JEKYLL — (Mini-série)
Une révision de classique qui deviendra elle-même un classique
Par Dominique Montay • 31 août 2007
En cet été 2007, Steven Moffat (« Coupling », « Dr Who »), est l’auteur de « Jekyll », adaptation moderne de « L’étrange cas du docteur Jekyll et de mister Hyde », de Robert Louis Stevenson. Il n’en respecte que le postulat de base : la cohabitation de deux êtres (l’un strict et non violent, l’autre incontrôlable). Et le moins qu’on puisse dire, c’est que son « Jekyll » est une franche réussite.

Diffusé par BBC1 à l’été 2007, « Jekyll » a depuis été vu en France sur Canal+ puis sur Arte.

Tom Jackman est chercheur dans un institut. Il est marié à une femme superbe. Il a deux enfants, faux jumeaux. Il semble assez terne d’apparence, baladant un regard limite “chien battu”. Depuis quelques temps, sa vie bien rangée et pépère s’est totalement fissurée. La vie de famille a laissé place à l’exil. Le couple parfait vit comme s’il était séparé. La belle maison s’est transformée en appartement glauque et sans vie. Car depuis quelques années, Tom Jackman est obligé de partager sa vie en deux. Tom n’est plus le seul propriétaire de son corps. Un autre le partage, prenant sa place à des moments choisis. Le personnage est très proche du Dr. Jekyll tel qu’on le connaît via l’oeuvre de Robert Louis Stevenson et les adaptations qui l’ont suivies. La différence majeure avec l’original, c’est que non, Hyde ne se manifeste pas lorsque Jekyll ingère une potion. Il apparaît, comme ça, à sa guise. On se rapproche ici d’un schéma similaire à celui de « L’incroyable Hulk » (qui est lui-même inspiré de Jekyll & Hyde). Hyde surgit lorsque Jekyll/Jackman ressent une frustration, un besoin de s’affirmer en tant qu’homme. Alors qu’on pensait avoir tout vu concernant le mythe, ce « Jekyll » [1] est décidé à nous surprendre.

Hello Daddy !

Hyde semble sortir tout droit d’un cartoon. Ses mouvements très rapides font penser à du Tex Avery et son sourire carnassier ferait rougir d’envie le Joker. Il s’amuse de tout, ne prend rien au sérieux. C’est un gamin de 10 ans dans le corps (et avec les pulsions) d’un adulte. Il est arrogant (« Quoi ? Tu n’arrives pas à faire ça, toi ? »), égocentrique et ne se donne que les limites que Jackman lui a fixées (enfin, quand il veut bien les respecter). Celui qui ne se fait pas encore appeler Hyde au début de la série est une version améliorée de Tom Jackman. Plus grand, plus svelte, plus rapide, plus fort. Mais ne se mettant aucune limite, aucun frein, Hyde est un danger public. Incontrôlable, imprévisible, il semble tellement différent de Jackman que la plupart des gens qui le croisent, s’ils constatent un air de ressemblance, ne partent pas forcément du principe qu’ils sont la seule et même personne. Hyde appelle Jackman « Daddy », et ce qui semble être une simple provocation de Hyde envers le côté pépère et non violent de Jackman révèle en fait quelque chose de plus profond.

