IMPRESSIONS — Misfits, Episode 3x04
Les super-héros britishs reviennent
Par Dominique Montay • 23 novembre 2011
Chaque semaine, quelques jours après leur diffusion, Le Village revient sur l’événement télévisuel de ce mois de Novembre en Grande-Bretagne, la diffusion de la saison 3 de « Misfits ».

Un vieil homme possède le pouvoir de voyager dans le temps, et il se dit : Let’s Kill Hitler. (Sérieusement ?)

On aime

  • L’idée de base

Oui, l’idée de base. Comme d’habitude quand on pense au voyage dans le temps se pose la question naturelle : et si on tuait Hitler ? Ici, le twist, c’est que le vieil homme fait l’erreur de laisser tomber son téléphone portable pendant sa tentative (avortée parce qu’Hitler n’est pas, ici, un mou du genou inoffensif). Le vieil homme revient dans le présent et constate que l’Allemagne Nazie a gagné la guerre, grâce aux avancées technologiques provoquées par la découverte de ce téléphone.

  • Le dealer de pouvoirs

Le jeu de l’acteur, tout dans l’empathie (et assez éloigné de sa caractérisation d’origine), est vraiment plaisant. On a définitivement envie d’en savoir plus sur lui, et les auteurs sont ravis de pousser son étude en profondeur, au détriment, peut-être, des autres personnages réguliers de la série.

On aime moins

  • Le nouveau monde

C’est vrai que c’est une convention, qu’on accepte ou pas, mais pour moi c’est un réél blocage. Le vieil homme va dans le passé, provoque la victoire des nazis, nous vivont dans un monde nazis et... les gens qu’on a cotoyé dans le monde non modifié sont aussi présents dans le monde modifié. Partant du principe que la moindre modification temporelle peut engendrer des milliers de différences, se dire qu’un tel changement de cours n’ait pas provoqué des morts supplémentaires, des naissances en moins, menant à l’absence de certains personnages me semblent un problème insurmontable quand à la crédibilité de l’ensemble.

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Aïe, Hitler !
Je ne suis pas fier de cette blague. Du tout.
  • Les nazis écrits par Overman

Comment peut-on imaginer que les Nazis, s’ils dirigeaient le monde, laisseraient un homme d’origine africaine tenir un bar ? De plus, ils semblent soit idiots, soit laxistes, une vision ultra-réductrice qui permet au scénariste de se sortir des situations les plus compliquées par une pirouette.

  • La gestion du voyage dans le temps

Certains fans de « Doctor Who » trouvent que Moffat se prend parfois les pieds dans le tapis avec les paradoxes temporels ? Qu’ils militent rapidement contre la succession de Moffat par Overman ! Que ce soit sa storyline du Simon-du-futur ou son traitement sur cet épisode, il n’y comprend rien, et il ne s’en sort jamais convenablement ! Donc les Nazis gagnent la guerre sur un bond technologique et bizarrement, le monde semble avoir reculé technologiquement par rapport au 2011 qu’on connaît.
De plus, Overman n’a aucune idée, dans ces cas là, de la notion de tension, d’enjeu. Chacune de ses histoires dont le prémisse est "et si...?" est affublée de la possibilité du voyage dans le temps. Donc on sait tout de suite comment le problème va se régler. Au mieux, on prend donc l’épisode comme un agréable clin d’oeil (mais ici, c’est ennuyeux à mourir), ou au pire, comme un passage obligé avant le retour au Statu Quo. Dramaturgiquement faible et sans intérêt.

  • Le respect des caractères des personnages

Simon qui se retrouve enrôlé et qui expédie les basses besognes. Curtis qui mène la résistance. N’y-a-t’il pas eu inversion des personnalités à un moment ? Où et quand Curtis a prouvé être un leader ? On en vient presque à se demander si Overman connaît ses personnages, si il les maîtrise. La façon dont les personnages sont caractérisés est surtout dû à la personnalités des comédiens avant d’être un travail de scénariste, ici. La façon dont il a distribué les cartes dans cet épisode donne l’impression qu’il ne comprend pas ses propres créations.

  • L’inutilité de l’épisode

Donc Kelly est la seule à se souvenir de tout parce qu’elle fait l’aller-retour dans le passé pour récupérer le téléphone portable des mains d’Hitler. Donc elle est la seule à se souvenir de toute cette histoire (la pauvre). Du coup, elle doit avoir en mémoire deux timelines différentes pour sa propre existence. Dans l’épilogue, on la voit discuter de ça avec le dealer de pouvoirs. Comme si de rien n’était. On évacue le dilemme psychologique d’avoir l’impression d’avoir vécu deux vies en simultané, et on passe à autre chose. Donc l’épisode n’aura au final servi qu’à rapprocher Kelly et le dealer.
C’est mince.


Certainement, à mes yeux, l’épisode le plus faible de la série, et paradoxalement, celui qui au départ était le plus ambitieux.
De là à dire que c’est lié...


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