LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires

Accueil > Critiques > Critiques en Cours > Un Agent Très Secret > Au Commencement

1.01 - Origins

Au Commencement

Quant tout à Commencé

samedi 10 septembre 2005, par Zmaster

C’est avec beaucoup d’honneur, une grande émotion, et une immense joie, que je vous présente la première critique d’Un Agent Très Secret (Now and Again) en exclusivité sur la LTE.

Mais tout d’abord, pour nous remettre dans le contexte, je vais effectuer un petit saut dans le temps.
En octobre 2000, commençait une nouvelle série le dimanche après-midi sur France 2, elle parlait d’un homme se retrouvant dans le corps d’un Apollon doté d’une nature hors du commun et étant au service du gouvernement.
A cette époque, je n’étais pas très exigeant avec les séries que je regardais, il suffisait qu’il y ait un concept, une histoire un peu originale, le tout matinée d’action pour ne pas trop s’ennuyer et c’était suffisant pour cela me plaise.
C’est donc comme cela que je suis tombé sur un Agent Très Secret. Avec un titre comme ça et ce que cela sous-entendais, je pensais que cela pouvait m’intéresser.
Le premier épisode étant déjà passé, j’ai pris en cours.
Et je ne m’attendais pas du tout à ce que j’allais voir car je n’y étais absolument pas préparé !

Au début, les épisodes me laissaient dubitatif. Il y avait peu de scènes d’action au sens strict du terme, parfois, il n’y avait même pas de méchant dans l’épisode !
La série s’attachait plutôt à nous montrer les intéractions entre les différents personnages.
Mais je continuais à regarder, je trouvais ça bien réalisé, les dialogues faisaient preuve d’humour mais j’espèrais que la suite s’améliorerait.
Ce ne fut jamais le cas. Pas au sens où je l’attendais bien sûr.

La série ne changea jamais comme je le pensais, elle continua sur sa voie, à développer son potentiel et c’est elle qui m’a changé.
Oui, elle a changé ma vision sur ce que devait ou pouvait être une série. Et je crois que c’est à ça que l’on reconnaît les meilleures.

Vous l’avez donc bien compris, c’est une de mes séries préfèrés et j’attendais depuis longtemps, à l’occasion d’une rediffusion, de pouvoir écrire quelques critiques sur la série.
Aujourd’hui, c’est chose faite alors après cette intro un peu longue mais sincère, attaquons-nous au sujet principal : Le premier épisode d’un Agent très Secret, que j’ai pu voir par la suite lors d’une rediffusion.

Petit message personnel : cette critique est dédiée à Mad_Dog qui a raté l’épisode...
Donc pour lui, je vais résumer les points importants de l’épisode (et puis ça étoffera ma critique)

Tokyo :

Une cloche sonne, resemblant au carillon de Big Ben. Cela semble de mauvaise augure.
Un vieux chinois entre dans le métro.
La musique démarre, c’est "Hell’s bells" d’AC/DC, cette fois, c’est sûr, c’est un mauvais présage.
Quand le vieux chinois resort, il a laissé 4 œufs sur son siège. Un gamin regarde ça d’un air amusé, surtout quand un œuf tombe et se casse.
Une jeune femme hurle. Elle saigne de la bouche. Les autres passagers se retournent vert elle, ils saignent eux aussi de la bouche, des yeux ou du nez.
Quand le métro entre dans la station, les gens sur le quai sont horrifiés, les vitres sont toutes maculés de sang.
Voilà une scène d’introduction assez traumatisante, rappellant les véritables attentats au gaz sarin qui avait eu lieu il y a quelques années, toujours dans le métro.
Elle est très posée sur la forme, pas de dialogue, pas de mouvements de caméra hystérique, on ne voit même aucun mort. Tout nous a été montré de telle façon, qu’il nous est facile d’imaginer ce qui a suivi dans le métro.

