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1.02 - Water

Ombres et Lumières

jeudi 22 décembre 2005, par Lord-Of-Babylon

Un épisode sans Cylons ou presque et pourtant le danger n’a jamais été aussi présent.

Situation de départ

Boomer nage en eaux troubles

- Boomer se réveille dans une des cales du Galactica. Complètement perdue, elle trouve dans son sac un détonateur et un pain de plastique. En voulant les remettre dans l’armurerie, elle découvre que six autres charges ont disparus.

- Peu après les citernes d’eau du vaisseau explosent. Le vaisseau perd la majorité de ses réserves d’eau. Le commandant Adama ordonne alors un rationnement sévère, mais malgré les mesures drastiques imposées, l’eau viendra très vite à manquer.

- Suite aux déclarations du Chef Tyrol (qui couvre sa maîtresse Boomer), le commandant et la Présidente pensent qu’il y a un agent Cylon à bord du vaisseau. Adama et Roslin pressent de plus en plus Gaius Baltar pour qu’il mette au point un détecteur de Cylons.

- Sur Caprica, Helo découvre que la navette Raptor qui a servi à Boomer pour venir le récupérer a été capturée par les Cylons.

Situation de fin

- Boomer et Crashdown découvrent une planète possédant d’ énormes réserves d’eau mais gelées.

- Boomer 2 et Helo captent un appel de l’armée et partent à la recherche de l’émetteur du signal.

- Lee Adama devient le conseiller militaire de la présidente Roslin.

- L’attitude de Boomer tend à nous faire penser qu’elle est l’auteur de l’attentat sur les réservoirs

Critique

Tigh compte les gouttes, mais pas les mêmes

Water nous narre la destruction des citernes d’eau du Galactica et la quête de ce précieux liquide. Il nous met face à une dramatique vérité : la situation précaire de la flotte du Galactica. Les derniers survivants de l’humanité ne sont qu’à un cheveu de l’extinction totale il suffirait d’un incident pour tout faire basculer dans le chaos. Un incident tel que la perte des réserves d’eau par exemple.

Il est quand même assez jouissif et pervers de compter tous les ennuis que pourraient affronter le Galactica : manque d’eau, de nourriture, de carburant etc. D’un point de vue narratif cela laisse augurer de formidables histoires en perspective. Pour l’heure, concentrons-nous sur la recherche de l’eau. Elément vital à toute vie, et qui manque cruellement aux humains suite à la destruction des citernes. Tout l’épisode va donc tourner autour de la recherche désespérée de l’eau dans de différents systèmes planétaires, de saut interspatial en saut interspatial, mais comme le rappelle Tigh, cela revient à chercher une aiguille dans une botte de foin. Usant d’un sadisme réjouissant, les auteurs de l’épisode contrebalancent cette quête par les scènes entre Helo et Boomer sur Caprica. Des scènes peu importantes (si ce n’est la découverte d’un signal de détresse) mais qui se déroulent toutes sous une pluie battante. Sadique je vous dis !

Gaius Baltar, acculé qu’il est

Et pour couronner le tout, les dialogues, désormais traditionnels, entre Baltar et Numéro 6 se passent dans une villa donnant sur un gigantesque lac. Enfin la Cylon la plus excitante de l’univers nous émoustille en sortant d’une baignoire remplie d’eau. Bref on joue avec nos nerfs en mettant en scène l’élément indispensable à nos héros.

La destruction des citernes n’est pas causée par un accident mais bel et bien par un sabotage dont l’auteur serait probablement Boomer. Depuis la fin de la mini-série nous savons que Boomer est une Cylon mais comme le rappelle le fabuleux générique de la série, celle-ci ignore sa véritable nature. Pourtant là aussi, on nous montre clairement qu’à mesure que se déroule l’histoire, Boomer va être forcée d’assumer sa véritable nature. Cela commence dés le pré-générique quand nous découvrons une Boomer complètement déboussolée qui découvre en même temps que nous qu’elle a pris un détonateur mais qu’il en manque également six autres.

