DOCTOR WHO — 6x06 : The Almost People (La Chair Vivante 2)
‘‘I’m sarting to get a sense of just how impressive it is to hang out with me’’ - Le Docteur
Par Sullivan Le Postec • 30 mai 2011
Alors que « Doctor Who » fait le virage nous menant au cliffhanger de mi-saison, le Ganger n’est pas forcément là où on le pense...

J’ai eu peur toute la semaine, la BBC ayant préféré mettre en avant le cliffhanger de cet épisode dans sa promotion, ce qui m’avait fait craindre une fin plaquée et hors-sujet, à l’image de celle de l’histoire sur les Silurians cette année, à un épisode au moins aussi bancal que celui de la semaine dernière. J’avais plutôt tord, même si on reste très, très loin de l’épisode parfait.

The Almost People

Scénario : Matthew Graham ; réalisation : Julian Simpson.
Il y a deux Docteurs, mais une situation explosive, l’usine menaçant à tout moment d’exploser tandis que la guerre continue entre les Gangers, les copies, et les Humains. Amy peine à accorder sa confiance au Ganger !Docteur, surtout après qu’il ait une réaction violente quand elle lui avoue avoir assisté à la mort du Docteur original.
Pendant ce temps, Rory est manipulé par la Ganger !Jennifer, qui a tué son original et se fait passer pour elle, et cherche à jeter de l’huile sur le feu. Aidé de lui-même, le Docteur a cependant un coup d’avance, et projette un coup de téléphone qui pourrait atténuer les tensions...

Doubles

Passé la longue et relativement pénible introduction de la semaine dernière, « The Almost People » poursuit l’intrigue amorcée avec « The Rebel Flesh ». Débuter au cœur de l’action permet à cet épisode de se révéler d’un niveau de qualité largement supérieur au précédent.

Une fois le Ganger du Docteur balourdement introduit, allait-on assister à un affrontement ou à une collaboration ? A la question posée par le cliffhanger, « The Almost People » propose une réponse qui n’est peut-être pas la plus excitante, mais qui se révèle tout de même intéressante, notamment parce qu’elle permet à Matt Smith de s’amuser de son double-rôle.

Fondamentalement, le problème de la semaine dernière se retrouve encore cette semaine : on se fiche de tous les personnages autres que les principaux. Ils sont des figures caricaturales hâtivement brossées et dont les motivations changent régulièrement au gré des besoins narratifs du scénariste. C’est ce qui fait la différence entre cette histoire et quelques autres grands classiques de la série reposant sur des bases assiégées. « The Almost People » reste une addition de moments qui ne forme jamais un tout très cohérent, ni très stimulant. Ces moments sont cela dit beaucoup plus nombreux dans cet épisode que dans le précédent ; ils maintiennent l’ambiance sombre, oppressante et parfois même horrifique de la première partie, tout en laissant de la place à quelques moments pour les personnages. C’est notamment toujours le cas de Rory, un petit peu moins mis en avant, mais qui bénéficie de la scène dans laquelle Jennifer lui fait découvrir le dépôt de Gangers ‘‘décommissionnés’’.

Confusion

Une scène réminiscente d’un épisode de la saison 4, « Planet of the Ood », qui était aussi une allégorie sur la mise en esclavage. Il souffrait également de problèmes scénaristiques, mais la comparaison montre quand même à quel point « The Almost People » passe un peu à côté de l’impact qui aurait pu être le sien.

Il faut dire qu’une confusion thématique assez totale règne, deux idées contradictoires étant développées en parallèle. D’un côté cette idée que la Chair est dotée de conscience, qui renvoie à l’allégorie de l’esclavage. De l’autre, celle de doubles parfaitement identiques et potentiellement interchangeables avec leurs originaux, qui pose un dilemme moral : deux individus pour une seule vie, comment choisir ?

Cette confusion entraîne logiquement une superficialité totale du traitement, qui s’illustre aussi par la résolution convenue et facile — comme par magie, un seul des deux copies survit à chaque fois ! Elle pollue jusqu’aux dernières secondes de l’épisode quand, après une heure et demie passée à nous expliquer que les Gangers sont une forme de vie légitime, le Docteur détruit le Ganger d’Amy en une seconde (une scène néanmoins très réussie, grâce à la qualité de l’interprétation de Karen Gillan).

J’ai un autre gros regret scénaristique vis à vis de cet épisode : on passe complètement à coté de l’impact de la révélation par Amy au Docteur de sa mort, puisqu’on est à ce moment-là persuadés d’avoir à faire au Ganger Docteur. Il aurait vraiment fallu que l’on soit mis dans la confidence pour cette scène. Elle aurait eu alors eu un impact terrible, surtout compte-tenu de la réaction violente du Docteur, à ce moment où sa propre colère vis à vis de sa mort lui permet de mieux ressentir celle de la Chair et de se poser la même question qu’elle : “pourquoi ?”.
Rétrospectivement — ou au deuxième visionnage — quand on réalise que l’on à là affaire à notre Docteur, on voit à quel point derrière sa jovialité et son hyper-activité, le Docteur de Matt Smith peut aussi être sombre, terrible, et même violent.

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Not so Amy

Évidemment, on se souviendra avant tout de cette histoire pour ses toutes dernières minutes, qui commencent à dénouer les enjeux de ces six derniers épisodes. L’Amy que nous suivons n’était pas la véritable, mais un double créé pour remplacer l’original, enlevée et enceinte, surveillée par la Femme au Cache-Œil.
C’est un rebondissement étourdissant, mais aussi surprenant de par sa maturité. Amy au bord de l’accouchement et kidnappée, c’est une idée assez adulte.

Ce retournement pose immédiatement la question du moment où Amy a été remplacée par son Ganger. A cette interrogation, la grossesse, et le fait qu’elle se trouve au bord de l’accouchement, apporte une première forme de réponse : Amy a été enlevée il y a longtemps. Certains ont avancé son enlèvement par les Silence dans le deuxième épisode saison comme un moment possible de l’échange, mais ce n’est pas le cas : plus tôt dans l’épisode, elle avait déjà vue la Femme au Cache-Œil lui apparaître. Conclusion : soit Amy a été enlevée pendant les trois mois qui se passent entre le premier et le deuxième épisode de cette saison, soit cela date carrément de la période où elle vivait avec Rory, avant le démarrage de la saison. Ce qui signifierait que nous n’avons jamais vu la véritable Amy de tous ces épisodes.

La semaine prochaine, « A Good Man Goes to War », et l’on devrait commencer à avoir des réponses. Mais commencer seulement. Et quand on voit l’intensité de ce cliffhanger, et qu’on se souvient que c’est celui de la semaine prochaine qui a été qualifié de game-changing, on commence à avoir peur de passer notre été à nous ronger les ongles...


« The Almost People » est un épisode divertissant et qui comporte bon nombre de très bonnes idées. Le tout est cependant moins important que la somme des parties, du fait d’une logique hasardeuse et d’une écriture chaotique. Dans l’histoire de la série, il restera avant tout pour son cliffhanger, qui apporte une résolution soufflante et très satisfaisante à deux éléments présents depuis les débuts de cette saison : l’interrogation sur une grossesse d’Amy et les apparitions intrigantes et stressantes de la Femme au cache-Œil.

Channeling old Doctors
Dans la séquence prégénérique de l’épisode, le Ganger Docteur a du mal à assimiler ses régénérations passées. Sortent alors de sa bouche quelques expressions assimilées à d’anciennes incarnations. ‘‘reverse the polarity of the neutron flow’’ est une phrase prononcée par le troisième Docteur et restée célèbre, Jelly Babies (une friandise britannique) est associée au quatrième Docteur. Et Matt Smith a aussi l’occasion de lancer un ‘‘Hello, I’m the Doctor’’ très Tennantien.

Prequel
Le site officiel a dévoilé une scène préquelle au prochain épisode, dans lequel on ertrouve une figure déjà croisée la saison dernière, dans « The Pandorica Opens » :

Post Scriptum

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Dernière mise à jour
le 26 mai 2012 à 22h09