Accueil > Reviews > Saison 2002/2003 > 24 - Saison 2 > 2x16 - 11pm to 12am
24
2x16 - 11pm to 12am
It’s starting
mercredi 2 avril 2003, par
Après une quinzième heure magistrale, il fallait bien s’attendre à un épisode de transition ; ce qui ne veut surement pas dire qu’il soit décevant. Certainement pas. Simplement, il opère une réorientation de l’intrigue, a priori bien plus centrée sur Jack qu’on aurait pu s’y attendre.
Entrons dans le vif du sujet en résumant les grandes story-lines de cette heure passée :
Président Palmer prépare activement la contre-offensive en organisant une réunion de crise avec son état-major. La décision est presque prise d’attaquer les pays impliqués (ou supposés...) au petit matin, malgré l’appel d’un des hauts dirigeants d’un des pays incriminés à qui Palmer ment volontairement au cours d’un entretien téléphonique. Seul un appel du Kief’ fait douter POTUS, qui se demande si du coup une réplique immédiate est finalement la meilleure solution...
car The Kief’ se fait récupérer par un hélico et rentre à la CTU où il se passe bien des choses. Syed Ali affirme que l’enregistrement retrouvé sur le disque dur de son ordi et impliquant les trois pays du Moyen-Orient est un faux (malgré les analyses des experts) et qu’il était à Berlin à l’époque de la prétendue conversation (et non à Chypre). Michelle semble convaincue par ces déclarations, au contraire de Tony et Carrie. Jack se laisse convaincre par Ali et Michelle, d’autant plus que Syed Ali est assassiné juste après et qu’il reçoit un appel du 7ème membre du commando (le Colonel Samuels lui-même ?) qui va le faire chanter : la preuve qu’Ali n’était pas à Chypre contre l’innocente (?) Kate Warner ! Jack est à nouveau seul contre tous, il est obligé de neutraliser Tony pour emmener Kate.
chez Kim, ça ne s’arrange pas. Persuadée qu’elle vient de perdre son père, elle se rend dans une superette pour se rafraichir et se retrouve embarquée dans le début de panique qui s’est emparée de la population depuis que les médias relayent la rumeur de l’explosion d’une bombe aux abords de LA. La voici dans une prise d’otage...
Soyons francs, on ne s’attendait certainement pas à de telles orientations après l’explosion de la bombe (mais c’est un des leitmotivs des scénaristes après tout : nous surprendre, toujours. Non ?). Comme je le disais dans ma review précédente, une intrigue plus centrée sur des problèmes d’ordre géopolitique m’apparaissait comme particulièrement excitante (ce n’est pas tous les jours qu’on peut observer un président intelligent en temps de crise, même dans The West Wing c’est moins réussi). Cela aurait placé Palmer plus en avant, à égalité avec Jack.
Or, là, on assiste au contraire à un recentrage de l’intrigue sur Jack tandis que Palmer devient moins décisif qu’on ne l’espérait. En fait, on a l’impression d’assister à un mini-remake de la saison 1 : Jack, isolé, doit se débrouiller seul pour empêcher un évènement tragique d’arriver (ici une guerre quand c’était un assassinat lors du Day 1).
Jack se réaffirme donc comme LE personnage principal de 24 alors même que les scénaristes (et Dennis Haysbert) nous avait laissé croire tout au long de cette saison que David Palmer était (ou allait devenir) aussi important que Jack. On ne va pas dire qu’il y a tromperie sur la marchandise, mais ça bouscule fortement les repères que nous nous étions construits tout au long de cette journée ! The Kief’ était jusqu’à présent totalement soutenu par sa direction et c’était aussi cela qui faisait que la saison 2 nous avait surpris : elle avait pris le contrepied du premier jour dans les rapports de force. Le fait se retrouver dans la même configuration deux jours de suite nourrit donc quelques craintes, pas forcément légitimes mais bien réelles... Aux scénaristes de nous surprendre une fois de plus donc !
Ainsi, le Président Palmer est moins présent dans cet épisode. Peut être pas chronométriquement parlant, mais plutôt dans les scènes fortes qu’il a à jouer. En fait, on en retiendra une : seul dans son bureau après un coup de fil de Jack, son chef de cabinet entre et lui demande ce qu’il lui arrive. Palmer répond qu’il s’interroge sur la réponse qu’ils vont apporter à l’évènement. On retombe dans la politique-fiction de la quinzième heure où le Président pèse le pour et le contre, mesure les conséquences de ses actes. Le charisme d’Haysbert fait le reste. La scène offre un formidable miroir (déformant) de la réalité et cela en quelques regards, quelques gestes parfaitement maitrisés. Du grand art. Ce qui est dommage, c’est que l’orientation donnée à l’histoire semble justement devoir abandonner ce genre de scènes (mais rien n’est moins sûr ! on est dans 24...) au profit d’une utilisation plus terre à terre de l’escouade présidentielle ("mais que fait-on de Jack Bauer ?", "on ne peut se fier à Ali", etc...).
Chose étonnante, l’intrigue de Kim Bauer donne le "la" de l’épisode : on ne sait pas trop sur quel pied danser. Comme d’habitude, la fille du Kief’ est aussi ridicule que son père est machiavélique (faut arrêter de déconner : "je peux aller aux WC ? J’en ai pour deux minutes..." et demi-heure plus tard elle y est encore !!!). Mais paradoxalement, le personnage semble enfin servir à quelque chose dans l’intrigue principale (qui l’aurait cru ?!). Kim va offrir aux téléspectateurs le point de vue de la rue sur les évènements, elle va être nos yeux au milieu de la panique qui s’installe. Cette utilisation justifie enfin que nous nous y intéressions pour autre chose que son opulente poitrine, et c’est tant mieux. Maintenant il convient de ne pas trop s’enthousiasmer : Kim reste Kim et le mieux est encore d’attendre de voir comment le personnage sera exploité (car il ne faut pas oublier qu’elle est encore impliquée dans une prise d’otage).
Les sentiments après le visionnage de cet épisode sont donc mitigés : on est bousculé entre l’envie de savoir comment toute cette histoire va se régler et la crainte d’être déçu après les heures magistrales que nous avons vécues. Car il serait dommage que l’on se retrouve avec un dernier tiers de saison remakant le premier jour alors que jusque là les scénaristes l’avaient surpassé en bien des points. Car on ne voudrait pas que la formidable profondeur gagnée par 24 durant cette seconde saison, avec une galerie de personnages extraordinaires, se réduise pour rester sur la valeur sûre qu’est The Kief’. Nous aimons 24 parce que justement la série prend des risques, à elle de ne pas nous décevoir aujourd’hui... Nous resterons donc optimistes et on se remémorera les mots de Kim : "It’s starting". Tout ne fait que commencer...