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L&O : Special Victims Unit

5x02 - Manic

Corporate greed is the beating heart..

mardi 7 octobre 2003, par Jéjé

Lorsque les scénaristes de « Law & Order » décident d’en découdre avec le
système de santé de leur pays, les épisodes se révèlent souvent polémiques et
exceptionnels.

Et quand SVU décide d’en découdre à son tour, on obtient un épisode excellent…
de « Law & Order » (SVU, c’est moins sûr…)

Pourtant, tout commence comme à l’accoutumée…
Stabler, torche au poing accompagné de quelques hommes, déambule dans les
couloirs sombres d’un local scolaire. Des traces de main ensanglantées
parsèment les murs.

Stabler et ses hommes arrivent devant la porte de la chaufferie. On entend la
voix d’un jeune garçon de l’autre côté demander d’être épargné.
A l’extérieur, Benson arrive sur les lieux et Tutuola la met au parfum. Les
corps dénudés et criblés de balles de deux adolescents de 13 ans ont été
retrouvés dans le gymnase d’un lycée. (Là, on est bien dans SVU…) Un troisième
garçon serait détenu par le criminel.

Un coup de feu est tiré. Stabler défonce la porte. Le garçon est en vie mais
touché à la tête et avant de s’évanouir, il réussit à dire que son agresseur
s’est échappé par la fenêtre.

Eh, mais… Le gamin, on dirait le sale gosse de « Maman, j’ai raté l’avion… »
avec les cheveux longs. En même temps, ce n’est pas trop possible, il a pris 50
cm depuis et joue les guests dans « Will & Grace ». On verra…

Générique…

Tiens mais c’est le même que la saison dernière… (Je n’ai pas vu le season
premiere)… Stephanie March est toujours là.

On retrouve dans le gymnase Cragen qui explique la situation à Benson et
Tutuola. Les deux victimes étaient des élèves, membres de l’équipe de basket du
lycée, venus s’entraîner à l’école en ce samedi matin.

Le chef de sécurité leur confie qu’une arme qu’il avait confisquée la veille à
un autre élève lui a été dérobé.

Munch, Tutuola et une équipe sur armée défoncent la porte de l’appartement de
l’élève en question, menacent le père et embarquent le gamin. C’est efficace,
expéditif et un peu inquiétant…

Le garçon est interrogé à la brigade ; les inspecteurs soupçonnent une
vengeance contre le lycée, qui venait de le renvoyer à cause de l’arme… Son
dossier scolaire regorge de rapports d’incidents violents. Emballé, c’est pesé…
On apprend alors que la troisième victime s’est réveillée à l’hôpital.

Le jeune Joe Blaine (incarné par Rory Culkin, le frère de l’autre, donc…) est
alité, sa mère à ses côtés (interprétée par Mare Winnigam, actrice pour
laquelle j’ai une tendresse particulière, que j’ai découverte dans Georgia avec
Jennifer Jason Leigh… Enfin, bon… C’était aussi le médecin chef des Urgences
dans « E.R. », euh, plutôt la mythomane qui avait pris les commandes du Cook
County…)

Le garçon paraît assez perturbé et répond aux questions de Benson et Stabler de
façon très évasive. Benson remarque qu’il dessine excellemment et lui demande
de tracer le portrait de son agresseur.

C’est l’homme chargé de l’entretien, le seul à avoir accès au tiroir du chef de
la sécurité, et souvent moqué par les deux victimes décédées. Mais il est
rapidement innocenté, son emphysème l’empêchant d’avoir pu atteindre la seule
fenêtre de la chaufferie et donc de s’échapper.