Tu me fais voir ton port USB ?

Durant tout l’épisode, le chef Tyroll va tenter de la rassurer et de lui prouver qu’elle n’y est pour rien dans tous ce qui est arrivé. Son amour pour elle est vraiment sincère, et peu de personnes à bord du vaisseau sont dupes sur la nature de la relation les unissant (voir à ce sujet le regard que leur jette Cally). Mais malgré cela, Tyroll ne peut aller contre la véritable nature de son amante et le Cylon qui est en elle commence à la dominer. Ainsi, elle empêche sciemment la découverte de la planète comportant de l’eau et même si elle retrouve son esprit et lutte contre sa programmation, sa véritable nature est bel et bien là et refera surface un jour ou l’autre. Comme au début de l’épisode qui nous montre clairement la naissance de Boomer en tant que Cylon (pleine d’eau, déboussolé et quittant son uniforme c’est-à-dire son ancienne peau), sa dualité nous est d’ailleurs clairement montrée à la fin lorsque Boomer parcourt un couloir peu illuminé : Ombre et Lumière, Humaine et Cylon.

Starbuck aurait-elle osé faire pipi dans la citerne ?

Outre le problème de l’eau, Water va s’attarder sur d’autres personnages. Passons rapidement sur Baltar qui nous montre son aspect flambeur et dragueur face à une Starbuck amusée , ou sur les tentatives adorablement maladroites de Billy pour séduire Dualla, ou encore à la lutte que livre le colonel Tigh contre l’alcool, pour nous attarder sur un trio qui commence à se former : le Commandant Adama, le Capitaine Lee Appolo et la Présidente Laura Roslin. Disons le clairement, une famille un peu spéciale se forme dans cet épisode. Même si Lee a pardonné à son père et se rapproche de plus en plus de lui, on sent toujours une certaine distance. Lee est impressionné par son père et a beaucoup de mal à communiquer avec lui. Comme beaucoup de fils qui n’arrivent pas à communiquer avec leurs pères, en somme, et comme beaucoup de fils, Lee va chercher ses réponses auprès de sa mère. Ici la figure maternelle est représentée par Laura Roslin qui apporte un grand soutien à Billy et Appolo dans leurs relations. A l’inverse, c’est le fils qui fera prendre conscience à cette mère « figurative » les efforts que fait son père pour la mettre à l’aise.

Et vous pensiez que Jack Bauer était kief cool ?

Adama accueille Roslin en grande pompe afin de l’aider à asseoir son statut de présidente et dans l’intimité d’une cabine il lui confie son bien le plus précieux, un roman. Un signe qui ne trompe pas sur le respect et la confiance qu’il porte à la présidente. La fin de l’épisode va officialiser cette famille hors norme avec la nomination de Lee en tant que conseiller militaire auprès de la Présidente.

Pour terminer, attardons-nous sur une réalisation toujours aussi agréable. Deux petits points m’ont frappé dans cet épisode et auxquels je n’avais pas pensé auparavant.

- Pour accentuer sur le réalisme de la série et l’aspect désuet du Galactica, il est intéressant de voir que les ingénieurs du son ont délibérément créé des interférences et des pertes de mots lors de toutes les conversations audio.

- Malgré sa richesse visuelle et la qualité exceptionnelle de ses effets spéciaux, Battlestar Galactica refuse la surenchère visuelle. J’en veux pour preuve le fait que l’épisode ne nous montre pas l’explosion des citernes afin d’accentuer la surprise des personnages face à cet événement.


Preuve que même sans Cylons et sans bataille spatiale, BSG conserve son immense qualité. La parano commence à poindre avec l’émergence de la dualité Boomer/Cylon et de Lee qui se pose de plus en plus de questions sur ses responsabilités. A ses questions, deux réponses selon Adama ou Roslin. Différence entre moral et sentiment de paranoïa. Vite, la suite !