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Agence Acapulco

Episode : Une école très spéciale

Acapulco H.E.A.T.

vendredi 3 octobre 2003, par LordOfNoyze

Phase Deux

Eh oui, le titre est en référence au meilleur épisode d’ "Alias" à ce jour, et vous ne le saviez peut-être pas mais quelques années auparavant, en 1993, une série avait réussi l’exploit de transcender scénaristiquement et artistiquement ce petit bijou d’espionnage. Vous la connaissez forcément, cette série est l’un des fleurons de Série Club depuis maintenant quelques années...non il ne s’agit pas de "Farscape" ni de "Oz", mais de "Agence Acapulco". Le générique est déjà représentatif de toutes les qualités de la série, et montre en particulier toutes les ressources de travail mises à disposition de cette agence tropicale : on peut ainsi amener son ordinateur au bord de la piscine, faire foncer la voiture des méchants dans l’étalage du vendeur de "tacos" , et sortir de son hôtel pour regarder si personne ne nous regarde (ah oui, c’est une agence secrète, pas l’ANPE évidemment...) en petit bikini. Donc du charme, de l’action, du suspense, autant d’adjectifs très significatifs qui font déjà une série palpitante et de qualité, sur fond de générique "dance" ultra-tendance et aussi éternel que du Lalo Schifrin ("I FEEL THE HEAT !!").

Je n’ai pas besoin de me prendre la tête sur la présentation des personnages, chacun possède évidemment une personnalité hors du commun : on a Kate, la poupée gonflable rusée, que je renommerai pour les besoins de cette review exceptionnelle Barbie espionne ; Barbie enquêtrice, qui aura un empêchement et devra rester au QG de l’agence pour les besoins de la manucure, et éventuellement pour déchiffrer un mystérieux code envoyé par radio par les Méchants anciens du KGB. Il y a aussi Barbie assistante, qui ne sert pas à grand-chose comme son nom l’indique, et Mike le Chef qui ne manque pas de bons conseils ("Tu es en mission secrète, il ne faut SURTOUT pas te faire repérer ! Si tu es prise, tu es morte ! Il faut réussir à te fondre dans le moule !") ni de répartie (alors que l’on fait des recherches, il fait des compliments sur le sex-appeal de Barbie enquêtrice, c’est le mode "Tuséquetuésexykan"), accompagnés par un mollusque bodybuildé qui va juste servir à l’infiltration, et au quota humour de la série (vous savez, le personnage secondaire dont toutes les pitreries sont à mourir de rire, comme Marshall quoi...), que je nommerai Broots 2.0 . Tout ce petit monde est supervisé par Monsieur Smith, un homme mystérieux, l’équivalent de Kendall (sans doute pas d’Arvin Sloane, parce que tu comprends, que les gens de l’agence travaillent pour l’ennemi qu’ils croyaient combattre, ça gâcherait toute la série, coco..), qui confie chacune de leurs missions dans le but de défendre la veuve, l’orphelin, les Etats-Unis, le commerce international, les tortues des Galapagos et ta soeur.

La mission du jour est très particulière, et évidemment très risquée puisque il s’agit de s’infiltrer dans les coulisses d’une école mystérieuse qui servirait à former des agents pour monter un réseau belliqueux. Le chef est un russe ancien du KGB, dont la filiation familiale avec le Capitaine Nemo et Demis Roussos ne fait pas de doute. Lors d’un répérage d’espionnage palpitant, Mike et son acolyte peuvent profiter pleinement d’une place de choix derrière le grillage, puisqu’il n’est pas nécéssaire de se cacher derrière les buissons. Et là vient la première révélation : en observant une femme en tailleur donner des numéros en profitant d’une vue imparable sur la terrasse au bord de la piscine où les jeunes recrues font leur gymnastique...euh...leur exercice militaire du matin, on en déduit que "c’est peut-être une des têtes". Donc sachez-le, si vous êtes secrétaire et que vous dictez les numéros gagnants du Loto, attention, vous pouvez être sur la liste de l’Agence Acapulco. Barbie espionne a donc affaire à ce vil personnage nommé Natasha, qui est aussi la femme du capitaine Nemo. Bien sûr, celle-ci reste volontairement floue sur les débouchés de ses enseignements, et Barbie espionne va donc aller revêtir l’uniforme de l’école...qui, dans un souci de réalisme reste en toutes circonstances une robe bleue qui flotte au vent, presque une nuisette. Alors que Barbie enquêtrice est restée au QG, et bloque sur la signification des chiffres interceptés ("On a tout essayé, les dates de naisance, les numéros de carte de crédit..."Mais ils n’ont pas pensé aux numéros de Loto.), Mike et Broots 2.0 vont tenter de faire réussir la première mission de terrain de Kate, puisqu’il s’agit d’empoisonner un type (Broots avec des postiches) et prendre la fuite.

On l’a compris jusque-là la série est un digne successeur de "Mission:Impossible" et "Drôles de Dames", avec en plus une finesse métaphysique hors du commun. La supercherie fonctionne donc, mais Barbie espionne a, en plus d’assurer sa crédibilité ("Qu’est-ce que ça veut dire, "annihiler" ?" "Suivez le programme, Kate"), le devoir de retrouver la trace d’une Diana MacMachin portée disparue dans les environs de cette école. Et, oh surprise, alors qu’elle espionnait le capitaine Nemo et ses Nemo’s Angels (qui sont passés du bleu au rouge, avec leur promotion, mais toujours en tenue légère parce que c’est fédérateur, Coco...), elle se fait surprendre par la Diana, qui était bien vivante mais avait changé de NOM !! OH MY GOD !!!

L’agence Acapulco s’est donc fait berner en beauté et doit donc aller sauver Barbie espionne des griffes de Capitaine Nemo (NB : ceux qui n’ont pas suivi peuvent refaire l’intrigue de l’épisode avec les jouets de son petit frère ou sa petite soeur...). Après une course-poursuite entre Mike, ses Village People...euh...renforts, et Nemo et Natasha, une ultime confrontation pleine de suspense est organisée, alors que Barbie espionne a blasté la méchante Diana et que Natsha s’est faite attraper. En effet, Capitaine Nemo est intercepté mais tente la négociation de la dernière chance. Bien sûr, comme Mike n’est pas con, et qu’il a bien appris ses leçons à l’école de Police, il refuse : c’est alors que Nemo tente de sortir son flingue, mettant la vie de Mike en grand danger. Mais l’arthrose de son vieil âge le fait tarder, et un coup de feu salvateur va tuer Nemo sans giclée de sang ni rien.

Signe d’une liberté créative à toute épreuve dûe sans doute à ses coproducteurs (M6), la série a fait appel à une assurance garantissant une bonne fin. Tout est bien qui finit bien, donc, et l’agence, dans un inimitable sursaut d’humour, va pouvoir savourer au grand complet son succès au cours d’un gâteau en forme de pierre tombale. La pierre tombale est au nom de Kate, puisqu’elle aurait pu changer de nom, ce qui aurait été l’horreur.

On l’aura compris, des dialogues n’ayant rien à envier aux meilleurs James Bond, des personnages gentils, des méchants au service des forces du Mal, avec un grand souci de réalité géopolitique, voilà toute la force et la richesse d’"Agence Acapulco". Mangez chez Joe.