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1.02 - On The Town
Balade en ville
La Vie Continue
samedi 17 septembre 2005, par
Avant d’attaquer, je voudrais préciser que France 2, comme je le soupçonnais dans ma première critique, a bien raccourci la scène du métro à Tokyo. On m’a bien confirmer que le plan se termine sur une main appartenant à une personne ayant succombé aux effets du gaz neurotoxique.
Cette censure est d’autant plus stupide, car lors de la première diffusion de l’épisode en 2000 et lors de sa rediffusion en 2001, ces images étaient présentes.
Il s’agit donc bien là d’un cas de régression. Navrant.
La scène qui ouvre l’épisode est assez particulière. On y voit Lisa au bureau des Services Sociaux en train de se voir refuser l’aide sociale car d’après l’enquête du bureau, elle et sa fille vivent dans une magnifique maison, possèdent une voiture d’un modèle récent et ils savent que Michael leur a laissé une grosse assurance vie.
Lisa répond simplement que la maison est hypothéquée, la voiture n’a plus d’essence, l’assurance est bloquée et sa fille « insiste pour manger et porter des vêtements ! »
Comme quoi les apparences sont trompeuses.
La solution serait qu’elle trouve un emploi, elle a fait des études après tout.
Mais aucun poste comme professeur d’ Histoire de l’Art n’est à pourvoir.
Elle pourrait trouver un petit boulot dans la restauration ou comme aide ménagère mais si elle prend un de ses emplois, payés au salaire minimum, elle perdra tout ce qu’elle possède !
C’est vrai, lui répond l’employé, mais là, je pourrai vous aider !
La série se permet décrire la vie de Lisa après la « mort » de son mari, tout en pointant les difficultés d’une mère au foyer dont la situation vient de changer et les paradoxes de l’aide social d’une manière très subtile.
Pendant ce temps Michael fait une démonstration de ses talents à des députés qui sont aussi les investisseurs du projet du Docteur Morris.
Il s’agit pour lui d’affronter un boxeur, un type qui se prend pour Bruce Lee et une tronçonneuse ! Il s’en sort facilement.
Les députés sont emballés, Michael un peu moins et à l’issue de la démonstration, il prend la fuite.
La première réaction pour les investisseurs est de prévenir les médias pour le repérer facilement. Le Docteur les tempère, à moins de vouloir absolument mettre au courant les contribuables qu’une partie de leur argent a servi à créer un homme artificiel et voir le gouvernement se faire condamner par toutes les congrégations religieuses pour cet acte contre-nature. Il pense qu’il vaudrait mieux agir autrement, en lui laissant mener les recherches avec ses hommes par exemple.
Par le biais de ces allusions, selon lesquels si on apprenait la véritable nature de Michael, il serait sûrement rejeté et on prendrait Morris pour un savant fou, N&A revisite à sa manière le mythe du Prométhée Moderne, illustré par Frankenstein de Mary Shelley. Il n’y a qu’un pas que je franchirai aisément pour dire que le Docteur Morris est le savant Frankenstein et Michael sa créature. La transplantation du cerveau est une référence on ne peut plus claire.
Seulement dans ce cas-là, le cerveau n’est pas celui d’un meurtrier mais d’un homme tout à fait ordinaire. Et puis Michael a un aspect moins repoussant aussi.
A signaler aussi que Wiseman, comme le précise Martin Winckler, auteur de l’ouvrage collectif les Miroirs Obscurs, dans son article consacré à la série, signifie « homme sage ».
Michael nous a été présenté comme un homme intègre, qui se bat pour ce qu’il croit juste. L’affaire de son témoignage lors de l’affaire du pont qui s’est écroulé en était le parfait exemple et nous a été synthétisé lors du 1er épisode.
Après sa rencontre inopinée avec un métro et une opération, il devient Michael Newman : « homme nouveau » .
Certes, Michael est bien un nouvel homme qui va aborder les choses de manière différente grâce à ses capacités hors du commun qui lui permettent de faire presque tout ce qu’il veut mais ce n’est pas pour autant qu’il a mis de côté sa sagesse et oublié son passé.
Comme va le découvrir le Docteur Morris au fur et à mesure.
Néanmoins, il y a une chose qui est capable de faire agir Michael de manière déraisonnable, c’est tout ce qui peut concerner sa famille.
