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1.03 - Over Easy
Episode 3 : la revanche de Michaël
samedi 1er octobre 2005, par
Je vais m’attarder plus sur la réception de cet épisode qu’à son histoire. Vous n’aviez qu’à regarder pour savoir ce que ça raconte ! En gros : un pilote 3/3 toujours aussi maitrisé
Tout commence... par un résumé aussi long qu’un épisode des Simpson ou presque. Résumé traditionnel (même s’il est composé de plusieurs musiques et de différentes façons de résumer - rythmée, lent...-)mais pour quelqu’un comme moi qui n’a pas revu les deux premiers, ça fait un bien fou et ça aide !
L’épisode commence avec une musique assez décalée par rapport aux propos tenus : Le Chinois attaque New York. Cette idée permet d’insérer ce « drame » avec la vie de Michael ou Lisa que l’on voit se réveiller chacun chez eux. Tout est sur un même plan.
Ouverture et fermeture en iris, plans travaillés, un prégénérique étonnant entièrement musicale et qui se termine par une note finalement comique : on apporte une télévision à Michaël.
La télévision... un des seuls contacts que Michael pourra avoir avec l’extérieur... chose que l’on ne soupçonnera pas en voyant cet épisode car Michael a un degré de liberté assez grand dans celui-ci. Il est seul dans le métro, il croise Lisa, il l’embrasse, il saute, volte, court... En fait, Morris en tirera sûrement les conséquences car il se montrera plus cruel par la suite...
La scène entre Roger et Lisa est savoureuse quand on pense à tout ce qui va arriver par la suite. Roger ne sait rien, Lisa commence à être perturbée. Mais le fin fond de l’histoire est celui de l’absence de Michaël Wiseman. Le deuil ne sera jamais lourd à traiter dans la série, on n’e parle par détour mais jamais de plein pied.
Bender « je vais sûrement être réincarné en mycose d’orteil »
“I’ll probably come back as nail fungus”
Michael tient 6 minutes et 11 secondes sous l’eau... au fil de la série on pourra noter les quelques caractéristiques de Michaël, ce qu’une série aurait déjà listé dans le pilote... Ici on reste sur une base pure : tout est à prendre mais rien n’est important. La série se construit petit à petit par des ajouts qui auraient pu finalement être dévoilés dans n’importe quel épisode. La condition physique de Michael n’est pas le propos, tout comme le but de la mission. Le sujet de l’épisode est toujours flou. Et pourtant rien n’est inachevé, ce sont des tranches de « vie » qui en font une histoire complète. Le téléspectateur peut d’ailleurs décroché rapidement, c’est pourquoi la série ne reste pas dans certaines mémoires. Now and Again berce, elle est comme le fait de vivre, on fait pleins de choses sans s’en rendre compte et au final on s’est qu’on a passé toute une journée à s’occuper... et pourtant on en a fait des trucs qu’on pense pas passionnant (désolé pour cette image quelque peu incompréhensible )
La classique scène de voiture est toujours l’objet de scènes savoureuses. Ici Michael cherche toujours à savoir qui il est, comment il est, pourquoi il est là. La voiture est une sorte de relais entre sa condition de cobaye et une vie d’agent secret. Le parallèle avec une sorte de couloir de la mort inversé qui serait le couloir de la vie, il sort de son cercueil pour affronter la vie. Et la voiture est une confession comme le condamné qui se confesse au prêtre.
C’est un passage obligé et on sent que c’est une étape pour passer d’une condition à une autre. Le Michael du centre n’est pas le même que le Michael dehors et comme le Michael qui voit Lisa. A la fois, agent, mort, cobaye, mari, fantôme, Michael est un personnage saisissant, intéressant, plus profond qu’il n’y parait.
On a toujours droit à l’expérimentation farfelu de Morris qui nous donne le droit d’avoir de répliques délicieusement comiques. Michael réagit souvent sur le fait qu’il est un cerveau dans un corps.
On n’oublie pas que Eric Close n’existe qu’extérieurement, nous avons John Goodman en personnage. Nous voyons Newman, nous ressentons Wiseman. Là encore les différents degrés de pertinence de la série joue.
Michael « je vous appellerais par votre nom complet...vous seriez premier trouduc... »
“Well, you’ll be "A-hole," and you’ll be "B-hole," and you’ll be... well, you get the idea."
Le Chinois a toujours des scènes profondément calme et dramatique. Elles servent à montrer la menace comme pour dire : le terrorisme est là, on ne l’entend pas, on ne le voit pas mais il frappe(ra). Précédent le 9/11, on a du mal à voir le chinois avec un masque dans un métro bondé sans réactions mais passons la dessus et donnons à ce bad guy sa force : petit, inoffensif et pourtant dangereux. Si cette série avait été faite après 2001, on aurait eu le droit à un méchant caricatural. Ici, on joue encore avec les codes du genre et ici, on aime ça !
L’épisode est divisée en trois histoires : Michael et sa mission, Lisa et sa vie, Le Chinois et les œufs mais jamais cela ne coupe le rythme. (aparté : tout comme le prégénrique du pilote, nous suivons les trois histoires d’affilé : le chinois, l’avant et l’après métro). L’ironie dramatique joue un rôle profond, l’histoire de Lisa croise celle de Michael mais souvent Lisa n’en a pas conscience, nous si. Ca donne un certain pouvoir au téléspectateur. Quand les personnages se croisent c’est autant dans l’intérêt de chacun que de leur point commun. La scène du métro ou Michael dit a Lisa de partir montre trois choses : l’agent qui évacue, le mari qui protége sa femme, et une femme harcelé par un homme. Quand on parvient à lire ces trois choses, on est arrivé au degré ultime du parfait téléspectateur de Now And Again.
L’autre force de la série et de l’épisode est de passer d’un genre à un autre aussi facilement qu’une page de pub, comédie romantique quand Michael regarde des couples dans la rue, action quand Michael fait sa mission, suspense quand le chinois apparaît, comique quand Roger discute avec Morris...
Roger « dites je vous écharperez... dites pustule... »
"Say ’smite.’" "Say ’pus.’"
Tout se joue sur plusieurs histoires, sur plusieurs degrés de compréhension, tout dépend auprès de quel personnage on se place. Now and Again a cette grande force qu’on peut de série : une subtilité très bien établie. Encore une fois, ça a été sa principale faiblesse car peut-être pas assez « open mind » A mille lieux de la banale série romantique ou policière, Now And Again n’a pas fait l’unanimité.
Michael « mais tu vas saigner oui »
"Bleed, dammit !"
En conclusion de l’épisode, Michael a réussi même s’il ne devient pas le héros de l’histoire, il n’y a jamais de gagnant dans Now and again... Chacun revient a un certain point de départ, et jamais on a le sentiment de voir la même chose se répéter tant tout est dosé parfaitement. Si les rebondissements sont là, ils ne sont pas d’une grandeur énorme mais par rapport au rythme de l’épisode et à ses enjeux, ils sont toujours efficaces.
Morris “You’re dead, my friend... and you’ll just have to learn to live with that."
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires