LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires

Accueil > Chroniques > Bilans > Saison 1

Babylon 5

Saison 1

dimanche 28 novembre 2004, par Lord-Of-Babylon

« C’était l’aube du troisième âge de l’humanité, 10 ans après la guerre entre les terriens et les minbaris. Le projet Babylon était un rêve qui s’était concrétisé. L’objectif était d’éviter une autre guerre en créant un lieu où humains et extraterrestres cohabiteraient dans le respect de leurs différences. C’était une escale, une seconde maison pour tous : diplomates, affairistes, innovateurs et vagabonds. Des humains et des extraterrestres dans une coque de métal de 2 500 000 tonnes, tournoyant seule au cœur des ténèbres. Cet endroit pouvait être dangereux, mais c’était notre ultime espoir de paix. Voici l’histoire de la dernière station de type Babylon. Nous sommes en 2258, cette station s’appelle Babylon 5 » (Commandant Jeffrey Sinclair)

La première saison de Babylon 5 est à l’image de son générique : introductif. Joe Straczynski a conçu la série comme une immense saga avec un début, un milieu et une fin où les multiples arcs de la série s’emboîteraient pour former une grande histoire. Signs and Potents (afin d’accentuer le coté littéraire de sa série, JMS à donner un titre à chacune des saisons) va donc avoir comme rôle principal d’introduire le spectateur à cet univers. JMS a bien conscience qu’il serait idiot d’installer sa mythologie et de commencer l’aventure d’entrée de jeu. Une histoire aussi complexe nécessite une mise en place progressive.

Si cela explique le ton de la première saison elle n’excuse pas, bien sur, certaines carences. La première saison souffre d’un faible budget (cela se remarque très facilement dans les premiers épisodes qui sont très limité dans leurs décors) ainsi que de l’absence de Straczynski en tant qu’auteur. Car même s’il supervisait très précisément l’évolution des intrigues et de ses personnages dans chacun des épisodes, il ne pouvait véritablement imprimer sa griffe dans certaines histoires. La première saison est vraiment la plus faible des cinq et c’est celle qui cumule les plus mauvais épisodes de la série.

Il est, par contre, très intéressant de revoir cette saison quand on à vu l’intégralité de la série. On aborde alors ces épisodes d’un tout autre point de vue. Leurs défauts sont vite oubliés face l’ingéniosité de la mise en place de l’univers. Tous les épisodes de Signs and Potents contiennent leurs lots de scenes, de révélations, de petites phrases qui, mine de rien, mette en place les intrigues futures.

On peut classer les épisodes de la saison en deux catégories

Les épisodes indépendants

A travers leurs histoires indépendantes, ils posent l’univers de Babylon 5 nous familiarisant de plus en plus avec cette station et ses habitants au fil des épisodes. Du centre de commande jusqu’au bas fonds, chaque recoins de la station nous est présenté. On reste encore dans une phase de stéréotype des personnages, mais des failles apparaissent ici et là dans leurs caractères. Au-delà de la station c’est aussi tout son univers qui est posé. La Terre avec ses problèmes politique et social, le Corps Psy, la haine entre les Narns et les Centauris, le mystère qui entoure les Minbaris et les Vorlons etc etc. Sans que l’on se rende compte, on s’habitue de plus en plus à cet univers. Quelques épisodes se distinguent aussi de par leurs qualités. Je pense notamment à Believiers et sa fin dramatique, ou bien encore Deathwalker et son art de la diplomatie, ou bien encore By Any Means Necessary et son conflit social. Mais tous cela ne nous contente pas, et on en veut encore plus ! C’est là qu’intervient l’autre catégorie d’épisodes.

Les épisodes mythologiques

Ils sont aux nombres de sept et s’articulent pour la plupart autour de Sinclair et sa perte de mémoire de 24 heures durant la bataille de la ligne. Ainsi qu’autour du rôle des Minbaris et de Delenn dans ce mystère et de la haine mutuelle entre les peuples de Londo et G’Kar. Ce sont ces trois grands arcs que se chargent de nous présenter In the sky full of Star, Signs and Potents et Chrysalis. Tous ces arcs semblent indépendants, mais on perçoit déjà, lorsque apparaît Morden et ses étranges associés, qu’ils sont l’arbre qui cache la forêt. D’autres mystères viennent également se rajouter. Ainsi Voice in Wilderness part 1 & 2 introduit la grande machine d’Epsilon et les tensions qui existent entre Mars et la Terre. Tandis que Babylon Squared nous révèle une partie du mystère de la disparition de Babylon 4. Enfin dans Mind War, le Corps Psy nous est montré dans toute sa noirceur par le biais du personnage de Bester. Succulent salaud et premier grand méchant de la série, même si le terme n’est pas le plus adéquat. Comme le dit G’Kar dans cet épisode : « Laissez moi vous transmettre la seule leçon que j’ai apprise en vivant sur Babylon 5. Aucun de nous ici n’est tout à fait celui qu’il paraît être ». Phrase instantanément culte de la série, qui anéanti dés lors tout manichéisme chez les personnages