A Gentlemen’s agreement

Le tout début de l’histoire se focalise donc sur un combat Jackman/ Hyde. Ils sont arrivé au fil du temps à un « gentlemen’s agreement ». Jackman accepte de céder son corps à Hyde, sur une durée donnée. Les deux communiquent via un dictaphone. Si Jackman venait à chercher un remède pour sa maladie, Hyde se tuera. Si Hyde tue quelqu’un, Jackman se rendra. Mais Tom Jackman ment à Hyde. Il a prit soin, pendant tout ce temps, de cacher l’existence de sa femme et de ses enfants. Tom cherche de l’aide, un ou une oreille compatissante. Il la trouve en la personne de Katherine Reimer, très jeune infirmière en psychiatrie. Avec Katherine, Tom, à défaut de trouver un moyen de se débarrasser de Hyde, va essayer d’obtenir un regard extérieur, un nouvel avis sur la question ainsi qu’une médiatrice. Mais alors qu’on pense que cette intrigue va nourrir toute la première saison, tout vole en éclat au terme du premier épisode. Hyde s’aperçoit de l’existence de la famille de Jackman et se retrouve seul avec eux. Femme et enfants qui pensent avoir en face d’eux un cousin de Tom. Ce qui aurait fait un superbe cliffhanger de fin de saison a lieu au terme d’un épisode et lance la série sur une voie différente. Comprenant rapidement qu’une simple transposition du mythe à une époque moderne n’allait pas enthousiasmer les foules, Moffat fait évoluer sa série avec un élément nouveau, la conspiration.

We’re richer than God

Le duel Jackman / Hyde ne suffisait pas, il fallait ouvrir le champs des possibilités. Hyde est traqué par une société multimilliardaire qui a fait fortune dans l’industrie pharmaceutique. Elle est personnifiée en début de série par un homme d’affaire américain au sourire ultra-brite et par un homme de main taiseux. Au fil de la saison, d’autres membres sont mis en lumière, comme une soixantenaire surmaquillée qui semble tirer les ficelles et un militaire désabusé. Ils veulent Hyde, vraisemblablement pour son patrimoine génétique. Il sont prêt à tout, comme acheter un zoo pour tendre un piège à Tom. Leurs confrontations va mettre immanquablement en péril la vie de la famille de Tom. Et celui qui vient à la rescousse, se cachant derrière des excuses systématiques, c’est Hyde. Le monstre révèle en fait de nombreuses facettes.

Instinct paternel

Hyde est un enfant, c’est acquis. Il va même jusqu’à appeler Jackman « Papa ». Il ne s’agit là pas seulement d’une boutade, mais d’une métaphore évidente de leur condition (et qui est donc admise par Hyde puisqu’il y fait référence). Hyde est le gamin qui fout le bordel, et Tom Jackman nettoie derrière lui. Hyde provoque la rupture d’un couple comme un enfant difficile pourrait provoquer un divorce. Hyde a des envies d’indépendances très marquées (comme un ado qui voudrait vivre seul parce qu’il en a assez qu’on lui impose des règles). Et comme tout enfant, il ne se rend pas compte de l’importance de son père dans son équilibre.
Hyde possède un instinct quasi animal dans toutes circonstances, et aussi quand il s’agit de protéger les siens. Sans l’admettre, il ne supporte pas qu’on veuille du mal à sa famille. Lorsqu’il le fait, il se cache derrière une attitude mégalo et excessive afin de cacher ses vrais sentiments.

Une série, plusieurs styles

Le suspense lorsque Tom Jackman menace de se transformer en Hyde. Le thriller lorsque Hyde se retrouve en tête à tête avec la famille de Tom. Le cartoon burlesque avec le personnage de Hyde, le fantastique, avec ses transformations et la représentation de Hyde en bête féroce. La romance, avec le couple des Jackman, le slasher ou même le film d’espionnage. La série brasse large pour mieux nous surprendre. Et c’est vrai qu’elle y arrive. On s’imagine un face à face interminable, ça vole en éclat. On pense que la femme de Tom va rester dans l’ombre, raté. L’art du contre-pied est savamment maîtrisé.

Le casting et l’auteur

Gina Bellman (« Coupling »), offre une splendide Mme Jackman. Si elle semble effacée au début, dans un rôle de femme qui ne comprend pas ce qui lui arrive, c’est pour mieux nous bluffer lorsqu’elle a droit à son premier vrai face à face avec Hyde en sachant qu’il s’agit de l’alter égo de son mari. Elle défie la bête et pour la première fois, alors que l’homme semblait invincible, on le voit vaciller face aux questions de la belle. La trompe-t-elle, se protège-t-il, autant de questions très crédibles dans la bouche d’une femme qu’on sent trompée et blessée. Elle prend le dessus sur Hyde, dans des proportions encore non explorées dans la série.