A la chaufferie, une histoire de ricochets de balles par l’experte en
balistique plus le fait que seules les empreintes de Joe se trouvent sur la
poignée de la porte font penser à Benson que l’agresseur et Joe pourrait être
la même personne. De là, elle met la main dans une chaudière et découvre
l’arme… Ce pourrait être un de ces petits raccourcis faciles que n’aime pas
Seb, mais là, il faut bien avancer…

On apprend alors que l’homme d’entretien l’avait bien dérobé et qu’il l’avait
confiée à Joe pour qu’il fasse peur à ses camarades…

A l’appartement des Blaine, Joe a disparu. Sa mère est relativement inquiète,
mais son absence de panique peut s’expliquer par le fait que B&S (marre
d’écrire Benson et Stabler) soupçonnent son enfant d’être un meurtrier. Dans la
chambre, les deux détectives découvrent un dessin similaire à la scène du
crime, deux adolescents morts sur le sol d’un gymnase… La seule différence est
la présence d’un troisième personnage, une forme diablesque noire. Le dessin
est daté de deux mois avant le crime.

Une histoire à la « Massacre à Colombine High School » se profile… Mouais, un
peu banal, quand même…

Effectivement, le gamin n’a pas d’amis, son père est parti, son dossier
scolaire fait dire à Wong (l’expert psy de SVU) qu’il était dépressif…

Rapidement, les inspecteurs réalisent que le gamin est encore à Manhattan,
caché par sa mère. Ils la pistent et arrêtent tout ce petit monde.

Joe « j’ai pas raté l’avion » est interrogé par B&S, en présence d’une avocate.

Il a l’air bien psychotique : il se tape la tête contre la table, il nie tout…
Lorsque Stabler lui montre le dessin incriminant, il se met à balancer des
trucs comme « Zoltar’s gonna kill you »… Wong s’adjoint à la troupe. On apprend
que le gamin n’a pas dormi depuis trois jours et qu’il refuse de prendre des
médicaments, car dans ce cas, il entend des fois qui lui dictent ses actions…

Il finit par avouer les meurtres et sa tentative de suicide dans la chaufferie.

Derrière la glace sans teint, Cabot (avec une frange très mode mais pas si
seyante que ça) pense que le gamin sera jugé comme un adulte.

Fin de la partie SVU (et encore, on aura appris que les deux victimes n’ont
subi aucune violence sexuelle…). Début de « Law & Order :classic »…

Au tribunal, Alex Cabot est surprise de voir Joe représenté par un avocat
constitutionnaliste, maître Murdoch… La défense adoptée sera que les meurtres
sont des conséquences d’effets secondaires malheureux provoqués par
l’absorption d’« Aptril », un anti psychotique fourni à Joe par son école.

Cabot est sceptique mais intrigué par le fait que son adversaire ait l’air si
au fait d’éléments si subtils. Murdoch confesse que sa stratégie découle d’un
appel d’un psychologue renommé… George Wong !!!

L’altercation inévitable ne se fait pas attendre. Cabot gueule sur Wong et est
abasourdie lorsque B&S lui annoncent qu’ils ont enquêté à l’école et que bien
que la mère ait refusé de voir le psy de l’établissement, les Blaine ont
consulté ailleurs.

S’en suit alors une enquête pour savoir qui a prescrit l’Aptril. Ni le médecin
en question (avec dans la séquence avec ce personnage, une petite pique contre
les assurances maladies qui préfèrent les traitements médicamenteux moins
coûteux aux psychothérapies, plus longues mais plus sûres… Ils sont bien ces
scénaristes !!!), ni l’infirmière de l’école… Si Cabot parvient à démontrer que
Joe a pris de lui même l’Aptril, donc, non pour se soigner mais pour se sentir
bien, elle a procès gagné…

Lors des audiences, une experte témoigne sur les effets secondaires du
médicament, mais Cabot la botte en touche dans une de ces scènes de contre
interrogatoire qui rend la procédure pénale US si spectaculaire (quand celle-là
est écrite par le staff de Dick Wolf…) Cabot s’acharne ensuite sur le petit Joe
pour lui faire dire ce qu’elle veut entendre. Il craque et s’effondre. Sa mère
se lève et confesse que c’est elle-même qui lui a donné le médicament.

