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En Direct de chez Conundrum

Ca se dit ’finalé’, pas ’finali’ !

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samedi 20 mai 2006, par Conundrum

Cela fait maintenant 3 ans et demi que cette chronique existe. Il est grand temps qu’elle s’arrête. Et oui, je confirme, le titre est une private joke.

Instaurer le bon goût, ca prend du temps et ca demande des efforts. Et en plus, on fait ca depuis longtemps. Ca a commencé avec Whedon. C’était facile, c’était presque toujours bien. Et puis, il y a Alias, et 24. Là encore, c’était la belle époque. Rambadli, c’était de l’or en barre pour nous, et on adorait les cliffhangers. C’était aussi, l’époque des phrases catchy. Parce que ‘Jack Bauer, il est trop fort, il fait même pas pipi’ c’etait long à écrire, on a inventé le ’The Kief’ is Cool’. On était plein d’enthousiasme, plein de bonne volonté, et on avait plein de choses à dire. Puis est arrivé Smallville. Et là, on a eu un problème. Avec toute notre bonne volonté, on a suivi une saison. On en a même perdu en route, ca a été rude, mais il fallait se rendre à l’évidence. Smallville, c’etait pas bien en fait. C’était même naze. Très beaucoup naze. Du coup, réunion de crise au sein d’EDUSA. Il fallait tirer des leçons de l’expérience ‘Smallville’. Donner des avis objectifs et intelligents sur les séries, oui, c’est bien, c’est sûr. Mais encore faut-il avoir de la matière. Du coup, nous avons réalisé trois vérités qui allaient changer notre façon de voir les choses.

La première, c’est que dire du mal, c’est beaucoup plus facile et beaucoup satisfaisant que dire du bien. Effectivement, il y avait de bonnes séries à l’antenne, comme The West Wing par exemple. Mais, Shut Up Lana !, c’est nettement plus sympa que faire le parallèle entre la crise du Khumar fictif que doit affronter l’équipe de Jed Bartlett et la situation géopolitique du monde contemporain. OK, il est doué le Sorkin, mais la Lana, elle est bien conne ! Et nous, on a décidé de se focaliser sur les Lanas de la télé US (qui allait, la saison suivante, allait trouver un nouveau porte parole en la personne d’une blonde et de son cougar).

La seconde règle que nous avons établi était que si on ne connaissait pas une série ou bien qu’on ne la regardait pas, elle était automatiquement mauvaise jusqu’à preuve du contraire. Cela a posé un problème d’éthique à certains. Du coup, cette règle a été amenée à évoluer. Maintenant, si le pilote ne nous plaît pas, la série dans son intégralité sera mauvaise jusqu’à preuve du contraire. Certes un mauvais pilote, c’est 45 minutes de perdues, mais ca apporte tellement. Le pilote de Grey’s Anatomy nous a donné des minutes à vie contre la série. Même pas besoin de regarder la série pour la critiquer. Même cas de figure pour Commander In Chief. On était d’ailleurs très triste de l’annulation, car maintenant, on ne pourra plus en dire du mal. Car, quand on était atteint du syndrome de la page blanche, dire du mal de CSI ou de Grey’s Anatomy, c’etait bien utile. Mieux encore, la minute où une série ne nous plait plus, une terrible politique de décrédibilisation de la dite série commençait. Gilmore Girls perd de son tonus, un memo interne est envoyé : ‘Alexis Bledel is evil’. Du coup, des insidieuses attaques telles que ‘Alexis Bledel ne sait pas jouer, elle ne sait pas quoi faire de son corps’, ‘Alexis Bledel est une mauvaise actrice, elle a une ossature trop visible’, ‘Alexis Bledel ne convainc pas, elle a une frange’ devait apparaître à chaque review du site, peu importe la série.