Il me semble même me rappeler que le plan se termine sur la vue de la paume de la main d’un des passagers mais il n’en était rien dimanche dernier. Ma mémoire peut me faire défaut mais il est plaussible que France 2 ait préfèré coupé ces quelques images.
Si quelqu’un pouvait m’en donner la confirmation, pour savoir si (f)Rance 2 pratique toujours la censure ou si c’est ma mémoire qui est défaillante.

Banlieue de New-York :

Au petit matin, la banlieu se réveille et Michael Wiseman (John Goodman) va vivre la pire journée de sa vie :
Sa femme, Lisa, (Margaret Colin) le repousse gentiment de son assaut matinal en donnant comme explication : « on est en semaine ! » car la semaine, comme tout le monde le sait, on est sérieux.
Au petit déjeuner, sa fille, Heather (Heather Matarazzo) essaie de lui taper du pognon, en contre-partie, il réclame « un gros bisou » mais dans ce cas, elle préfère laisser tomber...
A son boulot, une grosse compagnie d’assurance, il se fait souffler sa promotion de directeur du département par un jeune requin aux dents longues de 27 ans, qu’il a lui-même formé.
Son collégue et ami, Roger Bender lui explique que la décision des patrons à été surtout motivée par un accident survenu quelques temps plus tôt, un pont s’est écroulés avec des gens dessus et lors du procès, la compagnie d’assurance voulait déclarer cela comme catastrophe naturelle mais Michael à mis à jour un cas de négligence et l’assurance à dû payer.
Pour lui, c’était une cause juste mais maintenant il en paye le prix.
Les compagnies d’assurances sont impitoyables.
Pour décompresser, il va s’enfiler quelques verres avec Roger. Ils finissent passablement éméchés mais comme Michael doit rentrer en métro, rien de grave.
Une journée qui a commencé de manière assez classique pour Michael, métro-boulot-dodo, à rapidemment déraper et va se terminer par le plus grand des drames car l’extraordinaire surgit toujours à l’improviste dans les moments les plus ordinaires !

Sur le quai, il suffit d’une simple bousculade entre 3 ados, pour que, tel l’effet domino, Michael soit poussé devant la rame du métro entrant dans la station et percuté par elle.
Et c’est à ce moment là que l’histoire débute vraiment...

Contre toute attente, Michael ouvre les yeux, ce qui veut dire vue subjective pour toute la séquence, il se trouve dans une espèce d’immense hall, apparament allongé sur un lit même si on ne voit aucune jambe allongée...
Un homme assis sur un fauteil est en train de lire, quand il s’aperçoit que Michael est réveillé, il se présente : Docteur Théodore Morris (Dennis Haysbert).
Celui-ci lui annonce que son enterrement a déjà eu lieu et qu’il a été choisi pour faire parti d’une expérience.
Depuis des années, le gouvernement cherche à créer un (sur)homme artificiel, ils sont arrivés à tout recréer sauf le cerveau, élèment trop complexe et c’est là que Michael intervient, du moins son cerveau.
Car c’est tout ce qui reste du corps de Michael. En fait, il est branché à du matériel extrêmement sophistiqué qui lui permet d’avoir l’impression qu’il voit le docteur et qu’il l’entend.
Il n’y pas d’appareil kitch relié à un bocal où flotterait un cerveau, non rien de tout ça.
C’est simplement suggéré tout au long de la séquence. On ne voit aucun appareil puisque qu’on reste du point de vue de Michael, on entend juste quelques « bip » de temps en temps pour symboliser la présence de ce matériel sophistiqué.
Une fois encore, la réalisation se contente, sous des apparences de simplicité, de nous laisser imaginer l’environnement de Michael et se concentrer sur les paroles du Docteur.

Une fois le cerveau transplanté, Michael disposera d’un nouveau corps parfait à mettre au service du gouvernement et quant à son utilité, le Docteur Morris lui tient ce discours :
« Un homme qui fera ce que la plupart des américains moyens ont horreur de faire : voyager dans des pays peu sûrs, faire la guerre. »
Mais cette chance de survie à bien sûr une condition, et elle est de taille comme le précise Morris : il ne doit plus avoir de contact avec quiconque de son ancienne vie.
Bien sûr, il est libre de refuser cette condition et le marché qui lui est proposé mais dans ce cas, il serait débranché et la nature ferait le reste...
Le Docteur, qui tout au long de son discours, passe d’un ton jovial à un ton menaçant pour revenir à un ton léger, lui donne un peu de temps pour réfléchir à cette proposition et qu’il puisse faire son choix. Vous parlez d’un choix ! La vie ou la mort !

