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Angel
4x18 - Shiny Happy People
Are you still evilish ? ’Cause I’m confused...
dimanche 13 avril 2003, par
La décevante S4 d’Angel pourra-t-elle se rattraper dans ses derniers épisodes ? Au visionnage de l’excellent Shiny Happy People de cette semaine, on pourrait penser que oui !
Pourtant, il ne s’y passe pas grand chose : la femme à qui Cordelia a donné naissance dans le précédent épisode, et qui se fera plus tard appeler Jasmine, semble envoûter toutes les personnes avec qui elle rentre en contact et toute notre bande tombe bientôt sous son charme, et s’en va exterminer le mal pour elle. Mais lorsque Fred aperçoit accidentellement son vrai visage, un amas de chair putréfiée de d’asticots bien moins engageant que le charmant sourire de Gina Torres, elle comprend qu’ils sont tous en train de se faire manipuler par quelque chose de puissant et de monstrueux. Et c’est malheureusement seule qu’elle devra lutter contre cette chose, tous ses amis étant trop endoctrinés pour la croire et Cordelia ayant été mise dans le coma par la violence de l’accouchement. Après avoir maladroitement tenté d’assassiner Jasmine pour mettre fin à ce cauchemar Fred se retrouve traquée par le reste du groupe bien décidé à l’éliminer si elle continue « à céder à la haine et à la peur qu’il y a en elle ». Et, alors qu’on pensait que le situation ne pouvait plus empirer, voilà que Jasmine apparaît au journal du matin à la télé, faisant tomber tout Los Angeles sous son charme…
L’épisode se divisait nettement en deux parties : pendant les 30 premières minutes, tout le monde est sous l’emprise et Jasmine et il ne se passe pas grand chose, puis, Fred devient ce que je vais appeler une « éveillée » et l’intrigue commence vraiment à avancer, même si là encore ça ne bouge finalement pas temps que ça. En lisant ça, vous pourriez croire que je me suis ennuyé, mais c’est tout le contraire et c’est justement ça que j’ai trouvé génial avec cet épisode.
Je pense déjà que l’ambiance y était pour beaucoup. Rien qu’au niveau des tons et des couleurs, par exemple : ils étaient résolument différents de ceux qu’on voit habituellement de la série, au niveau des décors comme des costumes, et avec une nette dominance du pourpre et du violet (sans parler de l’inoubliable chemise rayée jaune citron que porte Angel) et les scènes de jours étaient beaucoup plus nombreuses que d’habitude. Le résultat était très esthétique, presque reposant, et aussi très dépaysant pour les habitués du show. Tout ce travail de la photo s’accordait très bien avec le scénario utopique de la première partie, et avec la nouvelle dynamique des personnages : Angel et Connor ont enfin une relation normale, Wesley et Gunn semblent se réconcilier lorsque Jasmine leur fait remarquer que leur amour commun pour Fred devrait les rapprocher, et non pas les éloigner l’un de l’autre et, surtout, ils sont tous aussi heureux et resplendissant que l’annonce le titre.
Il y a aussi pas mal de petits détails qui font la différence. Déjà, une explication que j’ai trouvée absolument géniale sur la naissance de Connor, car très cohérente. Tellement cohérente en fait qu’on pourrait croire qu’elle avait été planifiée depuis le début si on ne savait pas que Tim Minear avait failli tuer Darla dans l’épisode Epiphany de la S2 et que c’est Whedon qui lui avait au dernier moment demandé de la garder. Vous vous rappelez de The Trial, l’épisode de cette même S2 où Angel subit une série d’épreuves imposées par les Power That Be pour acheter une deuxième chance à Darla, qui meurt de la syphilis ? Dans ce cas vous vous souvenez aussi qu’il avait réussi, mais que sa récompense n’avait pas pu être accordée à Darla car celle-ci vivait déjà sa seconde chance en étant revenue humaine du royaume des morts. Eh bien figurez vous que les Power That Be n’ont pas été si radins qu’on le croyait sur ce coup, puisqu’ils se sont finalement acquitté de leur dette envers les deux amants… en leur permettant de concevoir Connor ! C’est tiré du passé de la série, ça se tient, et c’est tellement simple qu’on se demande pourquoi on y a pas pensé avant : bien joué ! D’autres détails m’ont beaucoup plu : le vampire qui joue au bowling avec une tête humaine (La WB ne peut définitivement plus présenter Angel comme une série familiale), Fred qui est aussi paumée que nous quand il s’agit de savoir si Connor est gentil ou méchant, Lorne qui, après avoir été pris en otage par Fred avec un couteau, rappelle aux autres que la décapitation n’a pas vraiment d’effet sur lui…
Et puis, l’épisode avait quand même un gros avantage sur les précédents : pas une ligne pour Cordy (puisqu’elle est dans le coma) et aucune scène entre elle et Connor. Si seulement c’était arrivé plus tôt dans la saison !
