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MillenniuM

Saison 3

MillenniuM

lundi 6 décembre 2004, par BuBu

On a coutume de dire que la dernière saison de MillenniuM est la moins bonne des trois. Il ne s’agit pas là d’un consensus mais bien d’une réalité. Cependant, la baisse notable de qualité n’est pas due, comme souvent dans les séries, à une baisse de régime ou à un manque d’imagination des scénaristes. Ici, c’est un ensemble de facteurs internes, sur lesquels je ne m’étendrais pas (choix de la production, querelles intestines, manque de suivi... ), qui sont à l’origine du naufrage, n’ayons pas peur des mots.

Mais il convient néanmoins de relativiser les choses. D’une part, toute la saison n’est pas mauvaise ; ce jugement s’inscrit dans une vision globale de la série. De ce fait, des épisodes jugés médiocres dans MillenniuM trouveraient aisément leur place dans d’autres séries, parfois même sur le dessus du panier.

Nous allons donc essayer de plonger dans le chaos et de décortiquer cette saison qui est tout de même la dernière d’une série qui a marqué le petit écran.


Nota : il est très fortement conseillé, avant de lire cette chronique, d’avoir vu l’ensemble des 67 épisodes, et ce, afin d’éviter toute révélation inopportune.



I. La Descente aux Enfers




Après le final de la 2e saison, l’attente de la part des téléspectateurs est énorme. Car la puissance dramatique de ce qui s’était déroulé sous leurs yeux ébahis était encore gravée dans les mémoires. Qu’allait-on pouvoir nous raconter, puisque c’est ni plus ni moins que sur un prélude à la fin du monde que nous avions laissé Frank et Jordan ?
Certes, ils reste encore beaucoup de questions sans réponses et les possibilités de développement encore nombreuses.

Pourtant, c’est une tout autre voie que vont choisir les scénaristes, poussés par un production qui souhaite avant tout faire enfin grimper l’audience de la série, quitte à lui faire perdre son âme.


1. L’Effondrement

- Les Innocents (3.01) de Michael Duggan
- Exégèse (3.02) de Chip Johannessen

Les mots manquent ici pour décrire ce qui se passe. Les fans sont littéralement cloués dans leurs sièges. « Mais qu’est-il arrivé à ma série ? » auraient-ils pu tous s’exclamer en cœur. Car en cet automne 1998 (31 juillet 2001 en France), la série est métamorphosé. Il s’est produit ce que même le plus fou des scénaristes n’aurait pu imaginer : il a quasiment été fait table rase des deux précédentes saisons !
La série ne s’en remettra pas.

Tout d’abord, ce diptyque minimise l’apocalypse entrevu dans le final de la Saison 2 : seulement 70 morts. Pourtant, ne nous a-t-il pas laissé entendre que l’épidémie était mondiale, qu’il s’agissait carrément d’un pandémie ? Ici, tout est nié. C’est comme s’il ne s’était rien passé. Cependant, ce revirement a, semble-t-il, un intérêt : c’est un argument en faveur de ceux qui soupçonnent Frank de ne plus avoir toutes ses facultés de jugement. Mais l’intérêt passe finalement presque inaperçu pour le spectateur, car il n’est quasiment pas exploité : on aurait pu croire à une gigantesque opération de désinformation par exemple. L’étendue des dégâts étant cachés à al population. Même si le parti pris n’était pas forcement le meilleur, il était possible d’en tirer quelque chose. Malheureusement, il faut se rendre à l’évidence : il n’y a rien à cacher car dans cette Saison 3, l’Apocalypse n’a pas eu lieu...

