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24
2x21 - 4am to 5am
The trial of strength
samedi 3 mai 2003, par
Après l’intermède Out of Their Mind où je me suis fait plaisir sur Smallville tandis que Ju vous régalait avec The Kief’, il est temps de revenir aux choses sérieuses et de reviewer sérieusement cette fin de saison qui s’annonce hautement spectaculaire ! D’ailleurs, depuis cet épisode, 24 est présenté aux USA sous le titre "24 : The Final Truth". Avec une annonce pareille, on ne peut qu’être impatient !
D’autant plus que la série nous surprend encore une fois avec cette heure géniale, mais qui casse totalement le rythme habituel des épisodes.
Résumons brièvement ce qu’il se passe durant l’épisode :
Jack maitrise rapidement les assassins de Yussef et récupère la puce. Hélas, cette dernière est endommagée et la CTU ne peut y trouver le fichier audio recherché. La preuve manque toujours. Michelle retrouve néanmoins la trace du hacker, Alex Hewitt, à l’origine de la puce et Jack va le chercher. Au domicile d’Alex, Sherry débarque tandis que Jack se cache...
à la CTU, la tension est forte entre Tony, qui protège Jack et tente de l’aider, et Chappelle, qui veut que tout le monde travaille aux préparatifs de guerre et qui semble faire partie du complot. Tony et Michelle ne vont plus pouvoir aider Jack,
les masques tombent dans l’entourage présidentiel : la réunion pour destituer le Président Palmer a lieu et après avoir fait témoigner les victimes des premières heures de la journée (le journaliste, le patron de la NSA), le conseil vote la destitution de Palmer d’une courte voix. Le vice-président prète serment, il est le nouveau président des Etats-Unis et les avions volent vers les trois pays du Moyen-Orient,
on retrouve Kim au téléphone avec son père, le temps d’apprendre qu’elle va récupérer des affaires chez les Matheson accompagnée de la police.
Les scénaristes réalisent un tour de force dans cet épisode. Centré sur la personne de David Palmer, ils sacrifient au rituel du procès d’un personnage principal que l’on retrouve dans la plupart des séries américaines à un moment ou à un autre de l’intrigue (X-Files, Ally McBeal, The Practice... même Seinfeld !), sans pour autant casser le rythme de l’épisode. Or, cet imposé scénaristique consiste bien souvent en un pénible exposé (quand ce n’est pas un clip-show) de ce qu’il s’est passé dans les épisodes précédents qui est tout sauf excitant. Là, au contraire, le résumé des heures précédentes passe particulièrement bien du fait d’une maîtrise formelle de tous les instants : les acteurs sont convaincants (mention spéciale à Dennis Haysbert et Jude Ciccolella), la réalisation parfaite (les multiples écrans pour la communication à distance soutiennent fortement le réalisateur), les dialogues convaincants (on ne se perd pas en de longues explications), bref un petit bijou de procès.
Le rythme est, de plus, soutenu par les quelques scènes de Jack Bauer qui n’arrête pas de chercher LA preuve pour empêcher la guerre. Son intrigue n’est pas particulièrement développée dans l’épisode, surtout si l’on oublie le moment shipper où il est sur le point d’embrasser Kate Warner (depuis le temps qu’on l’attendait !) mais la dernière image de l’épisode avec le retour tant attendu de Sherry promet une future story-line palpitante (deux personnages aussi machiavéliques qui se rencontrent, ça fait forcément des étincelles !). A noter que durant tout l’épisode, on attendait l’apparition de Sherry au procès de son ex-mari ; la surprise de la voir à côté de Jack est au final encore plus grande !
Je l’ai déjà dit, le complot s’inscrit totalement dans l’histoire collective des américains : un président vertueux qui fait ce qu’il pense être bien et un entourage comploteur qui agit pour des intérets flous. Les créateurs de 24, Joel Surnow et Robert Cochran, n’en sont d’ailleurs pas à leur premier récit autour d’un complot, chacun se souvient de The Nowhere Man et de La femme Nikita, deux histoires se basant sur des conspirations. Pour la première fois, ils se permettent néanmoins de donner des indices sur l’identité des responsables de la conspiration. Jack fait ainsi directement référence aux intérets pétroliers de quelques riches américains en Mer Caspienne et au Moyen-Orient (tiens, la guerre de Tchétchénie et la seconde Guerre du Golfe !). S’attaquer à l’industrie pétrolière de la sorte, voilà qui est gonflé.
L’intrigue présidentielle de 24 Day 2 est particulièrement proche de celle développée par James Ellroy dans American Tabloïd, au sujet de l’assassinat de JFK. J’y avais déjà fait référence mais cet épisode y fait des clins d’oeil directs ; on se souviendra ainsi du vice-président Prescott prétant serment, filmé pratiquement comme Johnson (le vice-président de Kennedy) dans l’avion le ramenant de Dallas. Plus direct encore : les arguments développés par Palmer et ses opposants sont similaires à ceux qu’on retrouvait à l’époque de JFK à propos du Viet-Nam. D’un côté un président qui ne veut plus prendre de risques inconsidérés, même si cela peut coûter la vie à des américains, et de l’autre des faucons n’acceptant pas que l’Amérique n’utilise pas sa puissance de feu contre ses "ennemis". (petite remarque : si l’on devait comparer le Président Palmer a un président américain ayant existé, on choisirait inévitablement JFK. L’un comme l’autre inspire l’espoir d’un monde meilleur et plus juste : Kennedy s’est fait élire par les noirs et Palmer est noir, Kennedy a eu la crise des missiles, Palmer la bombe atomique, etc.. Palmer est une réinterprétation du président américain modèle, donc une réécriture de Kennedy)
Le Coup d’Etat de l’intérieur du système est une des phobies américaines et les créateurs de 24 s’en font l’écho en donnant leur propre lecture d’évènements ayant profondément traumatisés l’Amérique. Dans les prochains mois, les analyses et les articles sur ce deuxième jour feront surement référence au 11 septembre et à l’histoire immédiate. Il est évident que le pitch de Day 2 a été inspiré par le 11 septembre (les Musulmans attaquent l’Amérique) mais si l’on veut vraiment comprendre ce que nous disent les scènaristes, il convient d’aller fouiller beaucoup plus profondément, de remuer les zones d’ombre de ce pays, de chercher du côté des évènements ayant fait murir la société américaine dans son ensemble. 24, c’est une sorte de recherche de l’innocence perdue de l’Amérique.