Il y avait aussi de très bons passage d’humour, comme la scène où Fred éclate en sanglot parce qu’elle n’a pas réussi à réparer le T-Shirt de Jasmine et a dû lui en racheter un nouveau : excellent jeu d’Amy Acker.
Mais l’intérêt principal de cet épisode, c’est quand même Jasmine. Déjà, elle ne ressemble pas aux méchants habituels de la série puisqu’elle est adorable avec tout le monde et prétend vouloir faire le bien. Bien sûr, on sait très bien qu’après tout les événements dramatiques qui ont convergé pour lui donner naissance, elle ne peut être que complètement démoniaque, mais on se prend souvent à oublier ce léger détail et à la voir de la même manière que les personnages, comme une sorte de guide spirituel pur et généreux, d’autant plus que les scénaristes ne se sont pas sentis obligés de lui faire lancer à la fin de chaque scène un regard diabolique en direction de l’écran avec une brusque accélération de la musique visant à nous faire revenir après la pub. Et puis il faut dire que Gina Torres a un charisme fou dans ce rôle, et elle rayonne tellement qu’on a aucun mal à croire que tout le monde se laisse si facilement envoûter par son charme. Jasmine a d’ailleurs dans tout cet épisode des airs de gourou : elle est charismatique, dit aux gens ce qu’ils veulent entendre et leur affirme qu’ils sont importants et spéciaux, se prétend investie d’une mission supérieure pour aider l’humanité (Mais elle, elle n’a pas été conçue par des extraterrestres… ;-) ), met intelligemment à l’écart ceux qui la remettent en cause en affirmant qu’ils sont guidés par la haine et la peur… D’ailleurs, tout Los Angeles prend des allures de secte vers la fin de l’épisode ! Pour finir, son vrai visage est très réussi : ils auraient difficilement pu faire plus répugnant ! En tout cas, je suis pour l’instant très satisfait de ce Big Bad, beaucoup plus intéressant que la Bête ou CordyVil. Et comme il paraît que les bons méchants font les bons héros…
…Venons en à Fred ! J’adore son personnage, et j’ai donc été très agréablement surpris lorsqu’elle a découvert la vérité… et a été promue malgré elle héroïne des prochains épisodes ! Sur ce coup là, je trouve que les scénaristes n’ont pas cédés à la facilité, qui aurait été de mettre plutôt Angel ou Wesley dans le rôle de l’éveillé : tant mieux ! Même si elle a du cran, Fred est loin d’être une super héroïne à la Buffy, et sa vulnérabilité apporte beaucoup de suspense et d’incertitude à l’épisode. On se doute bien sûr qu’elle va s’en sortir, mais personnellement, j’ai du mal à imaginer comment ! Bref, mettre Fred en avant était vraiment selon moi l’autre bonne idée de cet épisode (la première étant Gina Torres) et j’espère qu’elle sera correctement exploitée dans les suivants. La scène finale est à ce sujet là aussi clichée que réussie, avec Fred qui sort seule d’un café alors que les passants s’agenouillent devant les télévisions où parle Jasmine et que la caméra s’élève sur les rues de Los Angeles lobotomisées. Pas apocalyptique, juste sans espoir. Et très chouette aussi, sauf si comme moi on a pas vu le temps passer et qu’on réalise en voyant le nom de Joss Whedon sur l’écran que c’est déjà fini !
Bref, voilà un épisode que j’ai vraiment adoré. Il est pourtant très simple, sans doute beaucoup moins élaboré que tous les précédents puisqu’il se concentre sur une seule intrigue, mais il est suffisamment bien mené pour qu’on rentre complètement dedans, et si son manque d’action et d’implications l’empêche de s’élever parmi les meilleurs épisodes de la série, je n’ai pas pu pour autant lui trouver de véritables défauts. Et croyez moi, d’habitude, je n’ai pas besoin de les chercher, surtout cette année ! En tous cas, si l’arc final de la saison suit cette direction, je risque de l’apprécier beaucoup plus que prévu !