4x11 - Unrealized Reality

Il y a des séries qui lancent une mythologie complexe sans jamais vraiment donner de réponses aux questions qui sont posées. Il y a des séries qui n’osent pas aller de l’avant et remettre en question leurs fondements. Et il y a des séries qui n’ont pas le courage de nous étonner encore et encore, même en plein milieu de leur quatrième saison.

Farscape ne fait pas partie de ces séries. La preuve la plus flagrante peut se trouver dans l’épisode ’Unrealized Reality’, onzième épisode de la saison 4 (et actuellement la dernière saison).

Alors que depuis le début de la saison, les scénaristes nous annoncent que John Crichton contrôle enfin la technologie des Wormholes, les téléspectateurs restent sceptique sur ce point vu qu’aucune explication ne nous est donnée. Comment Crichton a-t-il réussit à comprendre et maîtriser cette technologie complexe ? Comment arrive-t-il à ouvrir un wormhole ? Et comment le voyage au travers de ce trou de ver peut-il être sans danger ?

On croyait toutes ces questions sans responses, oubliées des scénaristes. Il n’en est rien. Dans un superbe et complexe épisode, David Kemper apporte une réponse à nos questions.

John Crichton se retrouve projeté seul dans un wormhole et doit faire face à un ancien (les détenteurs originels de cette technologie). Cet ancien, que John va nommer Einstein, va intenter une sorte de procès à notre Terrien préféré. Comment un homme d’une espèce aussi primitive (fait qui sera encore plus avéré dans les épisodes suivants) peut détenir le savoir d’une technologie si puissante et si dangereuse ?

Mais surtout, Einstein va expliquer à John Crichton (et donc aux téléspectateurs que nous sommes) les dangers de cette technologie et ses spécificités. Et là surprise ! On apprend que non seulement les wormholes nous permettent de voyager d’un point à l’autre de l’espace, mais qu’en plus ils permettent de voyager dans le temps. Ainsi, John Crichton peut aller faire un tour dans le passé sans aucun problème... enfin c’est une façon de parler vu qu’il ne faut pas briser le continuum espace-temps (à la Retour Vers le Futur). En effet, le moindre changement dans le passé peut créer une cassure de ce continuum et créer un univers parallèle où tout serait alors différent.

Pour faire rentrer ces théories dans la tête de tout le monde (John et nous mêmes) Einstein envoie John dans des Unrealized Realities, des réalités qui n’ont pas lieu d’être et qui n’existe qu’à cause de changement opérés par les voyageurs des wormholes. En bref, il nous emmène dans des univers parallèles à la Sliders. Ainsi, nous visitons une Terre colonisées par les Scarrans, où encore nous revivons la première aventure de John Crichton avec quelques petits changements dans la trame (comme par exemple, il se fait tuer par Aeryn !)

En 45 minutes, David Kemper réussit le pari d’expliquer clairement (et sans ennuyer) les fondements de la technologie wormhole. Et en 45 minutes, il remet tout en question ! Ainsi, Crichton comprend vraiment les dangers de cette connaissance et est prêt à mourir pour ne pas que cette technologie tombe aux mains des Scarrans ou des Peacekeepers. La peur devient la réponse, comme le dit Einstein et cette réponse apporte une nouvelle révélation : John Crichton peut non seulement ouvrir un wormhole, mais il peut aussi décider de sa destination. Un peu comme dans le tout dernier épisode de Code Quantum, où ’Dieu’ révélait à Samuel Beckett qu’il était le maître de ses voyages dans le temps.

’Unrealized Reality’ est sans conteste un chef d’oeuvre de Farscape, et mérite plusieurs visionnage pour bien cerner toutes les implications d’un épisode de ce genre. Les scénaristes nous en mettent plein les yeux, sans pour autant nous macher tout le travail.

Avec un épisode comme celui-ci, on peut raisonnablement dire que Farscape est bien une grande série, et qu’elle entrera dans annales comme Le Prisonnier, Les Envahisseurs ou The X-Files...