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4.04 - Nemesis

A mort Kradins, Goa’ulds et autres Wraiths !

mardi 27 septembre 2005, par Le Trekker Greg

Chakotay se retrouve embriguadé dans une guerre qui n’est pas la sienne mettant à rude épreuve ses valeurs d’officier de Starfleet dans une histoire, variation sur des thèmes qui font la renommée de Star Trek.

Si Star Trek a tant de succès de par le monde (sauf en France en gros) c’est, je pense, parce que la licence a developpé une idéologie sociale, économique et philosophique très lisible et identitaire. Cette idéologie trekkienne s’est construite autour de thématiques humanistes comme celle que "Nemesis" développe tout au long de son scénario : la tendance qu’a l’Homme, sous l’emprise de la manipulation et de la propagande, à facilement se laisser envahir par des choses aussi détestables que la haine, la violence, l’envie de verser le sang et cela malgré toute l’éducation éclairée que l’on aurait pu recevoir. Thème universel et particulièrement d’actualité.

Pour mettre en valeur cette thématique, l’épisode se parre d’une très bonne exécution de l’intro à la révélation finale. La construction est décomposée en deux temps (2x2 actes) qui met en évidence le mécanisme de conditionement qui nous est révélés dans le final.

Les deux premiers actes, certes un peu lents, n’en demeurent pas moins indispensables au propos. A nous, comme à Chakotay, ils réussissent à présenter une culture alien avec suffisement de profondeur pour se sentir concerné par elle et avoir envi de l’a voir préservée. C’est la première étape de la propagande : montrer combien sont importantes le mode de vie et les valeurs que l’on risque de perdre.
A noter que pour l’occasion, le script de Kenneth Biller prend la peine d’inventer une rhétorique particulière pour le peuple Vori. Une touche appréciable qui donne une identité immédiate à ce peuple avant même de s’intéresser à leur croyance concernant "l’après" et le vécu personnel de quelques Voris. L’ensemble permet de donner en quelques scènes une réelle consistance à ce peuple.

La seconde partie de l’épisode s’applique à mettre en oeuvre la seconde étape de la propagande : montrer l’ignominie du camp adverse qui met en danger les valeurs et le mode de vie que l’on porte en haute considération. L’élément qui fait véritablement basculer Chakotay sur la mauvaise pente, c’est la réalisation de la pratique immonde de la profanation de la mort Vori. Un choix d’illustration très pertinent au vu des origines amérindienne du commander.
J’ai vraiment trouvé très bien amené le cheminement de Chakotay qui lentement mais surement l’a éloigné des valeurs d’officer de Starfleet. En plus de montrer l’aisance avec laquelle, mus par la haine, l’Homme est capable de revenir à des instincts primaires, les événements que traverse le personnage lui donnent un intéressant éclairage.

Puis arrive la révélation de la manipulation Vori. S’il est assez difficile de comprendre quelle logistique permet ce conditionnement, la fin justifie les moyens. Ce twist final nous fait réévaluer tout ce que l’on nous a montré jusque là et met Chakotay, tout comme nous, face aux pires facettes de notre nature humaine.
Mais je dicerne une autre réflexion derrière cet épisode, celle-ci complètement étrangère à l’histoire. J’y vois une critique des procédés visuels employés par la SF télévisée pour représenter ses "méchants". Une auto-critique même puisque ST n’est pas tout blanc même si de ce côté elle fait des efforts comparés à quelques multi-récidivistes.

Donner aux Voris une apparence humaine et une apparence bestiales aux censés monstrueux Krandins violents et sans compassions, c’est particulièrement judicieux. On démontre par là que l’homme est donc le téléspectateur peut-être facilement manipulé. Comme il est beaucoup plus facile de sympathiser avec ceux qui nous ressemblent qu’avec ceux qui nous sont différents !
Et les Voris ont exploités jusqu’au bout cette faille humaine. Remarquez, le voix distordue qu’ils ont donné aux Kradins dans leur machinerie d’endoctrinement, alors que l’on constate que l’ambassadeur Kradin sur Voyager n’a pas du tout cette voix déshumanisée. Difficile de ne pas y voir une pique manifeste envers une autre licence de SF qui use et abuse de ce procédé dans leur conception unidimentionnelles de leur "vilains". Du texte dans le texte, ça me plait ! Et quand ça titille en plus ma "Nemesis" des séries SF à moi, ça me plait encore plus !


Une excellente exécution au service d’un propos dans la grande tradition trekkienne. Un classique de Voyager.