VIRGINIE BRAC — Une grande scénariste française
Focus sur une grande scénariste française
Par Dominique Montay • 9 février 2011
Très loin d’être un profil fouillé exhaustif sur une scénariste talentueuse, cet article est juste présent pour souligner ce qui est peut-être une évidence pour le lecteur assidu du Village, un peu moins pour les autres : nous aimons Virginie Brac.

Je me suis contenté de dire « scénariste » talentueuse parce que, honte sur moi, je n’ai lu aucun livre de Virginie Brac, la romancière. A vrai dire, je n’ai pu contempler que deux œuvres signées de sa main. L’une d’entre elles, on en parle maintenant, et on continuera d’en parler tout le printemps, c’est « Les Beaux Mecs », qu’elle a rendus, grâce à son talent et celui de Gilles Bannier, tout simplement irrésistibles.

L’autre, j’y viens. Très importante à mes yeux, fondatrice, même. Car j’ai toujours eu un profond respect pour ceux qui redonnent vie aux morts, et qui en plus, le font sans séquelle. Virginie Brac a transformé un semblant de tentative de série mal maîtrisée et inepte en polar riche et intense.

Des qualités à tous les niveaux

Virginie Brac a écrit « Engrenages » saison 2. La première œuvre Canal, celle qui se réclamait de séries comme « The Wire » mais qui, au terme de la première saison ne ressemblait à pas grand-chose. Que les anglais lui aient trouvé du charme à l’époque me dépasse encore complètement aujourd’hui. Soit. Vu ce succès d’estime (elle fut encensée par la majorité de la presse), il fallait une saison 2. Plusieurs équipes s’y étaient cassées les dents. Comment enchaîner avec ce final surréaliste ?

La saison 1 d’« Engrenages » était une patate chaude que Virginie Brac a saisit au vol avec une idée majeure : on efface tout, on recommence, et on montre bien qu’on a tout effacé. Sullivan en parlait à l’époque : le pilote de la saison 2 reprend un à uns les problèmes de la saison 1 avant de les faire disparaître et tout mettre sur de nouvelles bases. Ca respire le bon sens et c’est pourtant un risque énorme, car cet épisode met le discrédit sur une saison qui fut pourtant un succès.

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Une femme qui n’a pas peur des hommes

Prise de risque, talent, bon sens… quoi d’autre ? Sa faculté à traiter d’univers masculins, sans en faire des caricatures, et sans oublier les personnages féminins, qui ne sont ni là pour faire joli, et qui sont indispensables à la narration. Dans « Les Beaux Mecs », c’est flagrant. Dans « Engrenages », elle avait même donné le pouvoirs aux femmes, l’avocate Karlsson et la flic Berthaud, prenant bien soin en préambule de transformer ces archétypes (la taitresse manipulatrice et la marie-couche-toi-là) en personnages tridimensionnels.

En plus de tout cela, on pourra ajouter le courage. Deux scènes dans le second épisode des « Beaux Mecs », avant de faire peur à un diffuseur auraient certainement repoussées certains auteurs. Plutôt que de s’auto censurer, elle fait le choix de laisser les scènes, et de voir venir. Au final, les scènes sont là, sûrement un peu moins violentes graphiquement que dans le scénario (surtout pour une, nous y reviendrons au moment de la diffusion, ça serait dommage de spoiler), mais certainement toujours aussi fortes et choquantes.

Après une saison 3 d’« Engrenages » que nous avions estimée moins maîtrisée, Virginie Brac revient pour la saison 4. C’est une bonne nouvelle pour « Engrenages ». C’est une bonne nouvelle pour nous.

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Virginie Brac (à gauche)
Engrenages, saison 2 (au centre) ; Les Beaux Mecs (à droite)

A propos des Beaux Mecs, retrouvez en ligne ici même dès demain un entretien avec le réalisateur Gilles Bannier et la réalisatrice Christine de Bourbon Busset, et une critique sans spoilers par Dominique, histoire de vous mettre en appétit.