Michelle Ryan ne se sort pas trop mal du rôle au final peu crédible de l’infirmière en psychiatrie Katherine Reimer. Absolument ravissante dans un style de beauté froide hitchcockienne, elle est cependant trop jeune pour le rôle. De plus, l’évolution du personnage semble trop rapide, mais cela est sûrement dû au peu d’exposition auquel elle a le droit dans la série. Mais même si l’ensemble est un peu limite la concernant, certaines des situations dans lesquelles elle se retrouve sont très intéressantes. La jeune femme, pour les curieux, sera à l’affiche du remake de Super Jaimie « Bionic Woman », à la rentrée sur NBC.

James Nesbitt est tout simplement époustouflant. De bout en bout. Aussi subtil et désemparé en tant que Tom Jackman qu’exubérant et menaçant lorsqu’il est Hyde. Il réussit le tour de force de donner l’impression d’être deux hommes diamétralement différents, et ça n’a rien à voir avec la fossette et l’implantation des cheveux. Nesbitt est tour à tour terrifiant, touchant, drôle... un vrai bonheur pour un comédien, partagé par Moffat, l’auteur, qui donne un éclairage presque exclusif à son acteur. Le réalisateur, quand à lui, met tout en oeuvre pour que Nesbitt gagne en charisme et en présence. Et ça marche. Il bouffe l’écran, tout simplement.

Qu’il doit faire bon être auteur en Angleterre. Vous pouvez en effet créer une sitcom relativement traditionnelle, et passer quelques années plus tard à une adaptation de classique de la littérature fantastique. Steven Moffat a créé « Coupling » (« Six Sexy »), série se focalisant sur un groupe de six amis se mettant en couple, se séparant, se remettant ensemble... la série a été un succès énorme et le doit à Moffat, scénariste de la totalité des épisodes. Steven Moffat a donc écrit l’intégralité d’une saison qui fonctionne à merveille. Partant du postulat que tout le monde connaît, y insérant des éléments inédits, tout en touchant un peu à tous les genres au passage. Un vrai plaisir de dramaturge partagé.

Adaptation de qualité

Moffat a eu les moyens de ses ambitions. Les objets de haute technologie qui parsèment les épisodes ne font ni cheap, ni too much, mais réalistes et sobres. L’aller-retour dans le passé pour fouiller les origines de Jekyll, même si elles sont réalisées à l’économie, restent très crédibles. La musique est captivante, jouant à merveille sur l’aspect mystérieux et inquiétant de l’histoire. La réalisation est sobre lorsque nous sommes avec Jackman et un peu plus excessive lorsque Hyde est sur le devant de la scène, mais le tout est fait avec assez de finesse pour qu’on ne soit pas choqué. La place est faite à des effets très minimalistes, préférant jouer sur la lumière, le montage et des effets d’images simples plutôt que de céder au trucage numérique, ce qui donne à l’ensemble une belle cohérence visuelle.

Un projet mal intentionné ?