La troisième règle était que si Smallville était considérée comme une bonne série outre atlantique, il fallait qu’on se penche sérieusement sur les programmes non scriptés. Apres quelques semaines de recherches, certains sont revenus avec des Project Greenlight, des Whose Line Is It Anyway ? et des Daily Show. Impressionés, il fallait qu’on en parle. Puis un jour, quelqu’un est revenu avec Survivor. On l’appellera pour les besoins de cette chronique, GiGi. Notre première réaction a bien sur été ‘Bah, c’est Mââââââl, c’est de la real tv’, vite allons vite regarder du Chris Carter pour nous purifier. Et puis là, on a découvert ce qu’était vraiment MilleniuM, Harsh Realm et les saisons 3 à 9 d’X-Files. Chiantes. Très chiantes. Nos vérités préétablies chamboulées, nous n’avions plus le choix que de tenter de regarder Survivor. Nous avons essayé de ne pas aimer, mais le pouvoir de Steph, la grosse conne, Rupert le pirate, Rob le salaud, l’autre Rob, l’autre salaud, et Lydia la quiche, était beaucoup plus fort et convaincant que Frank Black et sa fin du monde, que Mulder et son complot, et que Scully et son manteau. Bref, nous avons vu la lumière. On avait déjà dit que Joss Whedon était notre Chris Carter, alors quitte à se faire détester, autant le faire en beauté et de faire de Survivor notre MillenniuM.

Quelques fois, entre méchancetés infondées, blagues débiles, private jokes incompréhensibles pour 99% des lecteurs, et apologie de la real tv, on essayait de mettre l’accent sur des programmes peu connus du grand public. Ainsi, à chaque fois que ce fut possible, on chantait les louanges d’Ed, ou Boomtown ou encore d’une hilarante sitcom à l’audience quasi négative comme Happy Family ou Andy Richter. Nous avons même essayé de démontrer pourquoi The West Wing était devenu un must de la télé US après un sérieux passage à vide ou que David E. Kelley était en très grande forme avec Boston Legal. Quand la plupart des sitcoms ont arrêtés de nous faire rire, on a essayé de mettre l’accent sur des programmes alternatifs comme Mad TV ou le Daily Show ou plus récemment The Showbiz Show. En gros, le seul objectif sérieux que nous nous sommes imposé était de montrer que la télé US est nettement plus riche que les séries populaires dont tout le web francais sur les séries US ne laissait croire. Le câble, c’est les Sopranos et Six Feet Under, mais c’était aussi Stella et The Comeback. L’arrêt de Friends était certes un événement important mais une série aussi réussie que Frasier était plus difficile à remplacer. The WB, c’était Smallville, mais c’était aussi Everwood. Pour chaque 24, il y avait un Boomtown. On a beau critiquer la real tv, mais on ne peut passer à coté d’émissions telles que The Project Greenlight.

Coté acteur, on ne passait pas à coté des évidences, mais quitte à parler d’Alias, pourquoi ne pas souligner le talent de Patricia Wettig ? pourquoi s’arrêter aux teens de The OC alors que les parents sont nettement plus captivants ? Ah, mais quelques fois, fallait aussi de le rappeler que la Lana, elle est bien conne aussi. Et on ne se gênait pas pour le faire. Quand on était à l’heure pour écrire nos chroniques, reviews, et papiers.

Car, lecteur, être des gros cons élitistes à l’humour débile, ca prend du temps. C’était alors, qu’en pleine retraite chez l’un des nôtres, lors d’une soirée où nous avons fait ce que nous savions faire de mieux, dire du mal, nous avons eu une révélation. De la méchanceté, on en a. Du temps, il nous en manque. Donc si au lieu d’écrire nos méchancetés, on les enregistrait ? De cette épiphanie est née pErDUSA, notre podcast.

Et là, tout le monde pouvait dire du mal de tout. Ou du bien. Comme ce mois ci. Une partie de la rédaction s’est retrouvée pour se remémorer 7 ans de The West Wing et évidemment dire de mal de plein d’autre choses :

PErDUSA, le podcast no5 avec Joma et Feyrtys
(click droit, enregistrer sous)

D’En Direct de Chez Conundrum à pErDUSA, le site a évolué, et s’est enrichi. Le 22 mai, marquera une nouvelle étape dans la vie d’EDUSA. La plus importante jusque là. Mais l’arrêt de la chronique, et la surprise du 22 mai, ne signifie pas que nous allons arrêter d’instaurer le bon goût et d’être méchant. On sera toujours méchants et hautains, mais on le sera de façon différente.


En Direct de Chez Conundrum, c’est fini. Rendez vous cet été, pour quelque chose de complétement identique avec un autre nom.
Oh, j’oubliais, CSI, ca sent vraiment pas bon des pieds !