Le final de Thérésa

Pauvre Thérésa. Elle n’a pas eu de chance. Il faut dire que son rôle était déjà limité au départ. Etre ambulancière dans une série policière ne lui permettait pas d’intervenir vraiment dans les intrigues. Alors on l’a fait tomber amoureuse de Joel, un des héros. Manque de bol, il aime toujours sa femme. Bon, parce que Lana Parilla couche super bien, les producteurs décident de la promouvoir flic en passant par la case de l’académie de police pour pas que ce changement de vie soit complétement soudain en plus d’être assez inexplicable. Et puis, on va la former sur toute la saison, voire même deux saisons. Manque de bol total : NBC annule la série au terme de 6 épisodes en saison 2. Et elle n’a même pas le droit de revenir dans le final vu que l’épisode 2.06 n’était pas prévu comme final. La voilà donc toute souriante et joyeuse dans cet épisode sans se douter qu’elle ne reviendrait plus jamais froler et plus si affinités le frère Wahlberg.

Donc comment tire t’elle sa révérence ? De jolie manière il faut dire.

Résumé écrit plus ou moins dans les conditions du direct trois semaines après. Oui je suis en retard mais ce n’est pas pire que Nip/Tuck ou Jeremiah et puis l’épisode n’est pas encore passé sur France 2 alors ... ;)

L’épisode démarre assez mal quand même et semble nous plongé dans une histoire bête et simpliste mais rythmée et efficace.

Des voleurs se planquent dans un centre commercial et prennent en otages pas de monde dont cette pauvre Thérésa. Tiens, un sourd dans les otages. Mmm ça sent la grosse ficelle scénaristique. Tiens son porte feuille tombe au rez de chaussé dans la foule qui court dans tous les sens. Tiens, Thérésa semble inquiète à l’idée de donner son identité au 911.

Bon les flics sont là. Ils ont encerclés le centre commercial. Tiens, la chieuse est là et elle commande. Avec un peu de bol, elle va entrer et se faire buter en bon négociateur. Ah non, c’est vrai, elle est là pour les 6 épisodes. Merde. En plus elle donne des ordres et se permet de faire la morale à McNorris. Salope !
Bref, le méchant chef des prenuers d’otage est pas si méchant que ça finalement et accepte de relâcher le rez de chaussé. Oh un gros plan sur un jeune déjà vu. Mmmm il va servir plus tard celui-là à mon avis. Tiens, Ray trouve le porte-feuille du sourd. C’est son père qui va être content. C’est quand même étrange que personne ne l’ait ramassé ...

On avance pas trop mais on avance quand même. Le méchant est finalement un gros psychopate qui abat son pote tout ça parce qu’il avait fait le malin avec Ray et donc attiré les flics derrière eux. (Pauvre acteur, déjà sous les ordres de McKay dans The Shield où il est rabaissé et maintenant, en intérim, il se trouve un boss encore plus malade). Tiens le méchant va tuer la dizaine d’otages qu’il a. Oh tiens le sourd sert à quelque chose puisqu’il lit sur les lèvres cela et prévient Thérésa qui a remarqué la caméra de surveillance. Bon, le jeune sourd continue son utilité en explicant tout en language des signes. Merde, aucun flic ne le parle. Ouf, le père du sourd est toujours là. Il faut donc agir. Ah tiens, Pierce se fait encore rembarré par Rebel Joel. Cool. Allez, go pour Joel et Fonceur qui arrivent trop tard. Thérésa a buté le méchant avec le flingue du vigile qui était là et lui a refilé plutôt. Tout le monde est sauvé et, tiens le jeune en gros plan lors de l’évacuatin du rez de chausé revient. Tiens, c’est le fils du psychopate avec le pognon et les flics le coincent chez lui ... Gros raccourci parce que j’ai pas tout suivi sur comment ils l’ont retrouvé aussi vite. Tant pis, il faut boucler l’épisode. Ah ben il est fini, place au thème de fin de la saison 2 bien merdique.

