CLARA SHELLER - 2.02 : Une autruche en décapotable
‘‘Est-ce que le secret du bonheur, ce n’est pas d’en profiter tant qu’on peut ?’’
Par Sullivan Le Postec • 30 novembre 2008
Clara fait l’autruche. C’est relativement plaisant à regarder, mais on souhaiterait aussi que la saison commence vraiment.

Plutôt que d’avouer à Gilles qu’elle a encore menti, Clara préfère la fuite en avant. JP lui en veut, même si au fond il fait un peu la même chose avec Marc, puis Brad, plutôt que de pendre le temps de réfléchir à ce qu’il veut vraiment sentimentalement. En faisant l’autruche, l’un et l’autre se préparent sans doute des lendemains douloureux.

JP essaie d’expliquer à Clara que l’amour, c’est aussi une part de quotidien. Elle choisit ce moment pour lui apprendre qu’elle vient de faire croire à Victoire qu’elle est enceinte de Gilles. Clara explique à JP qu’elle sent le désir d’enfant monter chez Gilles et s’imposer comme un non-dit entre eux. JP s’agace de ce nouveau mensonge, mais la situation empire encore quand il apprend que Victoire a annoncé la nouvelle à Gilles. Celui-ci est fou de joie et Clara n’ose pas lui avouer la vérité, préférant faire l’autruche et tenter de tomber vraiment enceinte. Bientôt, Gilles demande à JP d’être le parrain et commence à préparer l’arrivée du bébé, en investissant dans une 403 décapotable...
Clara réalise qu’elle dit toujours la vérité à JP parce qu’elle le connaît sur le bout des doigts, alors que Gilles reste un bel étranger. Justement, celui-ci décide soudain de la présenter à ses parents, une expérience assez traumatisante.
JP voit toujours Brad, qui est un peu pour lui comme un joli poster. En plus bruyant. Il lui permet de faire connaissance avec ses deux nouveaux voisins, qui à leur tour on fait connaissance avec son anatomie intime au travers du blog de Brad, bradmylife.com. JP retrouve les deux voisins, Denis et Pascal au club de sport où ils sympathisent. Lorsqu’il lui offre un chien, JP finit par avouer à Brad qu’il n’a pas l’intention de passer le reste de ses jours avec lui, ce que ce dernier ne comprend pas, au vu des « signes » que JP lui a envoyés (s’être revus et l’avoir laissé dormir avec lui).
Clara et Gilles ont un petit accident de voiture. A l’hôpital, Clara est obligée d’avouer qu’elle n’a jamais été enceinte...

Le mystère Gilles

Une des bonnes idées de cette saison, et tout particulièrement de cet épisode, est d’approfondir le personnage de Gilles qui, fantasme de Clara et de JP dans la première saison, avait été beaucoup moins développé. On fait donc connaissance avec son odieuse famille, et on découvre progressivement des pans de sa personnalité que Clara elle-même connaissait mal, ou peu. Ce qui en dit long sur son caractère autocentré, et l’attention qu’elle (n’)a (pas) porté à son prince charmant pendant trois ans.

On commence à sentir poindre en fond une ambiance plus grave et mélancolique, mais dans l’ensemble cet épisode reste très léger et penche clairement du coté de la comédie. Dans cet esprit, les conséquences du mensonge de Clara à la fin du premier épisode sont exploitées à fond, jusqu’à frôler l’absurde.
Il est tout de même un peu dommage que – c’est un problème de structure très « Clara Sheller » – ce qui constitue l’axe principal de l’épisode (enquêter sur le mystère Gilles) ne commence qu’après vingt minutes d’épisodes pendant lesquelles il ne se passe pas nécessairement grand-chose. On ne s’ennuie pas forcément pour autant, surtout au premier visionnage, parce que les interactions entre les personnages restent agréables à suivre, bénéficiant de dialogues réussis.

Autre important élément de comédie, le personnage de Brad. Edouard Collin s’amuse de toute évidence à jouer le bogosse hystérique et irrémédiablement stupide. Un ajout amusant à la galerie des personnages gay de « Clara Sheller ».
A noter, l’adresse donnée du blog de Brad redirige vers le site du producteur de « Clara Sheller ». Il y a quelques années, cette adresse aurait probablement été un lien mort. Dans quelques années, on trouvera probablement un vrai site, dans le style des réjouissances régulièrement concoctées par « How I met your mother ». Mais oui, la fiction française progresse...

Continuité thématique

Ce qui fait de ces nouveaux épisodes de « Clara Sheller » une vraie saison 2 et pas un reboot, malgré les changements de casting, c’est aussi la manière dont cette saison répond beaucoup à la première. Nicolas Mercier continue bien d’explorer le même univers tant en terme de personnages que de sujet. Puisque c’est assez vrai, on lui pardonnera donc de se lancer des fleurs dans les dialogues, lorsque JP confie à Clara : ‘‘tout en restant dans une certaine continuité thématique, il faut avouer que tu sais te renouveler.’’

Ainsi la question du bébé et de la parenté reste étroitement liée à cette histoire qui suit ces grands enfants qui existent dans un entre-deux troublant entre l’âge adulte et l’adolescence. On aurait pu craindre, toutefois, que la grossesse imaginaire de Clara ne squatte une très grande partie de la saison. Mais ce n’est pas le cas, cette intrigue n’est qu’une introduction et se conclut dès la dernière scène, très réussie, de cet épisode, dans laquelle François Vincentelli se montre très juste.

Scène qui donne aussi le sentiment qu’on va (enfin ?) rentrer dans le vif du sujet au cours de l’épisode suivant. C’est le cas.