Retour à la brigade et basculement de l’épisode de « mouais, pas mal » à « 
vache, trop bien »…

La mère explique que l’Aptril est arrivé par courrier, juste au moment où
l’école menaçait d’expulser son fils et que les assurances refusaient de
prendre en charge une psychothérapie.

Je ne l’ai pas encore souligné mais Mare Winnigam est sublime dans son rôle,
son personnage de mère désemparée par le geste de son fils devenant terriblement
tragique lorsque l’on réalise que c’est elle qui a provoqué l’épisode
psychotique de celui-ci…

Au courrier, avec les échantillons d’Aptril, était jointe une lettre du propre
docteur de Sandra Blaine, qui lui recommandait cette nouvelle version du
médicament. (Sandra avait été soignée il y a quelques années pour une
dépression). Cette lettre était écrite sur du papier à entête des laboratoires
Tausher Ledo, les producteurs de l’Aptril…

Ces derniers nient tout mailing de la sorte, arguant qu’il ne peut s’agir que
de la pratique spontanée d’un de leurs représentants.

Cabot et Stabler enquêtent auprès du médecin et découvre que « Tausher Ledo » a
acheté une liste de ses patients traités pour dépression contre le financement
de cliniques pour indigents (comprendre les Américains sans assurance-
maladie…). On est réellement désolé pour ce médecin lorsqu’il apprend que sa
petite entorse à la loi a coûté la vie à deux adolescents.

Ils retrouvent la représentante de « Tausher Ledo » qui ne veut rien dire, mais
qui finit par dire que « nous » ne sommes pas responsables…
« Nous », pas « Je », remarque Cabot.

Celle-là est perturbée, elle redoute maintenant de gagner son procès sachant
que les pratiques marketing des labos sont sûrement à l’origine des meurtres et
va demander conseil auprès de Wong.

Elle propose un arrangement aux Blaine, à la veille de la reprise du procès.

Joe accepte de plaider coupable et d’être interné dans un H.P. Dans cette
scène, Mare est encore grandiose, mais il lui reste encore des scènes pour
faire montre de son immense talent.

Et qui déboule alors dans le bureau de Cabot ? Arthur Brench ­ Adam Schiff v.
2.0 ­ de "Law & Order"….

Il n’est pas du tout satisfait de l’arrangement conclu par son A.D.A. Il se
demande si elle n’a pas été manipulée par l’avocat de la défense.

Elle lui confesse qu’elle pense que la cupidité des entreprises est à la base
de ces meurtres. Ce à quoi notre cher républicain de D.A. lui rétorque que la
cupidité des entreprises est le cœur battant des Etats-Unis…
Et qu’il ne veut pas que ces meurtres restent impunis !

Sur le moment, je me suis dit : « Quel pauvre type, il veut s’acharner sur le
gamin… » et puis finalement sa remarque peut s’interpréter comme un
encouragement pour Cabot à continuer sur sa lancée…

Elle organise une rencontre entre Sarah Blaine et la représentante. Dans une
scène brillante, Mare convainc la représentante des labos de les aider…

B & S et Cabott débarquent alors dans une réunion chez « Tausher Ledo »,
interrompent le discours vindicatif du « Chef executive officer » à ses
subalternes et lui montrent différents mémos avec sa signature prouvant
l’implication de l’entreprise dans la tragique campagne de mailing…
Cette fin à la Erin Brokovich (que certains pourront trouver un peu facile) m’a
enchanté ! Tout comme la dernière réplique de Stabler au bureaucrate
menotté : « Take some Aptril, you will feel better ! »

Bref, un épisode brillant dont le scénario aurait pu, je pense, donner un
épisode encore plus fabuleux de « Law & Order : classic ». La partie judiciaire
était excellente, mais elle aurait mérité quelques échanges de points de vue
supplémentaires sur le sujet qu’aurait rendu possible la présence des deux
personnages « juristes » de L&O et que Cabot seule ne pouvait susciter. Sa
scène avec Wong était troublante, car elle nous faisait sentir à quel point il
manquait un personnage de ce type.