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Farscape

4x17 - A Constellation of Doubt

Portraits

samedi 22 mars 2003, par Ju

Précédemment dans Farscape : John retrouvait son chemin vers la Terre , Sikozu et Chiana étaient filmée en maillot de bain, et John faisait exploser la tête d’un clône d’Aeryn.

A Constellation of Doubt est sans doute mon épisode préféré de la quatrième saison de Farscape. C’est d’ailleurs étonnant de voir comme chacun a son propre épisode fétiche de la saison, preuve s’il en fallait une que comme chaque année, les bons épisodes ont été nombreux et qu’il y en a eu pour tout le monde.

Cet épisode, en plus de reprendre l’intrigue là où Bringing Home the Beacon l’avait laissée, c’est à dire avec Aeryn capturée par les Scarrans et emmenée à Katratzi, est une conclusion à l’excursion sur Terre de l’équipage de Moya en milieu de saison avec la reprise de plusieurs points laissés en suspend dans Kansas et Terra Firma.

Et je pense que là où A Constellation of Doubt m’a plut, c’est dans sa forme atypique et vraiment surprenante. Ce qu’il y a de bien avec Farscape, c’est qu’on ne va rarement là où on s’attend, et cet épisode en est le parfait exemple. On pouvait s’imaginer beaucoup de choses, mais certainement pas qu’on passerait la totalité de l’épisode sur Moya à regarder un émission de télé en compagnie de John !

L’émission en question s’intitule « Alien Visitation » et c’est en fait un mélange de documentaire sur les aliens et de témoignages de personnalités, basés sur des vidéos faites par le neveu de John, Bobby, lors de leur passage sur Terre.
Les personnalités interrogées apportent une perspective très intéressante aux scènes auxquelles on assiste, souvent très drôle. Là où la série est intelligente, c’est qu’elle ne prends pas parti dans les divers propos donnés, et laisse au téléspectateur le soin de se faire son avis. En témoigne le nombre important d’interviewés, représentant chacun une certaine catégorie de personnes et apportant tous, par leur diversité, un point de vue différent.
Pour vous prouver que j’ai un minimum bossé pour cette review, voici la liste complète de ces personnes : antropologue, sociologue, psychologue, retraité, Oliva Crichton la sœur de John, réverend, bouddiste, général, spécialiste de la psychologie criminelle, xenobiologiste (faite moi penser à regarder ce que c’est ;)), béhavioriste, cardinal, aide à l’immigration, et un agent du gouvernement au visage caché joué par David Kemper, le showrunner de Farscape.

Les portraits, témoignages, interviews, commentaires s’enchainent alors pendant tout l’épisode en alternance avec des scènes sur Moya pour voir les réactions des principaux intéressés et pour faire avancer l’intrigue.
Car un mystère plane sur toute la durée : John est persuadé d’avoir déjà entendu le nom du lieu où Aeryn a été emmené, Katratzi, prononcé sur Moya même, mais il est incapable de se souvenir dans quelle circonstances.

Plutôt que de faire un résumé linéaire, je vais plutôt m’attarder sur les portraits faits de notre équipage, car c’est bien ça le principal intérêt de l’épisode, la façon dont ils sont vu sur Terre, et la conclusion qu’on peut en tirer finalement : les terriens ne sont pas prêts.

Le portrait du « Général » Ka D’Argo, puisque c’est la façon dont il nous est présenté, est vraiment étonnant. Au moyen des quelques scènes en sa compagnie, on a l’occasion de voir qu’il a vraiment évolué depuis le début de la série, qu’il a vraiment gagné en maturité. Malgré son hilarant « I love shooting things » de Dog with Two Bones, D’Argo apparaît vraiment comme un pacifiste convaincu. Les quelques mots qu’il échange avec Bobby, lui disant qu’il est un grand guerrier « par accident », et qu’il y a de meilleures façons d’occuper sa vie que de faire la guerre… plus que légitime, c’est un message vraiment intéressant à entendre de la part d’un Général, et qui nous éclaire encore un peu plus sur ce personnage.