Ensuite vient la vision du Groupe MillenniuM. La dichotomie de sa vision quand à l’avenir de l’Humanité, élément qui contribuait à sa profondeur, a disparu. Elle était marquée par l’opposition Coqs/Chouettes (religieux/scientifiques pour simplifier), deux factions rivales dans leur conception de l’univers, mais unies dans un même but. Après ce début de saison, le Groupe est une simple entité néfaste, qui complote dans l’ombre.
Complot. Les mot est lâché. La production de la série a donc décidé de transformer MillenniuM en clone de The X-Files, l’autre série de Carter. Le Groupe complote donc ; mais à quoi ? Cela nous l’est dit clairement, dans un échange entre Mildred Carson et Frank Black dans Exégèse : MillenniuM veut contrôler les Hommes. Charmant programme, très éloigné de ce qui avait été proposé jusqu’à présent. Mais surtout, but très simpliste qui ne colle pas avec l’esprit de la série. Sans compter que lors de ce fameux échange, tout nous est expliqué ; encore une chose dont le spectateur n’avait pas l’habitude. Lui qui devait réfléchir pour comprendre le sens caché des épisodes, voilà qu’on lui sert dorénavant une intrigue pré-mâchée et prête à être ingurgitée sans problème.

Voilà. Tout est dit. On sait donc enfin ce que fabrique le Groupe en cachette. D’où une question qu’a dû se poser chaque spectateur quand son calvaire fut terminé : « si l’on sait tout dès maintenant, que vont-ils avoir d’intéressant à nous raconter cette année ? ».
La réponse, on la connaît...


2. La Série sombre

Non, il ne s’agit pas là d’un mauvais jeu de mots. Il s’agit de la période noire de MillenniuM, celle où elle va s’enfoncer dans la médiocrité. Les fans voient leur série devenir tout simplement indigente.
J’ai choisi de diviser cette partie en sous-catégories.


a. Waterloo, morne plaine...

- Ceux qui survivront (3.03) de Chris Carter et Frank Spotnitz
- Trauma (3.04) de Laurence Andries
- Treize Ans plus tard (3.05) de Michael R. Perry
- Ossements (3.06) de Johannessen et Ken Horton

Après le carnage qui vient de se dérouler, on ne voit pas comment la série peut se relever. Ces épisodes sont mornes, sans grand intérêt. Par rapport aux précédentes saison, il y a ici une seule histoire assez banale avec une seule solution et aucun sous-entendu (ou alors tellement mal posé qu’on ne le comprend pas). Les interrogations qui résultent ne sont pas « Qu’est-ce que je dois comprendre ? » mais plutôt « Qu’est-ce qu’ils cherchent à nous dire ? ». Il y a incompréhension entre les scénaristes et les spectateurs.

De toute manière, les épisodes sont creux. Pourtant, tout est fait pour nous appâter.

Le prologue du 3.03 nous montre une bible, mais il s’agit juste d’un artifice puisque l’histoire traite du bug de l’An 2000. Déjà, une histoire technologique comme celle-ci fait tâche (surtout qu’on sait aujourd’hui ce n’était qu’une gigantesque farce dirigée par les compagnies informatiques) ; mais la solution de l’histoire nous est fournis après à peine 10 minutes. Solution qui tombe comme un soufflet car inintéressante.

Le 3.04 nous présente réellement Emma Hollis, déjà vue dans les trois précédents, et doit lui construire une psychologie. Car Emma semble plus avoir été placée là pour former un duo cloné à partir Mulder & Scully que pour développer une réelle intrigue à son sujet. La production a voulu faire un clone de l’illustre sœur aînée et a poussé l’idée jusqu’au bout, sans penser que les spectateurs étaient venus là pour trouver autre chose, puisque s’ils voulaient voir du X-Files, ils n’avaient qu’à regarder The X-Files. Cela donne donc un personnage qui ne sert à rien, qui erre à l’écran et dont les paroles sont vides de sens, quand elles n’agacent pas tout simplement. De ce point de vue là aussi, c’ets raté. Et ce n’est pas cette histoire qui va contribuer à changer la mauvaise opinion que les spectateurs ont de ce personnage qui n’est en définitive qu’une enveloppe vide.

Le 3.05 est une farce. Alors certains pourront trouver ce genre d’histoire marrante. Pourquoi pas. Mais qu’est-ce que ça fout dans MillenniuM ?!

