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4.02 - The Gift
I am... One !
lundi 19 septembre 2005, par
"The Gift" est l’occasion d’une chose rare dans Star Trek : le départ d’un personnage régulier. Ce qui devrait donc étre traîté d’une façon événementielle est pourtant totalement éclipsé par la seconde trame de l’épisode qui concerne l’accueil de l’égérie Borg par l’équipage de Voyager et la lutte de cette dernière contre son humanisation forcée.
Il est en effet extrêmement dommage de voir que le départ de Kes soit traîté d’une façon aussi anecdotique au point où cette intrigue devient carrèment la trame B de l’épisode. C’est faire peu d’honneur au personnage.
Bon, soyons honnête, il est vrai que le personnage de la jeune Ocampa a souvent été assez discret dans la série. Une discrétion toutefois attachante mais les scénaristes n’ont jamais réellement su donner du volume au personnage (en même temps on peut faire cette remarque sur de nombreux personnage de la série), réléguant Kes et ses pouvoirs psychiques immergeants au rang de ficelle de scénario. On retiendra tout au plus le très bon épisode "Before and After" de la saison précèdente qui avait réussi à donner un éclairage révélateur sur la personnalité et la condition de la jeune femme.
Ici, comme trop souvent, les pouvoirs de Kes servent de ficelle scénaristique. Cette fois-ci d’une façon "plus définitive". On peut même, sans exagerer, parler d’alibi pour dégager le personnage de manière bien expéditive. Certes dans les saisons précédentes, on avait pu laisser entendre que les Ocampas en refusant d’explorer leur capacités et en se terrant dans le sous sol de leur planète avaient ralenti leur évolution. Mais la transcence de Kes dans cet épisode est bien trop rapide pour procurer le moindre "sens of wonder" chez le téléspectateur.
On appréciera toutefois dans cette intrigue, la scène d’adieu de Kes à Janeway dont la réalisation et l’interprétation verse dans un pathos mesuré sans surdosage et la belle scène finale d’un Tuvok seul dans ses quartiers, caméra s’éloigant de la fenètre vers l’infini de l’espace.
Mais les vrais points forts de l’épisode sont à chercher du côté de la trame Seven of Nine. Ce qui d’ailleurs en fait au final un épisode tout à fait correct.
C’est d’abord une très intéressante lutte intérieure de la Borg dans son refus à "se faire assimiler par le collectif humain". Jeri Ryan offre vraiment une très bonne interprétation à fleur de peau qui mêle attitude hautaine, crainte et incertitude. Elle arrive avec tout son barda cybernétique à provoquer un élan de compassion chez le téléspectateur, quelque chose de jamais vu avec un Borg depuis Hugh dans TNG.
C’est aussi un très intéressant dilemne moral auquel nous confronte cette intrigue. En refusant de laisser à Seven of Nine la possibilité de choisir sa condition, Janeway soulève un pertinent et épineux problème éthique où il est question d’aliénation, de libre arbitre, de ce qui fait de nous des êtres responsables capable justementd’exercer ce droit de l’homme. Est-ce que Janeway a eu raison de choisir pour Seven ? Personnellement, je crois que oui. Méthaphoriquement, le retour de Seven à une conscience individuelle est une nouvelle naissance et on ne peut pas dire qu’un nouveau né à la possibilité d’exercer son libre arbitre. Ce qui rend la décision complexe c’est qu’ici elle est prise à l’encontre d’une personne dont la capacité de pensée est immédiatement constatable même si elle peut être faussée par l’aliénation du collectif borg.
Le propos de cet épisode est très riche et il interpelle.
Enfin, c’est l’occasion de voir le capitaine Janeway dans une dynamique nouvelle. Au contact de Seven, le personnage acquière une dimension qui va au delà de sa fonction de leader, on voit poindre un rôle de tutrice, presque de mère qui donne au personnage une complexité intéressante, dont l’écho de la scène de l’adieu de Kes ne fait que surligner. Cette épisode pose vraiment très bien les bases de la relation complexe qui se développera entre elle et Seven.
Plus généralement, on peut dire que par la simple présence de Seven of Nine c’est l’ensemble de l’équipage qui gagnera en intérêt, elle jouera un véritable rôle de projecteur sur le reste du casting.
Au revoir Kes, merci d’être passée, on se téléphone. Salut Seven of Nine, on s’est pas déjà vu quelque part ? Je vous offre un verre ?
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires