Accueil > Critiques > Archives > Boomtown > La star est de retour
2.02 - Inadmissible
La star est de retour
Le retour
mercredi 8 décembre 2004, par
Et cela fait énormément de bien au show quand McNorris reprend les choses en main.
Nous avions laissé David en cure de desintoxication à la fin de l’épisode précédent et ses 28 jours sont terminés, le voilà libre de ce groupe d’AA et prêt à reprendre son boulot. Il a la super forme comme aux débuts de la série et cela fait plaisir à voir.
Et d’entrée, il est plongé dans la suite de l’affaire de notre blonde voleuse/tueuse de flic. Cette chère Sabrina, travaillant pour Donadoni va passer devant le tribunal et David aimerait l’affaire. Mais son boss craint qu’il n’ait pas tout à fait récupéré et confie l’affaire à un jeune et David l’assistera. Manque de bol, le jeune tombe sur une superstar des barreaux et déclare forfait. Ouf, David reprend les choses en main et règle tout ça.
Autant le dire tout de suite, on tombe dans le grand n’importe quoi digne d’un soap de mauvaise facture niveau intrigue et procès. Les raccourcis sont nombreux et énormes, le coup de la fausse identité de la blonde est bien bidon, le coup de la planque des diamants est d’un ridicule, surtout niveau écoulement du temps, la ligne temporelle mort des flics-enterrement-procès-cure de David une belle rigolade et j’en passe. De ce coté-là, zéro pointé. En prime, ils éliminent Donadoni puisqu’il va passer en jugement à la fin de l’épisode. L’arc Donadoni commencé lors de l’épisode 1.14 est définitivement bouclé. Moi qui en espérait un némésis, je l’ai bien profond sur ce coup-là.
Mais comme très souvent dans Boomtown, l’intérêt ne se porte pas là. Jamais on nous a servi une intrigue policière et judiciaire aussi bancale. Et pourtant, l’épisode s’en sort honorablement. Et cela grâce à David McNorris et le jeu impécable de Neil McDonough.
En parallèle du procès de Sabrina, on suit le retour à la vie normale de David, une vie pleine de tentations et sans barrière pour le stopper. Cela serait si facile de reprendre un verre. Surtout avec une bouteille pleine dans la boite à gants, surtout avec une bouteille au bureau, surtout à cause de la visite de papa.
Car là où l’épisode fait fort, c’est avec la venue de papa McNorris (impeccable Stacy Keach). Juste au moment où le procès semble bien se goupiller, papounet débarque et demande à son fils de perdre volontairement. C’est un moyen de rendre service à un ami nommé Donadoni. Un père alcoolique, trompeur, pourri, manipulateur. Et David qui l’écoute plus ou moins. La tentation se fait forte. Céder à ses démons intérieurs, saisir la bouteille, avaler le verre servi, ... jamais David n’a été si près de l’alcool et si nécessiteux de ce breuvage. Avant, à chaque problème, un verre et ça allait mieux. Aujourd’hui, la situation est aussi mauvaise qu’avant. Mais il résiste à l’effacement des problèmes par l’alcool au prix d’un effort que l’on devine surhumain. Le jeu parfait de Neil nous transmet cette lutte intérieure de David. On a presque envie de crier son soutien à notre cher David. Ne craque pas s’il te plait ! Et il nous entend. Jamais il n’a avalé son verre sauf dans une superbe séquence "what if".
Lors du prégénérique et au milieu de l’épisode (à la dernière réunion des AA et dans le restaurant avec son père), on voit David exprimer sa colère intérieure et sa frustration, son envie de boire et d’emmerder le monde. Et à chaque fois, ce ne sont que des fantasmes de David qui déconnecte de la réalité. Grosse prouesse technique avec le changement subtil et progressif de la photographie au fur et à mesure que l’on s’enfonce dans le fantasme de David. Je dois avouer que je n’avais rien vu venir dans le pré-générique alors que la scène du restaurant était évidente mais pas moins efficace.
Mais ces deux scènes ne sont pas là que pour faire jolies. Elles nous montrent l’intérieur de David. On a un aperçu de sa psychée. C’est une véritable bombe à retardement qui va à nouveau exploser un jour. D’ailleurs, il commence à la fin de l’épisode en offrant à son père la possibilité de sauver Donadoni. Certes, il le fait pour protéger son père, pour pas qu’il se fasse tuer après l’arrestation de Donadoni. Mais qui aurait envie de protéger ce père ? Sûrement pas David. Mais il le fait. Et on devine bien pourquoi : si son père meurt, David sera tout seul, sans famille, sans ami, sans rien. Et il redoute encore plus cela depuis la Kelleyrisation d’Andréa. En sauveant son père, ne se sauve t’il pas lui-même d’une rechute ? Ne troque t’il pas un mal pour un autre en échangeant l’alcoolisme contre la corruption ?
Bref, David est un personnage fascinant, en constante lutte contre lui-même et servi par un impeccable Neil McDonough au sommet de sa forme. Il est le moteur de Boomtown, c’est incontestable.
Les autres personnages s’effacent complétement dans cet épisode. Katherine Pierce confirme son premier épisode : elle est chiante. Boulet en vue.
Tom, Joel et Fonceur font jolis dans le décor. Thérésa est retournée dans son trou de l’oubli ou presque.
Reste Ray qui a une scène intéressante. L’avocate de la défense lui colle sous le nez deux photos. On voit les pieds de Ray sur la scène du crime et entre les deux, un diamant a disparu. Ray, un pourri ? Non. Ray est juste Ray. Il ne trouve rien de mieux à faire sur la scène du crime que de prendre un diamant pour faire un speech à Tom sur l’extraction de ces pierres. Et pendant le temps où il tient un des diamants à la main, le photographe de la scène du crime continue son travail. Ruis Ray repose ce diamant. Il est facile d’enfoncer Ray sur la piste flic corrompu pour l’avocate avec son passé. Mais Ray n’a rien fait si ce n’est une irrégularité de procédure. Et si toutes les accusations de corruption dont Vista Heights, n’étaient que ce même résultat ? Une erreur d’interprétation parce que Ray a fait son Ray ? Ce ne serait qu’un flic un peu trop bavard et démonstratif qui se trouve au mauvais endroit, au mauvais moment et qui voit ses gestes mal interprétés par les autres.
Mais mon esprit tordu ne veut pas de cela. Je suis sûr qu’il y a une volonté scénaristique de nous attirer vers la piste là pour mieux nous enfoncer en révélant sa pourritude complète. J’aime tellement ce personnage à la limite du bien et de la corruption. Je veux qu’il reste dans cette zone floue où tout est possible.
Un nouveau McNorris show et un excellent McNorris show en prime. La lutte du personnage contre lui-même est fascinante et Neil McDonough impécable. La réalisation accompagne cet épisode à la perfection avec des effets de style très bien trouvés et utiles. Plus une scène intéressante sur Ray. C’est vraiment dommage que le procès et l’intrigue policière soit si bancale et limite grotesque, cela plombe l’épisode.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires