MISFITS - Saison 1
"That kind of thing only happens in America" Nathan
Par Dominique Montay • 8 novembre 2010
Ils sont 5. Ils sont jeunes. Ils sont beaux (enfin, relativement). Ils sont hors-la-loi (un peu). Ils ont des superpouvoirs. Et ils sont anglais.

Si vous cherchez un compromis entre « Heroes » et sa dimension épico-humoristique (involontaire) et « Hero Corp » et sa dimension… épico-humoristique (volontaire, cette fois-ci), « Misfits » est fait pour vous. Si vous aimez les histoires d’adolescents désoeuvrés dans les banlieues britanniques mais que « Skins » ne vous accroche pas, « Misfits » est fait pour vous. Enfin, si vous aimez les excellentes séries, « Misfits » est fait pour vous. L’introduction est assez claire, développons.

Nathan est une infatigable grande gueule, en conflit avec sa mère et tournant tout en dérision. Kelly est une boule d’agressivité sans aucune notion de self-contrôle. Curtis est un athlète taiseux qui s’est fait attraper pour possession de narcotiques. Simon est un introverti un peu inquiétant. Alisha est une bombe sexuelle sans tabous qui passe son temps en soutif. Tous ont réalisé un méfait qui leur impose aujourd’hui de faire des travaux d’intérêts généraux. Les cinq jeunes gens sont alors sous la tutelle d’un contrôleur de peine tonique et directif (au départ, ils sont six, mais l’intrus va vite mourir)… tout s’annonce on ne peut plus banal quand un orage étrange retentit. Les 5 compères et le contrôleur se retrouvent pris au milieu de cette anomalie météorologique. Cet événement est fondateur du début de la série, même si au niveau de la réalisation dudit effet, on frôle allégrement le ridicule. Cet orage provoque l’apparition de superpouvoirs chez nos protagonistes.

Très respectueux des codes

Dans cette mise en route, on trouve tous les codes des histoires de superhéros, et ce même si « Misfits » se veut transgressif. La seule différence, c’est qu’ici ils sont habilement détournés. Les superpouvoirs dont vont bénéficier les personnages sont plus ou moins liés à leur personnalité. Kelly, un peu parano sur les bords et qui fait attention à tout ce qui se dit sur elle se met à entendre les pensées des autres. Curtis l’athlète qui aimerait modifier le passé pour le pas se faire arrêter et de fait, ne pas compromettre sa carrière de sportif, a le pouvoir de revenir dans le passé pour le modifier. Simon le discret a le pouvoir de devenir invisible si on ne le regarde plus (oh, la belle référence à « Mystery Men ». Alisha a le pouvoir d’exciter les gens juste en les touchant. Le contrôleur de peine frustré et plein de rage rentré devient enragé. Nathan… on ne sait pas encore, mais ça viendra… les pouvoirs permettent ici de mettre en relief les personnages de façon très dramatique et exagérée, mais surtout très efficace.

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Dans l’orage à superpouvoirs
Un effet très cheap pour un moment clé de la série.

Comme des super héros standards, nos protagonistes ont un costume. Et oui. A l’instar des « X-Men », et autres héros de comics books, ils sont vêtus d’une étoffe qui permet qu’on les reconnaisse tout de suite. Alors ici, pas de lycra bleu ou rouge, mais un uniforme orange du plus bel effet. Là encore, la série embrasse un code que les séries d’aujourd’hui tentent d’évacuer pour ne pas y faire face (l’exemple d’« Heroes » est sûrement le plus parlant). Ici, et même si c’est de façon détournée (et très maligne, vu que leur costume est au final leur uniforme de travailleur d’intérêt généraux), la série ne se défausse pas.

L’apparition des pouvoirs est tout de qu’il y a de plus banale dans le monde des comics, voir éculée. Un évènement issu du hasard qui change la vie d’un péquin notoire, on l’a par exemple dans « Spiderman » avec la morsure d’araignée radioactive. On l’a aussi dans le superhéro parodique des « Simpsons », Radioactive Man qui développe une superforce après s’être retrouvé au milieu d’un accident radioactif. La création des pouvoirs issu d’un code devenu parodique, le tout mal filmé, on est en droit de se demander s’il s’agit d’un détournement transgressif de plus, ou une facilité de scénario très cheap. Difficile de savoir, surtout qu’aucune réponse autre que le hasard ne vient justifier cet orage. Du moins pas encore…

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La belle Alisha
Habillée. C’est rare.

Car en se blindant avec des personnages riches et intéressants, « Misfits » se permet le luxe, pour une série de superhéros, de ne pas avoir de super vilain qui menace le monde à combattre, ou d’apocalypse à éviter. Non, leur but ultime, c’est de dissimuler le meurtre qu’ils commettent dès le premier épisode. Car ce contrôleur de peine enragé dont nous parlions au début va mettre en danger de mort les 5 comparses. Pour se défendre, ils l’assassinent. Mais comment prouver que l’homme est devenu fou ? Comment faire passer cela pour de la légitime défense. On est ici face à une histoire surnaturelle qui débouche sur celle d’un polar. Jusqu’à où sont-ils capables d’aller pour garder le secret ? Jusqu’à quand pourront-ils le garder ? sont les questions qui se posent durant les 5 épisodes qui suivent.

Une série à voir impérativement

En dehors de ce fil rouge, la série prend pour pli très rapidement d’axer chaque épisode sur un personnage différent, ce qui permet de bien montrer les conséquences qu’ont l’apparition de ces pouvoirs chez chacun. Des épisodes qui vont montrer que non, ils ne sont pas seuls à être devenus des êtres surnaturels.

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L’insupportable Nathan
Le fer de lance d’un casting sans faute.

La série est drôle, passionnante, et les personnages sont d’une grande richesse. Même s’ils semblent au premier abord assez caricaturaux, ils gagnent en profondeur sans que pour autant les moments où ils se révèlent semblent forcés. L’interprétation est remarquable, chaque comédien se mettant au service de son personnage à la perfection. L’écriture est vive, dynamique, mais pas du tout hystérique. On peut dire de même sur la réalisation, qui comporte peu de tics, ni d’effets “à la mode”.

Dès les premières secondes du générique « Echoes » par The Rapture, on entre dans l’univers, on se laisse mener par cette agaçante bande d’hors-la-loi tout juste sortis des bacs à sable. Des « Misfits » qu’on attend plus haut, plus fort en cette seconde saison qui débarque aujourd’hui et dont la bande-annonce est disponible en fin de page.

« Misfits » saison 1 est en diffusion sur la chaîne Orange Cinéchoc à partir du Dimanche 14 novembre 20h40 par paquets de deux, la saison 2 est diffusée sur la chaîne britannique E4 à partir du jeudi 11 novembre par paquets de un.

ATTENTION, TRAILER DE LA SAISON 2 A FORTE TENEUR EN SPOILER ! VOUS VOILA PREVENUS

Post Scriptum

A propos de la saison 2 de "Misfits", lire nos Impressions au fil de la diffusion des épisodes.