Il est intéressant de voir que tous les épisodes (à part Grail) sont toujours construits dans l’optique de faire évoluer un des personnages du cast. La fin de la saison permet d’établir un petit bilan : Des personnages comme Lennier, Vir et Na’Toth sont clairement enfermé dans un rôle stéréotype. Ces aides d’ambassades ont pour principale fonction d’être des faire-valoir aux ambassadeurs et d’assumer une fonction comique basée sur leur naïveté et le choc des cultures. On verra que par la suite cela n’est plus du tout le cas et que certains de ces personnages vont être très approfondis.

Même si elle a été l’héroïne de plusieurs aventures, on ne peut pas vraiment dire que le personnage de Talia Winters a subit une évolution. Elle reste très ancrée dans son rôle de télépathe servant fidèlement le Corps Psy. Ce n’est que dans ses clashs avec Ivanova qu’elle acquiert une réelle dimension, car alors sa fidélité envers le Corps Psy est contre-balancé par le drame du lieutenant-commandant. Toutefois, la remise en cause de cette organisation, pas si nette que ça, n’est pas encore à l’ordre du jour.

Susan Ivanova est une valkyrie qui dissimule de profondes blessures sous une armure impénétrable mais qui révélera des fissures au fur et à mesures des épisodes tel que Born to the Purple ou bien encore T.K.O où elle fera le deuil de son père dernier survivant de sa famille. Son humour à froid, sa beauté, sa force et ses faiblesses en font un personnage fascinant.

Michael Garibaldi apparaît comme le personnage le plus humain de la série, devenant notre ancre dans cet univers. Honnête mais colérique, son passé d’alcoolique et ses anciens échecs le font constamment douter de lui. A l’opposé de ce personnage, nous trouvons Delenn et le docteur Steven Fanklin qui sont les idéalistes de la série, mettant un point d’honneur à tout faire pour créer un monde meilleur et à toujours voir le bien chez l’autre. Cet idéalisme naïf sera mis à mal chez Franklin (Believers l’épisode le plus dramatique de la saison), et il sera contrebalancé par les mystères qui entoure Delenn concernant Sinclair.

Le personnage « principal » du show est paradoxalement celui qui se révèle être le moins intéressant dans son évolution. En fait le commandant Sinclair est un personnage qui a déjà achevé son parcours, malgré les doutes qui l’assaillent sur sa perte de mémoire, et le sens qu’il veut donner à sa vie. Sinclair est vraiment trop parfait pour qu’on puisse véritablement l’aimer. Son jeu, même s’il est très bon, est vraiment trop intérieur pour fonctionner avec le reste du casting. Les changements intervenus dans la deuxième saison sont alors beaucoup plus clairs (rendez-vous dans les chroniques de celles-ci pour voir de quoi il retourne).

Enfin il reste nos frères ennemis favoris, Londo et G’Kar, dont les clashs et les joutes durant cette année ont donné les plus moments les plus drôles et les intenses de la saison. Toutefois ces situations n’arrivent pas à masquer l’évidence : La haine entre ces deux peuples risque d’engendrer quelque chose de terrible. Londo et G’Kar sont beaucoup plus proches qu’ils ne le pensent. Ils sont tous les deux des bons vivants, et d’habiles diplomates mais leur lien est encore plus fort. Selon Londo, G’Kar et lui mourront en s’étranglant mutuellement dans une vingtaine d’année, et s’il ne fallait retenir qu’une seule chose de cette saison, c’est qu’ils sont les seuls à avoir répondu à la question de Morden (What do you want ?/Qu’est ce que vous voulez ?) et que leur réponse fait froid dans le dos et risque de devenir terriblement prophétique au vu du final de la saison.

Morden vs G’Kar


G’Kar : « Je ne suis pas très sur d’avoir compris la question. Mr ? »

Morden : « Morden »

G’Kar « Morden, c’est ça. Qui, dites-vous, a autorisé cet entretien ? »

« Le conseiller T’Bar. Premier cercle »

« Et sait-il ce qui vous amène ?

