Il ne fait pas chaud mais il fait beau. Le cliché à la vie dure mais quand on vient dans le Nord-pas-de-Calais, on s’attend à voir la pluie tomber. Et si on a la mémoire courte focalisée sur les grands succès du cinéma, un facteur beurré sur un vélo. Rien de tout cela. Dans une salle à l’esthétique assez remarquable, Mehdi Ouahab tourne sa première fiction, pour la Parisienne d’Images.

Pourquoi Béthune ? "Il y a une tradition du catch dans le Nord de la France (Mehdi Ouahab)". Pourquoi du catch ? "Le catch était une curiosité pour moi, c’est en train de devenir une passion (Mehdi Ouahab)", "On nous a parlé du rôle social du catch dans la région. On a senti à ce moment là qu’il y avait un truc (Gaccio)". Raconter une histoire de catch à Béthune, on peut penser qu’on va aller vers la moquerie, le limite parodique, mais à priori, ça n’est pas le cas "On respecte beaucoup le catch, mais il y a beaucoup de second degré, même dans leur façon à eux d’aborder leur travail (Martin Pautard)".

Catch’up

Comme d’habitude avec la Nouvelle Trilogie, tout part d’une rencontre entre un jeune auteur tout bébé et le duo Parisienne-Fabrique. "Je savais que ce projet allait dans la case de la Nouvelle Trilogie, et pas ailleurs (Mehdi Ouahab)", "Ce qui nous a plu, c’est Mehdi … un type qui arrive de nulle part, qui n’aurait jamais dû y arriver, et on a la chance qu’il arrive chez nous (Gaccio)". Mehdi Ouahab est rennais et vient du documentaire, formation qui l’a servi "Ma façon de travailler se situe entre le fictionnel et le documentaire, les deux étant très proche". "C’est un exercice difficile de faire travailler quelqu’un pour la première fois mais heureusement, Mehdi est très à l’écoute et hyper réactif (Bruno Gaccio)". C’est beau l’amour.

Catch à catch

L’amour, c’est d’ailleurs le sujet principal de Catch, celle entre Mathias (Martin Pautard) et Léa (Judith Davis). Pour Judith Davis, qui vient de rôles plutôt graves au cinéma et pas forcement plus joyeux au théâtre, c’est un vrai changement de cap "Tous les registres m’intéressent (Judith Davis)", une actrice visiblement heureuse de travailler pour la Nouvelle Trilogie "Je les connaissais via « Hard », que j’avais vu et beaucoup aimé. Avec Mehdi on se comprend bien et son absence d’expérience n’est pas du tout un problème. C’est très excitant de faire partir du début de la carrière de quelqu’un." Sans être moins enthousiaste, Martin Pautard nous avoue quand même avoir "fait beaucoup de sports de combats, mais le casting n’était pas axé là-dessus. Le personnage n’est pas un très bon catcheur. Mathias prend cher pendant les 3 épisodes". Si Mehdi Ouahab a appris à connaître et à aimer le catch il y a quelques temps déjà, ni Judith ni Martin n’étaient familiers de cet univers. Deux jours de formation pour les familiariser avec ce sport et zou… en lycra ! Du coup, s’ils réalisent pas mal de figures, ils sont doublés dans les scènes de catch avec des prises difficiles. Il était impossible pour Judith et Martin de tout faire, sous peine de passer plusieurs journées en minerve.

Catch-catch

Aujourd’hui on tourne une scène majeure, la finale, dans la salle de spectacle, avec un vrai public (briefé, quand même). La machinerie est imposante. La Nouvelle Trilogie grandit, mais pas son budget "En terme de production, malgré nous, on a de plus en plus de défis à relever, des décors, des effets spéciaux (Gilles Galud)". Et justement, cette trilogie, elle va évoluer vers quoi ? Bruno Gaccio trouve qu’ils se sont endormis la saison dernière. Gilles Galud corrige en parlant d’assagissement. Derrière la sémantique se cache un réel sentiment d’années "plutôt sans". "Très content de « Sweet Dream », moins des deux autres pour différentes raisons (Bruno Gaccio)". Mais d’où ça vient, d’eux, des réals ? "On a choisis des réalisateurs sages, enfin, pas pour « Kali ». « La fille au fond du verre à saké » c’est très propre et très bien fait, mais ça pourrait passer sur France 2. C’est trop sage pour nous. C’est un passage normal, l’assagissement, on aurait pas dû le connaître, mais oui... (Bruno Gaccio)", "Ca sera différent l’an prochain, pour la NT6 (Gilles Galud)". Alors donc, la NT5, ça sera aussi trop sage ? "« Catch », c’est exactement le même système que « Hard », une comédie classique dans un milieu dont on ne connaît pas les coulisses (Bruno Gaccio)". Du classique dépaysant, donc.

Catch-quart

Et l’avenir du programme, c’est quoi ? "Moi j’aimerais bien une diffusion plus morcelée de la Nouvelle Trilogie, diffuser quand les films sont prêts et couvrir l’année (Bruno Gaccio)". Travailler avec des débutants chaque année, ça semble parfois difficile, alors, envie de faire autre chose ? "On a la vocation de sortir des nouveaux talents, d’être décalés (Gilles Galud)". Cette année, la Nouvelle Trilogie, ça sera deux nouveautés et une saison 2 (« Hard »), pour des raisons de budget, et une autre suite se profile "On part en écriture sur « Sweet Dream 2 », avec les mêmes personnages quelques années plus tard (Gilles Galud)".

Catch’ic, catch’ic, catch’ic

L’an dernier, une polémique était née, Canal aurait payé des bloggeurs pour parler de « Kali » en bien. Bruno Gaccio se défend "Tous les buzz sur internet sont payés, et les blogueurs doivent dire, par honnêteté que c’est le cas, et deux ne l’ont pas fait. D’où la polémique. Et donc maintenant, la Nouvelle Trilogie arrête de participer à ce genre de buzz…". Noté. Le buzz, il vont essayer de le créer par le biais d’un teaser où vous pourrez voir Bruno Gaccio et Gilles Galud se faire massacrer par des catcheurs, pour le bien de la promo.

Les catch’en coups

L’heure du faux gala approche, la tension monte à mesure que Mehdi Ouahab tourne de petits plans de coupe. Mais pas de chance, il est déjà l’heure de rentrer. Nous ne seront pas dans le public, nous ne hurleront pas à chaque clé au bras andalouse, toupie polonaise, coup de genou suédois ou plaquage argentin. C’est moche, mais c’est comme ça. (ne prenez pas la peine de vérifier l’existence de ces figures, mais si vous voulez, vous pouvez nous poster les vôtres, le meilleur gagnera notre respect le plus profond).