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1.00 - Battlestar Galactica (mini-série)

So Say We All

lundi 12 décembre 2005, par Lord-Of-Babylon

“Le monde n’est plus. Le combat vient tout juste de commencer.”

Lieu : Galactica, vaisseau de classe Battlestar

Dans les coursives du vaisseau, le commandant Adama révise son
discours. En effet, après cinquante ans de bons et loyaux
services, le Galactica va être transformé en musée dédié à la
guerre contre les Cylons tandis qu’Adama va partir à la
retraite. C’est du moins ce qu’il croit.

Lieu : Caprica City, Capitale de la planète Caprica

Caprica City

Caprica est une des douze planètes des colonies de Kobol.
Dans la capitale de ce monde, nous découvrons Laura Roslin, ministre de l’éducation qui apprend qu’elle est atteinte d’un
cancer. Nous découvrons également Gaius Baltar, un génie
scientifique reconnu, conseiller du président, possédant un
ego surdimensionné et un penchant pour les jolies femmes.
D’ailleurs, sa maîtresse actuelle use de ses charmes pour
obtenir l’accès au système de défense planétaire que Baltar a
conçu. D’après elle, cela servira à créer des portes d’accès
afin d’acquérir un avantage pour sa société lors de la
prochaine offre d’appel du ministère de la défense. Baltar la
croit sur parole, ne sachant, contrairement à nous, que cette
dernière est une complice des Cylons.

Galactica

Starbuck est emprisonné pour avoir frappé le colonel Tigh et
Lee « Apollo » Adama refuse de parler à son père, qu’il juge
responsable de la mort de son frère Zack. Bref, la nouvelle
génération fout le bordel. Après les commémorations, les
invités quittent le Galactica à bord d’un vaisseau de
transport escorté par l’ancien Viper du commandant Adama,
restauré pour l’occasion et piloté à contrecoeur par son fils.

Situation

- Le commandant Adama et ses hommes sont à bord du
Battlestar Galactica ;
- Laura Roslin et Lee Adama sont dans un vaisseau de
transport à destination de Caprica ;
- Gaius Baltar et sa maîtresse sont sur Caprica.

Tout est en place, la guerre peut commencer.

Baltar est réveillé par sa maîtresse qui lui avoue sa
véritable identité : elle est une Cylon. Ou plus précisément une version humanoïde d’un Cylon, car ces derniers ont évolué. Aujourd’hui, les
créations des Humains reviennent à la maison. Profitant de
leurs connaissances des systèmes de défense grâce à Baltar, les Cylons lancent une offensive de grande envergure et bombardent
les douze planètes des Humains tout en anéantissant leurs
flottes de guerres.

Adama déclare l’état de guerre et envoie ses chasseurs pour
aider Caprica, mais ceux-ci se font détruire sans pouvoir
riposter. Seul la navette de reconnaissance Raptor de Boomer
et Helo parvint à échapper au massacre.
A bord du vaisseau de transport, Laura Roslin essaye de
prendre en main la situation en rassurant les passagers,
inquiets pour leurs proches. Elle tente également de prendre
contact avec le gouvernement, en vain, car ceux-ci sont
morts dans l’attaque. Par la force des choses, Laura Roslin
prête serment et devient la nouvelle présidente de ce qui
reste des colonies. A savoir une flotte de vaisseaux divers, survivants de l’attaque. Son premier clash survient quand elle
s’oppose à Adama, qui refuse de porter assistance aux civils sous
prétexte de l’état de guerre et de la nécéssité de gagner. Mais les Cylons ne leur laissent pas le temps de débattre, et lancent deux missiles. En utilisant un
subterfuge, Apollo détruit les missiles et sauve la flotte. Ce
stratagème a tellement bien réussi qu’Adama le croit mort.

Caprica

Boomer et Helo sont arrivés à se poser. Alors que le Raptor
est fini d’être réparé, une foule de survivants arrive et
exige d’être emmenés. Malheureusement, ils sont trop nombreux
pour pouvoir être tous sauvés. Les deux pilotes décident alors
de faire une loterie pour déterminer qui montera dans la
navette. Parmi les survivants se trouve Gaius Baltar, et quand
Helo s’en rend compte, il cède sa place afin que ce génie
puisse aider les autres. Boomer quitte donc seule Caprica en
quête d’éventuels survivants.