Mais on est loin d’en avoir fini avec les messages-qui-sont-là-pour-nous-faire-réfléchir , on est devant Farscape, pas Enterprise ! (et c’est un mec qui s’est endormi devant le seul épisode d’Enterprise qu’il a oser regarder qui le dit, alors vous pouvez le croire ! ;))

Noranti dispose d’un portrait tout aussi efficace que celui de D’Argo. Les scénaristes ont réussi à me faire aimer, petit à petit, tout au long de la saison 4, un personnage auquel je ne trouvais que très peu d’intérêt au départ (à part son côté « parodie de vieille », qui pue, fait des trucs dégueux avec sa bouche et s’endort n’importe quand, qui m’a toujours bien fait rire). Elle nous apparaît comme parfaitement mystique, comme d’habitude, mais particulièrement clairvoyante et parfaitement consciente de certaines vérités qui font du bien à entendre à la télévision. Noranti nous apporte une vision « extérieure » particulièrement intéressante sur les cultes religieux. Pour elle, le véritable problème ne vient pas des religions en elles même, qui sont de grandes et belles idées basées sur l’amour, non, le problème vient de ceux qui suivent les religions… à méditer.
Il est quand même intéressant de voir que de tous les aliens, c’est Noranti qui en ressort sous le meilleur jour. Même si ses propos chocs parfois (« It’s ok to kill, when necessary »), ils apportent vraiment un regard intéressant, qui nous prouve encore une fois que Farscape n’est pas qu’une bête série de science-fiction et qu’on est quand même bien dégouté que ce soit fini (pourquoi j’écris ça maintenant moi ? ;)).

John est très peu présent dans l’émission. Mais une seule scène et un question de son neveu sont particulièrement significatives de l’évolution du personnage, et font écho à une autre excellente scène qui arrive en fin de saison. Bobby demande à son oncle John si il a changé en trois ans perdus à l’autre bon de la galaxie. Son hésitation avant de répondre est suffisante pour nous, devant notre écran, anticipions sa réponse. Oui, John a changé. Il a énormément changé. Il est beaucoup moins « humain » que dans la première saison, où il cherchait sans cesse à faire le moins de dommage possible. Comme nous le dit une psychologue dans son témoignage, son état est la preuve du stress énorme et continu qu’il a subit depuis trois ans, John ne se soucie plus vraiment de tout ça, il est devenu désabusé, et la scène finale de l’épisode nous le confirme bien. Mais j’y reviendrais en fin de review.

Rygel, Rygel, Rygel… fidèle à lui même. En clair, il aime la bouffe (complètement accro au sucre !!!), le jeu, les esclaves et les femmes… c’est Rygel quoi ! Il faut bien dire que même si il est peut être celui qui comprends le mieux la culture humain (américaine ?), Rygel est nettement plus intéressant dans ses scènes sur Moya. Son franc parler et sa définition des terriens, ces « imbéciles supersticieux et xénophobes, pour qui rien n’existe si ils n’y ont pas pensé les premiers » vaut vraiment le détour. Les terriens n’aiment pas les aliens ? Très bien, Rygel ne le aime pas non plus !

On pouvait craindre une chose à la vue de la fin de Bringing Home the Beacon : un épisode sans Aeryn. Vision d’horreur… Mais grace à cet épisode formidable, même si elle n’est pas vraiment sur Moya, elle apparaît dans des extraits d’Alien Visitation. Là où Aeryn est la plus intéressante, c’est dans l’interview qui est fait d’elle par le présentateur de l’émission. La moindre de ses réponses est sujette à déformation (ouais, comme dans une vraie émission de trash tv !) et la réaction de John assis devant son écran, souffrant de l’absence d’Aeryn sont deux éléments qui vous font simplement dire « Wow ! ».
Farscape est une histoire d’amour, ça ne fait aucun doute, et les rapports entre John et Aeryn ont été magistralement écrits depuis le début de la série. Alors quand dans l’interview arrive une question sur la possibilité de reproduction entre Sébacéens et Humains, et que Aeryn hésite une seconde avant de répondre… John fait un arrêt sur image, rembobine la cassette, refait un arrêt sur image… franchement, je ne vois pas comment la scène pourrait être plus belle. La peine de John est à couper au couteau (comme la tension sexuelle entre deux personnages dans la série des deux blondies) et la réalisation est une nouvelle fois génial : un gros plan sur les yeux d’un John au bord des larmes pendant 10 secondes. Et bien sur, comme d’habitude, Claudia Black est fantastique, même (surtout) en arrêt sur image.

