La fin d’un tabou • FICTION FRANCAISE ET POLITIQUE
Après une longue période de carence, la fiction française se frotte à nouveau à la politique
Par Sullivan Le Postec • 3 mars 2009
Longuement sujet interdit, la politique, sous la double influence d’Arte et de Canal+, est au centre de plus en plus de fictions. Focus sur un genre rare. Et précieux.

Cela tient presque du miracle. On n’aurait en effet pas parié cher sur l’avenir de la fiction télévisée politique en France. Un sujet presque interdit. Tout au plus, on pouvait se permettre de l’aborder sans trop faire de vagues dans un unitaire événementiel, une fois de temps en temps, en essayant de ne pas être trop dans l’actu. L’émergence d’une vraie production maison à la fois sur Arte et Canal+ change progressivement la donne.

Nous sommes début 2001. A l’époque, France 2 fait un pari en diffusant une minisérie qui tranche avec le reste de la production française, d’autant plus qu’à l’époque la production de Canal+ est balbutiante. « Rastignac ou les ambitieux » est très attendue, aussi parce qu’elle pourrait marquer le début d’un tournant. Làs !, elle se fait rétamer à l’audimat. Portrait de l’ambition au début du XXIe siècle, la politique en était l’un des principaux sujets. Son échec à l’échelle de l’audimat ancrait encore un peu plus un de ces adages qui hantent les milieux de la fiction française : ‘‘les français n’aiment pas la fiction politique’’ se voyait donc confirmé aux cotés de ‘‘les français ne savent pas faire de fantastique’’ et autres imbécilités.

On croyait la fiction politique quasi-enterrée pour de bon. C’est vrai, on aurait pu remarquer que, lentement, à coups d’unitaires trop rares mais réguliers, Canal+ creusait un sillon, de « Facteur VIII » en « Rainbow Warrior ». C’est le basculement de la chaîne vers la production de série, et la plus grande visibilité associée, qui rendit audible cette politique éditoriale. On passera sur la première saison d’« Engrenages », où le traitement du politique, tout en personnages non nommés ni identifiés a tout du traitement TF1 du sujet. Mais « Reporters », elle, se plongeait avec enthousiasme dans la politique, sa complexité et ses ambigüités, n’hésitant pas à offrir des situations qui soient de véritables miroirs de la réalité contemporaine.

La diffusion en janvier de « L’Ecole du Pouvoir », une co-production de Canal+ et d’Arte, qui s’intéresse aussi à ces sujets (« L’embrasement », « Poison d’avril »...) et celle en février de « A Droite toute » sur France 3 nous offre l’occasion de nous pencher sur ce genre.

Notre dossier du mois le fait au travers de nombreux papiers critiques, d’un commentaire sur le genre vu de la France, et de quelques surprises à venir. La vigation à l’intérieur du dossier se fait à partir du menu en haut de la colonne de gauche.