DOCTOR WHO — Genesis of the Daleks (1975)
Daleks, première !
Par Dominique Montay • 20 mai 2012
Spécial « Nuit Doctor Who » sur France 4. Le Docteur, accompagné de Sarah-Jane Smith et d’Harry Sullivan, est détourné de son voyage par les Time Lords, sur Skaro, quelques heures avant que les Daleks soient crées par Davros. Ils se retrouvent coincés dans un lieu désertique, rongé par une guerre sans fin entre les Thals et les Kaleds.

Quand il s’agit de faire un best-of des épisodes classiques de « Doctor Who », « Genesis of the Daleks » est souvent premier. Au pire, dans le top 10. Non seulement il s’agit d’une forme d’ “origin story”, un procédé souvent apprécié des fans, mais en plus, ce sérial est assez brillant dans son écriture. Tom Baker, Sarah Jane Smith (la regrettée Elisabeth Sladen), des Daleks... what could go wrong ?

Genesis of the Daleks

Écrit par Terry Nation ; réalisé par David Maloney.
Le Docteur, s’il arrive sur Skaro semble arriver de nulle part. Extrait lors d’un voyage, il débarque au milieu d’un lieu désertique, brumeux, accueilli par un grand monsieur en costume traditionnel de Time Lord (pas facile à porter). Ce dernier lui demande d’interférer dans la création des Daleks, qui se déroule à ce moment précis. Point de TARDIS, légère déception, mais pour retourner dans son vaisseau, le docteur se voit confier un Time-Ring. Retrouvant son équipe, formée de Sarah Jane et Harry, ils cherchent à entrer en contact avec le créateur des Daleks, et le stopper.
Skaro est une planète en guerre constante. La surface de la planète est devenue inhabitable, Thals et Kaleds vivant sous terre. Seuls les Mutos y vivent, ayant survécu aux attaques chimiques entre les deux camps, mais ayant subit des mutations (habilement camouflées par un costume qui les recouvre intégralement).

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Davros
Moins vilain en noir et blanc. Euh... en fait non.

Un sérial fondateur pour le docteur de Russell T Davies

On trouve dans ce sérial tous les éléments historiques de la créations des Daleks, éléments qui seront cités plus tard dans la nouvelle série, période Davies. Ce dernier parlera même de ce sérial comme étant une base fondatrice forte de sa mythologie. Deux éléments forts l’influencent : d’abord la réticence, dans le sérial, du Docteur à éliminer la race Dalek alors qu’il en a l’occasion (alors que lors de sa toute première confrontation avec eux, aussi écrite par Terry Nation, il n’avait pas hésité à aider les Thals à commettre un génocide et totalement détruire les Daleks — du moins le croyait-il). Cette réticence sera mentionnée dans l’épisode du retour des monstres dans "Dalek" en saison 1, puis dans "Journey’s End", en fin de saison 4, quand le docteur réprimande son double mi-Humain mi-Time Lord pour avoir commis un génocide.

Enfin, et c’est bien là le plus intéressant, Russell T Davies considère que le début de la Time War qui vit la fin des Time Lords et des Daleks se situe ici. Derrière un afficheage altruiste, la volonté des Time Lords serait de ralentir l’évolution des Daleks pour gagner la Guerre du Temps. Ou comment Davies réécrit l’histoire de « Docteur Who » avec habileté, sans en réécrire une seule ligne.

Et quid de ce sérial ? Dans la plus pure tradition du genre, chaque épisode fait entre 20 et 25 minutes et se termine par un cliffhanger qui laisse un des personnages principaux dans une situation de vie ou de mort. Si certains sont assez habiles, d’autres s’avèrent téléphonés et surtout, mal mis en scène, comme la fin de l’épisode 2 qui voit Sarah Jane monter sur les échafaudages d’une fusée pour s’enfuir de la base des Thals, et tomber.

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Sarah Jane Smith
Tombera ? Tombera pas ?

Le personnage central du récit est évidemment Davros, être à 50% Hitler, 50% Mengele, totalement dénué d’humanité et partiellement mécanique. En celà, même si c’est plus une image d’Épinal, il fait penser à l’horreur que représente Darth Vader dans la Saga « Star Wars », un être dont certains aspects rappellent qu’il a été un humain, mais il y a très longtemps. Toute l’iconographie, à l’égal de celle de George Lucas pour l’Empire est calée sur l’iconographie nazie.

Évidemment, aujourd’hui, « Genesis of the Daleks » serait composé au plus de 2 épisodes de 45 minutes (et il ferait un prologue pour un scénario de Steven Moffat). Le sérial est assez lent, mais pas à cause d’une mauvaise écriture, mais juste par habitude narrative. On ne racontait pas les histoires de la même manière en 1975. L’histoire pose de réelles questions, comme celle ayant trait au génocide, donc, mais aussi sur la nature du Docteur, qui, dans le récit, décide de céder face à Davros et lui raconter toutes les défaites des Daleks (afin qu’il puisse les améliorer), plutôt que de sacrifier Harry et Sarah Jane.


Un sérial aux nombreuses qualités, qui ouvre les yeux sur la mythologie « Doctor Who ». On espère que vous avez profité de la Nuit Doctor Who sur France 4 et ne l’avez pas manqué.

Version française
Il n’existe qu’une poignée d’épisodes de « Doctor Who » de la série classique à avoir été doublés en français dans les années 80. « Genesis of the Daleks » en fait partie. A l’époque travaillant pour l’émission « Temps X » des frères Bogdanoff (quand ils parlaient des extraterrestres sans leur ressembler), Alain Carrazé avait suggéré l’acquisition de Doctor Who pour prendre la relève de deux autres séries qu’il avait révélées en France : « Le Prisonnier » et « Twilight Zone ». Mais « Temps X » fut stoppée. Les épisodes de « Doctor Who » acquis se retrouvèrent diffusés sans introduction le samedi et le dimanche matin dans le « Club Dorothée ». Sans succès, évidemment vu le contexte. C’est pourquoi la série n’a fait qu’un bref passage sur nos écrans et est restée totalement inconnue en France.