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24DLVDS

Episode 18

Dégouté, aujourd’hui je suis

mardi 27 juillet 2004, par Joma

Ici, à EDUSA, on n’y croyait pas quand les rumeurs ont commencé à circuler durant l’été 2003 sur la Kimérisation des scripts de 24. Ju notre rédac-chef préféré décida de couper court aux ragots en choisissant un volontaire au hasard pour espionner les scénaristes de 24. Voici le résultat plus que surprenant, rempli de révélations extraordinaires et de spoilers ahurissants et horribles qui risquent de dégoà »ter ceux qui n’ont toujours pas vu la saison 3.

Cafétéria de la Fox. Int jour

Silence.
La salle est vide, à l’exception d’une table dans un coin sombre où un homme sirote un café, tête baissée.
Les grincements de la charnière de la porte à double battant tirent l’homme (Howard Gordon scénariste pour la série 24) de sa torpeur. Il jette un coup d’œil à la silhouette qu’il aperçoit dans le contre jour, son visage se ferme (gros plan) il reconnaît son ancien patron, Chris Carter.
Sans un mot Carter se dirige vers le comptoir désert et ce sert un verre de café dans un des gobelets blancs en plastique avec le symbole de la Fox imprimé en bleu (gros plan sur celui-ci), puis ce dirige vers Gordon.
Arrivé à côté de la table il porte le gobelet à ses lèvres et boit une rapide gorgée. La mousse laisse une petite moustache dorée vite engloutie par un coup de langue. Gordon n’ose pas le regarder, Carter pose alors le gobelet puis s’assoit. Aucun mot n’a encore été échangé mais Howard Gordon sait que les prochains instants ne seront pas à son avantage et il tente de se composer un visage confiant, pourtant on peut lire au fond de ses yeux une certaine anxiété.

Chris : Comment en êtes-vous arrivés là ?

Gordon ne pousse qu’un long soupire de dépit.

Howard : J’en sais rien Chris ! On avait pourtant une super base avec la saison passée.
Chris : Putain Howard, tu te rends compte que c’est devenu n’importe quoi !

Le regard de Gordon se fait fuyant.

Howard : J’irais pas jusque là.

Carter prend son verre dans sa main droite le fait tourner pour avoir le logo de la Fox devant les yeux.

Chris : Vous avez eu des pressions… Tu sais que ça arrive.
Howard : Non, non rien de bien grave. Rien d’ingérable en tout cas.

Carter repose alors le gobelet (sans avoir bu)

Chris : Alors comment t’as pu merder autant cet épisode Howard ?
Howard : Qu’est-ce…
Chris (le coupant) :Putain je veux dire, ok la situation de départ était pas évidente avec le coup de Chappel, et c’était casse gueule, mais t’as choisi le pire traitement pour ton histoire.
Howard : Je vois pas ce…
Chris : Pourquoi avoir choisi la solution de mettre Chappel dans la confidence sur sa mort ?
Howard : J’avais besoin d’intensité dramatique, ça devait être son épisode, son chant du signe comme pour Mason l’an dernier.
Chris : Et t’as vu le résulta : Blah blah blah blah gros pif suspense blah blah blah blah faux moment de suspense avec le mec qui baise à couille rabattu blah blah blah blah faux moment dramatique pour faux suicide blah blah blah blah BANG ! Jusqu’au coup de feu final l’épisode ne décolle pas, sauf lorsque Gros Pif recherche Saunders, là je le concède c’était très bon, sinon ce n’est que du bavardage qui n’atteint jamais l’intensité des scènes statiques du procès de Palmer de l’an dernier.

Carter secoue la tête.

Chris : Chappel n’est que l’ombre de lui-même. Il aurait été 10 fois mieux que Jack ne lui dise rien et qu’il se rende compte au fur et à mesure qu’il se passait quelque chose à la CTU et que justement il était au centre de tout ça.

Gordon détourne les yeux et souffle :

Howard : Mais au moins le Kief est de nouveau cool !
Chris : Pourquoi ? Parce qu’il bute Chappel ? Tu parles c’est la marque même de ce qu’il ne va pas cette année, comme les enjeux en eux même ne sont pas assez prenant vous êtes obligés de compenser en décimant les gentils, mais comme vous avez pas assez de couilles vous flinguer les persos secondaires pour faire monter la pression.

Il porte le gobelet à ses lèvres et cette fois boit une grande gorgée de café. Il grimace en le reposant.

Chris : Toujours aussi dégueulasse à forte dose.

Howard voudrait bien dire quelque chose mais on voit bien qu’il est un peu perdu.

Chris : La vache tu te rends compte si vous aviez choisi Michelle plutôt que Gael ou Tony plutôt que Chappel et si vous faisiez de Wayne autre chose que le mauvais conseilleur de Palmer, comme la charge dramatique serait décuplée, comme on craindrait vraiment pour le pays face à cette menace, ou pour la vie de Jack et consort ?
Howard : Michelle est contaminée quand même.
Chris : Aucun symptôme ! Comment tu veux avoir du Drama avec elle, c’est pas le simulacre de pub SFR "je t’aime moi non plus" avec Tony qui va changer grand chose. Tout ça c’est trop facile. Comme la fille qui tire un coup et s’aperçoit que le mec a quitté l’hôtel… Rajout d’un nouveau, faux, suspense parce que vous vous êtes aperçu que celui de l’hôtel ne marchait pas et qu’il fallait frapper plus fort. C’est comme le mec buté par Michelle, ça mort n’apporte rien sauf montrer que Michelle est couillue mais les épisodes suivants ont démontré qu’elle aurait pu le laisser filer vu que le baiseur d’élite est, lui, sorti sans que ça pose de problème !

Gordon bois par petite touche tout en écoutant Carter balancer ses arguments.

Howard : Attend ! On a quand même le président en difficulté, ça fait réfléchir !
Chris : Bof ! Mon problème est que je ne vois pas Palmer en difficulté. Le gouvernement est pris à la gorge mais il n’y a aucune panique, aucun moment de doute, si ce n’est le personnage de Wayne qui ergote à longueur de temps sur ce qu’il faut faire pour le bien de...

Carter singe alors Database : il faut faire blah blah blah blah et aussi blah blah blah !!! Puis Palmer fait ces gros yeux de vierge effarouchés, refuse les arguments de son frère et fini, encore, par les accepter au final. Génial !
Howard : Y a au moins quelque chose que tu as aimé ?
Chris : La scène d’action de Gros Pif, mais je l’ai déjà dit. Sinon c’est bien les gars vous avez comprit qu’il fallait pas trop montrer Kim après le coup catastrophique et inutile du bébé.

Carter se lève et reprend son café.

Chris : T’étais quand même un des meilleurs scénaristes sur X-Files Howard, pas génial comme Darin, James, ou Glen, mais quand même meilleur que… ça !

Gordon dégluti puis baisse la tête.
Carter sans rien ajouter se détourne et marche tranquillement vers la sortie. Dans un geste précis il balance le gobelet de café dans la poubelle et, sans un regard vers son ancien scénariste, repousse les deux battants de la porte.