Malgré des avaries dûes à un combat contre les Cylons, le
Galactica arrive à destination : une base spatiale servant de
dépôt de munitions. Surprise ! En arrivant dans le dépôt, l’équipage tombe nez à nez avec un trafiquant d’armes qu’ils
neutralisent facilement mais quelque temps plus tard, Adama et lui
se retrouvent bloqués suite à l’explosion d’une bombe et
doivent trouver un autre chemin pour retourner au vaisseau.
C’est en cours de route, au fur et à mesure que l’état du trafiquant empire, qu’Adama découvre que celui-ci est un
Cylon. En effet, le dépôt a été construit autour d’un orage
électromagnétique dont les radiations affectent les Cylons.
Adama découvre donc que les Cylons ont dorénavant un visage
humain.

Après avoir été découvert par un éclaireur Cylon, la
présidente Roslin doit prendre une terrible décision. Faire un
saut hyper-spatial afin de semer les agresseurs en sachant
pertinemment que certains vaisseaux n’ont pas cette capacité.
La présidente ordonne le saut et sacrifie des centaines de
personnes pour en sauver des milliers. Dure décision, mais néanmoins
nécessaire. Auparavant, Boomer à réussi à retrouver Appolo et
la flotte des survivants et Gaius Baltar est nommé conseiller
du Président. A ses cotés se trouve également Numéro 6 !

Pour on ne sait quelle raison, celle-ci est toujours vivante
malgré le bombardement. Mais plus surprenant encore, il
semblerait que seul Gaius soit conscient de sa présence.
Est-elle une manifestation de son subconscient ou une puce
implantée dans son cerveau ? Le mystère reste entier.

La flotte de survivants retrouve le Galactica. Roslin ordonne
aux militaires d’aider les survivants car il ne fait aucun
doute que la guerre est perdue. Pendant ce temps là, Baltar
découvre que si le vaisseau et ses vieux chasseurs ont pu
survivre au raid des Cylons, c’est tout simplement grâce à
l’obstination d’Adama qui refusait d’installer en réseau le
système de défense de Baltar sur son navire. Sans le savoir, Adama à immunisé le Galactica aux intrusions des Cylons dans
leurs systèmes.

Du fait de la révélation de la nouvelle forme des Cylons, on demande à Baltar de concevoir un système afin de repérer
ces derniers, car il semble inévitable que ceux-ci aient pu
s’introduire au sein de la flotte. Afin d’asseoir sa position
au sein de ce vaisseau, Baltar va donc accuser le chargé de
communication d’être un Cylon. Par une suite de déductions
logiques, il va embobiner son entourage et faire emprisonner ce
pauvre homme qui, plus tard, se retrouve jeté dans le dépôt
d’armes.

Le commandant Adama retrouve son fils et la glace qu’il y
avait entre eux commence à se briser. Apollo est nommé nouveau
chef d’escadrille et Roslin convainc enfin Adama d’abandonner
la bataille pour partir le plus loin possible et sauver ce
qu’il reste des humains.

Le seul problème est l’immense flotte de Cylons qui les
attend à la sortie du nuage électromagnétique. Adama décide
donc de retenir les Cylons tandis que le reste de la flotte
effectue le saut. La bataille est rude, et c’est seulement grâce
à l’habileté des pilotes et la ténacité de leur commandant que
les humains tiennent tête aux Cylons avant de pouvoir eux aussi
quitter le champ de bataille.

Plus tard, lors de la cérémonie aux défunts morts au combat,
le commandant Adama redonne le moral à ses hommes en révélant
qu’il connaît l’emplacement de la treizième planète tel que les
livres sacré la décrivent. En tant qu’haut gradé, il connaît le
chemin de la Terre et compte bien y aller.