La rumeur court depuis bien avant la sortie de la série. Steven Moffat serait sur les rangs pour reprendre les rênes de « Dr.Who » après que Russel T. Davies ait signé sa dernière saison. Il n’y a aucun mystère autour de l’amour que porte Moffat au personnage. Et « Jekyll », plus qu’une adaptation de standing, serait un moyen pour Moffat de s’imposer en tant que showrunner sur une série fantastique, et Nesbitt en tant que tête d’affiche dans un rôle plus exubérant qu’à l’accoutumée. Le calcul est simple, et certains l’ont fait avant même les intéressés (qui démentent activement) : Moffat à la tête de « Dr. Who », Nesbitt dans le rôle du Docteur et Ryan dans celle de son side-kick. La projection est alléchante, mais entre les dénégations des uns, et surtout le fait que Michelle Ryan sera dans « Bionic Woman » (si ça dure... pas sûr), elle a déjà du plomb dans l’aile.
Mais c’est vrai que l’attitude de Moffat à la sortie de la première saison semble assez étrange, comme la position de la BBC à son égard. Moffat a mal vécu le fait d’avoir à écrire tout « Coupling », et d’avoir au final – d’après lui- été drainé de toute sa créativité sur la fin. Il ne veut donc pas écrire complètement la deuxième saison, si elle a lieu. La BBC dit y réfléchir, mais vient de sortir un coffret DVD dont la jaquette annonce fièrement « Season One »... qui croire, que penser... we’ll see.

Les épisodes

Episode 1

Tom Jackman partage depuis quelques temps son corps avec un autre, violent, incontrôlable, sans limite. Il vit depuis peu en exil. Afin de mieux contrôler, et comprendre cet alter égo qui a détruit son existence, Tom Jackman fait appel à une infirmière en psychiatrie, Katherine Reimer.
Sa femme, Claire, lui annonce avoir embaûché un détective privé afin de savoir ce qu’il fait depuis qu’il a quitté la maison familiale.
Un premier épisode qui pose toutes les bases de la série, tout en mettant en place sans lourdeur les tenants et les aboutissants. Dans un rythme qui prend le temps d’imposer son ambiance, cet épisode 1 bouleverse l’établi très rapidement, montrant assez vite que non, cette adaptation du mythe de Jekyll et Hyde ne sera pas comme les autres.

Episode 2

Afin de le tenir à l’écart de sa famille, Jackman enchaîne Hyde à une chaise pendant une semaine. Fou de rage, Hyde décide de briser leur accord en ne respectant plus ni les horaires de présence, ni le fait de laisser un message sur le dictaphone. Il commence même à voir en secret une femme.
Tom se rend chez sa femme afin de respecter l’engagement d’emmener ses enfants au zoo. Son meilleur ami et collègue, Peter, soucieux de sa santé, s’y rend avec lui.
« In the jungle, the mighty jungle, the lion’s dead tonight... » Premier grand moment fort de la série. Piégé par l’organisation secrète, le fils de Tom se retrouve enfermé dans la cage aux lions. Leur plan est simple, provoquer l’arrivée d’Hyde pour « négocier » avec lui. Hyde émergeant, il sauve son fils en dévorant un lion. Un moment fondateur du personnage. Adoptant des postures exagérées, Hyde nous apparaît comme un félin, flatté par Benjamin, porte parole de l’organisation, qui lui dit qu’il est le plus fort, le plus beau. Grandiose. A noter aussi la première apparition de celle qui prétend être la mère de Tom, ajoutant au mystère l’entourant, lui qui fût abandonné nourrisson.

Episode 3

Tom gît à quelques mètres de la maison de Peter, remplie de policiers. Aucun souvenir de ce qu’il a pu se passer à l’intérieur. 12 heures plus tôt, Tom se réveille dans une chambre, attaché à un radiateur par le pied, et sur le mur écrit en sang « Quand tu dormiras, je mangerais tes gosses ».
Tom vient confronter Peter chez lui, afin d’en savoir plus sur lui-même. Chez Peter réside une invitée inattendue, Claire.
Un épisode qui fonctionne très bien, malgré le procédé risqué du montage alterné passé présent, qui a ici une vraie utilité. L’épisode vaut surtout pour le face à face entre Claire et Hyde, poignant et puissant, offrant à Gina Bellman et James Nesbitt une grande prestation de comédiens.