Le 3.06 est le plus intrigant. Sombre, rappelant par certains coté la saison 1 par le thème et la photographie, un personnage secondaire intéressant... On retient notamment l’exploration de la maison du tueur, où la mise en scène, la photographie et le décor sont vraiment au diapason pour nous plonger dans un lieu très glauque. Ça semble fonctionner, mais lorsque les crédits de fin arrivent, on se rend compte que l’histoire ne mène nulle part. Cela semble même confus, et la seule chose que finalement on retient, est que le méchant Groupe MillenniuM savait et cachait tout, tirant les fils en coulisses. C’était noir ; c’est devenu presque niais. Un question s’éveille tout de même après avoir vu toute la saison : existe-t-il un rapport entre Lucas Barr et le tueur de cet épisode, à savoir qu’ils auraient été créés par le Groupe ? question qui reste en suspens et que cette intrigue bancale ne viendra pas éclairer.

Les scénaristes se cherchent visiblement. Ils ont voulu changer la direction de la série mais sans l’avoir préparée à l’avance. Car des histoires aussi peu abouties se donnent pas l’impression qu’une équipe a travaillé dessus, cherchant à les intégrer dans une saison dont les bases auraient été clairement définies au départ.
Si c’est le cas, ce n’en est que plus dramatique, car ne pas se rendre compte de ce que l’on est en train de faire est de l’incompétence pure et simple, frisant la faute professionnelle.


b. Les Exceptions

- Recommencement (3.07) de Patrick Harbinson
- Sursis (3.10) de Chip Johannessen

C’est deux épisodes se démarques en ce début de saison. Il n’y a certes pas de quoi casser trois pattes à un canard, mais les histoires se tiennent, et c’est déjà beaucoup au stade où nous en sommes.
Franck se retrouve dans une situation à laquelle il n’a pour ainsi dire jamais été confronté : il est dans l’erreur, il a accusé un innocent. C’est là l’un des deux points intéressants de cet épisode. L’autre est plus symbolique puisque ledit innocent lui demande de lui pardonner des crimes qu’il n’a pas commis. Il lui offre la paix après l’avoir condamné.
Sursis, lui, revient sur un élément passé presque inaperçu de la série : au tout début, Jordan passe tout près de la mort. Et ici, la mort vient la chercher. Le lien avec ce passé est intéressant et montre que la série ne peut s’en détacher complètement : quelque chose a été construit, il faut s’en servir pour avancer.
Mais il ne faut pas s’y tromper : le niveau reste tout de même assez bas par rapport aux précédentes saisons. Surtout que ces deux-là font référence à la Saison 1 qui était profondément pessimiste, alors qu’ici la fin ouvre sur un avenir presque radieux.

A noter que Patrick Harbinson avait déjà travaillé sur Un Monde brisé (1.20). Avant cela, on le trouve sur Urgences, et aussi sur Law&Order : Special Victims Unit, ou Dark Angel (pour les plus connues). On le retrouvera plus tard, puisqu’il est le seul a maintenir une certaine qualité dans ses scénarii.


c. Les Abysses

- Démons intérieurs (3.08) de Michael Duggan
- Omerta (3.09) de Michael R. Perry
- Lésions de guerre (3.11) de Michael R. Perry

Il ne faut pas hésiter à le dire/n’ayons pas peur des mots : c’est carrément nul.
On croyait être au fond de l’océan : l’équipe de la série a trouvé un fosse où plonger encore plus bas.
On peut même se demander si ces trois-là trouveraient leur place ailleurs. Peut-être à la rigueur Omerta dans Charmed...
D’anciens soldats qui veulent que justice soit faite et que le gouvernement reconnaisse son implication dans les troubles dont ils sont victimes. Pas très MillenniuM tout cela... Et donc pas besoin d’épiloguer plus longtemps sur le sujet.
Démons intérieurs est lui une pseudo histoire fantastiquo-policière (sauce X-files en somme) mettant en scène Emma Hollis et sa sœur. Encore une fois, on veut épaissir l’équipière de Frank mais cela ne marche pas car l’intrigue est inintéressante et n’apporte rien rien en plus d’être bancale.
On a tellement dérivé que l’on se demande si l’on ne s’est pas trompé et si l’étiquette n’a été déplacée sur un autre emballage. C’en est désespérant.

Michael Duggan signe là son deuxième et dernier épisode avant de démissionner (il parait même que Carter a réécrit certaines scènes). Il fut pourtant scénariste sur Miami Vice et Law&Order, mais nous a sorti peut-être les deux pires épisodes de la saison - s’il y a une échelle dans l’horreur... Pour un peu, on serait content que les rats quittent le navire...

