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4.19 - Nth Degree

Des fleurs pour ReginHALd Barclay

Le Nième degré

mercredi 8 octobre 2003, par Le Trekker Greg

Une sonde alien dote Reginald Barclay d’une intelligence surhumaine. L’officier interface son intellect avec l’ordinateur de l’Enterprise...L’épisode où Cyrano de Bergerac n’a jamais été aussi mal interprété et où l’on cause physique avec Albert Einstein !

Mission de l ?Enterprise : Réparer l ?Argus Array, un télescope qui a cessé d ?envoyer ses données depuis plus de deux mois.
Aléas de mission : L ?équipage découvre une sonde alien près du télescope. Geordi et Barclay prennent une navette pour enquêter. La sonde émet un flash qui assomme le timide officier. A son réveil Barclay se trouve doté d’une intelligence surhumaine.

L ?épisode s ?ouvre sur un grand classique de la littérature française : une représentation de Cyrano de Bergerac. Dans le rôle titre : Reginald Barclay. Sa performance : les applaudissements de l ?audience étonnent au plus haut point Data, ça veut tout dire je crois. En tout cas c ?est très amusant !
Et oui ce pauvre Barclay est un piètre acteur mais, attention mise en abîme ;) , la performance de Dwight Schultz, l ?acteur qui interprète Barclay qui joue Cyrano, est grandiose. (j ?espère que vous suivez). C ?est un véritable plaisir que de retrouver l ?officier timide dont on a fait connaissance dans la saison précédente.
Déjà à l ?époque l ?interprétation de ce personnage pas sûr de soi, fantasmant dans le holodeck, était fort sympathique. Mais dans « The Nth Degree », elle est sublimée. Après sa rencontre avec la sonde, voir le personnage progressivement gagner de l ?assurance, explorer les possibilités de son intellect amélioré, fusionner avec l ?ordinateur de bord pour finalement redevenir ce « bon vieux Barclay » ça suffit pour être captivé par cet épisode.
Et dire que Dwight Schultz est plus connu en France pour son rôle de Looping dans l ?Agence Tous Risques. C ?est une honte, je vous dis !

Cet épisode ne se contente pas de s ?appuyer sur une grande performance d ?acteur. C ?est aussi un remarquable histoire de science-fiction servi par une réalisation saisissante. Retour à l ?histoire.

La sonde a décidé de se désintéresser du télescope pour suivre l ?Enterprise tout en émettant un niveau d ?énergie qui met en danger le vaisseau. Jean Luc Picard ordonne de la semer mais rien n ?y fait même à distorsion. Au passage c ?est l ?occasion de constater que l ?Enterprise possède une marche arrière ;) .
Et c ?est à partir de là que notre cher Barclay se met à étonner son monde. Il fait preuve d ?initiative (pas du tout le genre du personnage) et trouve le moyen de se débarrasser de la sonde. Geordi est ébahi.
La ?transformation ? de Reg est mise en scène de façon progressive. D ?abord il fait preuve d ?une remarquable assurance en salle de briefing concernant les réparations de l ?Argus, il « technobabbelise » Riker (dans une parodie de technoblabla trekkien), lors d ?une répétition de la pièce de Cyrano de Bergerac, son interprétation époustoufle Beverly et Deanna. Il drague cette dernière au Ten Forward et discute d ?égal à égal avec Einstein dans le holodeck devant un Geordi médusé.

Toute cette partie de l ?épisode qui fait penser à une version plus légère du roman « Des Fleurs pour Algernon », un chef d ??uvre de la science-fiction qui marque le lecteur émotionnellement. Tout cela se déroule sur le ton de la comédie. Barclay est avant tout un personnage au ressort comique et ce talent est très bien exploité dans cette première partie.

Dès lors on est agréablement surpris par le ton plus sérieux, plus implacable de la seconde moitié d ?épisode quand l ?intellect de Barclay fusionne avec les système informatiques de l ?Enterprise afin de prévenir une explosion en chaîne du télescope.
La scène où l ?on découvre cette fusion est carrément anthologique. Très bonne idée que de jouer avec l ?incrédulité des officiers sur la passerelle quand c ?est Barclay qui répond à un ordre donné à l ?ordinateur de bord. Puis tout devient clair dans la scène suivante, visuellement impressionnante, d ?un Barclay trônant dans le holodeck, le crane bombardé de rayons bleus, s ?exprimant lèvres figés par l ?intermédiaires des hauts parleurs du vaisseau. Fondu ?

Ne plus être retenu par les limitation du cerveau humain permet à Barclay d ?atteindre un niveau de conscience insoupçonné. A ce stade la dualité du personnage, son envie de démontrer son utilité au sein de l ?équipage et sa mégalomanie naissance induite par sa connaissance quasi-infini, l ?entraîne à passer outre les ordres du Capitaine et à prendre le contrôle de l ?Enterprise.
J ?en arrive dans à ma seconde référence SF du titre de ma critique. On ne peut que penser à l ?ordinateur de bord HAL qui contrôle le Discovery dans « 2001 L ?Odyssée de l ?Espace » Les dialogues entre Barclay et Georgy en sont une résonnance évidente

Grâce à sa nouvelle compréhension de l ?Univers, Barclay envoie le vaisseau quasiment au centre de l ?univers. Le voyage du vaisseau est visuellement encore très impressionnant. On voit le vaisseau se dilater, sur la passerelle les officiers expérimente une autre dilatation, celle du temps, puis le vaisseau émerge d ?un coup d ?un seul dans un paysage stellaire de toute beauté.

Et voici le point faible de l ?épisode : son final. Trop rapide, ce final minimise la portée de la découverte. On apprend que la sonde est l ??uvre d ?une race très avancée (genre les Premiers dans Babylon 5) qui comme les officiers de Starfleet, explore l ?univers. La différence c ?est que leur technologie impressionnante leur permet de le faire sans bouger de chez eux. Ils amène l ?univers à eux. Ici ils ont utilisé Barclay pour amener l ?Enterprise à eux.
L ?idée est fascinante, « le sense of wonder » éclate à notre visage mais l ?on regrette que cela se passe en deux minutes, le séjour d ?une semaine parmi ce peuple résumé en une ligne dans le journal de bord du Capitaine.


On tient là une remarquable histoire classique de SF. Du genre que l ?on ne voit plus aujourd ?hui à la télévision. Résolument trop science-fictif pour être appréciée par le téléspectateur moyen. L ?histoire est servie par un remarquable Dwight Schultz et quelques scènes clef visuellement très réussies.
Seule la fin trop rapide et très frustrante empêche à cette histoire d ?être portée au rang de chef-d ??uvre télévisé.