Le portrait de Chiana pourrait être coupé en deux parties distinctes, chacune représentant un côté différent de la personnalité de Pip. On a bien sur le côté très « sexe » de Chiana, qui m’a beaucoup fait rire pour le coup quand elle demande à Bobby pourquoi il n’a jamais fait l’amour à 13 ans, et qu’il lui répond que c’est parce que c’est interdit par la loi ! Gigi Edgley apporte le côté déchainé de Chiana à la perfection comme d’habitude.
Dans la même scène, on a également le droit à une autre vision satirique de notre société quand Chiana se demande pourquoi, si le sexe est interdit aux enfants, des petites filles s’habillent de façon sexy… il doit bien y avoir des gens pour leur vendre ces fringues, il y a donc des gens qui veulent qu’elles fassent l’amour ! Imparable ! :)
L’autre aspect de son portrait est beaucoup moins réjouissant, mais il est cependant très intéressant à analyser. On retrouve une Chiana assez perturbée et fragile (la scène où elle pleure la mort d’un rat avec qui elle jouait est étonnante), un peu comme au début de la saison 4. De plus, quand elle voit sur la vidéo la réaction outrée des humains après qu’elle se soit étonnée des nombreuses arrivées d’eau dans les salles de bain et qu’elle ait bu l’eau des toilettes, on la voit particulièrement attristé et elle ne les comprends vraiment pas.

Au milieu de tous ces portraits, on a le droit à un clin d’œil très drôle à Kansas quand on retrouve le shérif séquestré à Halloween en 1985 par nos aliens. Oui. Je suis conscient que cette phrase est loin d’être claire quand on a pas vu l’épisode en question !
Bon bref, on se reprend un part de vision satirique de la société (j’aurais vraiment du trouver une autre façon de formuler ça, mais je suppose que c’est trop tard, je n’ai plus l’intention d’en parler !) quand notre bon shérif, qui est complètement devenu dingue entre temps, affirme que les aliens ont mis des puces dans la tête des gens, pour leur envoyer un message. Quel message ? « Mangez ! »
Sa théorie est très claire : « On grossit, on ne peut plus bouger, il nous envahisse ! »
Si ça c’est pas une vision satirique de la société ! (et merde !)
Enfin bon, nous on se marre, et on a le plaisir de retrouver la citrouille sculptée par Rygel, que demander de plus ? :)

Le dernier portrait est celui de Sikozu, et il est très court. Pour citer la psychologue interviewé et qui a bien cerné le personnage : « Elle n’est pas ET » ! En clair, Sikozu n’aime rien, mais nous, on le savait ! :)

Et on en arrive à la fin de l’épisode, et à deux scènes incroyables d’intensité. En fait, la tension monte vraiment d’un cran quand Sikozu vient apprendre à John qu’ils ont tout essayé, mais qu’ils n’arrivent pas à localiser Katratzi. Et comme John continue toujours à penser qu’il a entendu le nom Katratzi sur Moya même, la parano prend le dessus et John menace Sikozu avec son flingue pour qu’elle lui dise où est Katratzi.
Un grand chapeau en passant à Raele Hill qui est extrêmement convaincante dans cette scène. Les scènes de dispute, ça le fait toujours de toute façon à partir du moment où les acteurs sont bons !
Mais la vérité sur Katratzi arrive pour sauver Sikozu… quand sur la vidéo Sikozu passe un plat en argent devant son visage, John se rappelle de quand il l’a entendu. C’est Sikozu/Stark (d’où le masque) qui a prononcé le nom de Katratzi, sur Moya même, mais dans un réalité alternative de l’épisode Unrealized Reality !
Comment lier une saison parfaitement en une seule scène. Brillant.
John s’excuse, la tension baisse… mais la scène finale arrive.

La scène finale ouvre complètement l’intrigue vers la fin de saison.
John vient voir Scorpius dans ses quartiers. Celui ci est allongé et John est le seul à parler de toute la scène (amusant d’ailleurs de constater que Scorpius ne prononce pas un seul mot de l’épisode). John vient lui proposer un marché. Même si il est sûr que d’une façon ou d’une autre Scorpius l’a trompé, John n’en a rien à faire. Il veut une seule chose : Aeryn. Et pour elle il est prêt à tout, même à offrir la technologie des wormholes à Scorpius si celui ci l’aide à retrouver Aeryn.
On retrouve le côté désabusé de John, non soucieux des conséquences qui pourraient découler de son offre. C’est simplement très bien jouer. La scène est magnifiquement interprêté par un Ben Browder, toujours plus efficace quand il joue John au bord de la folie.

Pour complèter un tableau déjà parfait, la réalisation de l’épisode est à tomber par terre. L’ambiance cloitrée qu’on ressent tout au long de l’épisode est parfaitement servi par des scènes très calmes sur Moya, des pièces très sombres, souvent éclairées seulement par la lumière de la télévision sur les personnages, une musique discrète qui nous berce sur toute la longueur, et un sentiment qui monte au fur et à mesure qu’on assiste à un épisode parfaitement maitrisé.

J’ai adoré.