« Non, mais pour rencontrer quelqu’un de votre importance il me fallait une recommandation et il me la fournit. Vous n’avez toujours pas répondu à ma question. Qu’est ce que vous voulez ? »

« Oui mais qu’entendez-vous au juste par : Qu’est ce que vous voulez ? »

« Qu’est ce que vous voulez ? »

« Mais ce que je veux pour souper ? Ce que je veux faire ce soir ? »

« Qu’est ce que vous voulez ? »

« Assez perdu de temps. Ce que je veux c’est que vous partiez tout de suite et que vous me laissiez tranquille »

« Je vous laisse »

« Attendez. Ce que je veux ? Les Centauri ont démoli mon monde. Que justice nous soit rendue »

« Qu’est ce que vous voulez ? »

« Vider de leur moelle leurs moindres petits os et réduire leurs crânes en poussière »

« Qu’est ce que vous voulez ? »

« Raser toutes leurs villes, assombrir leur ciel et ensemencer toutes leurs terres de sel pour se débarrasser de cette race infâme »

« Et après ? »

« Je l’ignore. Tant que notre planète mère a sa sécurité garantie je ne vois rien qui importe »

« D’accord. Merci encore de m’avoir reçu, ambassadeur. Au revoir »

Morden vs Londo Mollari

Morden : « Ha ambassadeur je venais justement vous rendre visite, je me présente, je suis..... »

Londo : « Je suis désolé mais je suis trop pressé pour bavarder avec vous. Prenez un rendez-vous c’est plus simple »

« Mais j’ai déjà un rendez-vous »

« Dans ce cas prenez en un autre »

Londo (appuyant sur le bouton d’ascenseur) : « Jamais là quand on en a besoin »

Morden : « Ambassadeur j’ai eu l’autorisation de vous rencontrer... »

« Oui, oui j’écoute qu’est ce que vous voulez ? »

« Mais c’est ma question. Qu’est ce que vous voulez ? »

« Vous êtes fou ou quoi ? Au revoir, allez importuner quelqu’un d’autre »

(Londo entre dans l’ascenseur, suivi de Morden)

Londo : « Vous êtes vraiment quelqu’un de très obstiné »

Morden : « Il le faut bien, je n’ai pas le droit de vous laisser avant que vous ne répondiez à ma question. Qu’est ce que vous voulez ? »

« C’est une discussion tout à fait idiote »

« Qu’est ce que vous voulez ? »

Londo (sortant de l’ascenseur) : « Qu’on respecte ma tranquillité »

Morden : « Est-ce vraiment tout ambassadeur ? »

« Bon d’accord. Vous tenez absolument à le savoir ? Vous voulez que je sois franc avec vous ? Je veux que mon peuple puisse enfin reprendre la place qu’il mérite dans la galaxie. Je veux voir les Centauris retrouver leur supériorité et commander les étoiles. Je veux la réapparition de la gloire et le retour de la puissance. Je veux arrêter de passer mon temps à courir comme quelqu’un en retard à un rendez-vous qui a peur de regarder ce qui c’est passé ou ce qui est devant lui. Je veux retrouver mon peuple comme il était. Je veux que tout redevienne comme c’était autrefois. J’ai répondu à votre question ? »

Morden : « oui tout à fait »


Mais le chemin de ces deux ambassadeurs commence à diverger. Alors qu’il apparaissait au départ comme « l’agresseur » G’Kar est devenu la victime d’un Londo qui a commencé à sceller un pacte avec Morden dans le dernier épisode de la saison

Bon allez très vite pour finir car j’ai envi de commencer la 2ème saison. Signs and Potents est une saison d’introduction dont les qualités d’écritures, quant à la mise en place de l’univers, sautent aux yeux lors d’une deuxième vision. Pour l’instant elle reste une saison potable, la plus faible des cinq, avec de très bon épisodes (Believers, Chrysalis, Babylon Squared, Deathwalker, Mind War) et de très mauvais (TKO, Soul Hunter, Infection) mais on sens derrière tous cela quelque chose qui ne demande qu’a se réveiller. Tout comme Delenn à la fin de la saison, la mue va commencer et va révéler quelque chose d’époustouflant.

Messages

  • Je ne partage pas votre analyse sur Jeffrey Sinclair. Je pense à contrario que c’est la plus grande perte de la série. En effet, son successeur Sheridan semble toujours au bord de la crise de nerf dès qu’il doit prendre une décision.
    Quand on regarde la série on se rend bien compte que ce personnage n’est la que pour remplacer Sinclair. Lors du premier épisode de la deuxiéme saison on vois bien que c’est la confusion la plus totale qui régne avce ce capitaine qui arrive comme un cheveux sur la soupe. De plus on vas découvrir que mis à part la méfiance que les Minbari ont contre lui (du moins au début) il a tous les attributs de Sinclair (passé militaire, il est marié alors que Sinclair allais se marier ...).
    Le fait est d’autant plus visible qu’entre la saison 1 et 2 l’actrice qui interpréte Na’Toht a aussi changé mais que comme le maquillage est important sur les Narns la production à préféré passer outre l’introduction d’un nouveau personnage.