PIGALLE, LA NUIT - Ep 1.03
"J’ai pas envie de partir" Emma
Par Dominique Montay • 2 décembre 2009
Thomas commence à se perdre dans Pigalle. Nadir subit le contrecoup de l’agression dont a été victime son employé, Oswald, à la sortie du Paradise. Et Alice danse.

Pendant la diffusion de « Pigalle, la nuit », nous vous donnons rendez-vous chaque mercredi et vendredi pour la publication des critiques des épisodes diffusés le lundi soir.

Thomas vient d’apprendre que le corps retrouvé sans vie par la police n’est pas celui de sa soeur. Il insiste auprès de Fleur pour avoir l’adresse de Nadir. Pour lui, Zeinoun est le fautif, entre une ancienne danseuse de chez lui retrouvée morte et sa soeur perdue. Fleur, qui le protégeait jusqu’ici, commence à douter de son patron.

Un patron qui retrouve le bonheur de se faire appeler papa par sa fille, qu’il ne voit plus depuis que lui et sa femme sont séparés. Nadir commence à s’impatienter concernant la boutique d’Alice et valide une mise à sac de l’endroit. Alice, elle, retrouve une seconde jeunesse, ses breloques se vendant mieux que jamais, sans qu’elle sache que les seuls acheteurs viennent de chez Dimitri. Et pendant ce temps, Dimitri agit dans l’ombre.

Des temps morts

Pour la première fois de la série, au-delà des introspections silencieuses de certains protagonistes, on assiste aux premiers temps morts, avec Thomas dans tous les coups. Pas d’ennui, mais une progression du personnage. Après avoir passé plusieurs heures sans dormir, Thomas est à bout de nerfs et ne sait plus par quel bout prendre l’enquête. Tentant de mettre de l’ordre dans ses pensées (en transformant l’appartement de sa soeur en mur de preuves), il finit par faire l’extrème inverse, en prenant plusieurs pillules dont il ne connaît pas la provenance pour dormir. Un acte complètement irréfléchi qui traduit on état d’esprit confus et brumeux ou moyen un peu trop appuyé pour les auteurs de mener Thomas vers un état second qu’ils souhaitent le voir atteindre.

Comme à chaque épisode, nous assistons à des évènements du quotidien de Pigalle, comme cette réunion des entrepreneurs de la nuit. A cette réunion, on présente Dimitri. Lui à un bout de la table, Nadir à l’autre. On a l’impression d’être à la veille d’un combat, que cette distance est nécessaire entre les deux pour que rien ne s’envenime. Dimitri provoque Nadir avec toute la louvoierie dont il est capable. Phrasé policé, rassurant, on le découvre politicien. Mais son jeu ne dupe pas grand monde, tant son ton semble faux. Assez touchante, la scène où Nadir paye ses "filles". Attentionné sous un dehors un peu bourru, on le voit sous un aspect qui vient contrebalancer les doutes de Fleur et Thomas le concernant. Certainement plus pour rétablir la vérité sur le personnage plutôt que de jouer un jeu de dupes pour Hadmar et Herpoux. Clairement, dans cette scène seule, on comprend que Nadir n’aurait jamais fait aucun mal à Emma. Ce qui ne veut pas pourtant dire qu’il n’a rien à voir dans sa disparition.

Dimitri est un peu en retrait dans cet épisode. Hormis son moment "tout va bien, ne vous en faites pas...", on le voit avec sa mère, dans une scène partiellement tournée en russe et assez opaque. Nous le retrouvons plus tard, pour clore l’épisode, alors qu’il regarde sa Emma-bis se faire sauter par un inconnu, le tout avec un flegme extrêmement dérangeant.

Des temps forts

Deux scènes sortent du lot. Et quelles scènes. D’abord Alice dansant dans un bar clandestin où se rend Nadir, pendant que Jamil et d’autres gros bras démolissent l’intérieur de sa boutique. De la joie sur le visage d’Alice, qui exprime sa beauté et qui passe d’un statut de femme solitaire à femme tout court, à ces scènes de violences stupides, en passant par le regard de Nadir sur Alice qui se met progressivement à changer, on nous sert un palette d’emotions très larges, en très peu de temps.

Dans un esprit plus film noir et basiquement jubilatoire, la visite de Thomas chez Nadir est juste excellente. Le choix de la musique classique ramène à Scorcese, tout comme le fait de suivre Thomas dans des mouvements très fluides de steadycam. Le tout pour mener à la succulente confrontation entre les deux, Thomas menaçant de tuer Nadir s’il ne dit pas la vérité en brandissant un sèche cheveu au-dessus de son bain. Même on sait Thomas incapable d’aller au bout, c’est du tout bon quand même.

Sur un faux rythme

Cet épisode 3 est un peu calqué sur le personnage de Thomas, en recherche de rythme. S’il donne lieu à des scènes très réussies, il déroute un peu dans ses choix. La plupart des protagonistes semblent être en attente, le paroxysme étant trouvé avec Thomas, qui attendant un créneau pour fouiller le bureau de Nadir, s’endort dans une cabine du sexodrome.

Mais si nous attendons, ça n’est pas pour rien, l’enchaînement des dernières scènes venant donner un coup de fouet bienvenu à l’ensemble. Un épisode transitoire, mué par une envie de brouiller les pistes. Mais un épisode tout de même réussi.


Les Bonus du Village - « Pigalle la nuit » : Hervé Hardmar et Marc Herpoux, les créateurs de la série, commentent des scènes des épisodes 3 & 4. C’est à voir ici.

Post Scriptum

« Pigalle, la nuit »,
Créée par Hervé Hadmar et Marc Herpoux
Produit par Lincoln TV. Diffusion : CANAL+
Saison 1, Episode 3
Ecrit par Hervé Hadmar et Marc Herpoux
Réalisé par Hervé Hadmar

Copyright photos
© Tibo & Anouchka / LINCOLN TV / CANAL+