Retour en mode normal

Je me voyais déjà en cours d’épisode critiquer l’absence complète de réflexion et le découpage assez faible. Mais on en était pas au passage crucial de la 30ième minute environ. Tout prend son sens lorsque Thérésa se doit de sauver les otages. Et le méchant psychopate de nous rappeler que Thérésa en est à la phase d’apprentissage du "je tire/je tire pas" (En gros, tirer le plus vite possible sur les cartons qui apparaissent sans plomber la grand mère qui fait ses courses et sans laisser vivre le méchant).
Toute l’importance vient du personnage de Thérésa et son humanité. Son existence ne se résume qu’à sauver des vies. Elle est là pour cela : aider son prochain qu’il soit bon ou mauvais. Et son nouveau métier lui inculque des principes différents : il faut parfois tuer pour survivre. En l’occurence, elle se retrouve à rejeter ses principes pour sauver des gens : elle en tue un pour en sauver une dizaine. Malgré tout, elle tire sur un homme et elle le tue. D’ailleurs, son premier geste est de se précipiter sur lui pour l’aider en attendant les secours, un peu à la manière de son épisode de la saison 1 où elle se faisait enlever. Ce geste la marque profondément et elle ressort de ce centre commercial ébranlée dans ses convictions. L’émotion que Thérésa dégage dans sa scène avec Joel est superbe. Une émotion encore plus forte qu’elle était là pour lui, pour lui offrir une chemise pour son anniversaire. Si elle n’éprouvait pas de sentiments impossibles pour Joel, elle ne se serait pas trouvée dans cette boutique et n’aurait pas été prise en otage et n’aurait pas tué un homme. Thérésa est vraiment un personnage à fort potentiel mais extrêmement sous employé. C’est vraiment dommage que son conflit interne entre ses convictions et ses nouvelles obligations n’aient pas pu être exploré plus en profondeur.

Mais cette lutte intérieure de Thérésa n’est pas la seule reflexion humaine du jour. Il y a une forte critique du système judiciaire américain. Sans le marchandage de David il y a 6 ans pour faire briller sa liste impressionante de résultats, le méchant psychopate serait encore en prison. David est responsable des morts aujourd’hui et ça me fait chier que ça soit cette chieuse de Pierce avec ses manières de pachyderme qui lui fasse remarquer. Quel personnage inutile et qui bouffe du temps d’antenne à Fonceur principalement, mais Joel aussi.
Sur le moment, David a fait ce qu’il fallait mais il n’a pas agit en prenant compte des possibles répercussions. Chaque acte entraine des conséquences et cela, David en prend conscience violamment même si cet aspect est mis bien trop de coté et aurait mérité du développement approfondi.

Enfin, il reste l’aspect du fils qui fait comme son père et de l’influence des parents sur leurs enfants. C’est assez bien mené et il ressort du gamin qu’il ne prend pas vraiment conscience de ce qu’il fait. Il le fait parce que son père lui a dit de le faire et parce qu’il le fait lui-même. Tel père, tel fils.

Et ces trois axes se précisent dans les 10 dernières minutes environ après recouplement de toutes les pièces jetées avant. Le problème reste que tous ces éléments sont amenés lourdement (le gosse sourd, le gros plan sur l’aide du gamin à fuir le rez de chaussé, ...). Dans le même ordre d’idée, le déchronologisme apparait un peu inutile car trop forcé, la moitié étant des rappels au lieu d’être de véritables éclaircissements. La scène du café sur la chemise est le seul flashback digne de ce nom dans cet épisode.

Au final, il me reste quand même une impression de scénario-bateau, un peu comme les plans bateau en dissertation : fais tout ça dans cet ordre et tu auras ta dissertation/épisode. Le résultat s’avère correct mais sans être génial dans les deux cas. C’est vraiment dommage que cette option a été choisi parce qu’il y avait matière à faire un énorme épisode de reflexion humaine entre Thérésa et David.