rêve de monter son agence immobilière, mais en attendant il doit travailler pour un patron raciste qui l’humilie dès qu’il peut. Il est amoureux d’Helena, dont la famille d’origine portugaise ne l’accepte pas totalement, mais il n’en a pas parlé à ses parents qui tentent de lui arranger un mariage avec une musulmane.

Drôle, utilisant les clichés sans pour autant en abuser, cet unitaire est une petite perle, toute en finesse. Fort de ce succès, Arte décide logiquement de commander une suite sous forme de série (8x52 minutes).

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... non transformé

L’intrigue reprend quelques mois après le téléfilm. Brahim et Helena vivent ensemble avec leur bébé. Avec enfin sa propre agence, il se lance dans les affaires et voit encore plus grand. Avec sa petite bande d’amis toujours dans son sillage et les familles respectives du petit couple sur son dos, Brahim va une fois de plus cumuler les galères. Au passage, en plus des musulmans et portugais, les chinois, les gitans, les agriculteurs et bien d’autres communautés sont de la partie.

Malheureusement, la série n’atteint pas le niveau de son pilote. A force de vouloir trop en mettre, elle perd toute sa finesse et sa cohérence. Les clichés pleuvent, les interventions des différentes communautés ne se justifient pas toujours, et les péripéties sont de plus en plus improbables.
Si on arrive à passer outre tous ces points et à accepter le côté totalement délirant, la série reste drôle et ses personnages principaux attachants.

Tout dépend de ce qu’on attend de la série : sur le site d’Arte, on peut lire dans l’interview de Stéphane Meunier concernant le pilote "j’ai voulu parler de cette communauté à travers la comédie, raconter la difficulté de se mélanger, la stigmatisation de l’autre, à travers des situations drôles et des personnages attachants". Et c’est réussi dans le téléfilm !
Par contre lorsque François Sauvagnargues, Directeur de la Fiction d’ARTE France, présente la série comme abordant "les différences culturelles sur un ton mordant, avec un zeste de réalisme, une bonne dose d’impertinence et beaucoup d’humour", il me semble qu’on est loin du compte.

C’est juste, au final, une série drôle et attachante. La réflexion sociale sur le multi-culturalisme français a été égarée en cours de route.

A vous de voir si vous y trouvez encore votre compte...

Post Scriptum

« Fortunes »
Saison 1, 8 x 52 min.
Production Terence Films, Adventure Line, Arte France
Diffusion Arte, le mardi à 22h25, à partir du 22 mars 2011