Michael R. Perry est un ancien de NYPD Blue, puis sera sur The Practice et Law&Order : Special Victims Unit. Excusez du peu. Pourtant, il est complètement passé à coté de son sujet. Les 3 épisodes qu’il nous a livré sont ridicules. Il réussira tout de même à écrire quelque chose de très potable en fin de saison, ce qui empêche de le jeter avec l’eau du bain. Pourtant, ce n’est pas l’envie qui manque tellement il semble stigmatiser la dérive de la série.
Une promo pour Kiss, un épisode d’X-files dans un jour sans (même si on y voit un peu de la famille de Watts, en la personne de Taylor Watts interprété par la très jolie Jacinda Barrett) et un conte de Noël pour enfants. Nous sommes alors aux antipodes de la Saison 1 dont nous étions pourtant censés nous rapprocher. Voilà ce qu’il y a mettre à son crédit (ou son débit, c’est selon) en ce début de saison.



Le constat est simple mais édifiant : la série a touché le fond. Elle avait extrêmement mal démarré et n’a cessé de s’enfoncer dans sa médiocrité. Les volontés de changer l’orientation de la série se révèlent un fiasco total : l’audience n’a pas décollé et les téléspectateurs ne reconnaissent plus leur série.
Seule lueur d’espoir : on ne peut, à ce moment-là, pas descendre plus bas.

Il y a quand même un élément positif à mentionner : la technique tient parfaitement son statut. Les épisodes sont toujours aussi impeccable et l’esthétique de la série a conservé son identité. Même si c’est dans l’ensemble moins sombre au niveau des histoires et donc de l’image, on reconnaît la patte.



II. Le Retour en Grâce




Après cette demi-saison peu glorieuse, la série va miraculeusement réussir à se remettre sur les rails.


1. Le Ventre Mou

- Le Bruit de la Mort (3.12) de Paul Harbinson
- Antipas (3.13) de Chris Carter et Frank Spotnitz
- Matrioshka (3.14) de Erin Maher et Kay Reindl
- Forcer le Destin (3.15) de Marjorie David
- Jordan contre Lucas (3.16) de Chip Johannessen et Jordan Hawley

Le « ventre mou » est une expression sportive qui désigne le milieu d’un classement : les équipes ne sont concernées ni par les hautes sphères, ni par les basses. Leur situation ne déchaîne donc aucune passion de la part du public, que ce soit pour les soutenir ou les enfoncer.
C’est une peu le cas pour ce lot d’épisodes.

Car au niveau des histoires, ce n’est pas encore ça. Il y a des choses intéressantes mais on reste très loin des précédentes saisons, avec leurs multiples niveaux de lecture. Cela ressemble aux épisode de début de saison (voir le I.2.a.) mais on sent un petit quelque chose en plus.

Par exemple, Le Bruit de la Mort propose une histoire peu passionnante et instaure un mystère pour lequel nous n’aurons finalement que peu de réponses. Mais ce qui rehausse cet épisode, c’est son rapport avec la Saison 2. Car ça y est, nous y revenons enfin. Frank fait ici le deuil de Katherine de façon intéressante et son personne peut repartir de l’avant.
On nous propose aussi le retour de Lucy Butler, le personnage mythologique de MillenniuM, qui avait mystérieusement disparu ( Cf. L’Apprentissage de l’Ordinaire (2.20) ). Malheureusement, l’histoire n’est pas à la hauteur de nos espérances, même s’il se conclue sur un dialogue intéressant entre Lucy et Frank.
Le lien avec la Saison 2 redevient palpable.

