AVANT-PREMIERE — Les Beaux Mecs
Tony le Dingue s’est évadé...
Par Dominique Montay • 10 mars 2011
Ce printemps, France Télévision diffusera une mini-série 8x52’ évènement : « Les Beaux Mecs », œuvre très attendue ici, au Village. De Biarritz à Paris, nous avons vu les 4 premiers épisodes.

Comme le disait Sullivan dans son billet du FIPA, quand on attend avec impatience une série au Village, la découvrir nous met dans un état d’excitation mêlé d’anxiété. A-t’on eu raison de miser dessus ? Allons-nous être déçus ? Quand, en plus, cette série est l’œuvre d’un réalisateur que nous aimons beaucoup, d’une scénariste qui nous avait tout simplement bluffés, et d’une productrice qui, il y a peu, nous présentait avec fierté « Pigalle, la nuit », la barre est tellement haute qu’elle a tendance à terrifier.

« Les Beaux Mecs » prouve que la qualité est une histoire d’êtres humains, d’addition des talents, et pas un histoire de diffuseur. La mini-série est donc écrite par Virginie Brac (« Engrenages », saison 2), réalisée par Gilles Bannier (« Reporters », entre autres), et donc produit par Christine de Bourbon Busset pour Fidélité production. En plus, le rôle principal est tenu par Simon Abkarian (« Pigalle, la nuit », « Spooks » saison 6, pour ne parler que des séries).

50 ans de Grand Banditisme

« Les Beaux Mecs » raconte l’histoire de Tony Roucas, dit Tony le Dingue, ancienne grande figure du grand banditisme, en prison depuis 25 ans. Il partage sa cellule avec Kenz, une petite frappe. Ce dernier organise son évasion, à laquelle Tony n’est pas censé participer. Mais quand Tony voit au détour d’un JT le visage d’un homme qu’il connaît, il s’invite et sort avec lui. Tony revient pour se venger, et à mesure qu’on le suit dans sa quête, nous découvrons aussi son passé, faisant de cette fiction une série épique, couvrant 50 ans de grand banditisme via le personnage de Tony.

Dès les premières images, ont est emportés. Au milieu du chaos d’une évasion, sans prendre le temps de nous présenter les protagonistes, on se sent déjà derrière eux, intégrés à leur démarche. Le mystère autour de l’identité de cet homme que voit Tony à la télévision joue parfaitement. On se demande pourquoi ce détenu d’apparence calme et sans histoire (au début de l’évasion de Kenz, il fait preuve d’un stoïcisme qui, en plus de donner un décalage humoristique savoureux, n’annonce en rien une envie chez lui de s’évader) décide de partir dans une vie faite de fuite et de cachettes.

Des airs de buddy-movie

Le duo entre Tony et Kenz fonctionne à merveille. S’ils ne sont pas sur la même longueur d’ondes, ils partagent au moins un univers : celui des gangsters. A Tony l’expérience et le savoir-faire, à Kenz le rapport à la modernité. Le premier réflexe de Tony est de faire faux bond à Kenz et ses amis. Ca tombe bien, eux n’ont pas envie qu’il s’incruste. Mais, en très mauvaise posture, trahi à tous les étages, Tony est bien obligé de se tourner à nouveau vers eux pour un mariage de circonstances qui va servir autant à l’un qu’aux autres.

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« Les Beaux Mecs » fait le yo-yo entre le passé et le présent, et le fait en partant du principe que le téléspectateur est intelligent. Pas de carton, peu de transitions, pas de noir et blanc ou autre démarquage visuel. « Les Beaux Mecs », dans sa préparation, était un vrai casse-tête. Comment montrer le destin d’un hommes sur 50 ans, sans imposer au comédien des heures de maquillage et sans effets spéciaux ? (sans lui faire offense, « Les Beaux Mecs » n’avait certainement pas le budget de « Benjamin Buttons »). Le rôle de Tony Roucas est donc interprété par trois comédiens. Un enfant de 10, sur 3 ou 4 scènes, un jeune homme, qui couvre les 18-35 ans du personnage, puis Simon Abkarian, de 45 ans à nos jours. Evidemment, vu que des personnes de son passé sont toujours présentes, le problème s’est posé pour beaucoup de personnages. La règle des âges posée par Tony ne s’est pourtant pas appliquée stricto-sensus à tous les autres, il a fallu gérer au cas par cas. Un casting casse-tête. Sur les 4 premiers épisodes, on n’est absolument pas perdu. On se repère facilement dans le temps, on ne confond pas les personnages. Tout avance le plus naturellement du le monde, même si, durant ces épisodes, Tony est campé par deux comédiens différents, ce qui n’est plus le cas à partir du cinquième, que nous n’avons pas encore vu à ce jour (impatience non feinte)… mais les quatre premiers posent tellement bien l’univers que peu de craintes existent.

Une vraie série

Le niveau des épisodes est assez constant, et s’il s’agit d’une mini-série, nous ne sommes pas devant un film de 8 heures haché. Chaque épisode a sa propre existence, sa direction. Les fins sont conçues avec des cliffhangers extrêmement forts, qui aident évidement à nourrir l’addiction. Malgré tout, sur ces quatre premiers, un ressort, le second. D’une force extrême, il explique comment Antoine Roucas, enfant innocent qui aime sa mère, prostituée à la botte d’un Caïd de Paris, devient Tony le Dingue, malfrat ambitieux à la violence sans limite. Un épisode qui pose la mythologie, et faire entrer le récit dans sa dimension épique.

Vous l’avez compris, ce printemps, il faudra regarder France 2 pour voir « Les Beaux Mecs », LA fiction à ne pas manquer. Pour l’instant, la date de diffusion précise n’est pas connue. Mais ne vous en faites pas, au Village, on sera là pour vous avertir.

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Post Scriptum

« Les Beaux Mecs »
Une production Lincoln TV pour France Télévisions.
8 épisodes de 52 minutes.
Une série écrite par Virginie Brac avec la collaboration d’Eric de Barahir, d’après une idée originale de Jérôme Minet.
Réalisé par Gilles Bannier.
Produit par Christine de Bourbon Busset.
Avec : Simon Abkarian, Soufiane Guerrab, et Anne Consigny, Victoria Abril, Mhamed Arezki, Olivier Rabourdin, Dimitri Storoge, Philippe Nahon.