LES INVINCIBLES — Saison 2
En saison 2, les Invincibles cherchent à retrouver le goût de vivre...
Par Emilie Flament • 3 mars 2011
La seconde saison se termine sur Arte et c’est donc l’heure du bilan. Alors, le Rallye du Bonheur était-il plus ou moins convaincant que le Pacte ?

Hassan est de retour, un an après sa fuite lors de son propre mariage. Il rassemble ses 3 amis, qui ne se sont quasiment pas vus depuis son départ et qui dépérissent dans leur coin, et leur propose un nouveau défi qui devrait leur permettre de raviver leur amitié, le Rallye du Bonheur : chacun se fixe un objectif important qui lui permettra d’accéder au bonheur et a le droit de demander l’aide de ses amis pour y arriver. Un objectif plus adulte pour une saison plus équilibrée.

 
Autant être claire dès le début : Oui, « Les Invincibles » est le remake d’une série québécoise du même nom. Non, je n’ai pas envie de m’acharner sur ça, surtout que j’ai déjà donné mon avis général sur ce point lors de la saison 1. Si, dans la saison 1, on sentait réellement la réduction du nombre d’épisodes par saison entre la version québécoise et la version française (notamment avec des hybrides de 2 intrigues distinctes cohabitant difficilement dans un épisode), il n’y a plus ce type d’erreur dans la seconde saison, la structure est mieux maîtrisée. Un seul élément continue franchement de me perturber, c’est le fait que la série française soit à ce point quasi-identique à la série québécoise (jeter un oeil aux bande-annonces de la saison 2 de la série d’origine, vous comprendrez mieux mon propos). Maintenant ne sachant pas l’origine de ce choix (élément contractuel à l’achat des droits ? choix artistique délibéré ? limitation de la prise de risques dans l’adaptation ?), je ne vais pas juger. Mais bon, on ne va pas non plus rabâcher sur le coté ‘‘remake’’ à chaque saison... donc on passe à la suite !

L’âge adulte

La saison 1 était légère, celle-ci l’est un peu moins. Certains ont du en être déçus, mais personnellement j’ai au contraire fortement apprécié. La série y gagne en crédibilité et s’ancre encore plus dans le coté générationnel. Toute la série tourne autour du passage à l’âge adulte. Après avoir tenté l’option ‘‘insouciance’’ la saison dernière, les 4 invincibles ont compris que c’était nécessaire et inévitable pour avancer.
Hassan, jonglant entre assurance et faiblesse, domine largement la saison. Après sa fuite, il est revenu pour trouver une place auprès de son fils, dont personne ne connaît l’existence. Pour cela, il est prêt à tout pour convaincre Jeanne et glisse sans s’en rendre compte bien plus bas que là où sa relation avec Cathy l’avait mené. D’ailleurs, c’est vers son ex qu’il se tourne pour être réconforté, ou peut-être pour se rassurer dans une relation où il semble avoir le contrôle. La scène de prise de conscience finale est extrêmement juste.

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Globalement, les 4 protagonistes subissent le même sort : ils réalisent qu’atteindre le bonheur n’est pas qu’une question d’objectif, mais de parcours, d’autant plus quand leur but n’est que la partie immergée de l’iceberg. Hassan veut au fond construire un relation basée sur l’amour et l’égalité ; FX, l’égocentrique, voulait ‘‘revivre le sentiment amoureux’’ et il finit par comprendre qu’il doit surtout s’intéresser aux autres ; Vince s’était fixé d’arrêter les anti-dépresseurs, mais il devait surtout s’accepter lui-même ; enfin, Mano voulait tout faire pour vivre de sa musique, mais il a fini par comprendre qu’il aimait Meike plus encore.
En somme, les personnages en sortent grandis. Si le gain apparent de ce Rallye peut paraître insuffisant (le voyage à Punta Cana), au fond peu importe. Dès le départ, chacun est conscient du marasme dans lequel il stagne, même si il ne l’admet pas devant les autres. Punta Cana n’est qu’un prétexte, l’intérêt personnel est le vrai moteur et le Rallye, un soutien. D’ailleurs au final, seul Hassan part avec Cathy, les autres ayant trouvé ce qu’ils cherchaient vraiment.

Rien à redire sur l’interprétation. Le quatuor masculin (Jonathan Cohen, Cédric Ben Abdallah, Benjamin Bellecour, Jean-Michel Portal) est toujours excellent et très juste. Leurs moitiés le sont tout autant (Brigitte Bémol, Delphine Rollin, Sonia Rolland). Pour mon plus grand-plaisir, Marie-Eve Perron a l’occasion d’explorer plus en profondeur son personnage cette saison, ce qu’elle fait très finement. Mention spéciale au ‘‘papa’’de FX, interprété par Alain François.

Au final, je me suis vraiment attachée aux « Invincibles », qui globalement a beaucoup de qualités et quasiment seulement en sa défaveur le fait d’être une adaptation. Il lui manque juste un petit quelque chose qui réussirait à la faire passer de ‘’série sympa dont j’attends la saison 3’’ à ‘‘bonne série dont on discute avec enthousiasme à la machine à café’’. Reste à trouver quoi...

Post Scriptum

« Les Invincibles »
Saison 2, 8 épisodes produits par Making Prod, Arte France.
D’après l’adaptation de la série originale québécoise de François Létourneau et Jean-François Rivard
Scénaristes : Brigitte Bémol, Alexandre Castagnetti, Bertrand Marzec, Julien Simonet
Réalisateurs : Alexandre Castagnetti, Pierric Gantelmi d’Ille