Matrioshka est un épisode atypique. D’abord parce qu’il regorge de flash-backs et que l’enquête de Frank et Emma, morcelée, n’en est pas vraiment une . Le point intéressant est que nous sommes de nouveau confrontés au Mal. Le point négatif est que le sujet est mal traité justement. A l’origine, la double perso d’Anderson devait être psychologique, ce qui était hautement intéressant et s’inscrivait parfaitement dans la série. Tout ceci sera modifié et le coté maléfique du chercheur viendra d’une expérience qui a mal tourné...
L’autre gros point noir est qu’il est clairement exprimé que MillenniuM a été créé par Hoover. On nage en plein délire. Car que penser de tout ce qui nous a été raconté dans la Saison 2 ? S’agissait-il de mensonges ? Avons-nous halluciné lorsque nous avons vu des membres du Groupe s’affronter au Xe siècle ?
Je n’ai cependant pas placé ce ratage dans le I.2.c. car l’intention de départ est louable de la part des scénaristes (auteurs de l’excellent Anamnèse (2.19) lors de la saison 2) et que leur travail est reconnu. Ici, la faute incombe à priori à la production qui a fait modifier le script pour rendre moins philosophique, moins sujet à questionnement.

Forcer le destin remet la religion au goût du jour. Mais sans grand lien avec la mythologie, l’épisode ne captive pas complètement son auditoire.
Enfin, le don refait surface chez Jordan. Intéressant, il l’est surtout parce qu’il prépare un peu la suite de la série.

On aperçoit alors le bout du tunnel.


2. Le Bout du Tunnel :

- L’œil de Darwin (3.17) de Patrick Harbinson
- Bardo Thodol (3.18) de Virginia Stock et Chip Johannessen
- Sept ans de Malheur (3.19) de Chris Carter et Frank Spotnitz
- Nostalgie (3.20) de Michael R. Perry

Johannessen et Horton avaient assurés que les 7 derniers épisodes formerait un tout cohérent. Ce n’est, vous vous en doutez, pas le cas.
Déjà, parce que j’ai finalement reversé Jordan contre Lucas dans le chapeau précédent. Ce qui fait qu’il ne reste plus que 6 épisodes.
Malgré cela et une continuité dont on a un peu de mal à cerner les contours, on ne peut nier que la série a repris du poil de la bête. Des éléments importants sont mis en place et la série recommence à explorer ses thèmes.

Episode où toute les certitudes sont bouleversées que cet Œil de Darwin puisque tout le monde s’est fourvoyé, aussi bien les personnages que le spectateur. Celui qui était en fin de compte le plus proche de la vérité était Baldwin, ce qui est clairement ironique.
Ce qui change réellement avec cet épisode-là, c’est qu’enfin, Baldwin et surtout Emma Hollis prennent de la consistance. Le personnage de celle-ci devient intéressant. Elle a désormais une psychologie, on connaît ses peurs et ses souffrances. Et cela grâce en partie à la véritable introduction du père. C’est un tournant dans la série, car elle ne cessera dès lors plus de jouer un rôle dans l’histoire. Baldwin perd enfin de son allure de premier de la classe hautain en devant moins sûr de lui et plus à l’écoute de Frank, qu’il ne prend plus pour un vieux déboussolé qu’il faut pousser à la retraite. C’est en fait très simple : c’est deux personnages existent enfin, ils ne sont plus des pantins destinés à habiller l’arrière-plan. Et ça, c’est une énorme pas en avant.

L’épisode clef de cette Saison 3 demeurera peut-être 7 ans de Malheur car une sorte de tournant s’opère. En effet, Frank comprend sa destinée. Il comprend l’utilité de son Don et cette compréhension le change intérieurement. Elle lui donne plus de force pour affronter le Mal car il sait désormais à quoi se raccrocher.
Emma est aussi très présente dans cet épisode où Legion joue littéralement avec elle, en lui montrant son futur.

Bardo Thodol est quant à lui, sans doutes l’épisode le plus fascinant de la saison. Une intrigue étrange mais au final assez peu claire, beaucoup de question sans réponse, mais une véritable ambiance qui nous replonge aux plus beaux jours de la série. Les thèmes récurrents sont là, d’autres arrivent. Même le coté conspirateur du Groupe MillenniuM est bien utilisé. Frank joue ici comme le rôle d’un rédempteur, celui qui permet aux autres d’expier leurs péchés. Les membres du Groupe le connaissent visiblement et croient en lui parce qu’on leur a dit quelque chose au sujet de Black. Une chose que, comme lui, le spectateur ignore. Mais il est désormais confirmé que l’entrée de Frank au sein du Groupe n’est pas un hasard, que tout est prévu. Nous revoilà plongés en pleine Saison 2...
Pourtant, cet épisode est loin de faire l’unanimité.
Certains, comme les rédacteurs de la Virtual Season 4 aux USA, ont repris des thèmes, notamment les fameux bols rouges. D’autres, à cause d’une narration peu intelligible et de pistes lancées sans direction apparente, le classe parmi les plus mauvais de la saison, voire comme le plus mauvais. C’est un débat sans fin puisque rien ne viendra plus donner d’arguments à l’une ou l’autre partie.