Le seul problème étant qu’il s’agit d’un gros mensonge destiné à
motiver les troupes, leur donner un but face à un futur sans
espoir.

Critique

Après vingt-cinq années d’absence et plusieurs projets avortés, voila donc la suite tant attendu de la série culte "Galactica" de 1978. Suite ? C’est du moins ce qu’on aurait pu croire au départ et nous avions eu bien tord car "Battlestar Galactica" est bel et bien une nouvelle série. Pour l’histoire de ce long « development hell » je vous renvoie à l’article de Lordofnoyze consacré à la série original et à la genèse de la nouvelle que nous mettrons bientôt en ligne. Nous nous intéresserons ici à l’œuvre en elle-même.

En voulant être objectif, nous tenterions de relever les défauts et les qualités de cette mini-série d’une façon détaché et froide. Mais comme l’objectivité est purement impossible dans le domaine de l’art on va se contenter de faire parler notre cœur. Donc, et ceci sera le fil rouge de toute nos reviews et chronique, "Battlestar Galactica" est un chef d’œuvre et une des meilleures séries au monde. Si ce n’est la meilleure pour peu que vous considérez tout ce qui se passe dans l’espace avant plein de vaisseaux et de combats spatiaux dedans comme le nec le plus ultra en matière d’histoire (oui c’est mon cas pourquoi ?).

C’est avec beaucoup de plaisir que nous accueillons la diffusion française. Malheureusement Sci-Fi France ne possédant pas les droits de la mini-série faisant office de pilote, elle ne pourra pas la diffuser. Néanmoins, afin de combler ce manque et afin d’offrir des reviews complètes nous avons décidé d’inclure la mini-série dans nos textes. Si cela peut aider certains d’entre vous à mieux aborder la série, alors nous serons heureux.

La mini-série remplit à merveille les conditions d’un bon pilote. C’est-à-dire présenter un univers riche et des personnages nombreux tout en offrant une histoire solide et bien rythmée. Une narration exemplaire qui commence par des scènes d’expositions réussies (notamment le fabuleux plan-séquence où le commandant Adama parcourt les coursives de son navire et discute avec les différents protagonistes de la série) pour develloper ensuite les divers antagonismes afin de les résoudre dans un final monstrueux : une bataille spatiale démentielle qui renvoie tous les "Episode III" du monde chez leurs mères.

Aujourd’hui "Battlestar Galactica" est un vrai succès qui en est actuellement à sa deuxième saison, avec une troisième est d’ores et déjà confirmée. Si la série a pu sortir du giron de l’original, c’est parce qu’elle a eu l’intelligence de se démarquer nettement de cette dernière pour devenir un miroir de notre époque troublée.

Pour y parvenir, les créateurs du show (Ronald D. Moore en tête) ont tout simplement fait table rase de l’ancienne série pour n’en garder que le strict minimum : les Cylons, la quête de la Terre et les noms des personnages sont donc les seuls points communs entre les deux séries. Et encore, même ces éléments ont subi des modifications, notamment celle qui à fait le plus de bruits à son annonce : la transformation des personnages de Starbuck et Boomer en femmes.

Non, il n’y a pas de petits hommes verts dans Battlestar Galactica !

Mais bien loin du coup de pub, il s’agit de changements purement réfléchis participant au ton unique d’une série très proche d’un documentaire dans sa réalisation. En effet, "Battlestar Galactica" à su se trouver une identité unique servant ainsi son souci de crédibilité. Cela passe avant tout par une esthétique dénuée d’éléments trop futuristes et préférant puiser dans un héritage cinématographique pour y trouver l’inspiration. Ainsi, quand on découvre un Galactica doté d’énormes et vieux téléphones, d’écoutilles imposantes et dont les officiers abordent de vieux uniformes avec de gros boutons, on se dit qu’il ne manque plus que le périscope pour se croire dans un sous-marin et telle était bien l’intention des auteurs de la série. Celle de retrouver l’ambiance des films de bataille maritimes des années 40 et 50 (annonce personnelle : si quelqu’un peut me conseiller des films, merci de me mailer).
Toujours dans son souci de réalisme, et au même titre que l’excellente série "Firefly", "Battlestar Galactica" refuse d’apporter de la musique à ses scènes spatiales. C’est surtout dans sa réalisation que la série va se démarquer. C’est bien simple, la caméra ne reste jamais en place. Elle parcourt les coursives, suit l’action, se place rapidement sur les personnages afin de suivre les dialogues, se permettant même des mises au point quand le rythme est effréné. Elle n’hésite pas à zoomer sur un point précis d’un plan large sur lesquelles elle s’attardait une seconde plus tôt. Même les plans fixes ne le sont pas, on perçoit nettement des tressautements. Bref, c’est comme si nous regardions l’aventure de ce qui reste de l’humanité par le biais d’une caméra tenue par un des survivants. Et cela marche parfaitement. On s’attache très vite à l’ambiance de la série, on vit avec les personnages, on est sur les nerfs pendant les combats, bref, on est un membre à part entière du Galactica.

