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Episode 1.06
Bienvenue en Alaska/Northern Exposure
dimanche 25 juin 2006, par
Depuis quelques mois déjà je vous parle des séries qui comptent non seulement dans l’histoire de la télévision, mais aussi pour moi. Pour cette dernière chronique de la saison, je vais m’arrêter sur La série que j’emporterais à coup sûr avec moi si je devais m’échouer sur une île déserte (île pourvue de tout le confort moderne bien sûr) : Northern Exposure (Bienvenue en Alaska)
C’était l’âge béni où Série Club était encore une chaîne que qualité proposant des séries inédites et en VO. C’était l’époque glorieuse où enfin je m’abonnais au câble et j’avais accès à toutes ces productions qui me faisaient rêver et dont j’attendais sans trop y croire une diffusion sur les chaînes hertziennes. C’était l’époque où explorant au hasard (un peu aidé par la rubrique série de M. Winckler) la grille de la chaîne 100% série, je découvrais, ce bijou et j’en tombais instantanément amoureux.
Au milieu de la nuit, à la fin du week-end je rentrais dans cette petite bourgade du fin fond de l’Alaska et découvrais ses 215 habitants. Immédiatement je me laissais porter par l’ambiance particulière de la série. Il est difficile de décrire ce que l’on ressent exactement.
Aller passer un moment à Cicely, Alaska c’est prendre un bol d’air frais, rentrer dans un univers idyllique, chaleureux, accueillant. Northern Exposure est l’antithèse des séries ultras violentes, ce n’est pas pour autant une série réaliste, mais ce n’est pas non plus une série fantastique ou de science-fiction. Mélange des genres ? Pas vraiment non plus. Alors qu’est-ce que Northern Exposure ? La meilleure description est celle de Martin Winckler : Northern Exposure est une série poétique.
Joel Fleishman est un médecin fraîchement diplômé. Juif new-yorkais il aimerait bien s’installer dans la Big Apple mais il doit rembourser le prêt que lui a accordé l’État d’Alaska pour payer ses études. Pour se faire, il doit aller travailler pendant 5 ans dans un hôpital d’Anchorage. Certes ce n’est pas New York, mais c’est tout de même une capitale d’état, une ville, avec tout ce qu’il faut, restaurant, cinéma, librairie, bref un endroit civilisé. De quoi survivre en attendant de retourner dans son foyer.
Sauf que tout ne se passe pas exactement comme il l’avait prévu. À Anchorage on n’a pas besoin de lui. Par contre la petite ville ce Cicely à bien besoin d’un médecin. C’est là que tout se gâte. Cicely est loin d’être aussi civilisée qu’Anchorage. Il ne s’agit que d’une bourgade, perdue au milieu de nulle part, accessible uniquement en avion de brousse, à peine une ville, composée d’une rue principale, d’un bar, d’une épicerie, d’une radio, et puis c’est tout. Même pas de vrai cabinet médical, Joel est obligé de s’installer dans des locaux abandonnés. Pas de quoi sauter au plafond.<br<
Il aimerait bien prendre ses jambes à son coup, mais il est coincé par le contrat qu’il a signé avec l’état d’Alaska. Il doit rester 5 ans dans ce qui est pour lui le trou du cul du monde. Il devrait être heureux pourtant de se retrouver dans cette ville idéale, un peu paumé, mais tellement charmante.
Il ne voit pas plus loin que le bout de son nez Fleishman, tellement obnubilé par sa chère ville de New York. Incapable de voir toute la beauté de cette ville, et d’apprécier les habitants plus pittoresques, et attachants les uns que les autres : Chris le DJ local qui balance entre deux morceaux de rock où de musique classique ses réflexions philosophiques toujours bien inspirées ; Ruth-Ann épicière hors d’age ; Holling le patron tout aussi hors d’age de la taverne, époux de Shelley, à peine sorti du lycée ; Ed, jeune garçon un peu perdu, pour ne pas dire paumé, qui rêve de devenir Spielberg ; Marylin la secrétaire amérindienne apathique de Fleischman ; Maurice, le propriétaire de Cicely, ancien astronaute de la NASA, réac, ultra libéral, grognon. Et surtout Maggie le garçon manqué, craquante, pilote de son état, qui joue au chat et à la souris amoureux avec Joel.
Northern Exposure apparaît sur les écrans de CBS durant l’été 1990. La première saison ne compte que huit épisodes, mais elle rencontre suffisamment de succès pour revenir l’été suivant pour sept épisodes avant de devenir une série de la “saison régulière” à l’automne 1991.
Crée par Joshua Brand et John Falsey, chevilles ouvrières de St Elsewhre, la série se maintiendra à l’antenne jusqu’en 1994. Elle compte 110 épisodes et remporta de nombreux prix tout au long de sa diffusion Emmy Awards, Golden Globe et d’autres encore. Quand les créateurs quitteront la série, David Chase, le futur créateur de The Sopranos, en prendra les rennes.
NX si elle est peu connue de ce côté-ci de l’atlantique, a connu un grand succès aux USA, au point de devenir une série culte. Chaque année les fans de la série organisent le Moosefest, réunion de fans à Roslyn lieu de tournage de la série.