Il est alors un peu étrange que les producteurs exécutifs aient choisi de placer ici un loner. En tant que tel, il n’apporte rien à la mythologie et tranche avec les épisodes qui le précèdent et le suivent.
Cependant, au terme d’une enquête plutôt habilement construite (et cela fait plaisir au regard du reste de la saison), le personnage d’Emma acquiert un peu plus de profondeur avant le début du final.
Autrement, on peut aussi se demander s’il n’est pas tombé un œil à Perry. Car par rapport à ses précédentes interventions, son épisode est réussi. En fait, l’histoire est très « policière », ce qui lui convient mieux. Ou alors il s’est décidé à regarder la Saison 1...


On peut donc dire que la saison trouve ici (enfin) sa voie.


3. La Fin / La Fin du Voyage

- Le Chemin de Croix (3.21) de Marjorie David et Patrick Harbinson
- La Fin d’un Temps (3.22) de Ken Horton et Chip Johannessen

Avec ce final, la série retombe sur ses pattes.
Tout est loin d’être parfait, bien sûr, mais des éléments du passé refont surface tandis que le futur est esquissé. Comme un dernier baroud d’honneur...

Nous revenons ainsi aux origines de la série, voire même plus loin avec l’exécution de Ed Cuffle. L’arrestation de cet homme constitue la dernière enquête de Frank au FBI. C’était avant le début de la série, avant que Frank black ne rencontre les membres du Groupe MillenniuM. L’histoire fait carrément un bond dans le passé, dans son propre passé. Et pour bien comprendre, rien ne vaut alors un re-visionnage du Pilote.
Certains des buts de MilleniuM deviennent plus clair et ce faisant, Peter Watts redevient celui que nous avions connus, c’est-à-dire fidèle au Groupe et à ses croyance, mais néanmoins suspicieux quant à ses méthodes.
Plus que jamais le Groupe semble avoir besoin de Frank. Mais il ne nous est jamais réellement dit pourquoi. Mais le paroxysme est atteint avec la vision subtile de la photo de Jordan dans le dossier Frank Black.
Pour finir, un autre proche de Frank décède : Peter justement. Après Katherine, son seul soutien disparaît. Du moins, c’est ce que l’on suppose car nous n’apercevrons jamais son visage. On pourrait parler d’un pâle copie du final de la Saison 2, mais en vérité, cet événement suit le cours des choses.

Frank doit donc fuir. Ce qu’il avait fait juste avant le début de la série.
Ainsi, après avoir pris le chemin des écoliers, la série retrouve finalement celui de la maison et conclue son cycle de façon ouverte, laissant un goût d’amertume aux fans.




Lorsque la saison 3 a démarré, et mal démarré, on pouvait se dire que son arrêt serait un mal pour un bien - elle était en pleine phase d’autodestruction et il valait mieux la stopper avant qu’il ne soit trop tard.
Mais la reprise qui s’est opérée et la direction prise alors, aboutissent à d’énormes regrets, ceux de voir la série s’arrêter alors qu’elle avait encore certainement tant à offrir.

MillenniuM a, à mon sens, été foudroyée en plein vol.


A des personnes qui découvriraient la série et qui demanderaient s’il est utile de regarder la Saison 3, reniée par certains, décriée par beaucoup (mais adorée par certains, notamment aux USA), je répondrais sans hésitation « oui ».
Déjà parce que cette saison existe et qu’elle fait partie de la série, qu’on le veuille ou non.
Ensuite, et surtout, parce que la fin nous réserve des choses très intéressantes qui à mon sens doivent être connues.