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1.01 - 33

Insomnie forcée

mercredi 14 décembre 2005, par Lord-Of-Babylon

Qui y a t’il de mieux que la mini-série Galactica ? Réponse : une saison de Galactica. Et ca commence maintenant par un épisode magistral en seulement 33 minutes là où il faut 24 heures pour d’autres

Situation de départ

La flotte extenuée du Galactica

- Les humains sont sans cesse attaqués par les Cylons. La flotte est obligée de faire un saut hyper-spatial pour leur échapper mais toutes les 33 minutes, les Cylons les retrouvent et les attaquent de nouveau, et ainsi de suite.

- A bord de l’"Olympic Carrier", le docteur Amarak souhaite voir la présidente Roslin car il a des infos importantes à lui donner concernant le moyen qu’ont utilisé les Cylons pour attaquer les humains.

- Sur Caprica, Helo lutte contre les Cylons malgré ses blessures.

- L’équipage du Galactica n’a pas dormi depuis 130 heures.

Situations de fin

- Adama donne l’ordre à Starbuck et Apollo de détruire L’"Olympic Carrier"

- Helo retrouve Boomer sur Caprica sans se douter que celle-ci est une Cylon.

- Le docteur Amarak est mort, et ses révélations avec lui.

- Gaius Baltar reconnaît ses péchés et se repend face à Numéro 6.

Critique

Boomer & Tyroll

Après une mini-série fabuleuse, voilà donc que commence la série Battlestar Galactica avec un épisode tout simplement exceptionnel en ce sens qu’il refuse l’immobilisme. Suite à un pilote construit de telle manière qu’il peut être considéré comme un téléfilm indépendant, il serait facile de commencer la série de manière tranquille. Or, c’est tout l’inverse qui se produit. Au lieu d’immerger calmement le spectateur dans son univers, 33 le chope par les vêtements et le balance en plein dans l’action, sans prendre le temps de le laisser se reposer ne serait-ce qu’une seule seconde.

L’épisode va poser la structure d’un récit qui perdurera tout au long de la saison et qui se situera sur deux champs d’actions :

- Le Galactica et la flotte avec la plupart de nos héros.
- Caprica avec Helo et Boomer la Cylon.

Pour l’heure, Helo ne connaît pas la véritable identité de sa sauveuse mais on se doute bien qu’avec ces retrouvailles, les scénaristes vont s’en donner à cœur joie. La seule difficulté va plutôt se situer dans la capacité à divertir aussi bien sur Caprica que sur le Galactica. A suivre, donc.

Bien que le pilote de la série ne laisse aucun répit au téléspectateur, il a néanmoins l’intelligence de conserver son style visuel unique hérité du pilote. Un style que l’on doit énormément au réalisateur Michael Rymer, qui a quand même commis La reine des Damnés, comme quoi... Finalement l’approche documentaire de la série accentue formidablement toutes les tensions générées par l’épisode.

Appollo & Starbuck

Comme toute grande histoire, cet épisode se base sur un concept ultra-simple permettant des ramifications savoureuses. Toutes les trente-trois minutes, la flotte se fait attaquer par les Cylons. Adama ne peut donc que fuir en espérant que le saut hyper spatial sera le dernier. Le fait que tout l’équipage soit à bout de nerf suite à l’absence de sommeil crée automatiquement un climat ultra-tendu. S’ensuit alors une mise en place de relations conflictuelles. Starbuck reproche à Lee son manque d’autorité en tant que chef de patrouille, le colonel Tigh joue les grands méchants envers un équipage à qui il ne laisse rien passer et Boomer accueille froidement son nouvel équipier et envoie chier copieusement son amant. Bref, un climat tendu où la moindre étincelle et le moindre pet de travers suffirait à tout faire péter.

Le Commandant Adama

Paradoxalement, on constate la mise en place de relations maternelles entre certains membres de l’équipage. Si Tigh est aussi dur envers ses hommes, c’est parce qu’il endosse volontairement le rôle de méchant afin de ne pas ébrécher l’image inébranlable du commandant Adama. Pilier de toute la flotte, ce dernier ne peut s’autoriser aucune faiblesse, pourtant il est materné par son X-O qui prend l’initiative de dire tout haut ce qu’Adama ne peut dire et qui prend n’importe quel prétexte pour faire reposer son ami. A l’inverse, le commandant du Galactica voit d’un bon œil l’investissement de Tigh pour son travail. La crise que l’humanité est en train de vivre aura au moins comme effet positif de faire faire oublier les problèmes de boissons du Colonel.

Mais quand on parle de relation maternelle, c’est avant tout à Laura Roslin qu’on pense. L’ancienne ministre de l’éducation, propulsée par la force des choses Présidente de ce qui reste des colonies, a très bien pris son rôle en main et l’exerce avec fermeté et douceur. Une simple scène comme celle du décompte de la population est marquante à ce sujet. Elle sait gérer en douceur les crises et ne manque aucunement d’ironie, notamment avec Gaius Baltar.

Tiens, justement, causons un peu de Baltar. S’il y a un bien un personnage isolé par rapport à tous les autres, c’est bien lui, et pourtant il est au centre de tout. Responsable malgré lui de la destruction de la quasi-totalité de l’humanité, son égocentrisme l’empêche de ressentir toute culpabilité. Son duo avec Numéro 6 est probablement une des plus grandes idées de la série. Sorte de Dark Jiminy Cricket, numéro 6 entretient une relation ambiguë avec Baltar. Passant du feu à la glace, elle chauffe son amant, pour l’instant d’après lui faire connaître des souffrances psychologiques terribles. La question est bien sûr : « Quel est son but ? », et par extension « Quel est le but des Cylons ? ».

N°6 & Baltar

Les Cylons chercheraient-ils autre chose que la simple destruction de l’humanité ? Dans 33 nous découvrons que Numéro 6 (donc les Cylons) croit en Dieu. Ce qui est intéressant dans cette révélation (en plus du fait de savoir que des machines aient des croyances), c’est de constater qu’au contraire des humains dont la religion est polythéiste, celle des Cylons serait monothéiste. Voilà qui annonce une lutte d’ordre beaucoup plus mystique que le simple conflit guerrier, avec probablement un Baltar au centre de tout. Pour preuve, la leçon que lui inflige Numéro 6.

Pour terminer, il règne dans cet épisode un climat alternant entre le pessimisme et l’optimisme. Reflet probable de l’ensemble de la série, 33 est un épisode ultra-tendu, baignant dans une atmosphère post-apocalyptique oppressante, et qui culmine sur une fin grandiose avec la destruction de l’Olympic Carrier par Apollo et Starbuck sur les ordres d’Adama et de Roslin. Une décision difficile mais nécessaire, et alors que nos héros ruminent ce choix, il est annoncé la naissance du premier enfant au sein de la flotte sur le vaisseau Rising Star. Au bout du compte, la vie reprend ses droits. A ce propos, Rising Star est aussi le nom d’un comics racontant le devenir de l’humanité influencé par des êtres doté de super pouvoirs. Tiens, tiens.


Un épisode parfait, qui mérite pleinement son Hugo Award.