Northern Exposure est une série qui nous parle autant au cerveau qu’au coeur. Peu de séries offrent autant de références culturelles. Pas seulement, de la pop-culture comme c’est souvent le cas dans les séries modernes (Buffy, the OC...) mais toutes les formes de la culture, musicale, la radio grâce à Chris diffuse tous les genres musicaux (classique, rock, jazz, country, musical...) selon les humeurs de son D.J. ; cinématographique par le biais d’Ed, sont cités Welles, Godard, Melville, Spielberg, Allen..., et surtout littéraires encore une fois grace à Chris qui lit régulièrement à l’antenne des oeuvres diverses de Tolstoi à Nietchze, de Balzac à Walt Whitman. Jamais ces allusions ne viennent alourdir le propos de la série, il ne s’agit pas de noyer le spectateur, de remplir pour faire intelligent, à chaque fois elles viennent souligner le discours subtilement, en prenant le spectateur pour quelqu’un d’intelligent.
Si toutes ces références passent aussi bien c’est aussi parce que la série nous parle aussi au coeur. Série humaniste, tous les personnages de Northern sont des êtres des exemples de ce que devrait êre le genre humain, ils sont imparfait, mais le savent et cherchent à s’améliorer, ils sont curieux, acceptent les différences, aiment apprendre et se respectent. Même, Maurice, réac de la pire espèce, capitaliste homophobe, est un esthète, gourmet, et capable d’élan du coeur.
J’ai dit plus haut que le meilleur adjectif pour décrire cette série est poétique. Je persiste, et je m’explique. Cicely est une ville imprégnée de la culture indienne, les rêves, la nature, les légendes diverses coulent dans les veines des habitants. Il n’est pas étrange de voir un ours se transformer en homme pour séduire une femme, la fonte des glaces provoque des comportements étranges, une mère juive typique peut soudain voler comme un aigle, les aurores boréales peuvent vous apporter un frère “jumeau” inconnu, le diable peut visiter la ville sous les traits d’un vendeur de machine à laver... Ce genre d’épisodes exceptionnels dans d’autres séries est monnaie courante dans Northern.
NX est bien une série chorale, un ensemble show, chaque personnage à sa place, son histoire, son évolution, il n’en reste pas moins que le personnage central est Joel Fleishman, et son parcours initiatique au sein de la petite communauté la trame principale. Dégoûté par le sort que l’oblige à passer les plus belles années de sa vie au milieu de nulle part, critiquant chacun des aspects de sa nouvelle vie, Joel va petit à petit s’intégrer à Cicely, ville qu’il rejetait en bloc. S’il parvient à cette acceptation, c’est en grande partie parce qu’il a été lui-même accepté sans question par la population en dépit de son caractère, de son mépris, de ses critiques. Il finira par se considérer comme un cicelien à part entière.
Au dela se cette intégration Joel subira une évolution spectaculaire au début de la saison 6 en s’exilant dans un village encore plus reculé et arrière que Cicely, sans eau courante, ni electricité. Ce retour à la terre étonnant ne sera pas définitif, Joel retournera à New York en milieu de saison. Comme il se doit, son départ ne se ferra pas de façon classique, mais au bout d’un superbe épisode, parfait reflet de l’esprit de la série (6.15 The Quest) où en compagnie de Maggie il recherchera une cité mythique dans les forets du Grand Nord, avant de disparaître sous nos yeux émus dans une New York fantasmé, et pourtant bien réelle.
Ce départ signera l’arrêt de mort de la série. Si les derniers épisodes maintiennent la qualité générale du programme, il manque à cette dernière période NX une pièce essentielle, notre point de référence, notre passeur dans ce monde étrange et pour si familier. Les histoires du Dr Capra et de son épouse sont moins touchantes, le rapprochement amoureux entre Maggie et Chris bien que logique dans l’évolution des personnages ne marche pas. Bref dans les derniers temps malgré tous les efforts des scénaristes ce n’est plus la même Cicely qu’avant.
Cela ne nous empêche pas d’être ému lors du dernier épisode quand nous quittons ces personnages attachants, ces décors familiers et que sur la chanson Our Town Marylin tire le rideau sur la série alors qu’un Caribou familier arpente au crépuscule les rues de Cicely, Alaska (my little corner of the world)

C’Dans les Vieux Pots c’est fini...
ou presque
Autour de Northern Exposure :
Les 4 premières saisons de la série sont disponibles en DVD zone 1 avec sous-titres français pour les trois premières. La cinquième est annoncée pour l’automne prochain, et la sixième devrait suivre.
Pour ceux qui veulent aller un peu plus loin je ne peux que leur recommander le site (en anglais) Northern Exposure Archives
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires




Messages
1. Bienvenue en Alaska/Northern Exposure, 29 janvier 2008, 19:27, par Prosopagnosite
Je partage totalement votre avis sur cette série. Où trouver les dvd sous titrés en français. Merci infiniment de votre réponse.
1. Bienvenue en Alaska/Northern Exposure, 30 janvier 2008, 08:09
Les DVD sont disponibles sur amazon.com. Seules les trois premières saisons ont des sous-titres en français, les autres ne sont sous-titrés en anglais