Car c’est uniquement pour cela qu’il a pris la fuite. Pour voir Lisa et Heather.
Il pense naïvement qu’en allant voir Roger pour lui demander de l’introduire auprès de sa famille, il pourra passer quelque temps avec elles.
Il va se rendre compte de manière concrète de sa nouvelle situation, le garde la sécurité qu’il connaît très bien, il l’appelle même par son prénom, ne le laisse pas passer car lui ne le connaît pas, du moins avec cette apparence.
Michael pourrait passer en force en distribuant quelques coups mais il ne veut pas non plus envoyer du monde à l’hôpital, ce n’est pas dans sa nature et ce n’est pas dans son intérêt.
Alors il décide d’accéder au bureau situé au 17eme étage, en passant par l’extérieur, en grimpant sur la façade.
Son nouveau corps lui permet aussi de rivaliser avec Spider-Man.
Un curieux s’arrête quand il voit Michael commencer son ascension, celui-ci lui répond simplement : « J’suis un fou »
Et le passant reprend son chemin comme si de rien n’était. C’est bien connu, rien de peut impressionner un new-yorkais.
Roger est bien sûr lui aussi apeurer par cet homme qui fait irruption dans son bureau en fracassant sa baie vitrée, l’appelle par son prénom et lui demande de l’emmener auprès de Lisa Wiseman.
De plus, Michael est couvert de coupure. Oui, passé à travers une baie vitrée n’est pas sans conséquence car le verre ça coupe mais ça n’a pas l’air de le perturber plus que ça. Il n’a qu’une idée en tête : obtenir de Roger qu’il le conduise à Lisa.
Roger essaye bien de se défiler en lui donnant ses clés de voiture et ses chaussures (Michael est aussi pied nu) mais il finit par obtempérer car Michael arrive à le perturber quand il lui donne des détails qu’il est le seul à connaître.
Et enfin, dans ce qui était sa maison, Michael voit par la fenêtre, Heather et Lisa dans la cuisine. Ce « spectacle », qu’il regarde d’un air émerveillé, l’apaise immédiatement, à la surprise de Roger :
Michael : Ahh c’est fantastique... Je trouve ça... C’est mieux que ce que j’espérai !
Roger : Elles font la vaisselle !
Michael : Oui... Regardez ça...
Roger : Mais qu’est-ce que vous ferez les jours de lessive ? Vous détournerez un bus ?
Mais cette vision du bonheur est rapidement interrompu par Gerald Misenbach, l’avocat de Lisa, qui vient la chercher pour aller dîner. Roger est enchanté que quelqu’un fasse la cour à Lisa mais cela déplaît, bien évidemment fortement à Michael qui décide de les suivre malgré les objections de Roger.
Roger, même s’il a des défauts, à un bon fond, il propose même d’aider Michael car pour lui, ce n’est qu’un illuminé qui aurait besoin d’un psy, mais devant la tête de Michael, il préfère minimiser :
« Escalader des immeubles pour fracasser des baies vitrées... enfin... je veux dire... c’est peut-être seulement un problème d’hormone ! »
Roger est aussi capable de se montrer perspicace :
« Vous combinez des faits uniquement connus de Michael à un intérêt passionné pour Lisa et à une force surnaturelle, on ne peut tirer de tous qu’une conclusion : vous êtes Michael !! »
Il n’est pas vraiment compliqué de raisonner de la même manière que Roger, la conclusion en est même logique mais encore faut-il l’interpréter correctement.
Pour Roger, il est évident que Michael s’est réincarné en ce charmant jeune homme au corps d’athlète ! Il en vient même à penser que c’est dû à son témoignage pour l’affaire du pont.
Pourtant, aboutir à cette conclusion, lui sauvera la vie, plus tard.
Tandis que Michael continue de suivre Lisa, à pied, en courant entre les voitures, scène qui reviendra couramment tout au long de la série, Roger se fait enlever par les hommes du Docteur Morris.
Parallèlement à tous ça, le Vieux Chinois est arrivé à New-York. Il n’a pas encore croisé la route de Michael et ce ne sera pas encore le cas dans cet épisode mais pour le prochain. Promis.
Il s’est contenté entré dans un cyber-café et d’envoyer un e-mail, en chinois, au bureau du maire.
