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Farscape
4x22 - Bad Timing
You and your Timing ...
lundi 24 mars 2003, par
Depuis que l’ idée de terminer la Semaine Farscape, consacrée au reviews de meilleurs (selon chaque rédacteur) épisodes de la saison 4, par celle de l’ épisode Final s’ était imposée, les principaux obstacles rencontrés ont été le choix du reviewer et surtout la forme sous laquelle allait se présenter la review en question.
En réalité le choix du reviewer n’ a pas été compliqué puisque personne ne s’ est proposé, donc j’ ai préféré m’ y atteler, de peur que l’ idée tombe à l’ eau.
Trouver la forme définitive n’ a pas non plus été une mince affaire. Le seul paramètre établit, il fallait qu ’elle ne contienne aucun spoiler.
Comme cette semaine avait été consacrée - entre autre - a faire découvrir la série, gà¢cher sa fin télévisée aurait été une erreur grossière.
Je me propose donc de commenter différents points de l’ épisode sans évoquer son intrigue (o๠le moins du moins possible) : oui c’ est assez suicidaire pour un type qui n’ est pas capable de rendre ses papiers à l’ heure mais en même temps on ne risque pas de connaà®tre de suite à cet épisode avant un moment alors soyons fous !
Premiers détails qui ont leur importance, c’ est Andrew Prowse - réalisateur entre autres du Pilote de la Série - qui est à la caméra et David Kemper (le show-runner bien aimé) qui s’ est occupé de faire mijoter un scénario aux petits oignons dont il a le secret, autant dire que les conditions sont idéale pour que l’ épisode soit un chef d’ oeuvre.
Avant tout parlons de l’ introduction de cet épisode, le fameux "Previously On Farscape" présenté (fait rare) par la voix de Ben Browder (interprète de John Crichton).
Simplissime mais extrêmement touchante, elle reprend sur une variation du thème de la série de très courts (2 à 3 images) extraits des 87 épisodes précédents.
Une sorte de grand élan provoqué par ces 4 années qui défilent soudain à l’ écran nous emporte dans les souvenirs glorieux de la série (si si :]) avant de se terminer une image presque anodine et pourtant terrifiante de l’ avant dernière scène de l’ épisode qui précède directement ce Final.
Autant dire qu’ on en prend plein la vue alors que l’ épisode n’ a pas encore commencé. Revoir en un éclair l’ évolution de chaque personnage mais surtout celle de Crichton, présent sur la première image - la magnifique scène du levé de soleil a Cap Canaveral qui ouvre le Pilote de la Série.
Le contraste est saisissant entre cet homme encore sans expérience, terrifié a l’ idée de faire enfin la fierté de son père et de réaliser son rêve spatial et cet autre Crichton, indifférent, capable de tuer presque sans le moindre remords et d’ accomplir tout ce qui lui paraissait impensable 4 ans auparavant.
Ou est passé "l’ innocent Crichton" digne de l’ amour et du respect maternel de Zhaan ? ...
Bien sûr je me refuse de vous dire le moindre mot concernant les événements précis qui se déroulent au cours de "Bad Timing", donc il va me falloir le considérer au moins par rapport aux précédents et aux 3 autres "Season Finale" de la série.
La continuité avec l’ épisode précédent est directe, un peu comme dans "Die Me Dichotomy" (final saison 2), sauf que les liens avec l’ épisode précédent sont bien plus forts. C’ est plutôt rassurant parce que justement, beaucoup de questions avaient été laissées en suspend - contrairement à "Dog With Two Bones" (final saison 3). Il en résultait une certaine frustration suite à la dernière partie de la trilogie "We’re So Screwed" et la crainte que ces questions servent le dessein d’ un grand "cliffhanger" qui aurait plus eu des allures de prise en otage, n’ apportant pas même un semblant de conclusion.
Mais au contraire, les nombreux détails dilués au cours de cette trilogie prennent forme dès les premières secondes de l’ épisode. Tout cela est bien amené par un récapitulatif semé de Flashbacks très courts.
La séquence mixe de façon très fluide un dialogue à bord de Moya, les réactions qu’ il engendre par la suite et les deux dialogues ayant eu lieu auparavant (dans une suite directe à l’ épisode précédent qui est simplement évoquée) dont ce premier dialogue se fait l’ écho. Cela peut (et ça doit) paraître compliqué, mais le coup de maître est tel coté réalisation et montage que l’ on realise qu’une fois démélée, la séquence aurait pu durer quinze bonnes minutes alors qu ’elle en fait à peine quatre.
On retrouve donc la science de l’ ellipse (poussée a l’ éxtrème) fidèle à Farscape et c’ est une très bonne chose puisque sans cette capacité à accélérer l’ intrigue, ce final aurait du être tronqué.
De retour à cette scène de dialogues croisés, hormis sa réalisation remarquable, son sujet est aussi étonnant puisqu’ au détour de chaque phrase, la conversation principale se transforme en un dialogue intime entre les deux personnages concernés (non vous ne saurez pas qui c’ est ;-)
Je pourrais m’ étendre sur le scénario, assez simple en apparence, pourtant complexe dans ses enjeux mais je ne ferais que me perdre à éviter constamment les spoilers et cette review en souffrirait.
Je vais donc simplement évoquer la scène finale (qui doit déjà avoir sa petite réputation chez les Scapers), qui, dans le plus pur style Farscape invite à la détente et à la paix comme quelques rares épisodes des fins de saisons précédentes, jusqu ’a ce que la réalité rattrape chacun des personnage, désarmés.