Après cette séquence, alors que l’on ne l’attendait plus, débute ... le générique !
16 minutes se sont déjà écoulées et c’est seulement maintenant que nous y avons droit.
En bonus, je vous donne une retranscription des paroles de la chanson que l’on entend.

Give me a sign
Blow me a kiss through space and time
We never know how good it is until it’s gone
Give me a sign
So I can feel it when you try
Now and again remember me as so alive
(we only want what we can’t have) (bis)

C’est signé Narada Michael Walden et Sunny Hilden.

Quand Michael se réveille, il n’a pas changé, du moins il ne s’en rend pas compte tout de suite car maintenant, il n’a plus les traits de John Goodman mais ceux d’Eric Close. Il est maintenant Michael Newman.
Pour ce qui est du physique, il est en admiration devant son nouveau corps, il a vraiment gagné au change. Il vérifie même « son attirail » en regardant dans son caleçon et le murmure qui lui échappe est : « Ohhhh nom d’une pipe ! »
Il ne peut s’empêcher de tester immédiatement ses nouvelles capacités, devant le personnel hospitalier assez interloquéd’abord en exécutant un poirier, ce qu’il n’avait jamais pu faire avant puis des tractions et enfin soulever son fauteil roulant avec un infirmier dessus.
La seule chose que Michael ne teste pas, c’est son nouvel « attirail ».
Il demande aussi au Docteur s’il est capable de voler, celui-ci lui répond que, non, pendant qu’ils lui injectaient plus de 700 vaccins et drogues différentes, malheureusement, personne n’a pensé à lui mettre « une fusée dans le derrière ! » et quand il voit Michael regarder une jolie fille, il rajoute qu’il ne peut pas non plus voir à travers les vêtements.

Quant à Lisa, en plus de la perte de son mari, qui a eu lieu il y a déjà 7 mois, elle doit affronter sa vie de veuve au foyer (Desperate Housewidow ! ), payer les factures et les choses de la vie courante mais l’assurance rechigne à payer ce qu’ils lui doivent.
Craig Spence, le dirigeant de la compagnie d’assurance, qui est aussi le jeune requin qui a piqué le poste à Michael explique qu’il ne peut verser la somme de l’assurance-vie avant d’avoir pu éclaircir certains détails, Michael étant saoûl et passablement déprimé (ou désappointé comme préfère le préciser Roger), il a donc très bien pu se jeter de son plein gré sous le métro.
Même si des témoins peuvent attester qu’il y a bien eu une bousculade, Graig pense que l’hypthèse du suicide est plausible. Les assurances aiment bien trouver le moindre détail pouvant leur faire économiser de l’argent.
Je ne sais pas s’ils ont décidé de bloquer l’argent car il y a, pour eux, matière à pinailler ou si c’est dans la continuité de faire payer indirectement à Michael la somme qu’ils ont dû débourser pour l’affaire du pont.
Pour l’avocat de Lisa, Gerald Misenbach, l’affaire est plaidable et pense qu’ils ont toutes les chances de finir par toucher la somme.

Pendant ce temps, le vieux chinois (Kim Chan) arrive à l’aéoroport Charles de Gaulle et réitére le coup des œufs, cette fois sur le tapis à baggage.

Michael découvre son nouvel appartement, où il n’y a ni télé ni canapé mais des appareils de musculation pour entretenir son corps, il sera réveillé tous les matins à 6h et les lumières s’éteindront à 23h. Son alimentation est 100 % diétitique etentièrement contrôlé. Pour un fan de hot-dog comme lui, c’est un peu dur (à avaler...).
Dans la soirée, son enthousiasme retombe assez vite quand il se rend compte que finalement il se sent seul. Même en sachant que des caméras l’observent. Oui, Michael se retrouve dans une sorte de loft truffé de caméra, l’obligeant à prendre ses précautions à la sortie de la douche. Et dire que certains sont volontaires pour être filmé dans le même genre d’endroit...

Le principal problème de Michael, c’est que sa femme et sa fille lui manquent, il se doute du choc causé par sa mort et ce qu’elles doivent endurer.
Le Docteur lui propose d’effacer tous ses souvenirs sans altérer ses capacités mais il refuse, tout ce qu’il lui reste de sa vie passée, ce sont ses souvenirs.
Il demande alors à Morris qu’il lui raconte... son enterrement.
Après ce moment de nostalgie, Michael profite du fait que le Docteur est parti utiliser « la pièce à collecter les rejets corporels » pour prendre son portable et appeler Lisa. Il semble soulagé d’entendre sa voix mais ne sait quoi lui dire, à part l’appeler par son surnom, Lizzy, le Docteur revient, Michael raccroche et remet son portable en place.
Est-ce que le Docteur a laissé son portable en évidence pour tester Michael ou est-ce une erreur de sa part, à chacun de se faire son opinion. Personnellement, je n’ai pas encore tranché.
En tout cas, Lisa rappelle sur le portable, elle a apparament l’option rappel, pratique, mais cela va trahir Michael. Morris repond à Lisa poliment qu’il n’a pas composé son numéro et qu’il veillera à ce que cela ne se reproduise plus.

Il jette un dernier regard à Michael, le gratifie d’un glacial « bonne nuit M. Wiseman » et quitte la pièce.

L’épisode s’acheve ainsi.

On ne peut pas dire qu’il se passe beaucoup de choses dans cet épisode en terme d’action, le héros n’a même pas encore rencontré le vieux chinois ni exécuter une quelconque mission pour le gouvernement. La seule démonstration de l’utilisation de son nouveau corps à eu lieu à l’hôpital et ce n’était que quelques exercices.
Au lieu de faire un pilote tout ce qu’il y a plus classique, en 90 minutes ou alors en 2 parties, Glen Gordon Caron et son équipe nous gratifie de 3 épisodes pour nous introduire les personnages, les enjeux et bien sûr, un arc bouclé à la fin du troisième. Une pièce en 3 actes en somme.
Le premier, celui en question donc, présente le concept bien sûr, met plusieurs élèments en place et surtout met l’accent sur la caractérisation des personnages : l’humour et la dérision de Michael, la ténacite dans le deuil de Lisa, la jovialité apparante de l’autoritaire Docteur Morris ou la maladresse de Roger Bender.
Heather n’a pas encore était vraiment traité mais ce sera bien sûr le cas par la suite. Et il y a le vieux chinois bien sûr, qui comme vous vous en doutez, arrivera bientôt à New-York.

Pour le téléspectateur découvrant la série, un tel épisode peut-être déroutant mais il faut préciser que Now and Again ( que j’écrirai dorénavant N&A) est une série qui s’attache au détail, à prendre son temps pour poser des ambiances dans des scènes qui peuvent sembler anodines au premier abord et c’est ce qui participe à son charme et à l’attachement que vous ressentirez bientôt pour les personnages si, comme je le souhaite, vous continuez à suivre la série.

Glen Gordon Caron faisait de même avec une autre de ses productions, j’ai nommé Clair de Lune (Moonligthing) où les mémorables enguelades entre Maddy et David prenait souvent le pas sur l’enquête. Mais la force supplémentaire de N&A par rapport à Clair de Lune, c’est qu’elle se permet de brasser les genres : aventure, fantastique, science-fiction et même le drame avec le thème de la famille et du deuil, parfois dans le même épisode.

C’est pour cela que j’aurai beaucoup de plaisir à revoir les 21 épisodes restant et venir en rendre compte ici.


Une excellente mise en bouche qui supporte très bien une seconde vision et même plusieurs revisionnages après que l’on est découvert la série.

Messages