LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires

Accueil > Chroniques > C’dans les vieux pots... > Mission : Impossible

Episode 1.04

Mission : Impossible

mardi 27 décembre 2005, par Jarod

Bonjour Jarod, votre mission si vous l’acceptez est de faire une chronique autour d’un des monument de la télévision, Mission : Impossible. Comme toujours si l’un de vos membre ou vous même était capturé ou tué la rédaction de la LTE nierait avoir eu connaissance de vos agissements. Cette chronique ne doit pas s’autodétruire dans trente seconde

En dehors de Chapeau Melon et Bottes de Cuir dont je vous ai déjà dit à quel point je l’aimais, il existe une autre série des années 60 qui garde après des années une place particulière dans mon coeur de sériephile (je précise que je suis né bien après la première diffusion de ces deux chef d’oeuvres télévisuel je ne suis pas aussi vieux que ça, mais tout de même un peu tout de même), cette série c’est bien entendu Mission : Impossible.

En ce temps là j’étais encore interne et la série passait justement lors de l’heure de temps libre. En plein hiver le choix entre rester au chaud devant la télé ou courir dans le froid derrière une balle était vite fait. Mon peu d’interet pour les choses sportives rendait le choix encore plus facile. Donc avec quelques camarades nous suivions les aventures de l’IMF. Rien ne pouvait nous tirer de devant le poste, et surtout pas le surveillant qui s’amusait autant que nous devant les exploit de l’équipe de choc menée par Jim Phelps.

Pour des ados les machinations des agents de l’IMF avaient tout pour plaire. Non seulement les scénarii qu’ils montaient nous rappelaient les histoires que nous nous inventions pour nos jeux quelques années avant, mais en plus ces types arrivaient à se jouer des plus puissants avec une facilité déconcertante te sans avoir recours à la force.
Une fois l’épisode fini la télé s’éteignait et nous retournions en salle d’étude ne fredonnant la musique ultra célèbre de Lalo Shiffrin, nous prenant pour quelques instant pour ces hommes exceptionnels.

Bruce Geller crée Mission : Impossible en 1967 avec en tête le film de Jules Dassin Topkapi. Au début la série devait raconter les histoires d’une bande de cambrioleurs de choc, mais rapidement le concept glissa vers une équipe plus dans la légalité.
Il propose la série à CBS qui accepte de lancer la production. Très rapidement la série connaît le succès et se classe parmi les séries les plus regardé de la télé. Malgré le départ de Steven Hill à la fin de la première saison (il n’était presque plus qu’un figurant dans les derniers épisodes de cette première saison) la série rebondit avec l’arrivée de Peter Graves qui devient le nouveau leader de l’IMF. Les deux saisons suivant est considérée comme l’âge d’or de la série. Martin Landau, Barbara Baines, Greg Morris et Peter Lupus constituent l’équipe de cet âge d’or. Quelques uns des meilleur épisodes datent de cette époque.
Après le départ du couple Landau/Bain pour des raisons financières, Léonard Nimoy libéré de Star Trek rejoint l’équipe, et plusieurs actrices occuperont la place du membre féminin du groupe. Si la qualité se maintient pendant la 4° saison , peu à peu la série s’éssoufle. Les scénarii perdent l’ambition des premières saison. La dernière saison se recentrant sur des histoires se déroulant uniquement sur le sol américain perd le charme des premiers temps.