Episode 4

Retour dans le passé. Ici on se focalise sur la naissance de la relation entre Tom et Claire, et en parallèle, sur la génèse d’Hyde. De ses premières incursions dans le mental de Tom jusqu’à sa première apparition.
Pendant ce temps, Miranda, la détective privé engagée par Claire qui a beaucoup enquêté sur Tom Jackman – et qui lui a révélé le lien entre ce qui lui arrive et le mythe de Jekyll et Hyde – veut rencontrer Peter afin de percer les secrets qui entourent Tom Jackman.
L’intrusion progressive de Hyde dans le quotidien de Tom est très bien maîtrisé. Mieux que le face à face dans une salle de réunion entre Peter, Miranda et sa compagne, Claire et Katherine. Ces scènes, qui ont pour but de nous révéler certaines choses, ressemblent un peu à du remplissage, étant donné qu’au terme de l’exposé de Miranda - qui est persuadée avoir percé le secret à jour – on apprend qu’elle a tout faux.

Episode 5

Autre flash-back, mais cette fois dans l’Angleterre Victorienne. Voici le docteur Jekyll, l’original. Nous le voyons converser avec l’auteur de romans Robert Louis Stevenson. Jekyll l’aurait contacté afin qu’il couche sur papier son histoire, la sienne et celle de Hyde.
Tom va être extrait de son cercueil de métal. Mais de cette expérience traumatisante, un seul sera propriétaire du corps. Jackman ou Hyde.
L’idée seule d’insérer un personnage réél face à un autre mythologique est un grand pied de spectateur. Mais le summum, c’est de voir les réactions de Hyde maintenant qu’il est seul aux commandes. L’explication donnée à la condition de Jekyll (et par extension à celle de Tom), si elle ne satisfera pas tout le monde, a le mérite d’être logique. Hyde cède psychologiquement, montre de la compassion et quitte enfin son masque d’arrogance jouissive.
Hyde se rend aussi compte qu’il n’est pas grand chose sans Tom et le rappelle. L’enfant a besoin de son père.

Episode 6

Hyde et Jackman sont réunis et veulent récupérer leur famille. Se dresse devant eux l’organisation qui semble pour le coup plus proche d’un contingent militaire.
Les deux enfants de Hyde sont confinés à leur tour dans des caissons, afin de faire plier Claire, qui elle découvre enfin tous les secrets de la manipulation.
The word is... Hyde. Un pré-générique enthousiasmant, ou comment monter la mayonnaise sur un personnage, donner l’impression de se diriger vers un affrontement inéluctable et tout détruire en deux secondes. C’est la marque de fabrique de Moffat, et c’est bigrement efficace.
Les secrets sont révélés, la vision des clones de Jekyll est assez déroutante, ainsi que l’apparition de sa mère, qui travaille en tant qu’infirmière pour l’organisation tout en s’occupant de ces clones.
Pour le reste, les pistes se ferment bien, c’est plutôt dans l’ouverture de nouvelles que le bât blesse. Les enfants de Tom et leur faculté à échanger leur place n’est pas très bien amené, même si la perspective est assez alléchante. Pour ce qui est du final, il est dans la même veine... on a du mal à savoir s’il s’agit d’un ajout pour ouvrir sur une seconde saison ou si c’était une véritable volonté de l’auteur.

Alors arrangez vous pour prendre l’Eurostar quand elle sera rediffusée, jetez vous sur les DVD disponibles, regardez Arte, mais quoi qu’il arrive, ne passez pas à côté de « Jekyll », une révision de classique qui deviendra elle-même un classique.

Post Scriptum

2007
Production : Hartswood Films and Stagescreen Productions(Royaume-Uni)
Diffusion : BBC One (Royaume-Uni)
Créateur : Jeffrey Taylor
Producteur exécutif : Steven Moffat
Avec : James Nesbitt (Tom Jackman/Mr Hyde), Gina Bellman (Claire Jackman), Denis Lawson (Peter Syme), Michelle Ryan (Katherine Reimer), Meera Syal (Miranda Calender), Paterson Joseph (Benjamin)