Les premier Cylons

La clé de la réussite passe donc par la connaissance de l’héritage du passé. Au-delà de la réalisation, on se rend compte que cet état de fait est le pilier central de l’histoire de la mini-série. Après cinquante ans de silence, les Cylons reviennent et détruise la quasi-totalité de l’humanité. L’aspect le plus surprenant est que ces Cylons (des machines crées par les humains, rappelons le) ont évolué d’eux-mêmes. Le modèle mécanique qui à fait la guerre à ses créateurs (et qui est la réplique exacte des Cylons de la série originale) à cédé la place, non seulement à un modèle plus évolué (personnellement je lui trouve un vague lien de parenté avec le Predator), mais également à des modèles humanoïdes. Des modèles qu’on ne peut différencier des véritables humains.

Les nouveaux Cylons

On comprend avec délectation toutes les implications scénaristiques que cela peut engendrer. Déjà nous découvrons que Boomer est en réalité une Cylon et la relation que Gaius entretient avec Numéro 6 est tout bonnement divine. Nous verrons par la suite si les auteurs sauront exploiter pleinement le potentiel qu’ils ont entre leurs mains (des machines jouant au maître avec leurs créateurs humains) afin d’égaler des œuvres majeures tels que "Blade Runner" ou "Matrix".

Face à cette menace, il est assez ironique de voir que le dernier espoir de paix pour une humanité réduite à son minimum se trouve dans un vaisseau qui était prêt à partir à la casse. Pourtant, c’est bien l’ancienneté de ce vaisseau (et par extension celui de son commandant) qui va permettre à l’humanité de survivre. En refusant d’installer ses ordinateurs en réseau afin d’exploiter pleinement le système de défense de Gaius Baltar, Adama immunise son navire contre les virus Cylons et c’est grâce aux anciens Viper qu’il peut permettre à la flotte d’échapper aux ennemis.

Cylon humanoïde. Modèle numéro 6

Peut-on combattre le futur à l’aide des armes du passé ? C’est toute la question que se posent nos héros et pour Adama la réponse est "oui". Au même titre que son matériel, les légendes sont aussi des armes utiles pour motiver des troupes au bord du gouffre, sans aucun espoir de lendemain. En habile politicien, le commandant Adama et la présidente Roslin vont se servir des légendes de leur planète pour contrôler le public. Même si leurs raisons sont louables, on ne peut que douter de la moralité du stratagème employé. Qui sait ce qu’il adviendra quand la supercherie sera dévoilée.

Pour l’heure, voilà cinquante mille humains rescapés d’un terrible désastre et dont l’ultime salut repose sur un vieux navire de combat, un commandant qui était sur le point de partir à la retraite, son fils avec qui il tente de renouer des liens, son second alcoolique, une pilote casse-cou, une autre qui se trouve être une Cylon, une ancienne ministre atteinte d’un cancer devenu présidente par la force des choses, et enfin un savant scientifique érotomane manipulé ou psychopathe, on ne sait trop.

“Le monde n’est plus. Le combat vient tout juste de commencer.”

Une mini-série tout simplement excellente et qui est le prélude d’une série encore plus grandiose.