Ce magnifique final (de saison) se conclue alors sur un retournement de situation fracassant, tant visuellement qu’ émotionnellement. Les larmes se mélangent aux rires et finissent par les effacer dans un dernier plan, figé par trois mots qui resteront très longtemps, si ce n’ est a jamais, gravés dans l’ esprit de tout les Scapers.
Les malheureux qui n’ ont pas encore vu la saison 4 ou sa conclusion, n’ arrêtent pas de se demander si "Bad Timing" offre ou pas une réelle conclusion à la série (bande de Frellniks avides de Spoilers !).
Ils ont rarement une réponse claire, s’ il en ont aucune, puisque si l’ on se place au niveau de la saison 4, donc du 4eme Chapitre Farscape, alors oui en effet il est conclu, et comment !
A l’ inverse si maintenant on se place au niveau de la série, de l’ ensemble de ces chapitres (saisons) alors là il est certain qu’ il manque quelque chose, quelque chose qu’ un simple épilogue ne pourrait conclure.
Même si cette fin épique peut satisfaire amplement toute ceux qui n’ ont plus la force d’ espérer avoir la chance de voir un jour un quelconque suite à cette merveilleuse histoire, à l’ instar des épisodes finaux des saison 2 et 3, on sent bien que quelque chose d’ encore plus gros se trame en arrière plan.
Une hypothèse récemment développée sur certains Forums remonterait jusqu’ aux premiers épisodes de la saison 4 (dont certaines révélations avaient été abandonnées) et impliquerait également quelques scènes d’ une symbolique troublante qui parsèment "Bad Timing".
Ce n’ està l’ heure actuelle que pure spéculation mais autant dire que le potentiel caché dans la mythologie sous-jacente de cette saison est impressionnante.
Ceux qui ont lu l’ excellente review par Ju de l’ épisode 4x16 - "A Constellation of Doubt" savent a quel point les scènes à bord du Moya sur toute la durée de cet épisode sont particulières et intimistes. A une échelle moindre certes, on retrouve cet intimiste dans les adieux de certains personnages autant que dans les disputent d’ autres au cours de l’ épisode.
On est même surpris, dans des scènes qui tranchent avec la course contre la montre qui rythme l’ épisode, de découvrir ou de redécouvrir les relations de soutien et de confiance. Que ce soit l’ amitié de longue date développée entre D’Argo et Crichton - qui prend un tout autre sens durant la dernière scène - ou une amitié peu soupçonnée entre Pilot et Rygel. D’autant plus étonnante lorsque que l’ on se rend compte que les deux seuls "acteurs" non humains de l’ équipe avaient rarement interagit, sans doute par crainte d’ un manque de vivacité à l’ écran. Craintes depuis longtemps injustifiées et cette jolie scène en témoigne.
Pour ajouter à cette sorte de chaleur "humaine" qui se dégage des scènes sur Moya, la mise en scène des dialogues est très serrée, ce qui est d’ habitude plus rare sachant que les superbes décors du vaisseau permettent de très jolis plans d’ ensemble. Ce choix est donc délibéré et permet de se dans la peau des personnages aux travers de leurs émotions bien plus apparentes en ces instants critiques.
Ce qui pourrait être une faiblesse scénaristique se révèle une opportunité qui fait écho au très émouvant "The Way We Weren’t" puisque contrairement à la majorité de la saison où il aura été généralement très en retraits, Pilot joue ici un rôle décisif et ce très tôt dans l’ épisode.
Une occasion de remarquer le lien psychologique encore plus que physique qui règne entre Moya et Pilot.
Moya est par ailleurs resplendissante (non ce n’ est pas qu’ un vaisseau :P) et visuellement très présente (extérieurement également) au long de l’ épisode grâce à l’ ajout d’ une nouvelle séquence de "Starburst" entre autres effets numériques inédits qui font leur apparition parmi les autres déjà existantes.
En conclusion j’ aimerais insister sur le sens du titre de cet épisode. "Bad Timing" résume un peu à lui tout seul la cause de toutes les aventures et de tout les malheurs de John Crichton.
De sa projection dans le premier Vortex à la conclusion tragique de nombreux épisodes comme "Different Destinations" et "Infinite Possibilities", les correspondances avec ce titre sont troublante tout au long de la série et coïncide même avec le destin malheureux de la série elle-même.
Durant cet épisode, comme dans quasiment chaque épisode de Farscape, le titre semble trouver un sens très tôt dans l’ épisode avant de trouver son véritable sens pendant le denouement. Cela a l’ amusante habitude de mener sur une fausse piste concernant les enjeux de l’ épisode par rapport à son titre et de prendre le spectateur à revers.
Cette notion de temps, de "timing" transpire dans chaque scène et chaque dialogue. On pense comprendre en début d’ épisode, puis en son milieu, puis encore plus tard, mais ce n’ est pas avant la fin de l’ épisode que l’ on mesure l’ importance de ce titre qui finalement sera multiple.
Est ce que c’ est une fin rêvée pour une série de Science-Fiction ou même pour une histoire à part entière ? Oui.
Est ce que c’ est une fin pour Farscape ? Non !
Est ce que c’ est l’ un des tout meilleurs épisodes de la série ? Sans le moindre doute.
Est ce que Farscape est incontestablement la meilleure série et oeuvre de Science-Fiction actuelle ? Vous en doutiez encore ? :-)