La Nouvelle Trilogie • DOSSIER NOUVELLE TRILOGIE
Une autre façon de faire de la fiction ?
Par Dominique Montay • 15 janvier 2009
La programmation-OVNI de Canal+.

2005. Naissance d’un programme étrange et loin d’être accessible au tout venant. Déjà par son nom : "La Nouvelle Trilogie"... Trilogie, on comprend vite (quand même)... nouvelle ? Alors non, il ne s’agissait pas d’une suite logique à la "Trilogie du Samedi" de M6, ni d’une parodie, tout au plus un clin d’oeil. Pour ce terme il faut chercher plus loin. Nouvelle parce que ses auteurs sont nouveaux dans le PAF, nouvelle parce qu’elle se veut différente. Et en plus, en 2005, ses séries étaient diffusées en 6x13’. Vous avez dit casse-gueule ?

3x6x13. 234 minutes de fiction où vous ne verrez "Ni flic, ni avocat, ni personne de petite taille ange gardien - Bruno Gaccio". Où comment dans les prémices de l’affaire, montrer son arrière-train découvert à la chaîne bleu-blanc-rouge. Pas forcemment un gage de qualité, mais une volonté de ne pas épouser les convenances fictionnelles françaises. 2005, donc, Gilles Galud est producteur et l’heureux papa de "La Parisienne d’Images", qui possède déjà un créneau sur Canal grâce aux "Films fait à la maison", cette émission qui parfois vous donne l’impression d’être devant "L’oeil du cyclone", d’autres de passer un peu votre temps à regarder des étrangetés conceptuelles. Bruno Gaccio est alors le chef de file des "Guignols", mais aussi Directeur de La Fabrique, unité de fiction spéciale à CANAL +. Galud, en tant que producteur, et Gaccio, en tant que commanditaire, se mettent en tête de promouvoir les jeunes talents, avec la volonté de leur offrir une belle vitrine. La première saison de "La Nouvelle Trilogie" débarque. 3 séries de 6 épisodes de 13 minutes.

Les premières élues sont « Enterrement de vie de Jeune Fille », « Turbulences » et « Les Multiples ». Une comédie, un thriller, de l’animation. Cette programmation ressemble, à l’époque, à une profession de foi. On s’attend donc à retrouver le même type de programme tous les ans, mais non. De son statut de laboratoire d’auteur, "La Nouvelle Trilogie" va en subir les remous et soubresauts, changeant de cap et de formule tous les ans, pour s’adapter, pour survivre, aussi. La seconde saison intronise « Pierre 41 », « Madame Hollywood » et « Les Interminables ». De la SF, du thriller et de la comédie inclassable. C’est avec cette saison, et surtout « Pierre 41 » que La Nouvelle Trilogie prend ses galons de programme qui compte. Lorsqu’on demande aux deux G de donner le nom d’une série qu’ils regrettent aujourd’hui, seule une série anonymement présentée comme étant quelque chose "que personne n’avait envie de voir" est admise comme un demi-échec. De là à penser qu’il s’agit des « Interminables », qui met en scène un casting exclusivement rempli de vieux qui parlent de sexe et qui agissent tous de façon exhubérante, il n’y a qu’un pas.

La troisième saison marque une révolution dans le programme. Exit le bancal 6x13, bienvenue au fédérateur et accrocheur 3x26. Bienvenue la comédie, et la comédie seulement (agrémentée de thriller, de SF ou autre, mais on veut rire). A cause de Fabrice de la Patelière, qui, à la tête des fictions originales de Canal+ n’en produit pas. Histoire de ne pas gaver ses téléspectateurs de drame, on fait contre-poids (et on utilise aussi l’expérience de Gaccio dans le domaine, ça aide). « En attendant demain », « Doom-doom » et « Hard ». Le trio gagnant. Pourquoi gagnant ? Parce que, enthousiasmé par le projet, Gallud-Gaccio donnent 6 épisodes à « Hard » avant que Canal n’en annonce une saison 2. Parce que aussi bien « Hard » que « Doom-Doom » intéressent les américains (rien que ça).

La nouvelle saison se profile, avec « Sweet Dreams », « La Fille au Fond du Verre à Saké » et « Kali »

Ce qui est le plus amusant dans cette entreprise, c’est le statut de "la Nouvelle Trilogie" par rapport à ses auteurs. Comme eux, elle débute. Comme eux, elle tâtonne. Mais comme eux, elle veut faire la télé de dans dix ans. Le concept en lui-même, lorsque La Parisienne et Gaccio auront 3-4 « Hard » sous la manche chaque année, aura peut-être du plomb dans l’aile. Mais pour l’instant elle reste une belle vitrine de nouveaux talents qui ne demandent qu’à exploser et à faire la télévision de demain.

En vidéo et en exclusivité, regardez l’interview de Bruno Gaccio et Gilles Galud réalisée par le Village dans la tente-cantine sur le tournage de leur nouvelle série « Sweet Dreams », sur laquelle nous reviendrons dans quelques semaines. Et en exclusivité dans cette interview, vous aurez la joie immense d’entendre un groupe électrogène qui fonctionne au gaz et des bruits de vaisselle. Bande de veinards.

Retrouvez aussi les critiques de 4 séries réalisées par la Parisienne d’Images : « Hard », « Turbulences », « Pierre 41 » et prochainement « Doom-Doom ».

Post Scriptum

Merci à Bruno Gaccio, Gilles Gallud, Alexia Veyry de Canal+ et évidemment, au groupe électrogène au gaz.