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Angela, 15 ans
My So-Called Life
mercredi 29 septembre 2004, par
A l’heure où l’on élève chaque nouvelle série au rand de série culte dès qu’elle a une once de succès, revenons sur celles qui n’ont duré qu’un temps, une seule et unique saison, celles qui n’ont pas su conquérir les dirigeants des networks ou une partie du grand public malgré des qualités indéniables. Découvrez les séries aux inédits perdus...
C’était quoi ?
Série créée par Winnie Holzman et produite par Marshall Herskowitz et Ed Swick (Thirtysomething) avec Claire Danes (Angela Chase) Bess Armstrong (Patty Chase), Wilson Cruz (Riquie Vasquez), Devon Gummersall (Brian Krakow), A.J. Langer (Rayanne Graff), Jared Leto (Jordan Catalano), Devon Odessa (Sharon Cherski), Tom Irwin (Graham Chase). Diffusée du 25 août 1994 au 26 janvier 1995 sur ABC, et du 18 novembre 1995 au 24 mars 1996 sur Canal Jimmy. Cette série trop courte, 19 épisodes seulement, nous fait pénétrer au plus proche de ce qu’est la la vie dans une famille “normal” aux États Unis. Tout commence lorsque Angela Chase décide de se teindre les cheveux en rouge au grand désespoir de sa mère, qu’elle change de “meilleure amie” bouleversant ce qui jusque là avait été sa vie. Série autant sur le lycée, l’adolescence, la difficulté de grandir que sur le monde des adultes.
Et c’était bien ?
My So-Called Life (MSCL) fait figure d’OTNI dans le paysage des séries “ados”. Ici pas de grandes histoires d’amour alambiquées ou d’histoire mélodramatiques forcement larmoyantes, pas de grands conflits artificiels entre les ados et leurs parents, pas d’idéalisation du lycée ou de l’époque de l’adolescence. Le point de vue est réaliste et c’est la vie telle qu’elle est qui nous est montrée. Ce qui n’empêchera pas quelques excursions dans le poétique fantastique.
Les personnages qui évoluent autour d’Angela ne sont pas tous jeunes et beaux (ce n’est pas Beverly Hills). Ils traînent leurs problèmes, leurs histoires, leurs failles. Même ceux qui paraissent les plus “normaux”. Alcool, homosexualité, illettrisme... Pour autant aucun de ces thèmes n’est traité de façon moralisante comme c’est souvent le cas dans d’autres productions destinés à ce genre de public (et pas seulement la très bien pensante 7 à la maison (7th heaven). Le choses sont évoqués de façon subtile et juste, tout en finesse.
L’exploit de la série est de rendre ce qui pourrait être rébarbatif intéressant. Quel intérêt y a-t-il à regarder une série qui nous montre ce que nous vivons ou avons vécu au quotidien ? C’est justement de voir ce qui fait (ou pourrait) être notre vie traité de façon aussi juste. MSCL nous renvoi notre propre expérience, notre propre vie, et leurs donne une portée plus large que celle que nous aurions pu penser. Si nous n’avons pas été dans une High School nous avons été, ou nous sommes toujours, collégiens, lycéens. Nous savons que le lycée est un champ de bataille pour le cœur. Nous avons connu les troubles de l’adolescence, ces périodes de doutes, ces temps d’incertitude. MSCL nous parle exactement de ça. D’une façon si juste qu’elle nous touche au plus profond.
Si MSCL traite de cette période charnière dans la vie, dans notre vie, où il faut apprendre à grandir, abandonner l’innocence infantile (ce qui ce manifeste chez Angela par son brutal changement de couleur de cheveux au début de la série) pour devenir adulte, elle traite également des difficultés d’être adulte. Les parents d’Angela ne sont pas simplement des figurants, les éléments de décorations, ils sont les principaux référents adultes de la série, vivant en parallèle de leur fille des histoires nous montrant qu’il n’est jamais simple d’être adulte, que ce n’est pas parce que l’on a grandi, vieilli, que la vie est plus facile. Les deux lignes narratives (les ados/les adultes) ne s’opposent pas, elles se croisent, se répondent, s’éclairent l’une l’autre, contribuant à rendre la série encore plus juste et réaliste.
MSCL est une série balançant constamment entre la comédie, le mélodrame intimiste, la poésie, l’émotion comme la vie elle même. MSCL est également une série très littéraire. Il est constamment fait référence à des oeuvres du patrimoine américain ou mondial. La métamorphose de Kafka sert à un personnage de métaphore pour expliquer sa propre transformation physique au moment de la puberté. Ce sont les mots d’un dialogue de Our Town qui servent à Angela et son ancienne meilleure amie à se dire ce qu’elles ont sur le cœur. Le journal d’Anne Franck, l’Odyssée sont également cités dans les dialogues et servent à éclairer les situations ou les sentiments que vivent les personnages. Enfin le trio amoureux Angela, Graham, et Jordan fait référence à celui de Cyrano de Bergerac entre Roxanne, Christian et Cyrano.
Par deux fois la série verse dans le fantastique poétique. Dans l’épisode Halloween Angela est hantée par le fantôme d’un élève décédé dans les années 60. Dans So-Called Angel elle croise la route d’un ange le soir de Noël. Ces deux épisodes sont sans doute les plus touchant de la série. Même s’il abandonnent un instant le parti pris de réalisme de la série ils en illustrent parfaitement l’esprit. ET ce n’est pas un hasard si le second fait référence à Capra et à son film de le plus célèbre It’s A Wonderfull Life (La Vie est Belle). L’univers poético-fantastique de Capra est une référence constante pour Herskowitz et Swick.
Bah pourquoi c’est fini ?
C’est toujours le même problème de l’audience. ABC, après avoir hésité à acheter la série, se décide devant l’accueil critique après le pilote à commander 7 épisodes puis 13,mais ne sachant pas trop quoi en faire retarde la diffusion. Mise à l’antenne l’accueil critique est encore plus enthousiaste. Mais les chiffres d’audience ne sont pas ceux escomptés par la chaîne, elle suspend la diffusion après le 19° épisode. Malgré une forte mobilisation des fans la série ne reviendra pas sur les écrans.
Et ça fini comment ?
Il n’y a pas de véritable fin. Au cours du dernier épisode Jordan demande à Brian d’écrire une lettre de réconciliation pour Angela, lettre dans laquelle Brian se laisse aller et exprime ses propres sentiment, et dévoile sont attirance pour la jeune voisine. Angela découvre que cette magnifique lettre n’est pas de la main de Jordan mais de ce voisin qu’elle remarque à peine. The End.
Nous ne connaîtrons jamais la suite, ce qu’il adviendra de ce triangle amoureux et des autres personnages. Et c’est bien dommage.
Et maintenant ?
My So-Called Life a profondément marqué ceux qui l’on vue (et revue). Cette série une place particulière dans la mémoire et le cœur des téléspectateurs. Les nombreuses sur MTV (dont ce fut le premier programme non musical) y sont pour beaucoup. En France Canal Jimmy contribua également à l’engouement, ainsi que France 2 (même si la programmation n’était pas parfaite)
Les producteurs Marshall Herskowitz et Ed Zwick après Angela nous offrirent une autre grande série avec Once & Again (elle aussi disparue trop tôt même si elle à eu plus de chance pour s’installer que MSCL).
Claire Danes a entamée une carrière cinématographique avec Roméo+Juliette (avec Leonardo DiCaprio), on a pu la voir depuis dans The Hours et dernièrement Terminator 3.
Jared Leto est lui apparu dans l’excellent Requiem For a Dream.
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