Mission : Impossible est une mécanique parfaitement huilée qui se déroule implacablement à l’image des machinations montées par l’IMF. Du générique qui est une bande annonce de l’épisode à venir, au traditionnel message qui s’autodétruira dans les 5 secondes, la sélection des membres de l’équipe sur photo, l’exposition des dispositifs du plan, la mise en place du piège, jusqu’à l’inévitable conclusion. Mission : Impossible est un formula show parfait. Chaque épisode repose sur des scènes calibrés, que le téléspectateur connaît par coeur mais qu’il prend plaisir à retrouver chaque semaine. Ce qui fait la force de M:I c’est justement de ne pas être répétitif mais de proposer chaque semaine une histoire originale. Chaque machination mise en place pour piéger le malfrat, le scientifique dangereux, le dictateur implacable, prend aussi au piège le téléspectateur qui croit tout savoir mais ne sait rien, ou juste ce qu’il faut pour se faire avoir par la dénouement.
M:I ne conte pas les aventures d’agent de la CIA mais celles d’une troupe de théâtre. Comme on peut le constater lors de la séquence de sélection des membres de l’équipe tous sont issus de la société civile, dans l’équipe de l’age d’or Rollin est artiste, Cinamon mannequin, Barney ingénieur, Willy haltérophile. Seul Jim peut être assimilé à un agent de la CIA. Pourtant à aucun moment il n’est fait mention de l’agence. De plus les méthodes employés par Jim et ses hommes sont loin de ressembler à celles que pourraient utilisés par la CIA. Elles sont trop subtiles, trop élaborés pour être élaborés par des hommes plus habitués à utiliser la force que la psychologie.

De plus les opérations réellement menée par la CIA à l’époque de la série étaient moins pacifiques. Les mission de l’IMF visent à renverser des dictateurs, empêcher l’accession au pouvoir de junte militaires, la libération de dissidents politique, pratiquement tout le contraire de ce qui se passait dans le monde réel où les agents américains ont mis bien des dictateurs en place.
Si je compare l’équipe de l’IMF à une troupe de théâtre c’est également en raison des moyens utilisés ; décors, trompe l’oeil, masques, déguisements. Chaque épisode nous montre une mise en scène, un spectacle mis au point à destination d’un public restreint, la cible à abattre. Les membres de l’équipe sont autant d’acteur jouant un rôle bien écrit, une partition où chacun à sa place aussi discrète soit elle, pour arriver à l’acte final dans lequel le spectateur tombera. A ce moment là la troupe quitte la scène sans laisser de trace.
M:I est une série psychologique. Je sais que ça peut faire peur, mais contrairement à Tom Cruise qui n’a rien compris et qui à transformé la série en film de pure action, la série n’est à aucun moment une série d’action. Il n’y a que peu d’acte de violence, pratiquement pas de coup de feu, pas d’explosions spectaculaires, pas de poursuite en voiture. Le rythme de la série est lent, par moment presque contemplatif. Peu de dialogue, chaque mot prononcé sert à l’avancée de la machination, Jim, Rollin et les autres ne communiquent que part de furtif coup d’oeil. Il ne leur en faut pas plus pour se comprendre. Les “victimes” ne tombent pas sous les coups de revolver mais par leur propre vanité, cupidité, soif de pouvoir ou d’argent. Autant de failles qu’exploitent habillement les agents de Jim Phelps.

40 ans après sa création M:I a gagné son statut de série de référence, voire de série culte, grâce aux nombreuses rediffusions et en dépit des adaptations cinématographiques catastrophiques. Chaque fois que retentissent les notes du générique de Lalo Shiffrin je sais que je vais passer une heure des plus agréable. Soit parce que je me souviens de l’épisode et je m’amuse de savoir ce qui attend le “piégé’. Soit parce que j’ai tout oublié et je me laisse avoir une nouvelle fois.


Autour de Mission : Impossible
Outre l’excellent (et comme toujours introuvable) Mission : Impossible de Martin Winckler et Alain Carrazé, Huitième Art, le Guide du Téléfan de Didier Liardet, et les Génération Séries (8,19,20) vous pouvez aussi trouver Mission : Impossible dans les Grandes Séries Américaines des origines à 1970, Huitième Art.
Pas de DVD en vue malgré les multiples annonces.
Enfin pour ceux que ça intéresse Mission : Impossible III sortira au printemps au cinéma.