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Jeremiah

1x01 & 02 - The Long Road I & II

Espérer pour réussir

mercredi 19 juin 2002, par Sullivan

Il y a 15 ans, un Virus qui reste un mystère aujourd’hui, en 2021, a décimé en 6 mois 6 milliards d’êtres Humains - tous ceux qui avaient dépassé la puberté. Après avoir vécu sur les ruines de l’ancien monde, le moment est venu pour les survivants soit de commencer à reconstruire, soit de disparaitre à leur tour...

Jeremiah est l’un de ces survivants. Il vit en solitaire et en nomade, ne s’arrêtant que pour coucher sur papier des lettres adressées à son père qu’il brûle pour les lui "envoyer". Alors que Jeremiah pêche dans un fleuve perdu au milieu de la forêt (un décors magnifique qui doit tout au lieu de tournage : Vancouver), il se remémore les derniers moments du monde de son père, le début du sien. L’occasion de courtes séquences en flash-backs particulièrement réussies. On y apperçoit d’ailleurs Robert Wisden et Teryl Rothery (Stargate SG1) dans le rôle de ses parents.
Comme tous les habitants de ce monde, Jeremiah porte un fardeau : il a été orphelin. Mais lui en porte un supplémentaire. Son père lui avait demandé de veiller sur son plus jeune frère... Il a failli, et cet autre fantôme le hante.
Alors qu’il se baigne dans la rivière, un homme, Kurdy, dérobe les poissons que Jeremiah avait pêché. Le soir venu, Jeremiah le retrouve dans la forêt. Après avoir ligoté Kurdy, il finit par lui expliquer que s’il avait faim, il n’avait qu’à demander. Puis, à la grande surprise de Kurdy, Jeremiah le détache et l’invite à partager son repas.

Si on ne s’attend à rien de la part de Luke Perry, on ne peut qu’être qu’agréablement surpris par sa performance dans le rôle. Il lui apporte beaucoup de son caractère désabusé, du mélange d’utopie et de profond désespoir qui cohabitent en lui. Jeremiah est un homme épris de justice, un idéaliste viscéral qui en a un peu trop vu pour adhérer totalement à son idéal. Malcolm Jamal-Warner se montre lui aussi convaincant dans sa manière de balancer Jeremiah grace à son personnage, qui a plus résolument les pieds sur terre et choisit de vivre sa vie au jour le jour, au risque de sombrer dans l’égoïsme le plus total.

Car il faut ajouter que le diner décrit plus haut n’empêche pas Kurdy de repartir seul au petit matin, en emportant ce qui reste du poisson...
Le lendemain, Jeremiah arrive seul dans une citée — un bidonville, évidemment. Un incident survient. Deux hommes tentent de voler quelque chose, sortent des armes. Des coups de feu éclatent. Les voleurs sont touchés. Leur butin roule de leur main : deux piles. La situation a été rétablie pas Theo et ses hommes. Theo est celle qui dirige les choses dans le coin, sans partage. Et lorsqu’un des voleurs se relève, Jeremiah lui sauve la vie. Quelques secondes plus tard, il attire également l’attention de Theo en l’invitant à faire preuve d’un peu plus de justice. Il n’attire d’ailleurs pas que l’attention de Theo, mais aussi celle d’un certain Simon. Et il sera bientôt contacté par les uns et les autres. Entre temps, sa route aura croisé et re-croisé celle de Kurdy, à qui il finira par montrer une fois de trop qu’on peut être juste et se soucier de son prochain, au point de le corrompre ; et il fera ami-ami avec Theo. Mais ses rapports avec elle se compliqueront singulièrement lorsque celle-ci découvrira que Jeremiah a été contacté par les autres, ceux qu’elle recherche depuis longtemps. Les détenteurs de ressources qui ont quasi disparu de la surface de la Terre.
Jeremiah et Kurdy se retrouvent bientôt sur les traces de Thunder Mountain...

A ce stade, le décors de l’ambiance de la série sont déjà établis. Une alternance d’endroits ou le monde est en quelque sorte revenu à l’état naturel, et d’autres qui sont des points de replis où s’étend la misère des hommes. Ces décors rappellent souvent ceux d’Harsh Realm (de Chris Carter, qui était également filmée à Vancouver).
La réalisation est très efficace (on la doit à Russell Mulcahy de "Highlander" — le premier film) et sait donner un souffle épique à un script très solide de Straczynski. Son script de pilote de plus solide à ce jour, d’ailleurs (les comparaisons étant "Babylon 5", "Crusade" et "Legend of the Rangers"). Sa description tout en nuance de ce monde désespérant dont la seule chance est pourtant qu’on continue justement d’espérer en un futur meilleur sonne juste et touche. Straczynski a très bien construit son script, exposant ce monde sans allourdir le récit ou devenir trop démonstratif (comme dans les pilotes de Babylon 5 ou Crusade) et en trouvant le bon équilibre au niveau de la construction de l’arc qui sous-tendra la série : il montre qu’il est là sans se noyer dans des détails ou des dévellopements trop compliqués pour un début.
Les point forts de cette heure et demie sont la relation qui nait entre Jeremiah et Kurdy ; le personnage de Theo, qui fait des choses objectivement abominables (elle tue quelqu’un) mais qu’on ne peut pourtant pas totalement détester, parce qu’on la comprend ; ou encore la lueur qui s’anime chez Markus quand, au contact de Jeremiah, il comprend qu’il peut effectivement changer les choses à l’aide de ses ressources. (La comparaison des rapports avec le pouvoir de Theo et Markus est d’ailleurs très interessante.)

A la fin du pilote, nous aussi avons envie de croire en ce futur meilleur que Jeremiah et Kurdy se proposent d’aider à construire. Et on se promet d’être là la semaine prochaine pour les voir poser la première pierre...