Il se présente comme l’auteur des attentats au gaz qui ont eut lieu à Tokyo et à Paris, et si on ne lui verse pas la somme de 100 millions de dollars sur un compte libyen, il promet un carnage dans cette ville.
Le FBI se pose bien des questions : Doivent-ils rechercher un Libyen ou tout simplement un Chinois ? Ou alors un type intelligent qui brouille les pistes ?
Mais cela n’a pas encore vraiment d’importance, la caméra quitte la pièce pour retrouver le Docteur Morris dans le couloir et entrant dans une autre pièce où est retenu Roger. Il est attaché et à les yeux bandés.
Il est interrogé par un agent mais pas n’importe lequel : c’est l’Agent. Un chauve plutôt bien habillé dont on ne saura jamais le nom et qui apparaîtra dans presque tous les épisodes en tant qu’assistant du Docteur Morris.
L’acharnement dont fait preuve Roger au sujet de son explication à propos de Michael, qu’il prend pour une âme troublée revenue d’entre les morts pour s’assurer que sa famille va bien et surtout les aider à récupérer l’argent de l’assurance-vie, combiné au fait qu’il pense être interrogé par Dieu en personne (le Docteur Morris) et un ange ou un buisson ardent (l’Agent) finissent de convaincre le Docteur qu’il n’est pas un véritable danger pour le gouvernement. Il est donc inutile de l’éliminer. Celui opte pour la méthode consistant à le menacer et l’effrayer suffisamment pour qu’il ne raconte rien de tout cela.
Malgré le l’enjeu assez dramatique, la scène est très drôle grâce à l’opposition du jeu de Dennis Haysbert, qui joue un Morris, très droit et très autoritaire et du jeu de Gerrit Graham interprétant un Roger craintif mais subjugé par la découverte des possibilités de la réincarnation.
On sent aussi que Roger se sent vraiment coupable du fait que la compagnie pour laquelle il travaille, essaie de faucher le l’argent dû au Wiseman. En pensant que Michael est revenu pour cette raison, il fait une nouvelle fois, fausse route, Michael n’est même pas au courant de cette histoire mais la suite finira par lui donner tout de même raison.
Michael suit toujours Lisa à distance et après le dîner, l’avocat fait le coup du dossier oublié à son bureau. Mais cela échoue, non pas que cela déplaise à Lisa mais elle ne se sent pas prête, malgré le vin que le fourbe lui à fait boire et surtout parce qu’il veut donner de l’argent à Lisa pour l’aider car il est au courant de ses difficultés financières. Mais Lisa refuse, elle ne veut pas devoir quelque chose à Gerald, comme un dîner voir plus...
Et puis elle apprend aussi qu’il a une famille :
Lisa : Vous avez des enfants ?
Misenbach : Oui. Deux.
Lisa : Une femme ?
Misenbach : Oui. Une.
Là, Lisa se dit que Gerald à dépassé les bornes, elle sort de son bureau et en profite pour le virer du même coup.
Dans la rue, elle donne un billet à un homme qui chante dans la rue. C’est Michael.
Et l’on assiste ainsi à la première rencontre entre Michael Newman et Lisa.
D’abord méfiante à l’égard de cet homme qui la regarde comme s’il était sous son charme et propose de la raccompagner à la gare, elle lui propose finalement de lui offrir des chaussures. Dans le magasin, on entend en fond, "Praise you" de Fat Boy Slim et Michael ressort aussi avec un T-shirt.
Pendant les quelques minutes qu’ils vont passer ensemble, ils vont parler de tout et de rien. Lisa parle de cette année assez noire pour elle, sans mentionner la mort de son mari ou ses problèmes d’argent et lui qu’il habite dans un appartement dans New-York sans téléphone ni télé.
Lisa reconnaît bien quelque chose de familier en Michael mais n’arrive pas à savoir. Lui est ravit : l’avocat n’a pas réussi à conclure et lui a finalement obtenu ce qu’il voulait.
Ils se quittent à la gare. Quelques secondes plus tard, Michael est repris par les hommes du Docteur Morris pour le mettre dans un camion.
Là, le Docteur lui explique, que pour parer à une éventuelle évasion, il a pris le soin de placer un émetteur dans le nez de Michael. Maintenant il a le choix : un militaire est mort il y a quelques minutes en faisant du ski nocturne (!!) il était divorcé et sans enfants, il ferait donc parfaitement l’affaire pour remplacer le cerveau de Michael ou celui-ci décide de renoncer à sa famille et de vivre sa nouvelle vie.
Le choix de Michael est de vivre, surtout après les instants qu’il a passé auprès de sa femme.
L’affaire semble réglé.
Dans un hôtel, une femme de ménage entre dans une chambre pour faire la chambre, elle surprend le vieux Chinois qui était en train de préparer un de ses œufs spéciaux. L’œuf s’écrase par-terre. Notre homme avait pris ses précautions, il portait un masque à gaz.
Je prends quelques instants car il me semble bon de préciser que dès que j’aperçois les premières images de cette séquence, je ne peux m’empêcher d’avoir quelques frissons.
Tous ceux qui ont vu l’épisode pourront vous le confirmer : c’est une des séquences les plus traumatisantes de toute la série.
Il est clair que je resterai marquer à jamais par cette vision et cela je le sais depuis la première fois que j’ai vu cet épisode, il y a donc près de 5 ans et elle me fait toujours autant d’effet.
Après que l’œuf se soit brisé et que la femme de ménage ait succombé au effet du gaz, l’intégralité du reste de la séquence est réalisé en plan-séquence doublé d’un plan subjectif avec la vision de ce que voit le Vieux Chinois à travers son masque à gaz en sortant de sa chambre, voit un cadavre, du sang qui s’écoule de sous une porte et rejoint l’ascenseur. A l’intérieur, il y a 3 cadavres, tous présentent les mêmes symptômes : du sang qui leur coulent de la bouche et des yeux.
Il n’y aucune musique, aucun dialogue, la séquence est uniquement rythmée par les respirations du Vieux Chinois (Hummm... pfouuu.... humm... pfouuuu )
La plan s’achève avec la fermeture des portes de l’ascenseur, suivi par un fondu au noir qui conclut l’épisode par : A suivre...
La respiration persiste un peu jusqu’à l’apparition des noms des producteurs.
Un seul mot pour définir cette séquence : Terrifiant !
Avec une mise en scène subtile, qui évite d’être tape à l’œil, ils arrivent à concevoir une scène marquante qui restera dans les mémoires et entrera dans les annales de la fiction télévisée (qui sont à écrire d’ailleurs ! )
Ce deuxième acte donne un coup d’accélérateur au récit, la confrontation avec le Vieux Chinois est inéluctable, les relations entre les personnages sont approfondis, surtout centré sur Michael/Roger pour celui-là et bien sûr la première rencontre entre Michael et sa femme. Tout cela est ponctué par les performances physiques de Michael et l’humour, beaucoup d’humour de la part de tous les personnages de manière volontaires ou non.
Un régal.
Pendant la rédaction de cette critique, j’ai discuté avec Lordofnoyse, un de mes confrères, de ce que j’allais écrire à propos de l’épisode. Il y a beaucoup d’intérêt à l’égard de ce que je vais écrire sur la série. Je ne sais pas si ça vaut le coup mais c’est comme ça.
Et Il tient absolument à ce que je précise que le créateur de la série, Glen Gordon Caron, qui est aussi scénariste et producteur, fait une fixette sur Janet Jackson.
Effectivement, dans le premier épisode on entend, "Got ’til it’s Gone" qui est ensuite utilisé à toutes les sauces, jusqu’à l’instrumental, tout au long de l’épisode.
Dans le présent épisode, on a des extraits de "the Velvet Rope" tiré de l’album du même nom.
Il m’a prié de le mentionner car cela donne un ton jazzy-cool à la bande son et participe, avec de nombreux autres éléments au charme que dégage cette série.
Il a effectivement raison et c’est pour cela que je vous en fait part. Si je ne l’ai pas précisé avant, ce n’est que pour une seule raison : je n’y connais rien à Janet Jackson (et je m’en porte très bien, merci ).
Si vous aussi, vous avez des remarques, n’hésitez pas à m’en faire part en m’écrivant ou postant un message sur le forumde la LTE.
Pas grand chose à rajouter, l’épisode est une merveille, le regarder suffit pour le comprendre.
Bon, ça me fait plaisir que vous me lisiez aussi ;-)
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires